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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Orientalisme évoquait pour moi, avant la lecture de Saïd, des tableaux de Delacroix ou Chasseriau, des récits de voyage, Chateaubriand, Lamartine, Nerval ou Loti, peut être la Flûte Enchantée, ou le mobilier Empire....
Saïd utilise le concept d'Orientalisme dans un sens plus politique. Il y range tout le corpus universitaire qui décrit un "Orient" étudié par l'Occident. Orient qui n'existe que dans l'esprit des occidentaux, connaissance partielle, biaisée, véhiculant les préjugés dévalorisant souvent les "orientaux" . Il fait le lien entre Orientalisme et colonisation et impérialisme. Les études des orientalistes britanniques et français mis au service de la colonisation, de l'administration de 85% des territoires de la terre à la veille de la 1ère mondiale.
Pour appuyer cette thèse, Saïd s'appuie sur une somme impressionnante de textes. D'une grande érudition, il convoque aussi bien Dante, que Foucault, Gramsci, Walter Benjamin, Goethe ou Flaubert.
Universitaire d'origine Palestinienne, vivant aux États Unis, il se trouve au centre de la problématique "oriental" lui même mais possédant le savoir et la culture occidentale.
Sa démonstration repose sur l'analyse détaillée de nombreux auteurs du 18èlme siècle et surtout du 19ème.
J'ai surtout apprécié la partie correspondant aux récits de voyages et pèlerinages. Les parties plus spécialisées analysant les travaux plus érudits De Sacy ou Renan ou dqauteurs britanniques que je ne connais pas m'ont un peu lassée.
Grand voyage culturel, avec un petit reproche; Saïd ne connait pas le raccourci!

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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‌L'Orientalisme est aujourd'hui un classique, cela va sans dire. Edward Saïd a en effet été pionnier dans l'étude des relations Orient/Occident, et a été un des, si ce n'est le premier, à affirmer une théorie qui semble aller de soi aujourd'hui, à savoir que les identités culturelles relèvent d'une construction et que l'Orient a été pendant des siècles « créé par l'Occident », à travers des généralisations, des idées fausses et des stéréotypes.

A ce titre, je pense que L'Orientalisme mérite d'être lu. Cependant, je dois reconnaître que cela a été une lecture assez fastidieuse et pénible. En effet, comme cela a été souligné par des critiques précédentes, Edward Saïd a une légère tendance à se répéter et à reformuler sans cesse les mêmes idées, ce qui donne au livre une impression de redondance, voire d'être « creux », alors que ce n'est pas le cas. Je pense que les 550 pages de cet essai auraient facilement pu être réduites à 200-300, si l'on supprimait toutes ces longueurs et répétitions…

J'ai de même été déçue que les exemples soient toujours les mêmes (Lane, Flaubert, Renan…), analysés longuement à un moment précis puis cités à nouveau dans quasiment tous les chapitres (et ceci pour la même idée). C'est à mon sens d'autant plus dommage que ces exemples proviennent des mêmes domaines (la politique et la littérature, de la fin du XVIIIe au XXe siècle), alors que tant d'autres auraient pu être développés. J'ai notamment regretté que l'histoire de l'art ne soit pas abordée (si ce n'est en une phrase pour nous préciser que l'auteur n'a pas le temps de traiter cette discipline, ce qui est particulièrement ironique au vu du nombre de répétitions du livre qui auraient pu être évitées), alors même que le terme d'« orientalisme » désigne une pratique artistique courante au XIXe siècle.
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L'esprit change-t-il? Au fil du temps, le raisonnement connait-il son progrès? Parvient-il à se débarrasser de ce qui, hier, l'a malmené? A voir les affrontements faussement intellectuels sur les plateaux télé, à entendre les penseurs (Zemmour et compagnie) affirmer leurs vérités vraies, à lire le contenu du travail journalistique et politique, on se dit parfois que rien ne change ou, pour être exacte, très peu de choses changent. C'est ainsi que l'on continue à se désigner, pour exister, des ennemis, intérieurs et extérieurs. C'est ainsi que l'Autre, posé et affirmé, est toujours pris au piège dans une définition qu'il n'a pas souhaité. Les minorités (au sens politique du terme), quelles qu'elles soient, souffrent toujours du regard orienté de la majorité qui se pense toujours dans l'exactitude et la vérité. le Noir était un animal sans droit qui méritait la vente aux enchères, le Juif était un être perfide et rusé responsable de tous les maux de la société et, aujourd'hui, ce sont les Arabes qui sont considérés: ils sont des terroristes islamistes aux coutumes barbares et arriérées, loin des Lumières et des idées brillantes qui font la République éclairée.

L'Homme a besoin de se représenter. Il a besoin de définir et d'imaginer. Malheureusement, il pense toujours à côté de ce qui est, voulant simplement voir ce qui est de son intérêt. Comme l'écrit Edward W. Said, les représentations ont des fins, elles fonctionnent la plupart du temps, elles accomplissent une tâche ou de nombreuses tâches. Les représentations sont des formations, ou, comme l'a dit Roland Barthes de toutes les opérations du langage, elles sont des déformations (p. 455). Elles déforment, en effet. Même, elles inventent et créent, affirmant ensuite le travail de l'imaginaire comme une vérité incontestée. C'est ce que dénonce Edward W. Said dans cet essai d'un grand intérêt.

En écrivant sur l'Orientalisme - courant littéraire et artistique du XIXème siècle qu'il définit comme une véritable doctrine politique censée nourrir la supériorité de l' "Occident" - Edward W. Said montre comment le colonialisme s'est accompagné d'un intérêt intellectuel pour les peuples qui habitent les territoires occupés, désormais rangés dans une étiquette orientale sans qu'on sache vraiment ce que signifie les termes qui, depuis, ont l'air de se faire la guerre: l'Orient et l'Occident. Il raconte comment les uns et les autres - universitaires, écrivains, voyageurs- ont pris plaisir à "découvrir" et définir l' "Orient", toujours d'après des qualificatifs négatifs et avilissants. Il explique comment, à coups de généralisations, de catégorisations, d'insuffisances et d'arrogances, les penseurs et intellectuels des puissances impérialistes - les Orientalistes - créent, à leur guise, un discours sur l'Orient qui permet, aux politiques, d'affirmer et de justifier leur supériorité. Un discours favorisé par l'affaiblissement de l' "Orient", son silence obligé les ayant en effet autorisés à penser comme vraies leurs conneries assumées. Aujourd'hui, les représentations faussées et erronées, et pourtant toujours affirmées avec insolence et impertinence, continuent de circuler. Venant de l'Histoire passée, elles polluent le Présent qui, je l'espère, fait le travail nécessaire pour les priver d'un succès assuré dans les prochaines années.

Intéressant dans sa description de l'Orientalisme comme domaine de recherche peu crédible, l'essai pêche néanmoins par son style. Les répétitions et les longueurs alourdissent en effet l'essai qui perd un peu de son efficacité auprès du lecteur quelque peu fatigué, et donc vite lassé.
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Quand des auteurs arabes ou musulmans, écrivant sur leurs propres civilisations arabes ou musulmanes, citent ou s'appuient sur des ouvrages et des opinions d'orientalistes occidentaux, nous pouvons nous demander aussi quelle part de responsabilité pèse sur l'Orient lui-même.
Ce que je veux dire, c'est que l'Orient - suite à des circonstances politiques - s'est retrouvé dans un état d'oisiveté intellectuelle, alors que l'Occident, par contre, connaissait une effervescence et une curiosité scientifique. Je me demande ce qu' une étude sur l'"Occidentalisme" des orientaux (les études orientales sur l'occident, les récits de voyages, etc ) pourrait apporter au débat?
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Je suis partagé car je me suis lancé dans cet ouvrage sur les conseils d'une amie qui considère Edward Saïd comme un génie.
Et bien pour moi ça n'a pas fonctionné. En effet, de manière générale j'ai trouvé les thèmes abordés très intéressants mais j'ai eu beaucoup de peine avec la méthodologie qu'emploie l'auteur. Principalement, Saïd reproche le caractère schématique et non objectif de l'étude de l'Orient à travers un prisme occidental. Cela étant, le fil rouge du livre entretient quelque part lui aussi cette idée que l'Occident est un bloc massif et uniforme sans aspérités ni nuances. Je trouve qu'Edward Saïd aurait pu nuancer un petit peu ses propos et offrir une palette plus complète des relations intellectuelles entre un Orient rêvé et un Occident dominateur.
Bien sûr, cela n'enlève rien aux propos de Saïd sur la relation de pouvoir entre les deux entités géographiques, son raisonnement reste tout à fait pertinent.
(Je tiens aussi à souligner que les concepts qu'il aborde sont parfois très brumeux. Comme l'a déjà dit quelqu'un dans sa critique, Saïd ne semble pas connaître le raccourci.)
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