Affublé de son costume de deuil sombre, de sa chemise et de ses chaussures neuves, que fait donc Mortimer Decime, affalé sur son canapé-lit, en ce matin du 15 février ? Seules ses chaussettes, parsemées d'oursons rouges et jaunes, donnent une petite note de fantaisie, comme un pied de nez au sérieux du moment ! Et bien, il attend que sonnent onze heures : l'heure précise de son trente-sixième anniversaire, mais aussi, celle de sa mort. Car c'est ainsi, depuis des générations : les hommes de sa famille paternelle meurent de façon stupide, avant même d'avoir soufflé leur bougie et mangé leur gâteau. Il est vrai qu'onze heures du matin n'est pas un bon horaire pour le dessert ! Après une adolescence passée à provoquer la mort, tant il était persuadé ne rien risquer avant la date cruciale, il a mené une vie de patachon, ne la commençant pas, pour ne pas la laisser inachevée… Et pourtant, en ce jour fatidique, une surprise l'attend…
Mon avis : En général, je m'abstiens de demander un ouvrage lors des masses critiques de littérature adulte, mais quand une bonne âme me susurre à l'oreille qu'un roman de
Marie-Sabine Roger y est proposé, que voulez-vous que je fasse ? Après tout, ne dit-on pas qu'à l'impossible nul n'est tenu ? Je ne pouvais quand même pas passer à côté d'une telle friandise... Alors, j'ai coché… et c'est très sincèrement que je remercie les éditions du Rouergue et Babelio pour le beau cadeau qu'ils m'ont fait. Depuis que j'ai lu «
La tête en friche » et fait ainsi la connaissance de son auteure, j'ai vraiment une affection toute particulière pour son écriture, aussi fluide que pétillante, pour ses livres, emplis d'humanité et qui font tant de bien… Débordants de tendresse et d'un humour à nul autre pareil. Elle parvient à nous dépeindre des personnages hauts en couleurs auxquels on ne peut pas ne pas s'attacher, jusqu'à dans leurs petits travers qui nous touchent au coeur aussi sûrement, si ce n'est plus, que leurs qualités. Dans l'histoire de Mortimer Decime, c'est également vrai pour les personnages secondaires qui prennent une belle importance et qu'on n'est pas près d'oublier : l'exubérante Paquita et sa présence chaleureuse ; le sage Nassardine, au regard toujours bienveillant ; et que dire de Jasmine, qui pleure dans la rue, même les jours de pluie, pour aider les gens qui ne vont pas bien car, dit-elle, en se rapprochant de son chagrin, ils oublient un peu le leur et repartent en se sentant utiles. C'est entouré de ce petit monde, qu'au gré des pages, on passe de sourire en sourire… et qu'en refermant la couverture après le point final, on se sent plus léger. Un conseil, dans la morosité ambiante, laissez-vous tenter : cette histoire, c'est comme un bonbon légèrement acidulé, vous savez, un peu comme une fraise tagada pink ;-D