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Citations sur La Vie clandestine (146)

On ne peut pas tout expliquer, non, mais face au désespoir, demeure la possibilité d’une échappée, une vie clandestine, née d’un court-circuit.
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C'est alors que je pose cette question, la seule qui demeurera, et dont je note fiévreusement la réponse sur une feuille volante.
"Comment le saviez-vous ?
- Pardon ?
- Comment sait-on que c'est la vraie vie ?"
Il marque un temps. J'entends son souffle, et le mien. Il reprend, en baissant d'un ton, comme si nous partagions un secret. Deux inconnus ayant soudain pris conscience qu'ils ont les mêmes tourments, qu'ils sont habités, par les mêmes questions dont ils ne parlent à personne.
"Ah, mais on ne le sait pas. On le comprend ensuite, quand ce n'est plus le cas. Sur le moment, on ne se rend compte de rien."
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Dans cette histoire, j’ai rencontré des individus détenant chacun leur vérité. Chacun est sincère, sensible, et pourtant, leurs vérités se percutent, ils racontent des histoires qui s’infirment ou s’annulent. Forcément, quelqu’un se trompe, ou quelqu’un ment. Mais peut-être pas. Les vérités se côtoient à la façon d’univers parallèles, légèrement dissemblables, séparées par des parois aussi minces que du papier à cigarette, des parois au travers desquelles nous pourrions voir, si nous nous approchions, que nous pourrions déchirer juste en y passant la main. Mais nous ne le faisons pas.
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« Aujourd’hui, il n’est plus le même homme », rétorque l’un de ses avocats. Cette phrase me frappe. D’une certaine façon, c’est exactement ce que, depuis près de deux ans maintenant, je cherche à déterminer : peut-on devenir un autre ? Je tiens dans ma main une balance en laiton, je m’échine à placer les différents protagonistes sur les plateaux du bien et du mal. D’un côté les innocents, de l’autre les coupables. Ceux qui souffrent et ceux qui blessent. Ceux qui regrettent et ceux qui s’obstinent. Ceux qui me ressemblent et ceux dont je me distingue. Je place et déplace les masses, je transfère certains individus d’un côté à l’autre, mais cela ne va pas, aucune combinaison ne convient. J’en ressens une intense culpabilité. Alors, je recommence, je déplace les poids, encore et encore, je veux trouver l’équilibre, établir le juste, une bonne fois pour toutes.
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Elle me chuchote : chacun est victime et coupable. C’est sans doute la phrase que je redoute le plus d’entendre, car elle est la vérité même. Que ce soient les membres d’Action directe qui dupent et sont dupés, Yves S. trompant son monde avant de tout perdre, ou l’enquêtrice qui prétend être honnête, mais manœuvre pour obtenir des confidences, chacun se tient là, avec son goût du secret, du jeu et sa naïveté.
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Durant un certain nombre d’années, j’ai été incapable de rendre visite à ma mère, mes grands-parents, mon frère, de leur téléphoner, ou même de prendre leurs appels. Je pensais à eux, j’avais peur qu’ils soient déprimés, seuls, malheureux, malades, ou qu’ils meurent. Mais je ne faisais rien, rien d’autre qu’y penser. J’ai aussi, durant un certain nombre d’années, passé mon temps à quitter mes petits amis sans prévenir, et à le regretter ensuite, persuadée que j’avais commis une erreur terrible, jusqu’à m’en rendre malade. L’un d’eux, que j’avais poursuivi de messages erratiques, a fini par revenir. « Tu es cinglée mais je t’aime », m’a-t-il dit dans ce bar minuscule tandis que je cherchais avec angoisse la porte de sortie. Ensuite, j’ai cessé de lui répondre, j’ai simplement disparu. En moi vivait un esprit romantique et psychopathe. J’avais la sensation d’être folle et cruelle, ou possédée.
J’ai fini par comprendre, ce qui n’était pourtant pas bien compliqué, ni tout à fait une excuse, que j’étais incapable de me coltiner le réel. Il fallait que je me tienne à distance, dans un lieu sans interaction ni être humain, où je pouvais rêver ma vie.
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En psychologie, la dissociation est un mécanisme de défense de l’inconscient pour ne pas faire l’expérience d’une douleur émotionnelle face à un conflit ou une situation stressante. La réalité et le vécu sont inhibés, de manière temporaire ou durable. Il n’y a ni pensée, ni jugement, ni sentiment. La dissociation est la meilleure façon de vivre qu’ont trouvée les êtres blessés, les traumatisés, les trop sensibles, mais aussi les psychopathes, ceux qui sont dans la toute-puissance et la négation de l’autre, pour se couper de l’émotion, de la douleur et de la culpabilité, ou juste du réel.
Je ne sais pas s’il peut y avoir plus juste définition de ce que je suis. Mais n’en est-il pas ainsi de nous tous ? N’avons-nous pas chacun, au fond de nous, des cavernes, des terriers, reliés les uns aux autres par un réseau de galeries ? Nous ne pouvons nous y rendre, car nous ignorons leur existence, murée par l’inconscient, ou alors parce que nous sommes là, lampe frontale sur la tête, penchés sur ce trou noir qui mène au fond de la terre, et que nous savons qu’il n’y aura là-bas pas de lumière, pas d’oxygène, que nous pouvons nous y perdre, ou que l’eau soudain se mettra à monter, et alors nous serons emportés pour toujours. Pourtant c’est là, dans ces profondeurs, que se trouvent nos émotions, nos douleurs les plus vives, nos remords, ces chagrins qui pourraient nous tuer. Ils sont prisonniers, voyagent telles des bulles d’air dans des couloirs inondés. Ce milieu est aussi vaste que le visible, aussi étendu que le sol sur lequel nous marchons.
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Nous nous débattons, tous autant que nous sommes. Nous cherchons un sens aux choses que nous avons faites, et à celles que l'on nous a faites, nous sommes entortillés dans le passé comme dans un drap mouillé. Les visages s'effacent, mais le chagrin demeure. Il irradie, il voyage, d'une génération à l'autre, d'un cœur à l'autre. L'histoire s'insinue en nous, elle se recompose, se déplace et se transforme, renvoyant des ondes et une énergie nouvelles, sans même que nous sachions à quoi elles font écho.
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On ne peut pas tout expliquer, non, mais face au désespoir, demeure une possibilité d'une échappée, une vie clandestine, née d'un court-circuit.
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Nous racommodons une étoffe trouée, nous brodons un filet pour contenir nos coeurs.
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