Rita Baddoura nous dit : "Chez Saadeh, le temps est celui de la quête et l'espace celui de la bouche qui prononce. Dans un calme presque parfait, les éléments se déchaînent. La mort est célébrée comme une possibilité autre d'exister, danser, chanter, dire, retrouver. La mort est l'accomplissement d'un vide perturbateur, porteur de mouvement et donc de vie. Des paysages habités d'insectes, d'arbres, d'oiseaux, mais aussi de maisons campagnardes ou de vitrines longeant les villes,
Wadih Saadeh note les textures, les matières et les points d'eau. L'eau est primordiale dans sa poésie et dans son éprouvé des réactions chimiques et alchimiques, des climats intimes et météorologiques. Si certes tout se transforme, tout est en perte continue chez Saadeh et sa poésie incarne la tentative de récupérer les miettes de cette perte. La perte des lieux, des sens, des proches et la perte de soi sont simultanées et réciproques et se font sur le seuil de la langue, ni au dedans ni au dehors."
En effet, ces éléments permettent d'encrer
Wadih Saadeh dans cette poétique du quotidien, si familière dans l'oeuvre graphique d'Adonis. Ainsi, avec de simple mots le poète nous fait voyager dans un espace clôt tout en nous ouvrant la fenêtre du possible et de l'interrogation interne. Cette forme de poésie rejoint ainsi le principe de la logique du tiers inclut de la physique quantique et celle du poisson soluble: un être peut être partout et nulle part à la fois. Cet aspect est retrouvé dans le poème suivant: Récupérer une personne dissoute.
Saadeh permet donc à la poésie de se mêler à tous les aspects de la vie quotidienne et également aux souvenirs malheureux, notamment ceux de la guerre et de la perte d'amis proches.
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