Cool, Bird, cool !
Tout commence à Kansas City où le maire, véreux, décide de faire de sa ville, une ville de plaisir et débauche.
Exit la prohibition.
Bienvenue à la corruption généralisée, à la mafia qui ouvrira une multitude de boites et clubs qui fonctionneront 24 heures sur 24 grâce à une police corrompue.
Bienvenue également au royaume de la prostitution, de la drogue et de l'alcool.
Une paradoxale opportunité pour les musiciens de jazz qui vont pourvoir jouer et surtout vivre de leur musique.
Bientôt, Kansas City se fera un nom dans le monde du jazz surtout à cause de ses jam sessions, véritables joutes musicales qui se dérouleront toutes les nuits et attireront les musiciens de toute l'Amérique.
Le hasard a voulu que
Charlie Parker grandisse dans cet ville. Très tôt, à quatorze ans, il va passer ses nuits dans les clubs, devenir intime des musiciens qu'il admire tel Lester Young,
Count Basie, essayer de reproduire, le jour, les notes qu'il écoute la nuit, sur son vieux saxophone qui date d'avant 1900.
A deux reprises, sûr de lui-même malgré son jeune âge, il s'affronta à eux dans des jam sessions. A deux reprises, il fut humilié. Il décida alors de passer ses journées à travailler ses gammes, ses harmonies, apprendre par coeur les morceaux pour mieux les transformer ensuite, accélérer les tempos, créer de nouveaux sons et même une nouvelle musique.
Créateur avec, entre autres,
Dizzy Gillespie, du bebop, c'est toute la carrière de Bird que nous retrace Roos Russel qui l'a bien connu.
Une biographie magnifique qui nous permet d'assister aux séances d'enregistrement, aux concerts, à toutes ces nuits passées à improviser, créer, jouer du blues et du jazz jusqu'au petit matin. Une véritable immersion dans son parcours, dans sa musique avec parfois des explications sur sa musicographie très pointues mais qui permettent de mieux appréhender sa création.
On dit souvent que
Charlie Parker était un génie, l'auteur préfère dire qu'il "avait du génie" mais que c'était surtout dû à son travail, à sa fabuleuse mémoire qui lui permettaient de retranscrire sur scène tout ce qu'il avait composé auparavant.
Cet ouvrage nous permet aussi de rencontrer tous les plus grands noms du jazz, de tracer le portrait d'une époque, d'une Amérique raciste mais aussi d'une Amérique ouverte à tous les nouveaux styles musicaux.
Evidemment, on ne peut raconter
Charlie Parker, sans évoquer ses excès : la drogue mais surtout l'alcool qui seront la cause de son décès prématuré à l'âge de 34 ans.
Un homme passionné, jusqu'au-boutiste, qui vécut uniquement pour sa musique et qui avait sûrement encore beaucoup à lui apporter.
Tout au long de ce livre, c'est la silhouette, le visage de Forest Whitaker qui m'a accompagné. Lui qui a su interpréter Bird de façon magistrale dans le film de
Clint Eastwood.