Holden Caulfied est paumé. Un raté paumé, renvoyé de son collège, et qui erre dans les rues de New-York, à la recherche vraisemblable d'une raison de vivre.
Voilà un roman qu'il ne faut surtout pas prendre au premier degré. le héros est détestable, rempli de rancoeur et de haine envers les autres. Petit à petit, les autres finissent par se résume au genre humain, et Holden devient alors l'archétype typique de l'être abject, se sentant à la fois supérieur à tous, mais possédant un énorme complexe d'infériorité.
S'arrêter à cette simple image très linéaire du roman reviendrait à passer à côté de toute la réflexion sous-jacente qu'est "
L'attrape-coeurs". Roman d'initiation, histoire d'un parcours, il cherche à percer à jour le mystère de l'adolescence, de la construction de l'Être en passant le héros à travers des situations rocambolesques, assez irréaliste.
L'enchaînement d'évènements, du renvoi à la conclusion "psychothérapeutique", pour sortir un grand mot inutile, s'accorde parfaitement à la personnalité ambigüe, imbuvable de Holden, qui ne reflète que les pires aspects d'un adolescent en proie au doute.
Veut-il s'en sortir ? Cherche-t-il à faire des efforts pour aller mieux ? Non... Tout ce qu'il fait se résume à geindre, à envahir les autres et à projeter son incertitude, son insécurité à leurs visages, comme un enfant.
Si l'aspect initiation, philosophie est rapidement compréhensif, et permet une meilleure approche du roman, ce dernier n'en demeure pas moins insipide, semblant dépeindre l'âme humaine et le doute de l'adolescence comme un gouffre d'ignorance, de bêtise et d'estimation conflictuelle entre soi-même et le regard des autres.
Il est donc bien sûr un classique à découvrir, à lire calmement, mais ne restera pas comme un coup de coeur, ou même un intérêt particulier à mes yeux.