“Comme partout ailleurs, les stigmates de la der des Ders sont omniprésents dans notre p'tite ville du Bas-Berry écrasée de chaleur en cet été 1919.
Comme partout ailleurs, les gens en ont assez de cette hiérarchie militaire imperméable aux malheurs des pauvres bougres qui ont tant donné pour une Patrie si peu reconnaissante. V'là-t'y pas qu'elle a mis au trou, pour une peccadille, un des héros qu'elle s'empressa de décorer pour ses actes de bravoure sur le Front d'Orient voici moins de deux ans !
Ce brave Jacques Morlac, ce p'tit paysan têtu que tout le monde ici apprécie, il nous a bien fait rire avec son chien Guillaume lors du défilé devant toutes ces sommités civiles et militaires scandalisées pour un rien.
Et cet Hugues Lantier du Grez, ce juge militaire descendu ce matin à notre hôtel avec ses airs de grand bourgeois parisien, ce n'est même pas sûr qu'il ait vu un Berrichon avant aujourd'hui celui-là. Ce n'est pas lui qui va calmer Guillaume dont les aboiements devant la prison depuis deux jours me fendent le coeur.
C'est tout de même bizarre que la jolie Valentine ne rende pas visite à son Jacquot, le père de son p'tit garçon à ce qu'il parait.
C'est pas tout ma p'tite Georgette mais faudrait p't-être que t'arrêtes de rêvasser et d'extrapoler, il est plus que grand temps de préparer le déjeuner…”
Ce court roman de
Jean-Christophe Rufin, paru en 2014, dispose de tous les ingrédients pour plaire à un large public : des personnages entiers, un contexte historique sur le territoire grec que beaucoup de lecteurs découvriront sans doute, un animal d'une incroyable fidélité et pour couronner le tout un final d'une humanité bouleversante.
“
Le collier rouge” : une histoire pour le moins... attachante !
P.-S. : Georgette, la vieille cuisinière de l'hôtel, apparaît très brièvement à la page 50. Ce que pense Georgette est pure invention de ma part. Il m'a plu pour les besoins de cette critique de me mettre un petit moment dans la peau de cette brave femme.