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C'est l'histoire d'un héros du quotidien, d''un père qui se démène pour les siens.
Représentant en porcelaine, il connait tous les recoins de Bretagne. A des solutions pour tout, travaille le dimanche ou les jours fériés. Rassemble et épingle au mur les cartes Michelin pour visualiser l'ensemble de cette belle région. Est rarement chez lui, mais n'hésite pas à reprendre la voiture pour emmener sa famille se divertir, parfois à Paris qu'il connait comme sa poche.
Son histoire nous est racontée par son fils, qui tout jeune n'a pas compris pourquoi son héros a disparu si vite.
Un style fluide et une accélération progressive au niveau de l'intensité de la lecture.
Un témoignage intense d'un fils pour son père.
C'est une fois qu'ils ont disparu que l'on peut mesurer tout l'espace que ces demi-dieux occupait.
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C'est un texte dense, sans blancs, sans dialogues, avec des paragraphes très longs, des lignes serrées….et pourtant, le style est fluide, le ton juste, la narration agréable.
C'est celle d'une enfance en Bretagne, une mère commerçante, un père représentant.
C'est aussi l'histoire de la Bretagne remembrée avec le tumulte que ça a provoqué.
Le livre est un hommage à son père, mort jeune, à quarante et un ans, un « homme illustre »
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Jean Rouaud nous fait revivre ici son père Joseph.
Dans la première partie du livre, c'est le père qu'il a connu alors qu'il était enfant : un père voyageur de commerce, comme on disait alors, sillonnant la Bretagne dans sa voiture chargée des objets les plus divers, allant en semaine d'un client à l'autre avant de rentrer en famille le week-end. A travers le regard de son père l'auteur dresse un tableau ému de la Bretagne d'après guerre, une province qui se transforme sous les coups de rabot du remembrement et où le poids de l'Église est encore important. Les trente glorieuses (l'expression n'est pas prononcée) seront aussi l'apogée du culte de la voiture, dont on suivra les évolutions. Joseph perdra la vie alors que l'auteur aura une dizaine d'années.
La deuxième partie revient sur la jeunesse de Joseph marquée par les années de guerre. Il refusera de partir pour le STO, et entrera dans la Résistance. Ce qui nous vaut une scène superbe où le résistant Joseph Rouaud a le culot de narguer l'occupant allemand sur une scène de théâtre.
Mais pourquoi donc cette référence dans le titre à l'oeuvre de Plutarque Vies parallèlesdes hommes illustres ? En quoi Joseph est-il un homme illustre à l'instar des célébrités dont Plutarque nous raconte la vie ?
Parce que Joseph est un héros, et il l'est doublement :
Dans la partie I il fait preuve de l'héroïsme quotidien de tant d'hommes et de femmes usant leur vie au travail, sacrifiant les plus belles de leurs heures afin de nourrir leur famille et d'assurer un avenir à leurs enfants.
Dans la partie II c'est le héros de la Résistance .
Voilà un livre sensible, magnifique hommage d'un fils à son père, écrit dans une langue superbe, imagée et fluide dans ces longues phrases ondoyantes.
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J'ai fait la connaissance de Jean Rouaud l'année dernière avec Les champs d'honneur, où il racontait une partie de sa famille en Bretagne, avec beaucoup de talent. Cela m'a donné envie de continuer avec Des hommes illustres où l'auteur nous parle de son père, ce héros, mort prématurément à 41 ans. Il nous en parle avec infiniment de tendresse, d'admiration et d'humour, tout en n'oubliant pas de truffer son roman d'anecdotes loufoques (un magasin de porcelaines entièrement lavées dehors en plein champ avec l'aide du village, une procession religieuse où le curé en extase fonce droit sur une bouse de vache sur le chemin, etc).

A côté de ça, un passage plus douloureux sur cette période où la Bretagne fut définitivement défigurée par un remembrement rural imbécile et ravageur. Dévastateur aussi pour les Bretons qui passèrent, contraints et forcés, du rang de paysans à celui d'exploitants agricoles.

Malgré tout, l'humour est bien présent, et ce livre ne m'a donné qu'une envie: continuer la découverte de cet auteur qui décidément a tout pour me plaire.

Challenge des 50 objets 2021-2022
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Superbe : la même tonalité que "Les champs d'honneur"
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J'avais découvert ce livre et l'écriture tout en pudeur et en émotion de Jean Rouaud lors de sa sortie. Et puis, cette année, c'est le premier centenaire de cette boucherie que fut la première guerre et envie de partager de nouveau avec les plus jeunes ces hommes illustres.
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Quelle belle ecriture ! Un vrai regal.
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Janvier 2000

N° 219



DES HOMMES ILLUSTRES - Jean ROUAUD - Éditions de Minuit.

Qu'est ce qui pousse Jean Rouaud à parler de ce père, mort jeune, mais dont la disparition entraîna celle de sa tante et du grand-père maternel, comme si la voie qu'il avait tracée vers le trépas devait impérativement être suivie par les membres de son immédiate parentèle.
Il est, et peut-être uniquement pour son fils qui en retrace la vie, puisant dans les souvenirs de famille et les improbables archives, un « homme illustre ». Mais ces hommes illustres-là, nous en avons beaucoup connus sans qu'ils laissent dans la mémoire collective la moindre trace de leur passage sur terre.
Ce genre de héros ne peut qu'avoir un caractère familial, à tout le moins si on veut bien gommer ce qu'il aurait fait de mal ou de moins bien.
Ce récit sélectif ne me gêne pas, un homme reste un homme avec ses défauts et on n'en voudra pas à un fils de célébrer la mémoire de ce père tôt disparu. D'autant que les événements de la 2° Guerre mondiale aidant, on perçoit mieux les destins qui s'entrecroisent, ceux qui sont promis rapidement à la mort et ceux qui doivent y échapper parce qu'ils ont une mission à accomplir, une lignée à engendrer!
Il n'est pas forcément facile de parler des siens, entre zones d'ombre et volonté de rendre hommage pour les faire en quelque sorte échapper à la mort. Que sait-il vraiment de ce père? Apparemment il n'a de lui que l'image d'un perpétuel absent, un être que la mort a prématurément arraché à l'affection des siens, d'un jeune homme qui a dû, comme beaucoup d'entre nous sans doute étouffer ses aspirations, composer avec son talent et ses ambitions pour s'engouffrer dans cette société où il fallait bien gagner sa vie, d'un homme qui se dévoile au hasard de la correspondance d'étrangers ou de témoignage d'amis qui l'ont connu.
A-t-il rempli sa mission, ce fils qu'un roman et un prix ont rendu célèbre, de le faire revivre de cette vie étrange qu'ont les personnages de roman, de le faire sortir de cet anonymat de la mort, de lui redonner une image comme en ont les êtres qui ont un temps fait partie de l'humanité?
Voilà donc, avec ce roman qui n'en est pas vraiment un puisqu'il est surtout et presque exclusivement autobiographique, une nouvelle invitation à visiter l'arbre généalogique des Rouaud, et cette branche-là porte le nom de Joseph, « le grand Joseph » dont il nous conte par le menu une large tranche de vie.
Jusque là, le lecteur attentif et amateur de Jean Rouaud ne savait que peu de choses de ce père, tout juste une évocation mise dans la bouche posthume de sa mère dans « Pour vos cadeaux ». Nous le voyons, jeune d'abord, puis ensuite marié, père de famille, voyageur de commerce comme on disait alors, sillonnant la Bretagne au volant d'une voiture qu'il ne changeait après qu'elle eut passé la barre fatidique des cent mille kilomètres pendant que sous couvert du remembrement on en assassinait le cadastre.
C'est presque un portait intime que ce fils donne de son père. Nous le voyons collectionner les vieilles pierres qu'il destine à l'édification d'une improbable construction, sorte de Facteur Cheval à qui la mort n'aurait pas permis de mener à bien ses projets architecturaux, nous le devinons bon père de famille, attentif au bien-être des siens et pour cela ne ménageant pas sa peine. Breton, peut-être, mais pas fervent catholique, concédant seulement à sa vieille bigote de tante une confession annuelle et une participation active aux cérémonies de la Fête-Dieu puisque sa présence à la messe dominicale était des plus raccourcies...
Il faut dire que l'auteur ne se prive pas de se laisser aller à son penchant pour l'humour. J'ai parfois bien ri en lisant Jean Rouaud qui n'est pas un auteur triste malgré ce qu'on pourrait croire!
C'est pourtant le registre de l'émotion qu'il choisit pour évoquer l'agonie de son père avec cette étrange et surprenante façon de s'adresser directement à son lecteur comme pour faire partager sa peine.
La phrase est longue, parfois difficile à suivre. Dite à haute voix, elle rend rapidement l'élocution haletante, mais cela ne suffit pas, à mes yeux à classer Jean Rouaud parmi les auteurs difficiles à lire.

© Hervé GAUTIER
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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"Des hommes illustres" est le deuxième tome de la suite romanesque inaugurée avec "Les champs d'honneur" qui avaient marqué l'entrée de Jean Rouaud dans la liste des Goncourt.

Ce récit est consacré au portrait du père de l'auteur. Avec un mélange d'admiration, de tendresse, de retenue et d'humour (très rarement un peu plus lourd qu'il ne l'aurait fallu), le fils brosse au travers d'anecdotes le portrait de son père, lequel s'efforce d'assurer un minimum de revenus pour les siens dans le difficile contexte de l'après-guerre. Cela le conduit à exercer le métier de voyageur représentant de commerce, donc à être souvent absent. Aux yeux de son fils, ce père est héroïque. Sans éclat, mais avec imagination, il tire le meilleur parti possible de ce qu'il doit gérer. Plein d'astuces, plutôt taiseux, il sacrifie sa santé à des projets que l'enfant considère comme babyloniens : réfection des tapisseries, remise en ordre des combles, amoncellement de débris de toutes sortes en vue de la création d'un jardin suspendu. Tout ce qu'entreprend le père devient, sous le regard émerveillé de son jeune fils, olympien et glorieux. Sa vie, au demeurant modeste et banale, prend sous la plume de l'écrivain qui lui survit, des allures d'épopée. On dirait du Pagnol de Loire-Inférieure.

La mort du père survient brutalement et marque une césure dans le récit. du héros avec lequel on a vécu au quotidien, on passe à celui qu'il fut pendant la guerre, comme si le fils avait découvert seulement post mortem le jeune homme que fut son père : clandestin récalcitrant au STO et impliqué successivement dans deux réseaux de la Résistance. le pluriel du titre provient peut-être ce deuxième "grand jeune homme" : l'autre père, celui qui vivait avant.

le plaisant de ce récit veiné de dérision et de respect vient du style remarquablement fluide qui n'hésite pas à embarquer le lecteur dans de longues phrases bien balancées révélant peu à peu l'admiration, le respect et la tendresse d'un fils pour son père, ce héros.
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Je poursuis ma découverte de Jean Rouaud, à rebours, cette fois il est encore chez Minuit, flirte avec la fiction (plus tard dans ses écrits il donnera le véritable nom de sa petite ville), mais encore il s'agit de son père, décédé rapidement le lendemain de noël 1963, alors que l'auteur était encore gamin.
Un père voyageur de commerce, s'esquintant le dos à trimbaler de lourdes valises ou récupérer des pierres pour une future oeuvre dans le jardin, ceci dans de mythiques voitures des années 50. La seconde partie présente un 'grand jeune homme', durant la seconde guerre mondiale, sa fuite du STO, sa cache en ferme, son parcours dans la résistance, sa rencontre avec sa future épouse.

Question écriture, c'est moins chamboulé et vagabond que dans ses livres à venir, on distingue paragraphes et chapitres, mais l'écriture De Rouaud est bien reconnaissable, et les dernières pages, sous un bombardement à Nantes, sont proprement hallucinantes et laissent sans souffle. Septembre 1943.

"Peut-être dans ces conditions eût-il aimé la banquise, cette mer tangible, maîtrisée, qui emprisonne dans ses strates de neige accumulée au fil des siècles des piles d'annales fossiles -mais la dernière glaciation remonte à trop longtemps en Loire-Inférieure."
"Le massif armoricain s'élevait alors à plus de cinq mille mètres, dinosaure avant les dinosaures, tropical avant les tropiques, car un climat chaud et humide régnait sur ces premières terres.Quand on vante les charmes du passé, on oublie toujours de rappeler cette phase polynésienne de la Bretagne. Or si vous êtes peintre à Pont-Aven, cela peut vous économiser un inutile voyage aux Touamotu. "
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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