On ne pèse jamais bien lourd face à ce que le destin décide pour nous, je ne le sais que trop bien. Mais ce n'est pas une raison suffisante pour baisser les bras: vous ne feriez que récolter une amertume qui vous collera aux basques durant toute votre existence.
Les hommes ont souvent besoin de croire que les idées viennent d eux pour les accepter
- Nos racines finissent toujours par nous rappeler, à un moment ou un autre. On ne peut rien contre ça.
Des usines. Eugénie nota mentalement le mot. Ces dernières années, durant le conflit, de nombreuses femmes, à Tours, avaient remplacé les hommes dans ces usines. Un travail éreintant et pas cher payé, d'après Blanche, dont l'une des cousines en avait fait l'amère expérience.
Il n'y a qu'en prenant du recul que tu pourras avancer. Quand on a l'impression de se battre contre des vents contraires, la réponse à nos maux se trouve la plupart du temps au cœur de nos racines.
Tu as peur de l’avenir, c’est normal. Moi aussi, j’ai connu cette sensation, bien que ce ne soit pas comparable. Mais vivre, c’est affronter sa peur, Suzette ! Alors debout et la tête haute !
Retenant sa respiration, Suzette regarda son père prendre le visage de sa mère entre les mains.
- Je suis on ne peut plus sérieux, ma chérie. je veux racheter cette boulangerie et je le fais par amour pour toi. Ne t'ai-je pas fait la promesse, au lendemain de notre mariage de te rendre heureuse ?
- Tu sais que même sans cela je serais rentrée. Je ne veux pas que tu aies le sentiment de te sacrifier.
- Oui bien sûr je sais que tu serais rentrée à Paris. Mais mon entêtement à ignorer ton bien-être aurait brisé quelque chose entre nous. Et cette idée m'est insupportable parce que je t'aime.
- Mon Dieu........souffla-t-elle émue.
Marcel l'embrassa tendrement.
- Nous sommes encore jeunes, Eugénie, reprit-il. Nous sommes à la lumière de nos jours et c'est pendant que sa lueur brille que nous devons avancer vers elle. Ca aussi, je l'ai compris.
Non, ce n'est pas une larme qui vient de tremper la feuille. Il y a de la condensation, c'est tout.
Tu m'as appris que chacun est libre d'écrire son histoire comme il l'entend. Je crois que c'est la magie de l'existence.
C'est fort dommage, répliqua Mademoiselle. La littérature c'est une porte ouverte sur le monde.