Personne n’a besoin de savoir

Le prolifique Olivier Adam n'a pas sorti de roman en cette rentrée littéraire, et pour cause : c'est son premier recueil de poèmes qu'il nous offre, Personne n'a besoin de savoir. Dans des poèmes aux vers courts, souvent rythmés par une sorte de refrain comme une chanson (le livre s'accompagne d'ailleurs d'une version mise en musique à retrouver en ligne), ou constituant de longues énumérations, l'auteur parcourt ses souvenirs comme on feuillette un album photo, retrouvant membres de sa famille, lieux de vacances ou de périodes précédentes de sa vie, références culturelles qui ont marqué une époque. Mais entre les souvenirs, tantôt plutôt joyeux tantôt gangrenés de mélancolie, s'infiltre une humeur sombre, celle d'un homme mal à l'aise avec lui-même depuis l'adolescence, cultivant sa tristesse comme un style jusqu'à ce qu'il devienne impossible de s'en défaire. L'ensemble paraît finalement plus personnel qu'un roman.

Ayant une tendresse pour l'univers de cet auteur, même je ne l'avais pas relu depuis Les lisières qui m'avait agacée, j'avais envie de découvrir son univers poétique. J'ai donc posé son recueil dans ma voiture et l'ai ouvert de temps en temps, quand j'attendais quelqu'un par exemple. Et je me suis laissée emporter par ces poèmes, moi qui n'aime la poésie qu'en vers et dans les pièces de théâtre en général, c'est à dire quand ils donnent du sens à un ensemble plus long. J'ai aussi fortement apprécié d'écouter l'auteur lire certains de ses poèmes grâce au QR code. Bien plus qu'un bonus, un passage essentiel.

Je remercie les éditions Bruno Doucey et Babelio pour la découverte de ce livre.

L'auteur, sous forme de vers, couche des mots sur le papier pour confier au lecteur un peu de son intimité. Mais ce dernier est-il vraiment le destinataire de ses révélations ? Cela ne semble pas être le cas puisque les envolées lyriques restent mystérieuses, secrètes. Elles ont pour but d'être comprises par la personne qui partage les mêmes souvenirs qu'Olivier Adam. L'écrivain se confie donc à « demi-maux », dévoilant à moitié le mal qui le ronge et les pensées qui le hantent. L'ensemble est un ouvrage très personnel qui ne peut pas parler à tout le monde car encore faut-il partager les mémoires ou les ressentis de l'auteur. L'émotion découlant de cette lecture poétique est aléatoire en fonction de la sensibilité et de la compréhension de chacun. Il est malheureusement facile de passer à côté.
Le lecteur se sent tenu à l'écart par l'écrivain, ce qui est contradictoire avec l'intention de ce dernier de se livrer et de partager un moment de complicité sous forme de confidences. Ce sentiment est accentué par le doute, insinué par l'auteur lui-même, que tout n'est que pure invention et non de réels souvenirs.
Un ouvrage singulier dont le lectorat a du mal à s'imprégner et dont il ressort empli de perplexité.
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In the mood for…ça reste entre nous.
Olivier Adam nous offre une entrée en poésie vulnérable, généreuse et pudique. Ce recueil est comme une collection de trésors, le trésor des souvenirs réels ou inventés mais partagés, des fragments de vie.
Il y a l'enfance, un lotissement en périphérie, quelques photos, l'adolescence, le quotidien, le départ en vacances en Renault 20 Caravane, la canicule. Il y a aussi les promenades en forêt, la nouvelle vie sur le littoral. Les matinées de blues. La musique bien sûr, Leonard Cohen, Jean-Louis Murat. Un saut dans l'ailleurs, à Kyoto, lost in translation. Les frères, les liens de sang sans lien du tout.

Dans la boite aux souvenirs palpitent également le moral qui va mal, les idées noires, les journées grises, les poignets fatigués. le mal à dire le mal de vivre. le coeur qui aime, des mots simples qui débordent d'une vérité immense.

Personne n'a besoin de savoir, ça reste entre nous, le coeur, c'est sacré, c'est secret. Mais tout le monde devrait quand même savoir que c'est très beau.
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