Le Liban connaît aujourd'hui une crise économique, sociale et politique sans précédent. Alors que près de 75% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, que l'inflation a atteint 120% en 2020, aucun gouvernement n'a été formé depuis l'annonce de la démission de Saad Hariri à la suite de l'explosion du 4 août à Beyrouth.
Signe d'un malaise bien plus profond pour le diplomate Nawaf Salam, cette crise rend aujourd'hui plus que jamais nécessaire de repenser l'État au Liban. Docteur en sciences politiques, en histoire, longtemps enseignant, avocat mais aussi diplomate, représentant du Liban aux Nations Unis, Nawaf Salam, un temps pressenti pour succéder à Saad Hariri au poste de Premier ministre, est magistrat à la Cour pénale internationale de la Haye.
Dans son dernier ouvrage, "Le Liban d'hier à demain" (Actes Sud, 2021), Nawaf Salam revient sur la genèse de la construction de l'État du Liban. de la guerre civile qui divisa les communautés entre 1975 et 1990 aux Accords de Taëf qui entérinent un système politique pluriconfessionnel, Nawaf Salam pose le diagnostic d'un Etat inachevé, miné par les influences communautaires, la corruption et la violation de l'Etat de droit.