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3,54

sur 447 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En commandant les Versets sataniques, vous n'êtes jamais perdant : si le livre est bon, vous aurez passé un bon moment ; sinon, il vous reste toujours la possibilité d'assassiner l'auteur, et d'empocher les 3,3 millions de dollars de prime promis par l'Iran, ce qui devraient largement compenser les frais d'achat du livre.

De quoi parle ce livre exactement ? C'est assez difficile à définir. L'histoire tourne autour de deux hommes, Gibreel, acteur indien célèbre, et Saladin, doubleur de voix expatrié en Angleterre. Seuls survivants d'un accident d'avion, le premier s'identifie à l'archange Gabriel, tandis que le second subit quelques transformations désagréables, comme la pousse de cornes, de queue, ou des sabots à la place des pieds. Leur opposition prolongera le combat éternel entre le Bien et le Mal.

À partir de là, Rushdie laisse son imagination vagabonder, toujours à la frontière du réel et du merveilleux : problèmes familiaux, déchirement des émigrés, réécriture personnelle de la rencontre entre l'archange Gibreel et le prophète Mahound/Mahomet, péripéties d'une secte moderne qui pense pouvoir rejouer la séparation des eaux de Moïse, … Quand j'ai tenté de résumer le livre à quelques amis curieux, j'ai dû me contenter d'une succession de demi-phrases inachevées, à chaque fois convaincu que je n'avais pas choisi la bonne approche pour le décrire.

Peut-on comprendre la colère qu'a suscité ce livre (en admettant que ceux qui s'estiment offensés l'aient effectivement lu) ? Encore une fois, difficile de répondre de manière tranchée. D'un côté, Rushdie se place dans une « réalité parallèle » dans une bonne partie de son livre, notamment pour parler de la religion : le nom du prophète, ainsi que des éléments biographiques, sont modifiés et des passages sont clairement issus de sa seule imagination. D'un autre côté, ces petits changements n'empêchent pas de savoir de qui on parle. Toujours est-il que je serais curieux de savoir pour quelles raisons précises ce livre a été condamné, car elles ne me semblent pas évidentes du tout.

En ce qui me concerne, je laisserai la prime de côté pour l'instant, car j'ai passé un très bon moment avec ce livre. Son histoire mouvementée ne doit pas le réduire à un livre contre, ni même sur la religion. Rushdie nous entraîne dans un imaginaire très personnel, riche et complexe. de quoi donner envie d'en découvrir plus avec un second livre.
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Oubliez tous les scandales liés à la connerie de quelques excités qui ne supportent pas qu'on évoque leur croyance autrement que comme une vérité immuable. Ne lisez pas "les versets sataniques" en espérant y trouver un texte polémique. le roman de Rushdie n'est pas un pamphlet. le roman de Rushdie, c'est de la grande et belle littérature.

Bien sûr, la religion est un des thèmes du livre. Mais c'est loin d'être le seul, une multitude de sujets sont abordés. "Les versets sataniques" m'apparait avant tout comme un roman sur le thème du déracinement, de l'identité. Les personnages qui peuplent le récit sont tiraillés entre leur identité d'origine et leur culture d'adoption. Cette dualité les enrichit, les inspire, les déchire, les transforme aussi. Ce sujet, intemporel, universel, est magnifiquement traité de façon originale.

Le roman fourmille de références culturelles, historiques. le récit, touffu, dense, promène le lecteur d'une époque à une autre, d'un bout du monde à l'autre, du monde réel au monde des rêves des personnages. On s'y perd parfois un peu. "Les versets sataniques" est une lecture exigeante qui demande au lecteur une forte implication. Mes conditions de lecture ne sont pas vraiment optimales pour ce genre d'oeuvres (je lis principalement dans les transports en commun) et j'avoue ne pas avoir tout saisi. Mais j'ai adoré me laisser porter par cette histoire riche et intense et par l'écriture de Rushdie. Je ne connais pas la littérature indienne, et même si Rushdie écrit en anglais, son récit et son écriture m'ont semblé correspondre à l'idée que je me fais de l'Inde : foisonnement, couleurs, poésie, chaleur, violence aussi...

"Les versets sataniques" est un roman envoutant et admirablement bien écrit qui m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres de l'auteur.

Challenge Pavés 2016 - 8
Challenge Atout prix 2016 - 5 (prix Whitbread 1988)
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Chronique à ne pas lire si vous souhaitez lire ce livre en le découvrant pleinement car j'y évoque dans les grandes lignes quelques points de l'intrigue.

Décidément, je semble avoir un sérieux penchant pour les romans riches et complexes. Les Versets Sataniques, c'est le genre de roman dont on peut être certain qu'on ne s'ennuiera pas à la relecture, bien au contraire, on risque probablement d'y découvrir de nouveaux détails, de nouveaux clins d'oeil, de nouvelles pistes de réflexion.
Lire ce roman nécessite de gros efforts intellectuels tant sur le plan de la concentration que de la réflexion.
Comprendre, voilà le défi qu'on se lance en se plongeant dans les pages de l'oeuvre de Rushdie, comprendre ce qu'il a voulu dire, comprendre en quoi ça a pu choquer et provoquer les évènements que l'on connaît, cette fatwa lancée par l'ayatollah Khomeini, ces assassinats ( les traducteurs italiens et japonais, le recteur de la mosquée de Bruxelles), émeutes et manifestations, autodafés, sans parler de l'impact sur la vie de Rushdie et sa famille.

Un avion à destination de Londres explose en plein vol à la suite d'une attaque terroriste. Deux hommes survivent : Gibreel Farishta et Saladin Chamcha. le premier est un acteur très célèbre en Inde, une véritable icône de Bollywood. le second, indien également, vit en Angleterre et travaille dans le doublage de voix. Tous deux survivent à l'explosion mais non sans conséquences. Saladin voit son corps se métamorphoser : cornes, poils drus sur tout le corps, queue, sabots. Face à cette incarnation du Cheytan ( le Diable), Gibreel, qui avait perdu la foi, est victime de rêves curieux et d'hallucinations, le voilà dans la peau de l'Ange Gibreel, l'Ange de la révélation des versets coraniques au prophète Mahound.

Non, je ne me suis pas trompée, c'est bien ainsi que le nomme Salman Rushdie. Car entre les chapitres relatifs aux aventures des deux personnages principaux, Rushdie nous emmène, à travers les rêves de Gibreel, au temps des débuts de l'Islam et nous transmet donc de façon romancée la légende, rapportée par Tabari, des versets sataniques, épisode très controversé et non authentifié de l'histoire de la Révélation.

Du fait qu'il s'agisse d'une légende, Salman Rushdie a modifié certains points comme le nom du prophète, ici Mahound, le nom de la ville de la Mecque, ici Jahiliya ( qui désigne en réalité la période préislamique, celle où , à La Mecque, on vénérait les idoles), le nom du principal adversaire du prophète Abou Sofiane, ici nommé Abou Simbel en référence aux temples égyptiens dédiés au culte du pharaon Ramsès II ( le pharaon supposé avoir chassé Moïse et les Juifs d'Egypte).
Il est donc indispensable pour comprendre pleinement ces chapitres de bien connaître l'histoire du prophète et de l'Islam à ses débuts. D'autant plus qu'il y a certaines choses qui sont erronées, je ne sais pas du tout si c'est intentionnel ou non. Mais je le précise afin que les futurs lecteurs ne prennent pas tout pour argent comptant. Il s'agit d'une version fictionnelle et modifiée pour les besoins du roman de la vie du prophète Muhammad.

Londres, La Mecque mais aussi la pampa argentine, Bombay et l'Inde, l'Himalaya et l'Everest, autant dire que l'auteur nous fait voyager. On est trimballé dans le temps, dans l'espace sans ménagement. Ce roman foisonne donc de lieux, mais aussi de personnages, de thèmes, de réflexions, d'évènements, de références culturelles aussi bien historiques que religieuses, mythologiques et littéraires ( les Mille et une nuits en particulier mais bien d'autres également). La construction et le style n'aident pas le lecteur à s'y retrouver. Salman Rushdie semble s'amuser à nous désorienter, passe d'un sujet à l'autre sans crier gare, nous ressort un détail évoqué quelques 300 pages auparavant ( et on se casse la tête à le retrouver parce que, bon, mince, ça nous dit quelque chose ça, c'était où, qui, comment ? zut quoi !) Comment ça je n'étais pas assez concentrée ?? Je vous mets au défi de lire ce roman sans vous y perdre ne serait-ce qu'une fois ! Mais, heureusement, j'aime ça, ça m'amuse autant que l'auteur qui a su me surprendre plus d'une fois et qui a l'art et la manière de nous faire devenir chèvre (ou bouc ?) en ménageant ses effets tel un magicien.

Un magicien qui sait ce qu'il fait ( Rushdie a travaillé 4 ans sur ce livre), tout est réfléchi, rien n'est anodin. A l'exemple de cet épisode où Gibreel rêve d'un petit village indien dont les habitants sont envoûtés par une jeune femme – prophétesse qui les convainc de partir en pèlerinage à La Mecque à pied et que pour cela, Dieu fera s'ouvrir la mer devant eux. Vous riez ? Eh bien, sachez que Rushdie s'est inspiré d'un fait réel ( daté de 1983 et les pauvres bougres sont tous morts noyés). de nombreux éléments du roman trouvent leur origine dans la réalité, le personnage de Gibreel Farishta fait référence à un célèbre acteur indien en vogue à l'époque, l'une de ses hallucinations mettant en scène un imam exilé opposé à une impératrice dont il prend la place au lendemain d'une révolution est une allusion évidente à Khomeini et la révolution iranienne de 1979. le contexte politique et social de l'Angleterre est également très présent, notamment la question de l'immigration.

« Alors c'est comme ça que vous accueillez les nouveaux venus. Pas comme des égaux, mais comme des gens qui doivent faire ce qu'on leur dit. »

Les Versets Sataniques, c'est le roman de l'adversité, de la lutte : les musulmans contre les incroyants, le fils contre le père, le mari contre sa femme, le blanc contre le noir, le Bien contre le Mal …Roman de la lutte et de tout ce qui s'y rattache : la vengeance, la trahison, la jalousie, le pardon. Et Salman Rushdie de nous montrer que rien n'est tout blanc ou tout noir, il détruit des préjugés à travers l'exemple de cette famille indienne musulmane établie en Angleterre dont le père est un croyant fervent. On pourrait supposer son épouse soumise ( gros cliché très courant concernant les musulmanes) mais bien au contraire, c'est une vraie matrone ! Ses filles sont la parfaite illustration de l'intégration aux moeurs occidentales.
Salman Rushdie dénonce l'intolérance, le racisme, le fanatisme religieux. Mais à travers Saladin, celui qui se voulait plus britannique que les britanniques, il montre le conflit intérieur dû à la confrontation entre deux cultures.

Je m'arrête là car je pourrais en parler encore pendant des pages et des pages. Et pourtant, j'avais effectué une première tentative de lecture, soldée par un abandon au bout du premier chapitre. Un chapitre plutôt farfelu, qui, associé au style très libre de Rushdie, m'avait effrayé.
Cette fois-ci, je suis allée au bout et j'ai véritablement adoré ma lecture. On oscille entre rêve et réalité, on se sent parfois perdu mais Salman Rushdie nous ramène toujours vers le chemin. On sent qu'il a mis de lui dans ce roman ( dans lequel il s'est attribué un rôle bien précis), sa propre expérience nourrissant son propos.

Etant musulmane reconvertie et confrontée moi aussi à deux cultures, ce roman a pris pour moi beaucoup de sens. Oui, c'est vrai, Salman Rushdie malmène le prophète et la religion musulmane mais je n'ai pas senti de haine ni de volonté clairement affichée de l'attaquer de la part de l'auteur. C'est surtout le fanatisme et l'extrémisme qu'il pointe du doigt.
Premièrement, il s'agit d'un roman, d'une fiction et deuxièmement, il évoque des points sur lesquels n'importe quel croyant a pu se poser des questions. D'ailleurs, le Coran invite très souvent le croyant à raisonner et réfléchir. Comment réfléchir sans se poser de questions et donc douter ?
Et puis très sincèrement, je vois des commentaires dans les médias bien plus irrespectueux et insultants envers l'Islam que ce qu'a écrit Salman Rushdie dans ce livre. Mais je pense qu'il est tout de même primordial de bien connaître les bases de l'Islam et de son histoire avant de commencer la lecture de ce roman.

Les Versets Sataniques restera assurément pour moi un roman inoubliable, une grande expérience littéraire à renouveler.
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- Nath, tu as lu « Les versets sataniques » ? Mais je croyais qu'il y avait une rupture de stock de ce bouquin ?
- Heuh, comment dire…. Je l'avais dans ma Pal depuis….fort fort longtemps….
- Ah bon ?
- Bah oui. J'avais acheté ce livre en 1990, (oui, tu as bien entendu, en 90) lors de sa parution en livre de poche (chez Pocket). L'étiquette du prix est encore en francs. Je l'avais plus acheté par principe que pour le lire. D'ailleurs, je n'avais fait qu'une timide tentative de lecture à cette époque-là sans trop de conviction, je dois le reconnaitre.
- Et maintenant, ça y-est, tu l'as lu ?
- Oui, quand j'ai appris les derniers évènements, c'est devenu une évidence que posséder ce livre ne me suffisait plus. J'avais besoin de le lire.
- Et, que penses-tu de ce livre ?
- Difficile à dire, et surtout à restituer. Honnêtement, je ne possède pas toutes les références et l'érudition nécessaires permettant d'analyser pleinement ma lecture et d'en comprendre toutes les métaphores. Finalement, passé ce constat, ce n'est pas si frustrant que ça, car par moments, je me suis quand même bien laissé emportée par la plume de Salman Rushdie qui est clairement un sacré conteur d'histoires.
- C'est vrai que ce n'est pas le premier livre que tu as lu de cet auteur.
- Oui, j'avais lu il y a un an « Les enfants de minuit » et il faut dire que j'avais beaucoup aimé. Ce livre est aussi nettement plus accessible que « Les versets sataniques», enfin, selon mes critères.
- En conclusion, que pourrais-tu dire ?
- Non à l'intégrisme, obscurantisme, imbecilisme et surtout, oui à la liberté d'expression. Je lis ce que je veux quand je le veux ! Et puis c'est tout…


Challenge Pavés 2022
Challenge Mauvais Genres 2022
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Comme je ne suis pas du genre à tricher, je suis allée jusqu'au bout de ces Versets sataniques et leurs satanées 750 pages. Dans mon challenge 2023, ils correspondaient à "un livre censuré quelque part dans le monde". Sans le challenge, j'aurais abandonné cette lecture. Grâce au challenge, j'ai lu un livre que j'ai quasiment adoré.
Salman Rushdie est un magicien des mots et, alors qu'on se croit perdu, il nous lance la liane qui nous permet de traverser la jungle de l'histoire qui est foisonnante, onirique et protéiforme. C'est un érudit qui manie des concepts philosophiques et culturels qui tirent les lecteurs vers le haut.
Certaines histoires sont passionnantes, émouvantes et/ou édifiantes comme la prise d'otages, les débuts de l'Islam, le pèlerinage vers la mer d'Arabie, l'ascension de l'Everest...
Les sujets abordés sont très intéressants et permettent de réfléchir sur
- l'immigration et l'intégration. Comment est-ce qu'elles transforment celui qui migre mais aussi la société qui l'accueille;
- le racisme. A tous les niveaux;
- l'amour;
- la nécessité de grandir, de couper le cordon;
- le deuil;
- la foi et le fanatisme. A ce propos, même si je considère que les tarés qui veulent la morts de Rushdie sont cons comme des pelles à tarte, je comprend pourquoi les Versets ont rendu les Foufurieux fous furieux: l'idée que l'ange Gabriel (Gibreel) et sa réincarnation puisse être un démon/schizophrène insufflant la confusion dans le cerveau de Mahomet...
Bref, je suis ravie de l'avoir lu, pour faire chier les Islamistes et parce que je me suis au final régalée MAIS il faut reconnaître que j'en ai bavé parce que c'est TRÈS difficile à lire
- ça part dans tous les sens et ça ressemble davantage à un recueil de contes qu'à un roman,
- les histoires qui sont commencées sont interrompues et poursuivies 200 pages plus loin alors qu'on les avaient oubliées,
- il est énormément question de théologie. Déjà, la théologie en général ne m'intéresse pas alors la théologie musulmane...
- beaucoup de passages sont des récits de rêves ou les pensées confuses d'un schizophrène,
- il faut connaître l'Inde et l'ourdou pour tout comprendre.
Bref, ce n'est pas une lecture de vacances.
-
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Gibreel Farishta et Saladin Chamcha sont acteurs. Détourné par des terroristes, l'avion qui les transporte explose en vol. L'ange Gibreel et le démon Saladin atterrissent en chantant sur une plage d'Angleterre.

Le truc, c'est que les frontières entre le mal et le bien sont nettement moins précises qu'on ne l'imaginerait. Rushdie installe rapidement son propos par l'histoire de Mahound (Mahomet), et des versets que le diable, se faisant passer pour l'ange Gibreel, aurait dicté au prophète.
Ainsi l'ange Gibreel Farishta s'interroge : "il y a des gens qui entendent des voix, qui sont séduits par des mots. Mais pas les siens ; le texte n'est jamais de lui. de qui alors ?" Et il voit " l'Imam grossir monstrueusement, s'allonger dans la cour devant le palais avec sa bouche béante qui s'ouvre derrière les portes ; quand le peuple entre il l'avale entièrement." (chapitre 4). Pas étonnant qu'avec de tels développements Salman Rushdie ait fait l'objet d'une fatwa de la part de l'ayatollah Khomeini.

Ce livre épais et sinueux de plus de 700 pages constitue au final un ensemble cohérent, intéressant, bien écrit et bien traduit par A. Nasier chez Folio. Quelques passages drolatiques tels que la description du Dieu qui apparaît à Gibreel, la mort du boeuf d'Osman, ou l'illuminé dans le métro, aèrent les épisodes dramatiques. Les personnages, tel le père et sa vie privée de nature à passionner le psy qui s'assoupit d'ordinaire à votre écoute, sont denses. Les thèmes ou leur traitement me font penser à Milan Kundera ou Umberto Eco. Tout cela est de nature à nous transporter d'emblée sur cette plage anglaise, avec Saladin et Gibreel, pour peu qu'on trouve l'attention suffisante pour suivre leur évolution simultanée dans plusieurs histoires, tantôt réelles, tantôt rêvées, sans que la frontière, là encore, soit bien définie.

Un livre sur le doute avec des histoires très solides, à lire avec attention et à proximité d'une encyclopédie.
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Est-ce l'ambiguïté qui a tant choqué? Est-ce le doute constant qui plane sur ce roman? Où est le bien? Où est le mal? L'ange est-il démon? Est-ce le contraire? Qu'est-ce qui est réel? Qu'est-ce qui est cinéma? de multiples récits s'entremêlent et se rencontrent, à travers Gibreel et Saladin, hommes tombés du ciel qui se prennent pour des anges ou des démons, qui se transforment (ou pas...), puis redeviennent humains, trop humains. Les putains de la Mecque singent les femmes du prophète pour un poète. Une femme-papillon entraîne un village à suite pour une marche illusoire. Une alpiniste aux pieds plats rencontre ses fantômes au sommet de l'Everest. Une vieille dame revit son épopée argentine. Un producteur de cinéma bégaie. Un faux meutrier de petites vieilles est arrêté. Tout cela, et tout le reste, oscille entre rêve, réalité et surnaturel, dans une folie où le fantastique religieux se démystifie, où les humains changent sans cesse, où l'Orient et l'Occident se combattent dans l'esprit habité ou défait des personnages. Y a-t-il un sens à ce fatras? La condamnation semble répondre non. le lecteur, comme l'auteur peut-être, reste dans le doute.
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Mobilisant les civilisations, les religions et les idéologies, Rushdie livre un roman dense dans lequel les récits, fictifs ou coraniques, s'enchâssent comme ceux des Mille et Une Nuits. À la fois une et mille, les voix des personnages se mélangent dans le présent, le passé et le futur, et offrent pourtant une narration et un langage extraordinairement fluides.

Fidèle à lui-même, Rushdie transgresse les légendes, les cultures, les codes religieux et les genres littéraires, créant des oeuvres uniques, engagées et controversées. Certainement courageux et cultivé, il est l'un des auteurs emblématiques d'un siècle hanté par l'extrémisme sous toutes ses formes, parce qu'il a osé exprimer des opinions qu'il savait honnies de ses pairs...

Retrouvez l'intégralité de la critique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/les-versets-sataniques-salman-rushdie-a80136658
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L'autobiographie de l'auteur a été publiée il y a peu de temps. Avant de la lire, je me devais de connaître le roman pour lequel nous savons tous qui est Salman Rushdie. Et je suis bien contente de m'être plongée dans la lecture des Versets sataniques, sans quoi j'aurais pu rester encore longtemps dans l'aveuglement médiatique qui entoure cette oeuvre.

Non, Les versets sataniques ne sont pas une lecture commentée du Coran, comme on peut le lire sur le résumé du site professionnel Electre.com - phrase on ne peut plus réductrice, simpliste et limitative pour parler du roman.
Il s'agit plutôt de plusieurs récits entremêlés, à travers lesquels l'auteur questionne le rapport des êtres humains à la croyance, quelle soit d'ordre religieux, d'ordre social, d'ordre philosophique.

A quoi se raccrocher ? Comment vivre ? Qui croire et qui suivre ? Comment se positionner dans le monde et dans la société par rapport à notre naissance, par rapport à notre éducation ?
La vie est-elle une question de choix, ou bien sommes-nous pré-destinés à vivre des choses sans que notre libre arbitre puisse en influer le cours ?

Telles sont les questions qui sous-tendent les récits des Versets sataniques. On suit les (més)aventures de Saladin Chamcha (figure représentative de l'auteur, personnage issu de la haute société indienne exilé à Londres et furieusement enclin à s'intégrer à tout prix dans la société anglaise) et celles de son acolyte Gibreel Farishta (indien lui aussi, au parcours "inversé" et néanmoins houleux). On découvre aussi la naissance de la religion islamique, on lit aussi les conflits socio-culturels dans les banlieues londoniennes entre les communautés immigrés, mais ce n'est pas tout.
Salman Rushdie livre un roman dense, qui bouscule la conception linéaire du récit et ouvre au contraire de multiples voies à son lecteur - à l'image de son personnage Saladin, plus connu comme étant "l'homme aux mille voix".
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J'ai commencé le livre hier soir, il trainait sur une étagère, ayant un a priori sur son contenu et sur le nombre de pages. Il n'en est rien. Je lance une fatwa sur ces 800 pages de pur bonheur littéraire et non religieux…
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