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3,89

sur 3066 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que dire de plus, après plus de 50 critiques détaillées et de qualité... ?
Plus grand-chose, si ce n'est faire des redondances inutiles.

Un moment de lecture plein d'émotion et de suspens, à partir d'un fait réel. A la fin de cette fiction, J.C Rufin rend hommage à son ami, photographe, Benoît Gysembergh, mort avant la publication de ce texte. Texte dont il avait été la source, en racontant l'histoire de son grand-père. Revenu en héros de la guerre de 14, décoré de la Légion d'honneur, il avait commis un jour de boisson un acte inouï pour l'époque, une trangression qui lui avait valu d'être arrêté et jugé.

Texte aux multiples thémes: la barbarie de la guerre, les sacrifices d'hommes anonymes... qui reviennent brisés... dans la difficulté de réintégrer la vie civile, la présence des animaux auprès des soldats; dans cette histoire, il s'agit d'une histoire incroyable entre un homme et un chien, prénommé Guillaume, la révolte légitime d'un homme qui revient de l'enfer, un homme qui a réfléchi, lu des textes de contestation, des écrits libertaires, qui a essayé de comprendre l'"intolérable"... et la "boucherie" décidée en haut lieu...

Une très belle lecture...

© Soazic Boucard- Tous droits réservés- 27 juin 2014
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Jean-Christophe Rufin est un raconteur d'histoires. Il n'utilise pas de phrases ampoulées, pas de méandres où l'on s'égare, pas de circonvolutions, pas de propos à double sens sujets à interprétation, pas de message hermétique, pas de prise de tête. Des phrases courtes, explicites, vivantes, armées. Un style simple, pur, élégant, racé. Il écrit des dialogues pour donner du relief et déroule son récit tranquillement, retenant ainsi l'attention du lecteur afin de ne jamais le lasser. du bel ouvrage qui invite toutefois à réfléchir.

Le collier rouge est inspiré d'une histoire vraie arrivée au grand-père de Benoit Gysembergh, ami de l'auteur, reporter photographe à Paris-Match, aujourd'hui disparu. Il raconte que son grand-père, au lendemain de la guerre 14-18, décore son chien un jour qu'il avait bu un coup de trop. Il défile dans son village avec l'animal décoré et se retrouve en prison.

Jean-Christophe Rufin interpelé décide d'écrire un roman. Il tient son personnage principal, Guillaume, un genre de briard « à l'allure de vieux guerrier ……..aux cicatrices témoignant de blessures par balles ou éclats d'obus ». Son maître va s'appeler Jacques Morlac. Il sera ancien membre de l'armée d'Orient, décoré de la Légion d'Honneur pour ses exploits sur le front Grec lors de la bataille des Dardanelles. Impulsif, écorché vif, rebelle il sera emprisonné dans un petit village du Berry pour avoir porté atteinte à la Nation.
Et puis deux personnages secondaires donneront du souffle et de la profondeur à l'histoire : Lantier du Grez, un juge militaire aristocrate, patient et attentif, chargé des interrogatoires et Valentine, militante pacifiste, au caractère entier, fidèle et impliqué, l'amour de Jacques Morlac.

Lors des interrogatoires, les échanges sont brefs, puis prennent corps, l'occasion pour l'auteur de nous conter certains pans historiques, de les rendre vivants bien loin des récits académiques. La mesure n'existe plus, en tous les cas elle échappe au lecteur. Nous ne sommes plus dans un fauteuil en train de lire, nous sommes au front. Les pages volent en éclats sous les obus. Ce que nous considérions comme des héros sont devenus des bêtes et nous rendons hommage aux chiens, véritables héros, seuls capables de fidélité.

Ecoutons Jean Christophe Rufin nous parler de son livre.
« C'est un petit hommage à ces chiens qui ont suivi leurs maitres. Il y en avait des centaines de milliers sur les tranchées. le combattant est un animal. Ce qu'on lui demande c'est d'être une bête, d'être d'une cruauté terrible à l'égard de ses ennemis. C'est tout le sujet du livre. Ce qui différencie l'animal de l'être humain c'est la fidélité. C'est toute l'histoire des guerres. La seule victoire, c'est aujourd'hui un siècle après, quand on a pu dépasser ça et faire alliance avec ses ennemis. On a dépassé notre part animale. Ce n'est pas un livre sur la guerre. C'est l'après-guerre. de la barbarie animale à la fraternité. »

Un roman court. Des relations humaines complexes mais décrites simplement. Un chien qui n'arrête pas d'aboyer. Un juge qui arrête de juger et met de l'ordre dans ses idées. Un héros qui n'en est plus un. Une nouvelle photographie de l'Histoire. Une histoire convaincante et réaliste. Une atmosphère très particulière. Une invitation à se remettre en question.

Peut se lire dès le collège à mon avis. L'auteur qualifie ce roman d'humaniste. Je ne peux que souscrire et conseiller cette lecture.
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“Comme partout ailleurs, les stigmates de la der des Ders sont omniprésents dans notre p'tite ville du Bas-Berry écrasée de chaleur en cet été 1919.
Comme partout ailleurs, les gens en ont assez de cette hiérarchie militaire imperméable aux malheurs des pauvres bougres qui ont tant donné pour une Patrie si peu reconnaissante. V'là-t'y pas qu'elle a mis au trou, pour une peccadille, un des héros qu'elle s'empressa de décorer pour ses actes de bravoure sur le Front d'Orient voici moins de deux ans !
Ce brave Jacques Morlac, ce p'tit paysan têtu que tout le monde ici apprécie, il nous a bien fait rire avec son chien Guillaume lors du défilé devant toutes ces sommités civiles et militaires scandalisées pour un rien.
Et cet Hugues Lantier du Grez, ce juge militaire descendu ce matin à notre hôtel avec ses airs de grand bourgeois parisien, ce n'est même pas sûr qu'il ait vu un Berrichon avant aujourd'hui celui-là. Ce n'est pas lui qui va calmer Guillaume dont les aboiements devant la prison depuis deux jours me fendent le coeur.
C'est tout de même bizarre que la jolie Valentine ne rende pas visite à son Jacquot, le père de son p'tit garçon à ce qu'il parait.
C'est pas tout ma p'tite Georgette mais faudrait p't-être que t'arrêtes de rêvasser et d'extrapoler, il est plus que grand temps de préparer le déjeuner…”

Ce court roman de Jean-Christophe Rufin, paru en 2014, dispose de tous les ingrédients pour plaire à un large public : des personnages entiers, un contexte historique sur le territoire grec que beaucoup de lecteurs découvriront sans doute, un animal d'une incroyable fidélité et pour couronner le tout un final d'une humanité bouleversante.

Le collier rouge” : une histoire pour le moins... attachante !



P.-S. : Georgette, la vieille cuisinière de l'hôtel, apparaît très brièvement à la page 50. Ce que pense Georgette est pure invention de ma part. Il m'a plu pour les besoins de cette critique de me mettre un petit moment dans la peau de cette brave femme.



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Avec un récit court, plein de simplicité et de poésie, Ruffin peint le portrait d'un soldat de la Première Guerre mondiale, et de son chien, remarquable de fidélité. Dans un style simple, l'auteur, par son récit nous immerge dans l'enquête que mène le juge dans le passé et le présent du prisonnier.

Ce roman est une belle histoire qui traite de la fidélité et des erreurs qu'elle peut faire commettre. La fidélité, incarnée par le chien, qui a suivi Morlac le prisonnier, enrôlé de force parmi les Poilus, jusque sur les champs de bataille, et qui use de toute son énergie pour faire libérer son maître et ne cessera d'aboyer tant que justice ne sera rendue.

Cette fidélité conduit à réaliser les actes les plus remarquables et valant au chien le statut de héros de guerre. Mais ce sentiment est aussi à l'origine des horreurs de la guerre, dont Morlac a pris conscience, en observant le front, et en lisant les thèses marxistes et révolutionnaires au cours de ses permissions. C'est ainsi qu'au nom de la fidélité à la Patrie que des hommes en tuent d'autres. La fidélité aux plus beaux idéaux peut conduire au meurtre, ce que Morlac, partisan de la révolution communiste, et défenseur de la révolution sanglante de 1917 en Russie, n'a pas totalement compris.

Comme à son habitude, Ruffin livre une histoire délicate et savoureuse à partir d'un fait divers méconnu et rend hommage aux héros de la grande guerre sans faire un roman convenu.
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« L'ordre se nourrit des êtres humains, il les consomme et il les broie ».


Et qui est gardienne de l'ordre par excellence ? L'armée.
Pourtant, il s'agit de désordre, ici. Désordre des massacres que les batailles de la guerre 14-18 ont engendrés, désordre des corps, des cris, des haines, des officiers oublieux de la nature de l'homme, des amorces de paix entre soldats avortées à cause de ces mêmes officiers.
L'ordre engendre donc le désordre par le fait même qu'il classe, qu'il répertorie les « bons », ceux qui se soumettent, et qu'il rejette les « mauvais », ceux qui ne veulent pas rentrer dans le rang.


L'être humain est donc obligé de choisir. Ordre ou désordre ?
Celui qui croupit dans la prison, ancienne caserne d'une petite ville du Berry pas loin de Bourges, a dû choisir, lui aussi. C'est pour cela qu'il est là.
Son chien l'attend, sur la place, fidèle, loyal. Les chiens n'ont pas à choisir, eux ; ils suivent, c'est tout. Ils agissent, aussi, par amour, par fidélité, par loyauté.
Une jeune femme l'attend également. Elle a choisi cet homme et le suit. Par amour, par fidélité.


Et puis il y a le juge militaire. Aristocrate obligé de dénouer cette situation qui fait injure à l'ordre. Et pourtant attentif à la nature de l'homme, oui. Car nous sommes en 1919 et il voudrait éradiquer de son cerveau les massacres et la mort. Il voudrait comprendre...


Ce roman très court est bâti principalement sur des dialogues incisifs et sans fioritures ainsi que sur de petits événements en apparence anodins (comme donner à boire au chien, s'asseoir sur un banc, fumer une cigarette, pêcher une truite, boire de la soupe...).
C'est du solide, ce roman. du moins en apparence. Car derrière tous ces gestes, tous ces dialogues, l'ambiguïté se faufile.
La tension est palpable. Les sentiments affleurent et n'osent pourtant se montrer.
La nature humaine est complexe, oui oui monsieur le juge !
Quel désordre, n'est-ce pas ! Et dire qu'il a suffi d'un collier rouge...

J'ai adoré.
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Encore un livre où Jean-Christophe Rufin m'a séduite par la qualité de son écriture. En lisant ce roman, j'ai fait un parallèle avec Philippe Claudel, peut-être est-ce l'ambiance de ce huis clos formé par le juge et le prisonnier ?
Jusqu'à la fin le suspense est assuré, à savoir pourquoi, les détails de l'emprisonnement de Morlac, qu'a-t-il dit ce 14 juillet 1919 qui lui a valu d'être enfermé, lui, un décoré de la guerre. Il y a aussi l'histoire de son chien auquel il n'a jamais témoigné le moindre geste affectif mais qui l'a suivi partout jusqu'en Salonique, son chien le vrai héros, qui aboie jour et nuit au pied de la caserne où Morlac est détenu. Et il y a Lantier, le juge, un militaire dont c'est la dernière affaire, après celle-ci il a décidé de retourner à la vie civile, Lantier qui ne s'arrête pas au maigre dossier d'accusation, patiemment il va faire parler Morlac, lui faire évoquer sa guerre.
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Ce livre m'a donné des frissons, y compris l'hommage final.
Je viens de lire trois livres du même auteur à la suite et celui-ci est pour moi incontestablement le plus beau.
Un simple paysan, devenu troufion, "pauvre purotin" de la guerre de 14-18, en s'éveillant à l'amour découvre aussi la politique. Il finit par se révolter face à la grande boucherie voulue par "ceux qu'on nomme grands". Son geste lui vaudra la prison.
D'autres personnages du roman sont aussi intéressants, tel le gradé qui le juge en prenant lui aussi conscience de cette tromperie, et pourtant ils "ne sont pas du même bord".
J'aurais aimé que le personnage féminin soit un peu plus marqué...
Mais le plus magnifique de l'histoire, c'est encore la fidélité du chien.
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La tension dramatique de ce court récit se passe juste après la guerre, l'été 1919 dans une petite ville de province. Un juge-officier Hugues Lantier enquête sur le prisonnier Jacques Morlac, ancien soldat héroïque de l'armée d'Orient.

La chaleur étouffante, les rues désertes et le silence des habitants confèrent à cet interrogatoire la force d'un huis clos seulement mis à distance par le statut social et les convictions des protagonistes. Mais la guerre a pareillement changé ces deux hommes et leur vision du monde.
.
Pourtant, une troisième voix se fait entendre, ce sont les aboiements désespérés d'un chien, jour et nuit, près de la prison.
Car le personnage principal du roman de Jean-Christophe Rufin est bien ce chien au collier rouge dont la fidélité louable au combat nous engage à réflechir sur ce qui fait notre part d'animalité et d'humanité.
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A peine rentré de la Grande Guerre (!), le soldat Morlac est incarcéré dans une prison militaire de son Berry natal, pour un acte qu'on ne découvrira qu'à la toute fin du roman. le chef d'escadron Lantier, juge militaire, est envoyé sur place pour décider de la sanction. L'histoire devient une sorte d'affrontement à huis clos entre les deux hommes, avec quelques personnages secondaires, dont le chien du prisonnier, la mère de son enfant, et l'ambiance du pays...

J'avais beaucoup aimé "Rouge Brésil" du même auteur. Comme dans cet ouvrage, qui lui valut le prix Goncourt, il excelle ici à faire vivre ses personnages, à leur donner du corps, de la consistance, de l'ampleur. Comme dans "Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi", il sait créer une ambiance, avec un doigt d'humour (Cf le personnage du gendarme Gabarre).

Le livre est écrit de façon simple, et direct, sans tomber dans la littérature de la facilité ; conforme à ce que j'avais lu de l'auteur jusqu'à présent. Cela donne un livre choc, que j'ai lu d'une seule traite, un peu par hasard... au moment où l'on fête le centième anniversaire de la fin de cette boucherie que fut la guerre 14-18.

Au final, un court mais percutant roman, tiré d'une histoire réelle. Mais aussi une réflexion sur l'humanité, dont on aimerait que la Justice s'inspire davantage...

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Un roman court mais intense qui, je pense, ne peut laisser indifférent!

En 1919, un jeune homme revenu blessé du front oriental va commettre un affront à la Nation et un juge militaire est envoyé pour son procès. Un interrogatoire de plusieurs jours débute sous les aboiements incessants du chien de l'homme arrêté. L'animal a sa part à prendre dans ce méfait.

Jean-Christophe Rufin a une écriture sobre mais sait rendre le récit poignant. Il manie l'art de l'attente en repoussant à chaque page le «fin mot» de l'histoire, préférant délayer à loisir les souvenirs du protagoniste. On découvre peu à peu son passé aux accents douloureux, étrangement lié à l'histoire de ce chien dès son départ en guerre.
Il est rare, quand on évoque la guerre, qu'on nous parle des animaux qui y ont pourtant joué un rôle. Ce roman en dresse un formidable portrait, fait du chien un personnage à part entière et à juste titre. D'ailleurs ne porte-t-il pas un prénom d'homme?

Une lecture à faire, sans hésitation!

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