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sur 5157 notes
Deux destins se croisent à 60 ans d'intervalle. Ces deux destins sont liés par un évènement tragique : la rafle du Vel'd'Hiv, du 16 juillet 1942.
Une journaliste américaine résidant à Paris enquête sur cette date, puis elle va découvrir que sa belle-famille est liée au destin de Sarah Starzynski, une petite fille raflée à Paris.

Ces recherches vont être l'occasion d'une introspection et d'un bilan assez douloureux... On n'ouvre pas la boîte de Pandore sans impunité, que ce soit avec les histoires de famille ou la grande Histoire.

Difficile de faire une critique de ce roman qui m'a mis comme en apnée tant j'ai été absorbée et pris d'une frénésie qui m'empêchait de m'arrêter de lire. C'est un roman très fort sur la culpabilité, ce qu'il vaut mieux parfois ignorer, sur les choix et les regrets et sur la rédemption.
Les chapitres sont très courts et la traduction est très fluide, traduisant bien un certain pragmatisme et une recherche d'authenticité à l'anglo-saxonne.
Ce fut pour moi la première découverte de Tatiana de Rosnay et au-delà de son récit, sa démarche d'écrire dans une langue étrangère avec le point de vue d'une "expatriée" est très intéressante et permet une remise en question assez brute qu'il n'aurait sans doute pas été possible avec du 100% français.

A plusieurs reprises les larmes me sont montées aux yeux tant il y avait de tension dans ce récit. de même qu'un certain besoin de m'extraire du roman pour "respirer".
Un roman dont je ne suis pas laissée indemne..

Et de ce fait, cette critique ne fait pas justice à toutes les émotions que j'ai ressenties.
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Relecture...

Si l'auteur me déçoit depuis ses dernières parutions, je reste cependant attachée à elle, ne serait-ce que pour ce livre-là.Je n'en suis pas sortie indemne et cette fois encore, je suis fort émue .

Deux destins d'abord en parallèle, puis qui se rejoignent, au fil du roman: en 1942, celui de Sarah, petite fille juive de dix ans et en 2002, celui de Julia, journaliste dont la belle-famille va livrer, après bien des secrets, une terrible vérité, qui fera tout voler en éclats.

Sarah et son amour déchirant et poignant de culpabilité pour son petit frère.
Sarah arrachée à son quotidien lors de la rafle du Vél d'Hiv ( et il en a fallu, du temps, pour que l'état français reconnaisse sa participation à cette horreur !)
Sarah parquée dans un camp français, comme tant d'autres enfants.
Sarah qui s'échappe et trouve un refuge provisoire dans une famille qui la cache.
Mais Sarah,adulte, toujours en fuite d'elle-même et de son passé, Sarah, si fragile et cassée de l'intérieur...

Julia trouvera la vérité dans les murs de cet appartement suintant la mort et la souffrance( on sait l'attirance de l'auteur pour les habitations et leurs secrets), mais au prix de bien des difficultés, confrontée aux non-dits, au déni de sa belle-famille.Son histoire sentimentale personnelle est en trop, je trouve, dans le cadre dramatique du roman.Mais ce n'est qu'un détail.

Car l'essentiel, c'est cette émotion qui nous saisit, nous imprègne, nous accompagnons avec compassion et tendresse le destin de Sarah et nous suivons avec passion l'enquête de Julia.

Je suis allée voir la plaque commémorative du Vel' d'Hiv, qui est maintenant sur le boulevard.Des minutes de silence horrifié et tremblant, en souvenir de Sarah et de tous ces enfants martyrs.
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J'ai le souvenir d'un roman très émouvant, avec pour toile de fond la rafle du Vel d' Hiv . L'auteur sait appuyer là où cela fait mal. Une page sombre de l'histoire de France que l'on aimerait n'être qu'un cauchemar. l'on se réveillerait le matin et cela n'aurait jamais eu lieu. Et l'on se sentirait beaucoup mieux, malheureusement...
Un livre à lire.
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Première fois que je lis un livre de cette auteure mais surement pas la dernière, j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre que j'ai dévoré, mais j'aurais malgré tout aimé qu'il ne soit jamais écrit et que cette page de notre histoire n'est jamais existé.
L'écriture de Tatiana de Rosnay est vraiment très agréable, la construction du livre très bien faite et j'ai tourné les pages sans m'en rendre compte tellement je ne suis retrouvé happée par cette histoire.
Ce livre qui aborde un événement tragique de notre histoire est composé de chapitres alternants deux périodes, le mois de juillet 1942 et sa "célèbre rafle" où l'on suit Sarah et l'année 2002 où une journaliste américaine Julia doit pour les besoins du magazine dans lequel elle travaille, écrire un article pour les 60 ans de cette "fameuse rafle", et effectue donc des recherches qui lui feront découvrir toute l' horreur de cette période.
Je pense que l'auteure, toute en parlant de faits qui ont malheureusement existé, n'a pas voulu nous faire ressentir de la haine et à donc pris le parti de nous romancer son histoire avec le personnage de Julia, je ressors donc de cette lecture avec un sentiment de tristesse, car je sais malheureusement que tout ceci à exister et que ce n'est pas si vieux que cela "nos grand-parents" ont subi cette guerre, avec beaucoup de compassion pour l'ensemble des personnages mais aussi avec de l'admiration face aux gens qui ont su donner de l'amour face à tous ces événements tragiques.
Je vous conseille donc vivement cette lecture, même si je le répète, j'aurais préféré qu'elle n'est jamais existé.
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L'histoire de la petite Sarah dans ce roman de Tatiana de Rosnay est tout simplement bouleversante. Sarah n'aura de cesse de rechercher son petit frère Michel qu'elle a enfermé dans un placard de l'appartement où ils vivaient avec leurs parents. Loin de se douter du drame qui se joue, comme tous ceux qui ont vécu l'horreur de la rafle du Vel d'Hiv et de la Shoah, la jeune Sarah n'aspire qu'à une chose : sortir son jeune frère le plus rapidement possible de cette cachette dans laquelle elle l'a enfermé pour l'épargner de cette rafle. Mais le plus vite va hélas durer longtemps, trop longtemps.
Ce récit d'une période très sombre, en alternance de deux époques, marque les esprits, parce que des faits aussi déplorables, ne doivent pas tomber aux oubliettes. Ce roman m'a profondément bouleversé et je n'oublierai pas la jeune Sarah de si tôt. Cette rafle de Vel d'Hiv décrite avec justesse par Julia, une jeune journaliste américaine vivant en France, chargée d'enquêter sur cette sombre période pour la commémoration de cet évènement tragique, loin d'imaginer que sa recherche va la rattacher à sa propre histoire, va affecter sa vie dont elle ne sortira pas indemne.

Une fois les premières pages lues, les autres défilent à vitesse grand V.
Un récit poignant, dramatique qui résonnera longtemps dans le coeur des lecteurs sans oublier l'empathie pour le petit Michel.
Inoubliable Sarah...
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Voir ma vidéo : https://youtu.be/7wihHvbC9Jc

Honte à moi, je n'avais jamais entendu parler du Vél d'Hiv ! Même en étant Belge et pas Française, c'était une lacune à combler !
Une chose est certaine, c'est que je n'oublierai jamais cette tragédie de juillet 1942 à Paris, au cours de laquelle les policiers français ont été le bras armé de l'armée allemande !
Ils ont rassemblé les juifs dans le vélodrome d'hiver pour ensuite séparer les familles et permettre la déportation, tour à tour, des hommes, des femmes… et enfin des enfants, arrachés à leur famille.
Ce roman historique est construit d'une manière qui en fait un roman addictif. de chapitre en chapitre, on passe de l'histoire de la petite juive de 1942, Sarah, à celle de la journaliste contemporaine, Julia, qui enquête sur la tragédie du Vél d'Hiv. D'emblée, on a hâte de découvrir comment l'histoire de Sarah va rencontrer celle de Julia…
Il ne faut pas me demander ce que j'ai pensé de l'écriture de Tatiana de Rosnay dans ce roman… L'histoire a pris tellement le dessus sur tout le reste que je ne sais rien en dire…
C'est encore un coup de coeur pour moi. J'approfondis encore un peu mes connaissances sur la deuxième guerre mondiale… En lisant Ken Follett, je me disais que l'absence du point de vue français n'était pas un souci, parce que je pensais connaître l'essentiel… Mais cette histoire me permet de réaliser que, après la trilogie « le siècle » de Ken Follett, la lecture d'auteurs qui nous documentent sur ce qu'il s'est passé en France a tout son sens !
Maintenant, j'en sais un peu plus… et je n'oublierai jamais.
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L'histoire commence le 16 juillet 1942, dans un appartement parisien où habite une petite fille, Sarah avec ses parents et son petit frère Michel. Les policiers frappent à la porte violemment alors que son père est caché quelque part dans une cave car la rumeur court qu'il va peut-être y avoir des arrestations dans les familles juives.
Prise de panique, elle cache son petit frère dans un placard dérobé, invisible pour qui ne le connaît pas en lui promettant de revenir le chercher plus tard.
Bien sûr c'est le début d'un épisode sombre de la guerre : la rafle du Vel d'Hiv, tristement célèbre où vont être déportés des milliers de Juifs dont 400o enfants.
Julia Jarmond est une Américaine, vivant à Paris depuis ses études, mariée à un Français issu d'un milieu bourgeois, architecte, très imbu de lui-même avec lequel elle a eu une petite fille prénommée Zoé âgée d'une dizaine d'années. Elle travaille pour un journal américain destiné aux américains vivant en France et son patron lui demande d'écrire un article sur la rafle du Vel d'Hiv dont cela ca être le 60ème anniversaire.
Son mari l'emmène dans l'appartement de sa grand-mère entrée depuis peu en maison de retraite car il a le projet de le refaire pour aller l'habiter. Cette idée de plaît pas trop à Julia.
Les deux histoires se déroulent en parallèle. Julia ne connaît pas ce qui s'est passé en juillet 1942 et elle va chercher sur Internet tout les documents qu'elle peut trouver, rencontrer des gens qui s'intéresse au sort des Juifs et aux camps de concentration, d'autres dont la famille a été déportés et a péri dans les chambres à gaz. Elle découvre avec surprise que c'est la police française qui a organisé, planifié avec minutie la rafle. Elle découvre l'horreur.
Tandis que l'enquête de Julia avance, l'histoire de Sarah continue. La petite fille explique ce qu'elle voit, ce qu'elle comprend dans les événements qui s'enchaînent : le départ des cars vers le Vel d'Hiv, l'entassement sans manger sans boire, sans sanitaires, les suicides, les pleurs, la peur. Puis le parcours à pied pour se rendre à la gare pour les emmener à Drancy, la séparation ls hommes d'un côté, les femmes et les enfants de l'autre, puis une deuxième séparation, on arrache les enfants à leur mère. Sarah pense sans cesse à son petit frère à qui elle a promis de revenir le chercher, elle l'a trahi comment va-t-il s'en sortir…..
Dans la famille de Julia, il y a d'autres souffrances, enfin d'une autre sorte, elle a fait de multiples fausses couches, au fur et à mesure que ses recherches avancent, elle sent qu'il y a un secret dans la famille de son mari.
On va découvrir peu à peu qu'il existe un lien entre la famille de Sarah et celle du mari de Julia, Bertrand. Mais le poids du secret est là. le couple de Julia bat de l'aile. Et elle s'aperçoit qu'elle est enceinte et je vous laisse découvrir la suite.

Ce que j'en pense :

Ce roman repose sur 2 histoires qui se déroulent en parallèle, un chapitre consacré à l'histoire de Sarah, le suivant consacré à celle de Julia comme un concerto à 2 instruments type le concerto pour violon et harpe de Mozart, à 60 ans d'écart. Celle de Sarah est poignante, elle nous plonge dans l'horreur, on a beau savoir ce qui s'est passé, cela reste en quelque sorte abstrait pour nous qui n'avons pas vécu à cette époque. Ici, la petite fille nous raconte les choses avec ses mots à elle, percutants, dans l'émotion au départ et après avec de plus en plus de froideur car c'est la seule façon pour elle de s'en sortir.
En quelques jours la petite fille de 10 ans est devenue une adulte. Elle résiste car elle a promis à son frère de revenir le chercher.
Julia est l'américaine type, elle laisse sortir ses émotions au fur et à mesure de ce qu'elle découvre. Parfois, elle est énervante car elle semble donner des leçons, elle nous pousse à nous sentir coupable de n'avoir rien fait, de n'avoir pas voulu savoir et c'est pour cela qu'elle est attachante. (c'est vrai, j'avoue je ne connaissais pas les camps du Loiret notamment Beaune-la-Rolande.)
Elle est extravertie alors que nous traînons cette vieille culpabilité due à notre éducation judéo-chrétienne avec le cortège des secrets de famille, des émotions tues car on ne doit pas se donner en spectacle et ça nous dérange. Et surtout elle pose la question qui hante (et que J.J. GOLDMAN à si bien exprimé dans sa chanson « si j'étais né en 17 à … aurais-je été meilleur ou pire que ces gens…») de quel côté aurait-on été : résistants ou collabo ? « on ne saura jamais vraiment ce qu'il y a dans nos ventres… »
J'aime ce personnage, car je la comprends et j'aime son combat pour la justice, la reconnaissance de ces crimes sur lesquels J. CHIRAC s'exprimera, ce sera la 1ère fois qu'un président de la république française osera reconnaître que la France a eu des responsabilités en 1942.
Elle mène en parallèle un autre combat : alors qu'elle est plongée dans la mort des enfants juifs, elle se retrouve enfin enceinte et son mari lui demande froidement d'avorter car il ne veut pas de bébé, il veut vivre en bon égoïste qu'il est.
Tous les personnages du roman sont intéressants, la grand-mère Mamé haute en couleur et en énergie, le père de Bertrand dont la personnalité se modifie à mesure que Julia découvre des choses du passé et une complicité s'installe entre eux d'ailleurs, Zoé qui soutient sa mère dans ses recherches avec de plus en plus d'enthousiasme.
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Une double narration intéressante entre le présent (un travail d'investigation) et le passé (on suit une famille de victimes). La narratrice du présent est étrangère, ce qui permet je trouve de mettre sans pb un coup de projecteur sur les erreurs et abus du gouvernement français de l'époque.
Le superbe film avec Kristin Scott Thomas et Niels Arestrup passe sur Chérie 25 le 09/10/20 !
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La déportation, la Shoah, les camps, la guerre ... sujets sensibles, mais on n'y peut rien ils font partis de notre histoire.

J'avoue avoir été enchantée de la lecture de ce roman qui allie deux histoires en une.

Paris 1942, une petite fille est dans la rafle avec ses parents, direction le Vel d'Hiv' puis ensuite le camp et l'horreur.
Avant la rafle elle met à l'abri son petit frère dans un placard, elle l'enferme, garde la clé et lui promet de revenir bientôt pour le sortir de là.
Elle ne savait pas à ce moment-là, de ce qui va l'attendre et surtout qu'elle ne verra plus ses parents.

Paris 2002. Julia Jarmond, Américaine de son état, mariée à un Français est journaliste pour un journal anglophone. On lui demande de couvrir la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv", elle qui ne connait pas grand chose à la guerre, à la déportation ...
Cette enquête va la mener loin, très loin, sa vie va s'en retrouver complètement bouleversée et elle est loin d'imaginer que cette enquête est l'enquête de sa vie.

Lire Tatiana de Rosnay est une première avec ce roman, qui a été adapté au cinéma (film que je n'ai pas vu), et j'ai beaucoup aimé son style d'écriture.
L'histoire de la souffrance de la petite Sarah est décrit à son apogée, l'auteure nous met ce stress et ce bouleversement à cause de son petit frère.

Sans peine, j'ai réussie à me mettre dans la peau de Julia et ai suivi son enquête et ses problèmes familiaux avec ferveur.

Un bon roman qui mérite attention !

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Distingué par plusieurs prix, traduit dans trente-huit pays, vendu à plus de trois millions d'exemplaires dans le monde et couvert de critiques dithyrambiques (dont l'une venant de ma très estimée et très adorée tante), je dois reconnaître que j'étais loin d'imaginer que la magie d'Elle s'appelait Sarah n'opérerait pas chez moi.

Je vais donc tâcher de vous expliquer pourquoi le roman qui a séduit une bonne partie de la planète m'a, à l'inverse, profondément indignée.

Je tiens toutefois et avant tout à préciser qu'Elle s'appelait Sarah n'est pas pour autant dénué de qualités. Les chapitres centrés sur ladite Sarah m'ont par exemple captivée. Impossible en effet de rester insensible au calvaire de cette enfant, de son frère Michel et de ses parents au moment de la rafle du Vélodrome d'Hiver dans un premier temps puis tout au long de l'été 1942.

La description des conditions de détention, éminemment réaliste, est qui plus est très réussie. Elle permet de révéler très subtilement (et intelligemment) la psychologie des différents personnages : la détresse du père, l'apathie de la mère et la maturité ahurissante de Sarah, dont les innocentes questions ("Qu'avait-elle fait, qu'avaient fait ses parents, pour mériter ça ? Pourquoi était-il si grave d'être juif ?") soulignent l'absurdité des évènements. Sans doute aurais-je été conquise donc, si ce roman s'était limité à l'analyse psychologique des victimes et des bourreaux et à l'histoire éminemment touchante de cette famille.

Le hic, c'est que ces chapitres sont entrecoupés par d'autres, centrés eux sur Julia Jarmond, une journaliste qui est chargée de faire un article sur cette rafle et qui tente, simultanément, de gérer les petits tracas de sa vie. Aux multiples souffrances de Sarah succèdent donc les états d'âmes et plaintes intempestives de Julia. J'ai trouvé cette construction narrative complètement déplacée. Quelle idée de nous faire subir ces atermoiements dans un ouvrage traitant, en parallèle, d'une des pages les plus cruelles de l'histoire ! C'est d'autant plus insupportable que ces jérémiades ne se limitent pas à un ou deux chapitres et que Julia, qui aurait pu remédier depuis belle lurette à ses effroyables (ironie) "problèmes" les traîne inlassablement avec elle.

Par ailleurs, le récit est truffé de clichés. Les soliloques de Julia sur les différences de moeurs entre américains et français m'ont par exemple semblé réducteurs et inutiles. Les personnages ont également l'air d'être - tous - tirés de la caricature pour les nuls : le vilain boss insensible et exigeant, la supersister, le mari beau gosse et sûr de lui qui, en fait, est en proie au doute, la belle-mère raffinée et condescendante qui n'a jamais vraiment accepté sa belle-fille, le beau-père impassible qui dissimule en réalité une grande sensibilité, la belle-soeur maigrichonne et la belle-soeur rondelette (une histoire de quota sans doute ?)...

Quant aux recherches que Julia mène avec son confrère photographe, elles s'avèrent éminemment superficielles. Il aurait par exemple été intéressant, d'autant plus que c'est brièvement évoqué par son chef dans l'ouvrage, que Julia interroge des policiers ou même des infirmiers et éclaire ainsi les raisons de leur collaboration. J'ai été très étonnée également qu'il n'y ait aucune mention des réseaux de résistants et surtout, de leurs organes de presse – notamment le journal Témoignage chrétien, omniprésent depuis 1941 – mention qui n'aurait en rien dédouané la police française et ses complices.

Elle s'appelait Sarah pose somme toute des questions légitimes (peut-on survivre à son passé, doit-on s'excuser et si oui comment ?) mais là encore, ne les approfondit malheureusement pas. La démarche de Julia paraît donc incomplète et sonne faux voire moralisatrice. L'investigation est d'autant plus bancale que la quête originelle de Julia est confuse. J'ai en effet peiné (et peine toujours d'ailleurs) à comprendre pourquoi elle s'identifie autant à Sarah, pourquoi elle qui ne savait absolument rien de la rafle du Vel' d'Hiv s'est soudainement sentie investie d'une tâche.

Enfin, la plume de Tatiana de Rosnay manque cruellement d'éloquence. J'ai particulièrement été gênée par la pauvreté de la syntaxe et du vocabulaire qui semblait justifié, lorsqu'il s'agissait de Sarah ou de la fille de Julia mais qui n'avait plus lieu d'être lorsque des adultes étaient mis en lumière. Je n'ai pas compris ce choix stylistique, l'infantilisation généralisée de l'écriture ne faisant que renforcer la platitude du récit selon moi.

En résumé, une fiction inégale, plus agaçante qu'émouvante, malheureusement et dont je sors déçue. Peut-être cela dit car depuis que j'ai découvert la littérature concentrationnaire et plus spécifiquement les ouvrages de Charlotte Delbo dans le cadre de mon mémoire de master 1, j'attends (inconsciemment) un niveau, sinon supérieur (ce qui me semble aujourd'hui, avec le recul, impossible), du moins équivalent.
Lien : http://blopblopblopblopblopb..
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