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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une immense sensation de calme est un texte troublant, à bien des égards. Perdus dans l'immensité hostile de la taïga, un couple fantomatique, presque désincarné, traverse le temps, de couche éphémère en refuge salvateur. Au fil de leurs errances, les légendes ancestrales façonnent les êtres croisés par les deux âmes vagabondes, ni tout à fait bêtes, ni complètement hommes. Conte boréal et mystique, le premier roman de Laurine Roux sonde les profondeurs de l'âme humaine, tréfonds obscurs exacerbés par les assauts d'une nature implacable et somptueuse.

Le récit est bref, la lecture enchanteresse. Une jeune femme anonyme croise sur sa route enneigée celle d'Igor, Igor auréolé d'un surréalisme révélé par la tempête qui fait surgir l'animalité des coeurs. Igor qu'elle va aimer, éperdument. Igor pour qui elle va s'aliéner, aux pieds de qui elle se fera ombre. Indivisible, le couple arpente silencieux une étendue glaciale, majestueuse. Et lorsque les éléments se déchaînent, les récits ancestraux de ceux qui peuplent encore ces terres mortes se réveillent, les légendes prennent corps.

Dans le coton de la neige impérieuse, la toundra rejoint la danse des amants esseulés et transforme leur histoire d'amour en un triangle tortueux. Sans verser dans le naturalisme outrancier, Laurine Roux fait de la nature sa protagoniste, du blizzard son élément déclencheur.
Laurine Roux, une écrivaine hors du temps
Il faut passer outre les premières pages pour découvrir tout le talent de Laurine Roux. L'autrice parvient en quelques phrases taillées au cordeau à insuffler une ambiance glacière, à entraîner le lecteur dans un univers qui échappe à toute pesanteur, hors de l'espace et hors du temps. Hors du monde. Elle fait voguer sa plume vers de lointaines contrées, peuplées de mythes et nourries d'un folklore séculaire qui ressurgit en plein hiver.

Une immense sensation de calme est une fable charnelle, inquiétante et envoutante. C'est un récit qui sort des sentiers battus en évitant les écueils avec brio. le style de Laurine Roux est affuté comme la pointe d'une flèche, rassurant comme un foyer rougeoyant. Elle signe aux Editions du Sonneur un premier roman pointu et prometteur.
Lien : http://opuscules.net/une-imm..
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Un roman écrit dans une langue lyrique et envoûtante dont les personnages sont attachants et hors norme. Une plongée dans un monde vernaculaire et plein de dignité mais d'une cruauté terrible. Un roman sur les racines des comportements racistes.
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Envoûtant / poétique / apaisant
“Au sein des immensités, montagnes et plaines, nous assistons à la rencontre d'une jeune fille avec Igor, un homme à la fois magnétique et sauvage. En restant à ses côtés la jeune fille va découvrir une nouvelles façon de vivre et des secrets restés enfouis depuis le grand oubli.”
A savourer allongé-e sur l'herbe fraîche les yeux perdus dans le ciel azur
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C'est une jeune fille des terres âpres de la Taïga. Sans famille, elle trouve refuge au sein de la maison des frères Illiakov, où elle rencontre Igor, un homme comme sorti d'une légende fantastique, un animal magnétique, qui la subjugue immédiatement et totalement. Ensemble ils vont vivre, à toujours livrer du poisson séché aux vieilles femmes qui vivent dans les lointaines montagnes. Au péril de leur vie, par tous les temps, elle le suivra.

Comme cette femme est aimantée et envoûtée par Igor dès les premières pages, je suis immédiatement happée par cette écriture totalement féérique et sensuelle. A la fois très poétique, métaphorique, et également charnelle, tactile presque. On s'imagine un univers rude, froid, vaste, brumeux. On s'invente une habitation faite de bric et de broc autour d'un âtre avec des barriques où reposent des feuilles pour décoctions remèdes et des stocks de poissons séchés. Avec calme les années passent, mais la violence de la nature n'est jamais loin, comme celle du passé.

La fin du roman fut pour moi un peu plus délicate, brouillée que j'étais avec les autres personnages, ceux du présent et du passé, les destinées de tout ce petit monde rendu invisible étant moins linéaires à suivre.

En peu de pages, Laurine Roux aura réussi avec talent à faire naître beaucoup de poésie par ces mots, beaucoup d'images et de sensation, et pas simplement une immense sensation de calme. Ce petit roman est bien plus.
Lien : https://chezlorraine.blogspo..
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Un bilan assez mitigé pour ce roman.
L'écriture est absolument magnifique, les descriptions de paysages sont superbes, le rapport à la nature vraiment sublimé.
Néanmoins, j'ai trouvé l'histoire assez lente, et elle a clairement manqué pour moi de rythme.
Un roman poétique et contemplatif, qui plaira aux amateurs de nature, mais pas forcément aux lecteurs avides de rebondissements.
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Je n'ai pas accroché tout de suite à l'histoire, mais l'écriture très poétique m'a bien plu (bien que certains passages l'étaient un peu trop). Dans la seconde partie du roman, tout prend un peu plus de sens et j'ai réussi à m'attacher davantage aux personnages. L'ambiance est intéressante pour un format aussi court, j'ai aimé le côté post-apo et le fait que le fantastique soit discret.
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Il fut un temps où la narratrice (jamais nommée) vivait avec Baba, survivante des temps anciens, avant le Grand-Oubli. Puis Baba a rejoint les terres du Grand Sommeil et la jeune fille est partie sur les routes, à la découverte du monde, plus loin.

Elle se retrouve chez les Illiakov pour l'hiver. Elle va pêcher dans les eaux du lac avec Pavel et Dimitri, bravant le froid, la neige et la glace. A la fin de l'hiver arrive Igor, l'homme de sa vie, une évidence à la seconde où elle l'a vu.

Elle le suit dans une vie rude et difficile, mais illuminée de sa force et de sa présence. Igor est un être curieux, à l'histoire sombre que la jeune femme va peu à peu pénétrer. Grisha, une vieille femme va les aider, sorcière rejetée aux marges du monde par les villageois rancuniers.

Vous vous demandez quelle histoire je vous raconte ? C'est une fable, un conte des temps anciens, évoquant une vie pauvre et ordinaire, bouleversée par une guerre épouvantable que les survivants ont choisi d'oublier. Des créatures étranges aux yeux blancs rappellent les ravages de cette période. On les appelle "les invisibles", on les empêche de revenir au village.

C'est une histoire où le monde animal et humain n'a pas de frontière nette, pas plus que celui des vivants et des esprits. La narratrice a la sensibilité voulue pour capter ce que les autres ne sentent pas. Elle connaît une vie d'errance en compagnie d'Igor, entre forêts, montagnes et landes. C'est bien ainsi. Elle est à sa place.

Elle honore chaque année la mémoire de Baba en respectant le même rituel et en s'adressant aux ancêtres.

C'est un premier roman envoûtant, qui se lit d'une traite, dans une langue magnifique.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Une histoire simple, un style simple.
Une histoire dure mais un sentiment de quelque chose d'apaisé.
Des personnages extraordinaires au coeur d'événements étouffés par une politique de l'oubli.
Des humains sombres dans un paysages de montagnes et de bois magnifiques.
Une ourse.
Beaucoup de silences, de neige, des herbes qui soignent, de solitude et de poids sur les épaules.
Un conte ou une poésie aride.
Des personnages presque comme des sculptures.
On garde des images en tête.
Ce roman-conte m'a fait penser au roman Le Puits de Iván Repila .
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Lorsque notre narratrice rencontre Igor, c'était bien après que les femmes aient fait le serment du "Grand-Oubli". Parfois, quand les choses sont trop dures à accepter, qu'elles ont fait trop de mal et emporté de nombreux êtres chers, il est plus facile d'oublier...oublier pour mieux pouvoir continuer à avancer par le suite et ce, même si les souvenirs resurgissent de temps à autre.

Ici, nous nous trouvons dans un lieu indéterminé, plus proche du Grand Est, à une époque indéterminée. Après une triste période où la guerre emporta tous les hommes, ne restaient plus alors que les vieillards, enfants et femmes et ceux qui feraient dorénavant partie de la nouvelle génération. Dans les montage, des créatures mi-hommes mi-bêtes que tous les villageois redoutent et qu'il appellent "les Invisibles". Pourquoi les craignent-ils . Nul ne le sait vraiment ! Peut-être est-ce tout simplement parce que ces hommes-là sont différents et que tout ce qui ne noues ressemble pas nous effraie. Oui, la nature humaine est ainsi. Pourtant, lorsque la narratrice de ce roman fera la connaissance d'Igor, un homme profondément différent des autres, elle ne pourra que se laisser emporter, guider, même si ce dernier ne parle pas beaucoup. Il rend de gros services pour les villageois et ceux-ci ont appris à l'accepter, tout comme notre héroïne, l'aimera tel qu'il est et se laissera aimer en retour, même si aucune déclaration ne sera faite. Pas la peine : ils savent. Tout comme cette dernière savait qu'elle devait le suivre où qu'il aille.

Un roman puissant, parfois dur mais aussi tendre à la fois. Une communion avec la nature exceptionnelle, émanant autant de la part de l'auteure elle-même que des personnages et cela se ressent dans toutes les descriptions de paysages qui s't trouvent. Pour avoir rencontré Laurine Roux jeudi (c'est d'ailleurs ce qui m'a donné envie de lire son ouvrage), je ne peux que vous encourager à le faire à mon tour, d'autant plus que je sais que l'auteure, avec ce premier roman publié, est loin de s'en arrêter là !
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Une histoire envoûtante dans un monde sans passé. Intense et merveilleux.

« À présent il faut que je raconte comment Igor est entré dans ma vie. » Ainsi débute le premier roman de Laurine Roux, texte d'une intensité somptueuse publié en mars 2018 aux éditions du Sonneur, comme si la narratrice avait déjà beaucoup parlé, comme si sa parole s'inscrivait dans la continuité d'autres voix plus anciennes.

En un temps indéfini, dans une Sibérie réelle ou métaphorique qui en tout cas n'est jamais nommée, le vocabulaire comme tant d'autres aspects de la civilisation ayant été dissous dans un conflit apocalyptique et dans la volonté qui a suivi d'effacer le passé, les traces de la guerre restent néanmoins visibles. Pourtant la vie semble presque redevenue paisible après le déchaînement des armes, une existence archaïque dépendante d'un rapport étroit avec une nature puissante, loin cependant de l'atmosphère exclusivement menaçante du « Poids de la neige » de Christian Guay-Poliquin. Dans ce nouveau monde largement dénué d'explications, après que l'histoire ait été gommée, la vie semble surtout faite de décisions instinctives, de gestes et de peu de mots.

« Un soir, Baba m'avait parlé de l'ancien monde. D'habitude, ceux qui l'avait connu se taisaient. La guerre avait laissé tellement de cicatrices qu'ils faisaient comme si rien n'était arrivé. Comme si personne n'avait disparu. Pourtant, au détour des forêts, on tombait encore sur des carcasses de tanks que le Comité avait oublié de déblayer. Les cours d'histoire ne remontaient pas au-delà de cinquante ans. Avant, ce n'était que légende. Notre génération était la première née après le Grand-Oubli. Nous supposions que beaucoup de réponses aux mystères du monde se terraient là.
Un soir, pourtant, Baba avait parlé. Ses mots étaient plein d'épines et s'épuisaient à sortir de sa bouche. A cette époque, elle était proche du Grand-Sommeil. Je m'occupais d'elle comme on s'occupe d'un enfant car elle avait commencé à se dérégler – sans cela, elle serait sans doute partie avec son secret. Les mots étaient tombés dans mon oreille avec la douleur du poison. »

Longtemps élevée par sa grand-mère Baba aujourd'hui disparue, dont le souvenir et l'esprit ne la quittent cependant jamais, la narratrice vit du fruit de la pêche, dans la cabane de la famille Illakov qui l'a recueillie au bord du lac Taïgal. Sa rencontre avec Igor sur les bords du lac la foudroie ; elle reconnaît d'emblée la singularité et la puissance des instincts de cet être mystérieux, mi-homme mi- animal, dont la filiation surnaturelle lui sera révélée bien des années plus tard.

« Un matin, un homme arrive près du lac où je ramasse les nasses. C'est lui. A une centaine de pas de moi, il s'immobilise. Un oiseau aux larges ailes traverse le ciel, Igor sourit. Mille ans de solitude et de détermination frémissent à ses lèvres. Il se tient au bas de la falaise et regarde là où les hommes ne peuvent aller. Je le vois se plaquer à la paroi. Sa main est grise comme le caillou, son esprit dur comme le calcaire. J'ai l'impression qu'il va être avalé par la montagne, appelé par ses rondeurs de femme. Lui la comprend avec ses doigts. Bientôt ils évoluent ensemble, amants sauvages que la nature réunit clandestinement. »

Lancée sur les chemins aux côtés d'Igor, elle vit au coeur de la nature et dans la puissance de l'instant, déploie ses souvenirs et prolonge les traditions chamaniques de Baba, recueille des bribes d'un passé au goût d'épines révélées par la vieille Grisha, souvenirs de la sauvagerie des hommes, écho à la fable cruelle du «Théâtre des oiseaux» de Christophe Ségas.

Pourtant le sentiment qui domine le récit n'est pas celui de la menace d'une nature aux humeurs extrêmes, mais une sérénité fondée sur la puissance et l'imbrication intime de l'homme avec cette nature superbe. «Une immense sensation de calme» semble avoir des racines multiples et invisibles, au-delà des contes russes et du fantastique, et forme une création hors du temps comme «Les saisons» de Maurice Pons. Avec ce roman qui pourrait figurer dans la «Bibliothèque de l'Entre-Mondes» de Francis Berthelot et qui joue de ce motif classique de l'effondrement de l'humanité, Laurine Roux ne nous offre pas un roman de survie post-apocalyptique mais un récit plus vaste, une histoire fascinante sur le rapport de l'homme à la nature, au passé et au merveilleux.

Retrouvez cette note de lecture sur le blog de Charybde 27 ici :
https://charybde2.wordpress.com/2018/07/27/note-de-lecture-une-immense-sensation-de-calme-laurine-roux/
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