L'appellation assez ambiguë de "Rebirth" pour ce rebootage des principaux personnages de DC fait que les néophytes peuvent s'imaginer que c'est une collection faite pour eux. Sauf que non.
J'ai commencé à m'intéresser à cette collection avec Flash, mon choupi-préféré depuis toujours et déjà j'ai trouvé que le 1er tome de Flash Rebirth était difficile. Vous me direz : "Flash a un univers très exigeant" et je ne peux pas vous donner tort. Je craignais d'avoir les mêmes pensées envers Wonder Woman Rebirth et... Je ne me suis trompé qu'à moitié.
Après Charles Mouston Marston, qui pose les bases du personnage et de son univers, après George Pérez, qui oriente l'histoire de Wonder Woman très clairement vers la mythologie grecque, après
Brian Azzarello qui assombrit le personnage, on ne peut que facilement s'imaginer la difficulté physique et morale que c'est de proposer un nouveau départ pour la plus célèbre des Amazones.
C'est
Greg Rucka qui se colle à la tâche, avec
Nicola Scott au dessin. le scénariste s'attache ici assez peu aux origines du personnage : tout au plus connaissons-nous Themyscira, l'île du Paradis où vivent les Amazones, ainsi que la rencontre de Diana avec Steve Trevor, un passage obligé. Celui-ci est un subordonné d'Etta Candy qui, encore une fois, change de rôle dans la distribution : d'étudiante, elle a été l'amante de Trevor chez Pérez, et elle est ici la supérieure militaire de ce dernier.
Wonder Woman fait la rencontre de Barbara Ann Minerva, une archéologue qui a à coeur de prouver l'existence des Amazones et qui connaît la langue de ces dernières. Cette dernière va être confrontée à une étrange organisation, Sear, dont les membres portent un arbre mort en guise de tatouage sur la poitrine. Ils honorent un personnage bien connu de l'univers de Wonder Woman.
La construction des différents personnages est vraiment très bien faite : on a une Diana Prince totalement naïve mais déjà très puissante, Steve Trevor est terriblement humain. J'ai une affection toute particulière pour Barbara Ann Minerva, parfaite alchimie entre Milos du film d'animation Atlantis et Nathan Drake de la courte et excellentissime série vidéoludique Uncharted.
J'ai beaucoup de regret, cela dit, pour Arès, qui n'apparaît que très brièvement, dans le dernier tiers de l'album, et est défait très facilement par l'Amazone. Dommage. Ce n'est, de plus, pas franchement crédible : le dieu de la guerre battu par une Amazone qui ne maîtrise pas encore parfaitement ses pouvoirs... mouais.
Les dessins de
Nicola Scott décontenancent : assez approximatifs au début de l'album, ils parviennent à être très beaux à partir du milieu et sur le dernier tiers. le visuel de Wonder Woman et surtout d'Arès, citation obligée de l'arc "Dieux et mortels" après "Crisis on Infinite Earths" sont sublimes.
Ce premier tome de l'heptalogie Wonder Woman est tiède : beaucoup de bonnes idées, peu sont menées à bon terme et le scénario pêche, tout bancal qu'il est.
Je pense qu'il faut être très indulgent ou découvrir totalement Wonder Woman pour apprécier complètement ce tome. Non pas qu'il soit à jeter, loin de là ! Mais on sait qu'il y a du mieux qui peut être fait.