"En 1869, le dernier volume de la Guerre et la Paix était publié à Moscou ; huit ans plus tard paraissait le deuxième chef d'oeuvre de Tolstoï : Anna Karénine. Mais la renommée de l'écrivain russe n'avait pas encore dépassé les frontières de son pays. Bourget nous a dit que c'était la première fois qu'il entendait le nom de Tolstoï le jour où
Tourgueniev le prononça, devant lui, dans le salon de
Taine, en 1880.
Ce ne fut que grâce à une pénétrante étude sur la littérature russe publiée par Eugène M. de Vogûé en 1886 que le génie des écrivains qui faisaient alors la gloire de la Russie se révéla aux français. Cet ouvrage, si fécond par la nouveauté des renseignements qu'il apportait sur les interprètes les plus éloquents et les plus persuasifs de la psychologie du peuple russe, plaça Vogüé au premier rang des critiques contemporains et lui valut le titre d'académicien ; sa brillante analyse gagna la faveur du grand public et l'on se mit alors, en France, à la lecture des romans de Tourguénev, de
Dostoïevski, de Tolstoî .."
T. S. l'1952
Bon, il y a des gens qui ont écrit là dessus tout de même !
Ca passe à peine son truc. Il ne manquerait plus que ça !
Ce n'est pas de bonne grâce que Vogüé se pâma pour la littérature russe et en fit de la publicité en France dans les années 1880, il y voyait son intérêt ...
Franchement aller chercher Bourget qui fut l'adversaire de Tolstoï, ce n'est pas ce qu'on fait de mieux pour nous montrer que la France ne connaissait pas l'écrivain russe avant 1880. Et puis c'est faux.. carrément ! Voilà !
Tourgueniev a rencontré Tolstoï en 1855 (en Russie ) alors que celui-ci était déjà connu (Enfance, Adolescence, Les Récits de Sébastopol. Il l'encouragea à laisser les armes pour la plume.
Grâce à
Tourguéniev, lors de ses longs séjours en France, dans les années 1860, il rencontra notamment
Flaubert, la mayonnaise commençait déjà à prendre !..
Dans les années 1870,
Tourgueniev était connu comme le loup blanc dans le landerneau littéraire de France. Il connaissait outre
Flaubert avec lequel une longue amitié s'instaura,
Maupassant,
Zola, Daudet,
Taine, Renan,
Anatole France. Il parlait de Tolstoï évidemment. Il était dithyrambique à son égard : il le considérait comme le premier écrivain contemporain. ("Vous savez qui pourrait lui disputer ce rang, s'adressa-t-il aimablement à
Flaubert").
Flaubert reçut de
Tourgueniev en 1879, les 3 tomes de Guerre et paix première traduction française qui pourtant faible fut accueillie avec grand et long succès en France. On sait quelle fut la réaction de
Flaubert à la lecture de ce livre.
Flaubert n'avait pas attendu Monsieur Vogüé pour le lire
Confession écrit en 1880, fut traduit en français en 1884.
Dans les années 1880, Tolstoï était connu aux Etats-Unis grâce à la traduction de Guerre et Paix, d'Anna Karénine et des Cosaques, et le fut tout autant pour ses idées humanistes, anti-tsaristes et son admiration pour des grands auteurs américains (
Henri George, Thoreau,
Whitman. Il y a été accueilli comme un ami.)
J'aurais même tendance à dire que Vogüé a surfé sur la vague qui venait de l'étranger. Selon le Professeur Vladimir Troubetzkoy qui a étudié la question :
Tourguéniev faisait depuis longtemps de la publicité de Tolstoï auprès de ses amis grands auteurs français.