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3,9

sur 3103 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce court roman, Jean-Christophe Rufin nous plonge au coeur d'une affaire bien délicate. Affaire dont nous connaîtrons la vraie teneur que dans la dernière partie.

Eté 1919, la France sort tout juste de la guerre. Elle voit s'achever les derniers procès chargés de juger les soldats pour leurs méfaits envers la nation. La population en a assez, trop de vies ont déjà été prises. Dans un climat tendu, on découvre un homme à fleur de peau, traumatisé par la guerre, révolté par son absurdité et conscient de son impuissance. Un paysan qui a lu Marx, Proudhon et Kropotkine et qui pense qu'il peut changer les choses… C'est surtout un jeune père et un homme amoureux… Entre histoires de coeur et histoire d'honneur, l'auteur nous livre un magnifique texte sur la fidélité et le sacrifice.

J'ai aimé le style simple qui nous rapproche des personnages. Personnages qui sont plein d'humanisme et attachants.

J'ai apprécié le fait que l'histoire nous soit dévoilée par bribes, entretenant le suspense et la tension.

Le chien et son attachement aveugle à son maître devrait en émouvoir plus d'un !
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Les écrivains français s'intéressent à la Première Guerre mondiale. On peut ajouter sans se tromper de beaucoup « commémoration oblige » … Il semblerait cependant qu'ils ne privilégient pas la guerre elle-même, les tranchées, la boue. Après Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre et Veuve noire de Michel Quint, c'est l'après-guerre et ses rancoeurs qu'a choisi Jean-Christophe Rufin dans le collier rouge pour cette année du centenaire. Au-delà de descriptions déjà lues, c'est une période encore mal connue, propice aux bilans et aux remises en cause.
Aux premières pages, le lecteur pénètre avec le commandant Lantier du Grez, juge militaire, dans la cellule d'un homme de vingt-huit ans au parcours militaire exemplaire : pour acte de bravoure sur le front d'Orient, il est décoré de la Légion d'honneur alors qu'il n'est que caporal. Son incarcération en 1919 semble dès lors étrange : qu'a fait ce héros de la Grande Guerre pour se retrouver enfermé, seul prisonnier dans cette ville du Bas Berry par un été caniculaire qui préférerait ne plus entendre parler de la guerre ?
L'anecdote est véridique et permet à Jean-Christophe Rufin d'aborder le thème du pacifisme chez ces soldats qui se sont tant battus. Il est aussi question de la Révolution russe et des espoirs qu'elle a fait naître dans les tranchées ; des anciens combattants qui ne sont plus poilus mais ne se laissent pas caresser pour autant dans le bon sens. C'est que ce Morlac n'est pas aimable, il ne regrette pas son geste et ne veut même pas affirmer qu'il aime son chien pour s'éviter le bagne. Pas plus qu'il ne veut avouer son amour pour Valentine, la mère de son fils, fille d'anarchiste à laquelle il doit ses convictions.
Entre idéologie politique et histoire d'amour, le collier rouge est un bref roman qui convainc par la force de l'anecdote. Jean-Christophe Rufin est efficace quand il brosse le portrait de cette petite ville accablée de chaleur, et même dans les relations entre Lantier et le clébard mal fichu. Moins dans les relations humaines qui demeurent assez superficielles. On aurait envie de mieux connaître ces personnages, de savoir par exemple pourquoi Lantier décide de quitter l'armée, quelle fut la jeunesse parisienne de Valentine, et les convictions profondes de Morlac.
La situation politique de la France, l'état des campagnes après la guerre, les revendications sociales des anciens combattants : autant de sujets alors d'actualité qui ne sont pas abordés, ce qui place le collier rouge dans une sorte d'intemporalité étrange. Seule compte l'anecdote, dépouillée. Jean-Christophe Rufin a choisi de ne pas pousser l'exploration psychologique, ce qui confère au roman un ton factuel ponctué çà et là de quelques percées poétiques.

Lien : http://yspaddaden.com/2014/0..
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A peine rentré de la Grande Guerre (!), le soldat Morlac est incarcéré dans une prison militaire de son Berry natal, pour un acte qu'on ne découvrira qu'à la toute fin du roman. le chef d'escadron Lantier, juge militaire, est envoyé sur place pour décider de la sanction. L'histoire devient une sorte d'affrontement à huis clos entre les deux hommes, avec quelques personnages secondaires, dont le chien du prisonnier, la mère de son enfant, et l'ambiance du pays...

J'avais beaucoup aimé "Rouge Brésil" du même auteur. Comme dans cet ouvrage, qui lui valut le prix Goncourt, il excelle ici à faire vivre ses personnages, à leur donner du corps, de la consistance, de l'ampleur. Comme dans "Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi", il sait créer une ambiance, avec un doigt d'humour (Cf le personnage du gendarme Gabarre).

Le livre est écrit de façon simple, et direct, sans tomber dans la littérature de la facilité ; conforme à ce que j'avais lu de l'auteur jusqu'à présent. Cela donne un livre choc, que j'ai lu d'une seule traite, un peu par hasard... au moment où l'on fête le centième anniversaire de la fin de cette boucherie que fut la guerre 14-18.

Au final, un court mais percutant roman, tiré d'une histoire réelle. Mais aussi une réflexion sur l'humanité, dont on aimerait que la Justice s'inspire davantage...

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J'écris une seconde critique, je crois -parce que mon commentaire à une critique de cet ouvrage s'est tellement étoffé que ce n'en n'est plus un.

J'ai donc voulu réagir à la critique d'un babelionaute qui recommande l'ouvrage et, au passage, donne un petit coup convenu sur le fait qu'avoir un idéal, quel qu'il soit, conduirait fatalement au meurtre ; un petit coup convenu sur la "révolution sanglante de Russie";  et qui met le livre dans la catégorie "hommage aux héros de la grande guerre".

Certes, Ruffin n'est pas un révolutionnaire communiste mais, comme écrivain, 100ans après, il veut bien montrer, honnêtement que, face à la boucherie de la première guerre mondiale, c'était soit le désespoir, soit un autre espoir.  Plus personne dans les tranchées depuis longtemps ne croyait à la "défense de la patrie". L'autre espoir, c'était celui la fraternisation générale des soldats des deux camps contre la guerre. Et cela, forcément contre leurs propres officiers et Etats (de façon révolutionnaire, sinon au moins insurectionnelle, "sanglante"). Les Etats, en effet,  ne les laisseraient pas fraterniser - l'expérience en avait été faite, dès Noël 2014 : les sanctions avaient été mortelles. 

Est-ce une histoire vraie  ? Non, la seule chose de vraie, d'après l'auteur lui-même, c'est cet épisode d'après guerre où un soldat français démobilisé, refuse, justement de "rendre hommage aux héros de la grande guerre" - au risque de croupir en prison, voire pire.

Pourquoi, puisqu'on l'a décoré, puisque lui-même est un héro ? C'est là que l'auteur imagine toute cette histoire.

Ce gars-là - le vrai, historique, était-il un communiste révolutionnaire ? Probablement pas. Mais pourquoi pas ? Il y en a eu, en France, quoique totalement désorientés par la politique d' "Union sacrée" ( en faveur de la guerre) de leur parti (le parti socialiste) et de la seconde internationale (Cf. "Mémoires du tonnelier Barta").

L'auteur en tous les cas a voulu l'imaginer comme tel : là, tout s' expliquerait.
Et puis la tentative de son personnage imaginaire n'est-elle pas réaliste après tout ? La capacité d'abnégation était là, que manifeste l'entêtement, réel celui-là, du soldat. La situation était là : des hommes de toute nationalités rassemblés de part les alliances militaires, et s'appréciant par delà leurs nationalité, des ouvriers, des paysans en arme, s'entretuant jusqu'à l'absurde ; une vraie révolution qui venait d'avoir lieu juste à côté avec des soldats communistes intrépides qui faisaient de la propagande dans et par-dessus les tranchées.

L'épisode que l'auteur décrit aurait bien pu avoir lieu...  Et c'est enthousiasmant. L'auteur nous fait partager l'envie que ça ait lieu.

L'histoire du chien au collier rouge introduit un autre thème philosophique : le courage et la fidélité ne sont jamais que des qualités animales - elles peuvent être nuisibles ; le propre de l'être humain serait plutôt de réfléchir en s'appuyant sur l'expérience, ce qui pourrait l'amener à trahir (la patrie) pour ne pas trahir (l'humanité), etc.

Bon, j'en ai peut-être déjà trop révélé, mais les aventures de l'histoire du soldat Morlac et de son chien, sous la plume de l'auteur, sont un regal à découvrir.

Merci à l'auteur de nous avoir fait toucher du doigt, à partir de ce petit épisode, de ce petit roman, comment l'état d'esprit de soldats qui avaient tout subi pouvait devenir révolutionnaire et comment la révolution aurait pu s'étendre.
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Avec un récit court, plein de simplicité et de poésie, Ruffin peint le portrait d'un soldat de la Première Guerre mondiale, et de son chien, remarquable de fidélité. Dans un style simple, l'auteur, par son récit nous immerge dans l'enquête que mène le juge dans le passé et le présent du prisonnier.

Ce roman est une belle histoire qui traite de la fidélité et des erreurs qu'elle peut faire commettre. La fidélité, incarnée par le chien, qui a suivi Morlac le prisonnier, enrôlé de force parmi les Poilus, jusque sur les champs de bataille, et qui use de toute son énergie pour faire libérer son maître et ne cessera d'aboyer tant que justice ne sera rendue.

Cette fidélité conduit à réaliser les actes les plus remarquables et valant au chien le statut de héros de guerre. Mais ce sentiment est aussi à l'origine des horreurs de la guerre, dont Morlac a pris conscience, en observant le front, et en lisant les thèses marxistes et révolutionnaires au cours de ses permissions. C'est ainsi qu'au nom de la fidélité à la Patrie que des hommes en tuent d'autres. La fidélité aux plus beaux idéaux peut conduire au meurtre, ce que Morlac, partisan de la révolution communiste, et défenseur de la révolution sanglante de 1917 en Russie, n'a pas totalement compris.

Comme à son habitude, Ruffin livre une histoire délicate et savoureuse à partir d'un fait divers méconnu et rend hommage aux héros de la grande guerre sans faire un roman convenu.
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Jean Christophe Rufin est un auteur que j'apprécie tout particulièrement. « le collier rouge » confirme le talent de ce dernier. L'histoire est toute simple mais ne manque néanmoins pas de profondeur, les personnages sont mus par des sentiments qui permettent d'aborder avec intelligence la question de la loyauté, de l'attachement. Ce contexte particulier de la fin du Premier conflit mondial est propice à cette mise en abîme. Peut-on rester fidèle à ses idéaux au risque de passer à côté de sa vie ? Doit-on tout sacrifier au nom d'un idéal, fût-il le plus beau ? L'ensemble est toujours aussi bien écrit, le récit est court et se lit avec délice. Une interrogation certes pas nouvelle mais qui est ici appréhendée avec une profonde intelligence.
Lien : https://thedude524.com/2015/..
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« L'ordre se nourrit des êtres humains, il les consomme et il les broie ».


Et qui est gardienne de l'ordre par excellence ? L'armée.
Pourtant, il s'agit de désordre, ici. Désordre des massacres que les batailles de la guerre 14-18 ont engendrés, désordre des corps, des cris, des haines, des officiers oublieux de la nature de l'homme, des amorces de paix entre soldats avortées à cause de ces mêmes officiers.
L'ordre engendre donc le désordre par le fait même qu'il classe, qu'il répertorie les « bons », ceux qui se soumettent, et qu'il rejette les « mauvais », ceux qui ne veulent pas rentrer dans le rang.


L'être humain est donc obligé de choisir. Ordre ou désordre ?
Celui qui croupit dans la prison, ancienne caserne d'une petite ville du Berry pas loin de Bourges, a dû choisir, lui aussi. C'est pour cela qu'il est là.
Son chien l'attend, sur la place, fidèle, loyal. Les chiens n'ont pas à choisir, eux ; ils suivent, c'est tout. Ils agissent, aussi, par amour, par fidélité, par loyauté.
Une jeune femme l'attend également. Elle a choisi cet homme et le suit. Par amour, par fidélité.


Et puis il y a le juge militaire. Aristocrate obligé de dénouer cette situation qui fait injure à l'ordre. Et pourtant attentif à la nature de l'homme, oui. Car nous sommes en 1919 et il voudrait éradiquer de son cerveau les massacres et la mort. Il voudrait comprendre...


Ce roman très court est bâti principalement sur des dialogues incisifs et sans fioritures ainsi que sur de petits événements en apparence anodins (comme donner à boire au chien, s'asseoir sur un banc, fumer une cigarette, pêcher une truite, boire de la soupe...).
C'est du solide, ce roman. du moins en apparence. Car derrière tous ces gestes, tous ces dialogues, l'ambiguïté se faufile.
La tension est palpable. Les sentiments affleurent et n'osent pourtant se montrer.
La nature humaine est complexe, oui oui monsieur le juge !
Quel désordre, n'est-ce pas ! Et dire qu'il a suffi d'un collier rouge...

J'ai adoré.
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Le collier rouge est pour moi la belle découverte de ce mois d'août. Emprunté au hasard de ma dernière visite la médiathèque, il s'agit d'un roman basé sur une histoire vraie, un hommage à un ami de l'auteur.
Un homme, un héros de guerre a été arrêté, il se retrouve en prison. Un juge va l'interroger durant plusieurs heures, pendant quelques jours. Dehors, le chien du prisonnier ne cesse d'aboyer.
Au début de l'histoire, nous ignorons ce qu'a fait le prisonnier. Nous découvrons peu à peu son histoire. le suspens est là jusqu'au dénouement.
Un grand roman.
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Très heureuse d'avoir découvert ce petit bijou, voici un grand livre à lire et à proposer aux ado, ce court roman est très très bien écrit. Il dévoile sans exagération les ravages de la guerre, il propose avec finesse un portrait parlant de ces sentiments qui sauvent ou font perdre : la fidélité, la conscience, l'orgueil.
Le chien ramène cette fidélité teintée d'humanité qu'il est bon de se souvenir après les tragédies du sang écoulé.
J'ai donc beaucoup apprécié cette courte lecture, j'avais peur d'y découvrir trop de faits historiques et de barbaries, j'ai découvert un roman habilement psychologique et qui mène à des réflexions intelligentes.
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Je n'ai quasiment pas pu lâcher ce livre une fois commencé. Il faut dire que l'intrigue a de quoi retenir l'attention : dans un village français plongé dans la torpeur du mois d'août 1919, un homme est enfermé dans une ancienne caserne. Dehors, un chien ne cesse d'aboyer. Lantier, un juge militaire sur le point de retourner à la vie civile, vient interroger le prisonnier pour clôturer l'enquête le concernant. Une série de questionnements vient alors très rapidement cogner à la porte de votre curiosité de lecteur·rice : pourquoi un paysan transformé en soldat le temps d'une guerre est-il détenu dans ce bourg ? Pourquoi ce chien reste-t-il campé à aboyer nuit et jour devant cette prison ? Et, surtout, pourquoi un héros de guerre semble-t-il chercher à se faire condamner ?

Quel plaisir de se faire mener par le bout du museau à travers les sentiers menant aux réponses tant attendues ! Court, limpide, efficace, le collier rouge tresse adroitement le destin de trois personnages : un prisonnier, un juge et un chien. L'atmosphère caniculaire d'un village français figé au sortir de la première guerre mondiale contraste avec la puissance d'un conflit international relaté à travers les réponses d'un prisonnier lors d'un interrogatoire mené par un juge réfléchi et quelque part philosophe. Cette contradiction d'échelles met en exergue les conséquences inattendues de la folie destructrice des hommes, de même que l'attribution d'un rôle clé à un chien renforce l'épineuse réflexion sur l'humanité et la loyauté qui résident en chacun de nous.

Insolite, ce petit livre qui se dévore très rapidement rassasiera les mordus d'histoires, des "petites" comme de la Grande.
Lien : https://www.chezlaurette.org..
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