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C'est en Afrique que j'ai passé mon dimanche pluvieux d'hier, grâce au magnifique hymne à ce continent que Francine Romero, notre amie "afriqueah" sur Babelio, a rendu dans son autobiographie "Troublantes racines".

L'Afrique, à part une partie du nord et du sud pour y avoir voyagé, je connais uniquement de mes lectures allant de Ryszard Kapuscinski à David van Reybrouck, en passant par Karen Blixen, Graham Greene et William Boyd.

Le témoignage personnel, honnête et courageux de notre amie sur son séjour au Gabon et en Guinée Équatoriale présente une réalité qui tranche avec les histoires qui circulent fréquemment dans nos régions sur le peuple et les pays africains.

Il s'agit d'une approche qui, illustrée par de nombreux exemples concrets et vécus, nous démontre l'erreur et parfois même le ridicule de beaucoup de nos idées à propos des communautés africaines dites primitives.

Si l'auteure nous séduit avec sa description de la splendeur d'un lever du soleil équatorial, la magnificence de la forêt vierge, le charme des rencontres entre simples villageois, elle n'oublie pas d'intégrer dans son récit aussi des aspects moins agréables comme la chaleur, les cafards, moustiques et maladies tropicales.

Cet ouvrage mérite également d'être lu pour les considérations relativement brèves concernant certains épisodes historiques et la situation politique des 2 pays où elle a résidé.
Elle traite des méfaits du colonialisme et ne mâche pas ses mots sur les conséquences de scandales économiques, pétroliers et financiers.

J'ai fort apprécié aussi les explications de notre amie à propos de l'explorateur Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905), le seul explorateur à avoir "donné son nom à une capitale africaine" (page 80) et du légendaire docteur alsacien Albert Schweitzer (1875-1965) et son hôpital en pleine brousse à Lambaréné au Gabon.

Le livre de Francine Romero est sorti le 7 avril dernier et je regrette de ne pas l'avoir lu bien plus tôt. C'est en tout cas un ouvrage que je recommande fortement.
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Depuis que je suis inscrite sur Babelio, j'ai fait connaissance avec des personnes aux profils très divers, et même si pour l'instant nous ne connaissons que virtuellement, Francine, @Afriqueah, est l'une de celles dont je me sens le plus proche. Nous échangeons beaucoup, j'apprécie ses prises de position, son anticonformisme et sa liberté d'esprit, ainsi que sa grande culture. On sent qu'il y a un vécu, de l'expérience, quand elle partage avec vous ce n'est pas du vent !
Aussi quand j'ai appris, il n'y a pas très longtemps (mi-mars), qu'elle s'apprêtait à publier le début de ses mémoires africaines, j'ai évidemment été dans les starting-blocks pour le commander. Une fois le livre reçu, j'ai pris mon temps, attendant le moment propice pour le découvrir tranquillement, admirant la photo de couverture où elle semble si heureuse au milieu de sa famille du Gabon (au bord de l'Ogooué, j'imagine ?).

Le moment propice s'est vite présenté : un arrêt maladie de 15 jours au mois de mai, j'ai pu enfin me poser, me reposer, et lire, lire ! Et j'ai pris l'avion, quelle aventure ! avec Francine, Yenoth et leur petit garçon de deux ans. Je savais déjà qu'elle avait vécu au Gabon, et plus tard en Guinée Equatoriale en tant que coopérante, j'étais donc très heureuse de cette occasion d'en apprendre plus sur ces expériences, très différentes au demeurant.

Cela n'a pas dû étre évident pour une française d'une vingtaine d'années au début des années 70 de suivre son mari en Afrique (déjà les mariages mixtes n'étaient pas si fréquents, même si les années 70 nous semblent avec le recul plus tolérantes que maintenant). Mais Francine a une sorte de révélation en arrivant : ses racines sont ici, elle s'y sent chez elle.
"Plus que tout, je ressens une sorte de connivence secrète, une acceptation totale, une correspondance absolue avec cette culture que je connais parce que mon mari qui y est né m'en a longuement parlé. Je retrouve mes origines, celles de l'humanité, je retrouve ce que j'ai toujours voulu vivre."
Troublant, en effet...
Entre Libreville et Port-Gentil, nous naviguons sur le fleuve, et nous nous arrêtons à Yombé II où Francine va habiter quelque temps dans sa nouvelle famille dont elle nous présentera tous les membres. Elle s'y sentira bien, participant aux travaux communs, vivant simplement, débarassée des artifices et de l'inutile qui nous semble si indispensable. Intégrée, oui, mais dans certaines limites. Quand un enfant va mourir prématurément, elle sera écartée des rituels de deuils, et certaines coutumes ne lui seront pas partagées. Mais on la sent heureuse de cette vie, malgré les dangers, les maladies et l'absence d'éléments de confort dont nous aurions bien du mal à nous passer.

Seize ans passent, et voilà qu'une nouvelle occasion de retrouver l'Afrique se présente, à titre professionnel cette fois. La vie de Francine a changé, un deuxième enfant, Inès, le divorce d'avec Yenoth, l'insouciance des 20 ans a laissé place à la maturité et à un regard plus aiguisé sur les turpitudes de certains hauts fonctionnaires qu'elle va côtoyer en Guinée Equatoriale, un pays pauvre et méconnu des européens. Elle travaille pour deux centres culturels, et découvre les dessous parfois peu reluisants de la coopération, les petites magouilles des blancs pour se procurer des articles rares là-bas ou comment certains profitent de leur position pour s'engraisser aux dépens de la population locale. Mais heureusement, elle fera aussi de jolies rencontres, notamment un certain bel andalou !

Tout au long de ces 170 pages, j'ai partagé les émotions, les découvertes, les doutes, les bons moments et parfois la colère de Francine, avec une totale empathie. Ce qu'elle écrit correspond tellement à ce que je m'imaginais d'elle depuis ces trois ans où nous avons échangé tant de messages et de commentaires sous nos lectures respectives ! Entre Francine et franchise, il n'y a que deux lettres, pas de langue de bois chez mon amie ! Mais quel courage d'avoir pris la plume pour nous raconter ces expériences africaines 50 et 30 ans après. Une partie de son coeur est manifestement restée là-bas, d'ailleurs il n'y a qu'à se plonger dans ses critiques pour le comprendre.
Sans emphase, mais avec beaucoup d'érudition et une écriture sincère, elle nous convie dans ces tranches de sa vie et nous fait découvrir deux pays au plus près de ce qu'elle y a vécu à l'époque. Chacun des chapitres porte un titre évocateur de son contenu, et est introduit par de judicieuses citations d'autres "explorateurs" des lieux.

J'ai fractionné ma lecture en deux temps, pour "m'en garder un peu pour plus tard", c'est-à-dire que j'ai lu d'une traite la première partie au Gabon, puis j'ai intercalé un roman de fiction, et repris deux jours plus tard la seconde partie en Guinée Equatoriale. Puis j'ai laissé reposer une semaine, et écrit un premier brouillon de retour. Jeté un peu plus tard. Un second, qui a subi le même sort. Je me suis dit qu'il fallait que j'attende le moment propice, et c'est ce soir et sans brouillon que j'ai eu l'envie de restituer le plaisir que j'ai eu à te lire, Francine. je mesure combien il a dû être difficile pour toi de te replonger dans ce passé, d'y mettre les mots justes, le flot d'émotion que cela a fait remonter très certainement, le découragement sans doute parfois, la fatigue, le questionnement...tout ce qui fait que beaucoup ont envie d'écrire, mais tant d'entre eux renoncent. Toi tu as persévéré, et je t'en remercie, très sincèrement. Je sais que tu aurais encore tant de choses à partager, un jour peut-être ?
J'ai écrit ce retour avec mon coeur, il y a certainement des redites, des maladresses, mais je n'ai pas envie de me relire ou de me corriger, c'est du brut de décoffrage, mais c'est ce que j'avais envie de te dire. Merci.
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J'ai appris par la présentation qu'elle en a fait que mon amie babeliote afriqueah aka Francine avait écrit un livre sur l'Afrique. Pour tous ceux qui lisent régulièrement ses billets, cela ne peut constituer une surprise. J'ai toujours aimé ce qu'elle nous partage à chaque fois dans ses retours sur ses lectures à propos de l'Afrique, dans lequel le ressenti sur le livre se mêle à des souvenirs, à des anecdotes personnelles qui m'ont souvent fait sourire.

Déjà, cette prouesse, écrire un vrai livre, m'a remplie d'admiration, et puis j'ai lu quelques retours tous élogieux. Et je me suis dit, il faut que tu le lises.

Déjà, ce titre interpelle : quelles sont ces racines, pourquoi troublantes ? Francine est une fille de France, étudiante dans le Nord quand elle rencontre Yenoth, étudiant gabonais. Études en commun, mariage, enfant, tout va vite et Francine s'envole pour l'été au Gabon découvrir le pays et la famille de son mari. Et c'est là que ce titre prend toute sa signification : l'Afrique est pour elle une évidence, elle a comme elle le dit si bien l'impression d'y retrouver ses racines. Elle fille du Nord, dont la famille n'a jamais vécu en Afrique s'y sent chez elle, c'est une seconde naissance :
« Dès les premières marches descendues depuis l'avion, le sentiment de retrouver un monde connu me gagne. le monde oublié d'un ventre où il fait toujours chaud, où cette chaleur sur laquelle je peux à partir de maintenant tabler revêt un caractère certain, où je renais dans une matrice originelle et sécurisante. Je régresse au stade de foetus dans ce pays lointain et saturé de moiteur musquée. Plus que tout, je ressens une sorte de connivence secrète, une acceptation totale, une correspondance absolue avec cette culture que je connais parce que mon mari qui y est né m'en a longuement parlé. Je retrouve mes origines, celles de l'humanité, je retrouve ce que j'ai toujours voulu vivre. Pourquoi ? Je ne sais pas, c'est ainsi. »

Elle décrira dans ce livre deux expériences très différentes, celle du Gabon au sein de la famille de son époux, dans un village où le travail aux champs rythme les journées. Et seize ans plus tard, une nouvelle en Guinée équatoriale où elle est envoyée comme coopérante et elle découvrira l'Afrique des blancs, avec leurs pires travers, mais qui lui donnera également la chance de rencontrer son deuxième mari, espagnol .

Mais ce livre n'est pas qu'un livre de souvenirs. Francine ne se contente pas d'égrener ses propres expériences, elle partage avec nous bien plus que cela. Ces pages mêlent avec beaucoup de tendresse, de pudeur aussi, d'intelligence, anecdotes personnelles, moments de bonheur, descriptions de la nature et réflexions sur l'Afrique, à la fois sur son histoire, son art, la politique, ses croyances, sa manière de vivre. Tout cela à travers de petits chapitres chacun préfacé d'une citation qui introduit et éclaire le thème qu'elle va y développer. J'ai été frappée à chaque fois par l'accord parfait entre la citation et les propos de Francine, dont je salue l'érudition pour avoir su choisir si bien tous ces passages qui enrichissent son propos.

Une lecture enrichissante pour moi qui ne connais pas grand-chose de ce continent, et dans laquelle j'ai retrouvé avec plaisir le ton des billets de Francine et ressenti à travers ses mots son amour indéfectible pour ce continent sur lequel tant de clichés abondent. Merci Francine de m'avoir permis de le découvrit un peu mieux.
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Mrs Romero, I presume ?

Je vois sur ta photo derrière que tu as repris le maquillage
Le style
Le style
Le style est fluide
C'est gagné
Après il y a l'histoire
Notre Francine Romero ( Afriqueah ) a quand même vécu quelque chose Hors du commun
Mandembi et Ines peuvent être fiers de toi
J'ai le sentiment que tu préfères le Gabon ( surtout l'Ogooué ) à la G.E
Il faut dire qu'avec ce fou de président de Guinée
Obiang richissime tue et affame les habitants de son pays

Livingstone Stanley Schweitzer Brazza
Tu nous fais de l'anthropologie de l'ethnologie du féminisme tu as bien raison
Une belle vie

Nous avons des points communs
En vrac
Mouvement hippie
Philosophie comptabilité
Nourriture bestioles maladies tropicales
Sorcières vaudou sorts
Fierté de l'intégration presque complète
Amour de la peau noire charbon ou bronzée
Mariage tropical
Puis déception culturelle sur le conjoint tropical
Désert Espagne Ile Maurice Kenya
Meurtre d'un proche de l'ambassade
Ministère des affaires étrangères
L'Afrique des blancs
Commérages
Nous cultiver sur la culture autochtone
L'accueil des nouveaux
Taxi brousse
Institut français
Mangrove
Sable noir qui brûle les pieds
Tongues
« Adopter » le papa et sa fille
Faire bouillir l'eau et le permanganate
Coquillages cônes
Bateau voilier fétu dans la tempête
Dauphins devant le bateau Tu as eu peur de plonger j'en rêvais après coup mais je n'y ai pas pensé
Andalousie Les Espagnols parlent trop vite
Les sud américains débitent plus lentement
Sorcellerie pour se faire aimer Sorciers ( Cf Tobie Nathan )
L'au-delà ( protection )
Le volcan les fougères arborescentes
Malaria paludisme ( Chikungunya )
Table ronde chinoise rouleaux de printemps nems
Ma fille métisse

Bref une très belle histoire dans laquelle je me suis retrouvé
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Régulièrement, Francine nous enchante avec les chroniques de ses lectures sur l'Afrique. Elle nous apprend plein de choses intéressantes et y mêle ses souvenirs avec passion.

Après avoir partagé ses expériences avec nous, c'est dans son livre "Troublantes racines" qu'elle raconte ses 2 séjours en Afrique. Malgré ses premières hésitations, je pense qu'il était important de le faire, pour elle d'abord : fixer ses souvenirs sur le papier doit être très enrichissant, pour sa famille ensuite, et pour notre plus grand plaisir de lecteurs qui découvrons un peu plus en détails toutes les petites tranches de vie racontées auparavant.

Francine nous le dit, ce livre est un témoignage à la fois d'amour pour ce continent, pour les hommes de sa vie et sa famille, et d'amitié.

Deux voyages très différents sont ici présentés.

Le 1er au Gabon où Francine a été intégrée chaleureusement par la famille de son mari. Sa jeunesse et son côté aventurier sûrement ont fait qu'elle s'est elle-même très bien adaptée à ce pays aux conditions de vie très éloignées du monde occidental d'où elle vient. J'ai trouvé cette expérience fascinante et ne suis pas sûre que j'aurais su m'acclimater aussi bien. Mais Francine y a senti ses racines, l'Afrique n'est-elle pas le berceau de l'humanité ?
Francine a vécu une expérience inoubliable avec sa famille, travaillant, cuisinant et partageant la vie austère des petits villages gabonais. Malgré les bestioles et maladies, ajoutées aux soins très rudimentaires, notre amie vit avec simplicité et bonheur, entourée par la beauté de la forêt équatoriale.
Les désillusions arriveront avec d'abord deux épisodes tragiques dont elle sera écartée, et avec son retour en France où elle sera confrontée à l'attitude de sa famille gabonaise qui elle, ne s'adapte pas aussi bien aux coutumes européennes que Francine l'a fait en Afrique.
Mais que de souvenirs !

Dans son 2ème voyage, sa 2ème vie en Afrique, Francine nous fait découvrir une toute autre expérience, en Guinée Equatoriale où elle restera 5 ans.
Là, ses conditions de vie seront très différentes puisque, comptable à l'Institut Culturel d'Expression Française, elle vivra en ville, entourée de Blancs expatriés, racistes pour beaucoup, cupides pour certains. Francine nous parle de la politique des dictateurs gouvernant ce pays, du pétrole, de la corruption qui règne, des petits arrangement financiers présents jusque dans la douane ou la police...
Un pays aussi où la sorcellerie existe, où on rencontre féticheurs et empoisonneurs.
La communauté espagnole est importante, la nouvelle Guinée étant une ancienne colonie espagnole, Francine rencontrera en son sein l'amour de sa vie !

Les nombreuses lectures de Francine viennent étayer ses souvenirs, on y retrouve en citations les auteurs qu'elles nous a présentés ces derniers mois. Tout cela est magnifiquement orchestré, bravo Francine !

Nous découvrons en toute fin du livre que notre amie a été nommée au Niger par la suite "En mars un cadre venu du Ministère a fait le voyage pour m'apprendre la nouvelle lorsque nous sommes sortis en mer avec lui."
Bon, ben, Francine, nous attendons la suite, tu penses bien...;)
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Voilà mon voyage par procuration terminé, un voyage très riche d'enseignements, et ce, par l'intermédiaire du livre de mon amie Francine, alias Afriquea.

L'auteure nous relate, avec par instants un brin d'humour, ses expériences lors de son séjour au Gabon de 1972 à 1973, puis en Guinée équatoriale de 1989 à 1994.

Le prologue, inspiré de l'écrivain Birago Diop, est d'une grande beauté, d'une grande profondeur, et ses anaphores lui confèrent une puissance qui étreint le coeur. "J'écris parce que j'ai peur de la mort". Oui Francine. Raconter ce qui à nos yeux revêt de l'importance, avant que nous ne puissions plus le faire.

À la lecture de l'introduction, je n'ai pu m'empêcher de sourire, car celle-ci illustre si bien ce que ressentent les auteurs qui, à tort, se sentent un peu comme des imposteurs. "Un grand silence gêné, suivi de rien, un peu comme si j'avais prononcé une grossièreté". Ce silence gêné évoque l'hésitation qu'a pu ressentir Francine, avant, enfin, de nous partager ses expériences, aussi magnifiques qu'atypiques, ce pour quoi je la remercie.

Parlons, Francine, de ce sentiment d'appartenance que tu as à l'Afrique. "Dès les premières marches descendues depuis l'avion, le sentiment de retrouver un monde connu me gagne... Je ressens une sorte de connivence sécrète, une acceptation totale, une correspondance absolue avec cette culture". le sentiment d'appartenance à un pays qui n'est pas le nôtre est d'une force telle, qu'il ne peut être réellement compris que par ceux qui l'ont vécu. Couleur de peau, éducation, croyances, il n'est rien qu'il ne puisse défier. C'est comme si tout celà était absorbé par la terre que notre coeur a choisie, se transmutait et nous reprogrammait pour faire de nous quelqu'un d'autre, celui où celle que, dans le secret de notre âme, nous avons peut-être toujours été.

Grâce à la description précise mais sans redondance que tu fais de Libreville, j'ai eu le sentiment de m'y promener. Dans ce Libreville des années 70, petite bourgade entre passé et modernité, où se côtoient hôtels gratte-ciel, aéroport en bois et blocs de béton posés pêle-mêle en guise de débarcadère, et où le temps n'importe plus. Certes, le danger n'est jamais loin, il peut se manifester sous forme, entre autres, de serpents tapis on ne sait où, pour autant, il m'a semblé qu'il était doux de vivre dans cette petite bourgade à l'air provincial, non aseptisée et un tantinet brouillonne. S'y trouve cependant un hôpital sans médicaments, le ton est donné...

À Port Gentil, accompagnée de ton jeune époux Gabonais, tu fais la connaissance de ta grande et chaleureuse belle-famille. J'ai regretté que tu n'aies suffisamment brossé le portrait des uns et des autres, car vis-à-vis d'eux, j'ai gardé une certaine distance. Mais peut-être n'était-ce pas vraiment le propos, et que ton intention était certes, de faire partager au lecteur ces tranches de vie, mais aussi et surtout de nous dépeindre les couleurs de l'Afrique, sa complexité, ses us et coutumes, et en ce sens ton livre est d'une grande richesse et fort instructif.
Le deuil et ses rites, la libation, la conception de la famille, bien curieuse au regard de l'occidentale que je suis, tout celà ponctué de la Grande Histoire. La Grande Histoire que tu as distillée avec la juste mesure, suffisamment pour immerger le lecteur dans cet univers, mais sans que ce soit pour autant indigeste. le climat politique y est également abordé, donc il va sans dire que corruption et malversations vont bon train.

La corruption n'est certes pas l'apanage des Africains, mais celle-ci, lorsqu'elle a lieu dans des pays d'Afrique, me révolte et m'inspire encore plus de mépris.
Comment des politiciens dont les ancêtres ont connu l'humiliation de l'esclavage, peuvent-ils à leur tour se montrer si vils. Si assoiffés de pouvoir et d'argent ? Ne devraient-ils pas avoir à coeur d'assurer à la population, à leurs frères, une vie un tant soit peu décente. Ne devraient-ils pas marquer un point d'honneur à montrer au monde qu'ils sont des êtres responsables, et que leur pays ne peut en aucun cas être le terrain de jeu des uns et des autres. Eh bien non. L'appât du gain est le plus fort. Tout est permis. Pourvu que celà servent leurs intérêts financiers. Et qu'il y a t-il de plus criminel, de plus nuisible et inconstructif pour un pays, que de le priver de ses têtes pensantes, dans le but, il va sans dire, de mieux s'agripper à son "trône". Toute ces exactions m'ont proprement révoltée.

À ce propos Francine, un passage de ton livre m'a particulièrement interpellée et mérite qu'on s'y arrête un instant. Je cite : "J'apprends cette notion de destin inéluctable dès mon arrivée. Je me pose la question de savoir si le passé de ces peuples les a éduqués dans l'acceptation, ou si une certaine indifférence de départ à permis les siècles de sévices, si le fatalisme les a aidés à supporter la captivité, ou si les déportations leur importait finalement peu, comme si ce sort était prévu de tout temps et que toute révolte aurait été futile.
Habib Bourguiba a dit : "Si nous avons été colonisés, c'est parce que nous étions colonisables". Aimé Césaire a d'ailleurs tenu des propos très ressemblants. Je n'ai plus les termes précis en tête, mais sa pensée était la même, sauf qu'elle s'appliquait à l'esclavage. Et à Malek Benabi de dire, "Une nation n'est pas tant défaite par des agressions extérieures que par la perte de sa cohésion interne". Alors peut-être avons-nous notre réponse...

Mais heureusement qu'après tous ces sujets que tu fais bien d'évoquer, il y a de l'amour dans l'air !!! Voilà qui fait
du bien ! Vient ta rencontre avec ce bel Andalou, "ce beau chevelu sauvage ", puisqu'entretemps tu as divorcé de ton premier mari. Tout m'est apparu si fluide entre vous. L'amour est parfois comme une évidence, et c'est beau.

Le chapitre intitulé "L'Afrique des blancs ", lui par contre m'a carrément amusée. Tu donnes la parole aux "illustres" épouses de coopérants qui cassent du sucre sur le dos des Africains, et je n'ai pu m'empêcher d'établir un lien entre ces pestes ignorantes et les Français métropolitains établis en Guadeloupe qui, en 2023 ! Pratique l'entre-soi et cassent du sucre sur notre dos. Heureusement que je suis venue quelques fois en métropole, ce qui m'a permis de me forger une opinion plus juste, de reconnaître que ces imbéciles ne sont pas du tout représentatifs de la population Française.

Je vais quand-même conclure, Francine, ton livre est très enrichissant, très instructif, émaillé de nombreuses références littéraires, une prose simple et belle, alors je te dis merci. Merci pour ton érudition qui ne peut susciter qu'admiration, ton
humour et ton impartialité, car en dépit de l'amour que tu as pour ce continent, c'est sans concessions que tu as dévoilé ses aspects les plus lumineux comme les plus sombres. Merci Francine, de m'avoir fait passer un fort bon moment.










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L'Afrique : terre de mystère et de croyances ancestrales. Quand j'étais petite un griot est venue à l'école, il avait fait vivre la savane, la brousse, le vaudou, les chants ancestraux la voix basse et mystérieuse le djembé battant le rythme, il avait transporté loin là bas les enfants assis autour de lui dans une sorte de transe dont le charme ne fut rompu que quand la voix cessa.

L'Afrique, je ne connais rien de ce contient mes passions m'ayant porté ailleurs. Une culture qui m'échappe, alors quand on ne sait pas la seule chose censée est de demander aux passionnés, à ceux qui aiment, qui vibrent, pour cet ailleurs. Francine ROMERO est ce ceux là. Depuis que j'ai croisé sa route sur Babelio elle m'a toujours parlé de l'Afrique (et Picard aussi mais ça c'est une autre histoire), ses lectures en témoignent et ses éclairages dans les commentaires aussi. L'Afrique elle l'aime, mais pas aveuglément. Alors quoi de plus naturel que de partager ? Dans son livre elle nous parle de son expérience d'abord du Gabon puis de la Guinée équatoriale.

Cet amour presque viscéral pour le Gabon où elle se sent chez elle, elle le partage avec nous en nous expliquant les coutumes, la vie traditionnelle non pas d'une touriste mais d'une habitante. Avec enthousiasme et spontanéité elle essaie de trouver sa place dans cet univers dont elle a tant à apprendre. Mais Francine n'est pas un griot, elle n'est pas là pour émerveillée les lecteurs, pas seulement. Elle n'est pas naïve, son regard est acéré et son amour du Gabon ne l'aveugle pas. Les magouilles politiques, financières, les luttes de pouvoir tout ça elle le voit. de même qu'elle ressent parfois un fossé qui ne peut pas toujours être comblé, une culture différente qui créé parfois des incompréhensions, de la colère, qui peut blesser aussi mais qui n'empêche ni l'amour ni l'échange. Ce que j'ai préféré ce sont les parties qui parlent de la vie de tous les jours car elles sont profondément humaines. J'ai aussi beaucoup appris sur le fonctionnement de la famille très différent du nôtre et j'ai été subjugué par les guérisseurs et le culte des ancêtres.

La partie sur la Guinée équatoriale est différente, nous ne somme plus dans un petit village et Francine est désormais une représentante de l'État français. de par son poste et sa position dans l'administration elle voit les choses sous un autre angle. La corruption, les abus des fonctionnaires du pays et de ceux des ambassades, les intrigues, les enjeux politiques, et même un meurtre digne d'un James Bond ! Mais elle nous parle aussi des maladies, des difficultés à trouver certains produits, du manque de confort, des risques sanitaires et pour leur sécurité. Une véritable aventure humaine pleine de rebondissements, et même une histoire d'amour (qui se termine par ils eurent un perroquet!).

J'ai beaucoup aimé ce livre rempli d'amour, d'humilité, d'honnêteté et d'objectivité à la fois sur ce que l'autrice a vécu et sur ses enchantements et ses désillusions. C'est franc, honnête, direct, comme Francine. Il n'y a pas de jugement de valeur, juste un partage. J'ai aussi beaucoup aimé les introductions sous forme d'extraits d'auteurs dont beaucoup me sont inconnus. J'ai quelques lacunes en littérature africaine. Oui bon d'accord je pars de zéro y'a du boulot… ma PAL est déprimée.

Merci Francine pour la balade en pirogue, les journées avec ces fières gabonaises, les nuits avec les gros cafards (ah non pour ça non en fait…), les parties de pêche, les repas (j'adore le manioc) et pour m'avoir emmenée au bout du monde.
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Babelio, malgré le fait qu'il renforce mon côté addictif aux livres, ce qui m'énerve parfois, est aussi, et surtout, une bénédiction pour nous faire découvrir tant de livres qui ouvrent l'esprit et le coeur.
C'est le cas de celui-ci qui m'avait échappé lors de sa sortie. Il est de Francine Romero (alias mon « amie » babeliote Afriqueah).
Un livre de souvenirs personnels, mais pas seulement, si touchant, si instructif et si profond. Un livre qui m'a fait ressentir et mieux comprendre la vie de cette Afrique dite subsaharienne que je ne connais pas bien, et ce n'est pas ce que j'en lis et j'en vois dans les médias français qui suffit à me faire une opinion.

C'est d'abord comme si l'auteure nous invitait à feuilleter son album de souvenirs.
Des souvenirs du Gabon où elle s'est rendue dans la famille de son mari en 1972-1973, puis de Guinée Équatoriale, ce petit pays coincé entre le Cameroun et le Gabon où elle fut employée comme coopérante française de 1989 à 1994.

Le séjour au Gabon, c'est la découverte d'une certaine Afrique et c'est très fort et émouvant. L'auteur y arrive à l'été de 1972 et y revient en 1973. Elle est accueillie dans la famille de son mari, Yenoth, étudiant rencontré sur les bancs de la « Fac » à Lille. Ils sont accompagnés de leur enfant, Mandembi, âgé de 2 ans. C'est à son arrivée qu'elle éprouvera cette sensation troublante qui est de retrouver d'où elle vient, ses « racines africaines », alors qu'elle est née et n'a jamais quitté la France métropolitaine.

Et nous voilà à la suivre qui partage la vie de sa belle-famille. L'accueil chaleureux, le rôle important des femmes, le désintéressement des richesses, le respect des anciens, le rapport à la nature et à la nourriture, à la mort, toutes choses si différentes des approches de notre monde occidental matérialiste, tout cela est raconté avec beaucoup de sympathie, tendresse, mais aussi d'humour qui va d'ailleurs pointer le bout de son nez durant tout le livre. Il y a aussi ce rapport aux esprits, à la sorcellerie, décrit de façon passionnante. Et enfin, la fin de l'histoire d'amour de l'auteure, confrontée à son retour en France, à « l'importation » insoutenable du mode de vie africain chez elle, son mari acceptant que des membres de sa famille squattent son appartement, et la traitent comme une servante, ce qui finit en divorce.

Et puis, ce n'est pas tout, car c'est complété par d'un peu d'histoire, celle plutôt sympathique de Savorgnan de Brazza, celle en demi-teinte du Docteur Schweitzer, celle pas très jolie de l'histoire contemporaine, d'un Gabon terrain de jeu de la Françafrique, d'un pays dominé par la présidence quasi à vie de Albert-Bernard Bongo qui se convertit par opportunisme à l'Islam, pour devenir ce célèbre Omar Bongo, un des « contributeurs » de cette non moins célèbre affaire Elf.


Le séjour en Afrique Équatoriale, s'il reprend certains des thèmes déjà évoqués dans la première partie, tels la sorcellerie, le rapport à la nature, parfois dramatique avec les sorties en mer et les naufrages, m'a surtout marqué à la fois par l'incroyable dictature qui y sévit et dont je n'avais jamais entendu parler (ce n'est malheureusement pas un cas isolé en Afrique) et par la corruption qui est présente partout, y compris chez les français expatriés. Francine Romero nous raconte son séjour avec beaucoup d'humour, d'ironie. Elle nous dépeint aussi avec verve, le monde de ragots, de cancans, que représente la « famille » des coopérants. Mais il y a une empathie pour les gens, une grande sensibilité mêlée à une grande pudeur, qui m'ont touché.

C'est un livre court, certes, mais fort, et que j'ai relu plusieurs fois.
A la fin, l'auteure nous apprend qu'elle est nommée à deux Centres Culturels du Niger. La matière pour un autre livre?

Autre chose: chaque chapitre comporte en préambule une citation très bien choisie pour introduire le propos. C'est astucieux et éclairant.

En conclusion, une petite pépite de livre.
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Tout commence par une histoire d'amour. Sur les bancs de l'université, dans un cours magistral sur Platon, Francine Romero a un coup de foudre pour Yenoth. Yenoth est gabonais. L'histoire va se poursuivre par un mariage, et une révélation capitale, celle de ses Troublantes racines.

« Je retrouve mes origines, celles de l'humanité, je retrouve ce que j'ai toujours voulu vivre. Pourquoi ? Je ne sais pas, c'est ainsi. Personne de près ou de loin dans ma famille n'a jamais franchi les Pyrénées, je n'ai pas rencontré d'Africains dans mon enfance bourgeoise et protégée ». (p.17)

Plus de cinquante ans plus tard, Francine va sonder ce mystère à travers ce témoignage qui est comme une bouteille à la mer. Comme elle nous le dit, en ouverture, elle n'a jamais réussi à parler de l'Afrique.

« Un grand silence gêné suivi de rien, un peu comme si j'avais prononcé une grossièreté, comme si poussée par la désespérante volonté de ramer à contre-courant, j'essayais de donner de l'importance à ce qui, pour tous, semblait futile, un grand silence a ponctué mes essais de parler de l'Afrique ».

Son propos est de nous parler de son Afrique à elle.

« Mon but est de donner une vision à l'opposé de celle des enfants morts de faim, et de l'Afrique comme suite ininterrompue de malheurs et de malédictions, ravagée par les épidémies, les maladies et les guerres ethniques ».

Nous allons la suivre au Gabon (1972, 1973), jusqu'au village de Yombé II, berceau de sa belle-famille, sur les rives de l'Ogooué, puis après son divorce, en tant qu'expatriée (1989-1994), à Malabo, capitale de la Guinée Équatoriale, située sur l'ile de Bioko.

Pour se rendre à Yombé II, Francine emprunte une pirogue à moteur, qui se fraye un chemin, à travers de « gigantesques arbres, eucalyptus, oukoumés, acajous, dont les branches et les lianes tombent dans l'eau ». [Elle doit se] plier assez souvent pour les éviter, tout en vérifiant qu'aucun animal style panthère ne [lui] tombe dessus », et surtout ne pas mettre la main dans l'eau sous peine de se faire mordre par un crocodile ou un serpent d'eau.

Elle arrive à bon port, reçue à bras ouverts par sa belle-famille. Elle dort sur une « natte, dans une hutte construite avec piliers de bois et un lacis de feuilles de palmiers tressés entre eux ». ((p.38)

Elle nous confie cette expérience passionnante, sensorielle, spirituelle, existentielle, totalement dépaysante pour une française bourgeoise. Elle nous raconte les personnages, la vie quotidienne, le village divisé en deux camps, les Myénés – ethnie de sa belle-famille – et les Fangs « redoutés pour leur violence ». Elle nous initie aux coutumes, aux rites, aux légendes, aux croyances. Son propos est illustré de pittoresques anecdotes.

J'ai adoré cette partie du récit.

La partie concernant Malabo est d'un tout autre acabit. Je pense que Francine a voulu souligner le contraste entre Yombé II et Malabo, en exprimant, dans un deuxième temps, ses amères réflexions sur la colonisation, l'esclavage, la corruption, le pillage des ressources…

Ce passionnant témoignage est étayé par de nombreuses références littéraires, philosophiques, historiques, culturelles et sociologiques.

Francine Romero, alias Francinette, nom de code Afriqueah, est ma nouvelle amie babéliote. J'ai tout de suite eu des atomes crochus avec elle.

C'est donc avec plaisir que j'ai accepté son invitation au voyage, surtout que j'ai une branche de ma famille qui est burkinabé.
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Quand pour la première fois on sort de l'avion sur un aéroport africain, c'est tout de suite dépaysant.
Mais là où beaucoup d'entre nous ressentent la chaleur, la moiteur, l'air étouffant peser sur leurs nuques… Francine Romero, elle, voit ça poétiquement comme un ventre maternel, comme des bras qui l'enlacent.
Elle est chez elle, dans cette Afrique de l'Ouest où elle a vécu.
Elle relate deux séjours : l'un dans un village gabonais, comme membre de la famille chaleureusement accueillie ; l'autre en ville, en Guinée équatoriale comme travailleuse expatriée.
Les deux sont passionnants.
Ses souvenirs joignent la fraîcheur de l'expérience à la profondeur de la réflexion (elle a étudié la philo m'sieurs-dames !)
Sur la traite négrière, la colonisation européenne, puis l'indépendance et la Françafrique, les mises au point historiques sont à la fois érudites et teintées de pensées personnelles ; avec lucidité et sincérité, Francine nous fait part de ses scrupules en Guinée : "Politique exige, notre volonté d'étendre la francophonie prime sur le respect des droits humains. Nous savons tous que le pays est aux mains d'un dictateur sanglant, nous-mêmes sommes complices d'une certaine façon en ne le dénonçant pas."
Mais des passages plus légers amènent l'humour ou le rêve : j'ai retrouvé le poulet-bicyclette aperçu chez Florent Couao-Zotti (qui en donne une autre étymologie), j'ai bien ri en découvrant le Djembé, "une sorte de syndicat contre l'élément mâle" (À bas le patriarcat…!). J'ai vu d'un autre oeil les sirènes d'Ulysse après avoir rencontré leurs cousines dans l'Ogooué (ce qui est tout de même très révélateur d'une histoire universelle des mythes). Et que dire de la si romantique rencontre avec son mari, "sorti du brouillard marin" dans son vaisseau fantôme ?
Un très beau récit de vie, de vies multiples plutôt, avec leur lot de tragédies mais aussi de joies simples et de rencontres émouvantes.
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