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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le premier roman de Laurine Roux reprend des thématiques du "Sanctuaire" lu il y a peu et dès le début on distingue un nouveau monde post apocalyptique. Des bombardements ont réduit la majorité des hommes en charpie et quelques personnes ont survécu à cette guerre. On les appelle "Les invisibles". C'est dans ce contexte que l'on découvre une jeune fille qui après avoir enterré sa grand-mère, rencontre un homme avec une aura singulière, une aura sauvage. Un taciturne qui parle peu, qui agit et qu'elle va apprendre à connaître. Fait-il parti de ces invisibles qui ont survécu à la guerre et à le destruction ? C'est en suivant cette jeune narratrice jamais nommée que le lecteur remonte le fil des évènements et comprend l'environnement polaire dans lequel elle évolue. À partir de là on découvre un passé meurtri, constitué en partie de légendes et qui se raconte d'une génération à l'autre.

Laurine Roux restitue les sensations, le charnelle, avec une écriture pleine d'aspérités et que l'on retrouve avec plaisir. La frontière entre le fantastique et le réel est toujours aussi fine et c'est aussi ce qui rend si singulier les romans de l'autrice. Dans ce monde où les sensations sont reines, on se laisse complètement porter par le périple de la narratrice et par les réflexions qu'elle charrie sur la condition humaine, sur notre animalité ou sur la mort. Un roman qui envoute et qui montre encore une fois tout le talent de Laurine Roux.
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Étrange et envoûtant ! C'est tout à fait ce que je me suis dit à propos de ce livre. Au fil des pages, l'auteure nous tient en haleine et nous raconte une folle histoire d'amour, de destinée familiale.
Je suis toujours fascinée par les premiers romans et je trouve que celui-ci est fort réussi tant par la maîtrise de l'écriture que par l'intensité de l'histoire.
Belle découverte !
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C'est un conte, une fable ou une dystopie qui évoque un monde situé dans le Grand-Oubli, après une guerre qui a laissé dans la mémoire des survivants des traces, où l'on tente d'oublier, de continuer, où vivent des Miraculés mais également des Invisibles, parce qu'un gaz ocre a tout détruit, ravagé et qu'il reste malgré tout un sentiment de crainte, de peur, personne n'a oublié.

"Pour toutes les vieilles il est douloureux de parler du temps d'avant le Grand-Oubli. La guerre a balayé les mémoires, les bombardements ont soufflé les images du passé et laissé place à l'horreur. Et l'horreur entre dans les têtes pour ne plus en être délogée, s'installe dans les moindres recoins, gâte tous les souvenirs. A la fin il ne reste que des débris. (p95)"

Lorsque la narratrice rencontre Igor, ils se flairent, se sentent, se frôlent en se contentant de suivre leurs instincts. D'elle on ne connaît rien sinon qu'elle vient de perdre sa grand-mère, sa Baba qui l'a recueillie après qu'elle ait perdu Apa et Ama, qu'elle vit dans une région hostile emprisonnée par le froid qui saisit tout à l'image du lac voisin, un pays fait d'immensités et de solitudes. Igor, lui est une force de la nature, un colosse, une force rustre qui cache une générosité qu'il met à la disposition des autres en leur portant du poisson et c'est lors d'une de ses visites qu'elle va faire rencontrer Grisha, une femme-chamane qui possède la connaissance, celle des soins mais également celle du passé, du sien mais également celui d'Igor et lors d' une tempête elle va livrer ses souvenirs, ce qui la lie à Igor et à Tochka, l'ourse, un passé où la différence conduit à la méfiance et parfois au crime.

Venez vous installer au coin du feu, venez écouter une histoire qui vous emmène aux confins d'un monde, le nôtre ou un autre, une histoire d'hommes avec ce qu'ils ont de plus sombre, de plus méfiant, un monde que l'auteure a créée où les noms reviennent à l'essentiel : le Grand-Sommeil, les Invisibles, les Miraculés, les Va-au-diable, la Tige, où il est question d'amour mais également de haine, où les hommes et bêtes peuvent abattre parfois des frontières où d'autres n'y voient que suspicion, incompréhension et peur.

Je dois avouer que je me suis laissée envouter par l'écriture et la voix de la narratrice, ne sachant pas dans un premier temps où cela allait me conduire et puis au fil des pages, je me suis habituée à sa poésie, son décor, à la rudesse de son existence, à la distance qu'elle prend avec ses sentiments en les exprimant simplement comme on pourrait le faire dans un monde post-apocalyptique, où le pire est déjà passé sur les lieux et dans les âmes. Alors certes, elle nous emmène sur le terrain des hommes et de leurs grands travers, où l'autre représente un danger, même s'il peut séduire, une fable où les hommes ne sortent pas toujours grandis mais avec ce qu'il faut de lumière à travers le personnage de Grisha et d'Igor.

J'ai beaucoup aimé surtout pour l'écriture, pour les images qui sont montées en moi, pour avoir réussi à me sortir du moment présent, pour m'emmener dans un ailleurs, parallèle et similaire, où les noms et paysages changent mais où hommes, animaux et nature sont intiment liés, où la beauté de certaines âmes ne tiennent pas à ce qu'elles semblent être. 

"Et l'on voyait dans sa démarche légèrement accablée le commerce de plus en plus intime qu'il avait noué avec la mort. Ce n'était pas de la résignation mais un signe de familiarité. Une sorte de lente préparation. Comme on dit d'un fruit qu'il est mûr lorsqu'il tombe, la vie de Pavel était la maturation de sa propre disparition. (p48)"

Laurine Roux a publié en 2020 le sanctuaire qui entre dans ma liste d'envies.
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Certains livres ont des titres évocateurs, une épaisseur qui attire et une couverture qui finit de convaincre. Tout un imaginaire et un folklore se dessinent. Déjà, le fantasme de la solitude extrême prenait ses quartiers dans mon esprit, une immense sensation de calme c'était le livre à lire en décembre. Ça n'a pas loupé. Je l'ai lu en janvier...
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Laurine Roux est dotée du talent de la conteuse, en plus de celui de la romancière. Savoir raconter une histoire c'est déjà un défi en soi. En moins de 150.p réussir à tenir en haleine le lecteur avec seulement trois personnages principaux, dont un à l'article de la mort c'est l'exploit. Évidemment on va parler de solitude et de calme, voyager à travers un pays qui dépasse l'imaginaire tant il est perdu et en proie à une affreuse violence. Celle de l'Homme, de la cupidité, celle qui fera naître en son sein les oubliés.
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Tout dans ce récit est sec, rêche, taillé dans le bois du cercueil. le froid frappe les sens et les engourdis, la glace épaisse logée sur notre peau, qui fait pâle figure devant la rigidité du matériau. Même un bon feu de cheminée ne suffit plus à réchauffer. Quand les légendes naissent de la violence des hommes et qu'elles se meurent, il suffit de les conter pour leur promettre une mort apaisée et silencieuse.
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L'autrice nous fait voyager dans une terre hostile, indomptable et indomptée. Seul ceux qui sont nés de cette glace dure et épaisse peuvent trouver un moyen de survivre, à condition d'accepter son seule et unique cadeau : une immense sensation de calme.
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Dans un monde devenu si différent du nôtre, dans lequel le Grand-Oubli est venu soulager la mémoire des survivants après une tragédie innommable.

Une jeune femme tombe amoureuse. Normalité au coeur de l'étrangeté. Car Igor est un homme mais aussi un instinct. Un homme intrinsèquement lié à la nature.

Leur amour va permettre de renouer avec ce passé occulté, va chambouler cette jeune femme mais asseoir aussi autre chose. Une sensation de calme, de continuité, d'apprentissage du présent.

Ce récit est une merveille. Un diamant clair et ciselé, où chaque mot résonne d'une poésie incroyable.

Un conte, un hommage à une nature sauvage et sublime, à la vie et son enchaînement d'amour et de mort, de gaieté et de renoncement.

Ce roman réussit l'équilibre périlleux entre noirceur et espoir, servi par une plume d'une grande beauté.

L'on ressort de ce texte ébloui, relié à quelque chose de plus grand, d'apaisant.

Je n'irais pas plus loin dans ma chronique au risque d'en dire trop mais vraiment c'est un très beau récit, un premier roman de Laurine Roux couronné par le Prix SGDL révélations 2018.
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Terre immaculée, hostile, âpre, sublime et souveraine. Êtres durcis et racornis par une vie de solitude et la nécessité d'arracher leur survie à une terre gelée. Nature qui dicte ses lois et ne donne qu'aux plus braves. Vivre... coûte que coûte, quel qu'en soit le prix physique, quel que soit l'épuisement des corps. Vivre au prix d'une jambe nécrosée que l'on ampute à vif. Une immense sensation de calme... est pour moi le creuset de nombreuses violences : celle de la passion amoureuse qui abolit l'être, l'ivresse de la fusion, les nerfs aussi tendus qu'une corde de balalaika. Celle du rejet des Invisibles, de la faim, de la perte, de la guerre et de ses oiseaux de feu, de l'indifférence à l'égard de certaines communautés, de la mort qui rôde à chaque pas.
Une plume singulière, métaphorique, qui cogne comme le sang dans les tempes. Un roman où se mêlent réel et légendes, corps et esprits, pragmatisme et magie. Un épilogue déroutant. Une lecture riche et complexe.
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Le froid, le silence, l'ignorance. Ce sont les mots qui me viennent en lisant ce petit roman. Court, une centaine de pages, on n'apprend pas grand chose de cet évènement qui change tout. La jeune fille qui nous raconte l'histoire nous emmène avec elle après sa rencontre avec Igor, un être bien mystérieux dont on ne sait pas grand chose.
J'ai eu l'impression de lire un conte, où les personnages se racontent des légendes. C'est froid, c'est mystérieux, j'ai été happée et c'était comme un film qui se déroulait sous mes yeux. Une ambiance particulière qui nous entraîne lentement mais surement dans un autre monde.
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Dépaysement garanti pour ce conte lumineux. Une jeune fille nous raconte sa rencontre avec Igor, proche de l'animal, et de leur vie dans la nature entre pêche et chasse. Un roman court peuplé de merveilles. Sur les légendes, notre passage sur terre, l'acceptation des différences, l'histoire d'amour tragique de la vieille dame et même un remède de sangsues.
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Dans une nature sans pitié, un peuple survit, hiver après hiver, malgré le froid, le gel, la neige...Mi-conte, mi-poème en prose, ce petit roman a un peu un goût de trop peu mais transporte le lecteur dans les étendues enneigées où l'homme n'a d'autre choix que d'accepter sa nature de mortel. le peuple s'est reconstruit après le Grand-Oubli (n'en disons pas trop), mais il reste les babas, les vieilles femmes qui ont survécu à leurs hommes et élever les enfants qui sont devenus la génération suivante, qui ont reconstruit le peuple, et cette mémoire-vivante a encore des secrets. Mettant nos pas dans les traces dans la neige de notre narratrice, nous allons nous aussi aimer Igor et surtout nous glisser dans la forêt gelée.
Un très joli texte.
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Aux confins de cette région glacée, les rares habitants survivent en s'adaptant à leur sévère environnement. Condamnée à l'errance après la mort de sa grand-mère, la narratrice est recueillie par une famille de pêcheurs et épouse Igor, une force de la nature qui subsiste en colportant des vivres chez les vieilles femmes isolées. Commence alors pour le couple une existence nomade, soumise aux rudesses d'hivers sibériens et aux dangers de fièvres terrassantes, imprégnée d'étranges légendes sur un passé apocalyptique, et menant à la paisible acceptation des inévitables cycles de vie et de mort.


Laurine Roux nous offre un joli conte, où quelques hommes issus d'une Histoire presque oubliée, guerrière et destructrice, qui a fait d'eux des parias isolés dans une nature aussi splendide qu'inhospitalière, reviennent aux valeurs essentielles pour s'accorder à leur environnement et à leur destin de mortels. Laissant une large place à leur cadre de vie, où les beautés et les miracles de la nature n'ont d'équivalents que sa puissance et sa sauvagerie, le récit fait combattre le lecteur aux côtés de personnages en lutte pour leur survie, avant de le faire s'abandonner à leur inéluctable retour au tout originel.


De ce roman-fable aussi tendre que cruel émerge une délicate et poétique esthétique. L'on est tenté d'y voir transparaître le souvenir d'anciens modes de vie, de ces peuples nomades du Grand Nord, en osmose avec leur rude environnement, porteur d'une sagesse ancestrale et d'un savoir chamanique quant à leur bref, souvent éprouvant, mais si magique passage sur terre.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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