AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 8347 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tout l'intérêt du roman tient uniquement dans la personnalité torturée d'Holden Caulfield. Son besoin de communiquer, son regard acerbe et sans concession sur la société, ses blessures profondes et son immaturité le rende profondément attachant. On retrouve dans cette errance de quelques jours tout le mal être de l'adolescence et c'est surement ce qui a fait le succès de ce récit. L'histoire en elle même n'est pas vraiment passionnante et on a parfois l'impression de tourner en rond dans New York. Seul les quelques dialogues souvent avortés et les délicieux échanges avec la petite soeur arrivent à éclairer un peu cet ensemble. Quand au style familier et un peu vieillot, Il perd surement beaucoup à la traduction. Belle lecture tout de même mais un peu en dessous de ce que j'en attendais. Et surtout, on ne sait toujours pas ou les canards de Central Park passent l'hiver…
Commenter  J’apprécie          90
Roman de J. D. Salinger.

J'ai commencé ce livre deux fois et deux fois l'ai abandonné. Après la lecture des Nouvelles de l'auteur et tout le plaisir qu'elles m'ont procuré, j'ai décidé de tenter ma chance une troisième fois. Dernier essai réussi ? En partie.

"Je ne vais pas vous défiler ma complète autobiographie. Je veux juste vous raconter ce truc dingue qui m'est arrivé l'année dernière vers le Noël avant que je sois pas mal esquinté et obligé de venir ici pour me retaper." (p. 9) Ainsi commence le récit d'Holden Caufield, dix-sept ans, élève au collège Pencey en Pennsylvanie. Renvoyé de l'établissement trois jours avant les fêtes de fin d'année, Holden quitte l'école de nuit et erre pendant trois jours à New York. "Je devais me planquer deux ou trois jours dans un ôtel pour pas rentrer à la maison avant le début des vacances." (p. 77) Pendant trois jours qui glissent comme un songe ou un brouillard, il fait des rencontres étonnantes ou inquiétantes, tire de fabuleux plans sur la comète, mais reste un gamin anxieux à la santé fragile qui n'a nulle autre part où aller que chez lui. On a le sentiment qu'Holden ne tient pas vraiment au monde : "Je possède vraiment rien que ça m'ennuierait vachement de perdre il me semble." (p. 112) Et pourtant, la conclusion prouve qu'il tient à quelque chose.

La solitude à laquelle condamne la cité new-yorkaise le ronge et lui inspire les plus funestes pensées : "De quoi foutre le bourdon, et de temps en temps, en marchant, sans raison spéciale, on avait la chair de poule. On pouvait pas se figurer que Noël viendrait bientôt. On pouvait pas se figurer qu'il y aurait encore quelque chose qui viendrait." (p. 145) Étrange et douloureux de constater un tel désarroi chez un adolecent. La maturité dont il fait preuve me semble artificielle et projetée par l'auteur sur son héros.

Par bribe, on découvre la famille du jeune Holden. Il a une petite soeur, Phoebé, qu'il aime et admire. Il a perdu un de ses frères, Allie, et l'aîné, D.B., "il est à Hollywood, il se prostitue" (p. 10) Ainsi comprend-on l'aversion du héros pour le cinéma et le théâtre. Plus généralement, il exprime des sentiments violents envers la mièvrerie des films. Sans jouer au caïd ou à l'intello, ce dont il se sait incapable, et sans renier sa sensibilité, il préfère la puissance des romans de Karen Blixen Ernest Hemingway ou Francis Fitzgerald.

Profondément triste voire désespéré, Holden trimballe son mal de vivre et sa solitude à travers les nuits enneigées de New York. Avec une sensibilité à fleur de peau et une pensée vagabonde, il perd pied dans un monde où il n'est, somme toute, qu'un enfant qui voudrait être pris au sérieux. Doté d'un esprit cinglant et capable de réparties bien trop cyniques pour son âge, il revendique les expériences d'une génération à laquelle il n'appartient pas. En dépit des fumées de cigarettes, des vapeurs d'alcool et du désir de femme qui parfois le taraude, son indépendance n'est pas encore acquise et toute son attitude est celle d'un être qui sait ne pas être à sa place, mais qui refuse de partir.

Vaguement amoureux d'une voisine, Jane Gallagher, et vaguement entreprenant avec une autre gamine, Sally Hayes, Holden Caufield témoigne de son intérêt pour les filles et la sexualité. Très sensible au charme féminin, il se fait poète sans le savoir : "Quand elle arrive au rendez-vous, si une fille a une allure folle, qui va se plaindre qu'elle est en retard ? Personne." (p. 153) Criant, n'est-ce pas ? Un peu trop pour un gamin.

"Je suis le plus fieffé menteur que vous ayez jamais rencontré." (p. 27) Disant cela, il est parfaitement honnête et il donne la pleine mesure de ses capacités tout au long du récit. Saisi de frénésie, il débite à toute allure des histoires abracadabrantes au premier venu. À ses mensonges et à ses exagérations s'ajoutent des digressions folles qui perdent le récit dans des détails a priori inutiles, mais qui constituent les murs du petit monde d'Holden. Et comme il le dit lui-même, "moi j'aime bien quand on s'écarte du sujet. C'est plus intéressant." (p. 220) Étrangement, le récit s'achève sur un reniement : "Faut jamais rien raconter à personne. Si on le fait, tout le monde se met à vous manquer." (p. 253) Là encore, si la conclusion trouve écho en moi, je la trouve inadaptée sous la plume d'un jeune de dix-sept ans.

Cette troisième lecture est loin d'avoir été aussi déplaisante que les deux premières. Mais je ne peux me défaire du sentiment que ce livre intervient trop tard dans mon parcours de lectrice. Adolescente, peut-être aurais-je été touchée par ce récit. Peut-être aurais-je compris ce désarroi si grand. Aujourd'hui adulte (hum...) et quelque peu oublieuse des douleurs exacerbées de mes quinze ans, il me semble que le texte sonne faux. Toutefois, j'ai été moins gênée par l'expression du jeune héros : cette langue gouailleuse de gosse de riche qui se cherche m'a plutôt convaincue, même si les fautes de langage m'ont fait bondir... Je suis enfin venue à bout de ce roman dont on a tant parlé. Je ne rallie pas les rangs des enthousiastes, mais finalement je ne jette plus de pierres.

Et quelqu'un peut-il m'expliquer le titre ?
Commenter  J’apprécie          90
Je ne gardais aucun souvenir de ce livre que j'ai pourtant dû lire étant jeune. Pas sûr que je garde grand souvenir non plus de ma relecture... C'est un peu comme pour le petit Prince: c'est un incontournable, mais je n'arrive pas à saisir le sens du texte, le message de l'auteur. Pour moi c'est avant tout une galerie de personnages mettant en avant la superficialité des gens et des relations. Je comprends que Holden se sente "cafardeux et paumé".

On le suit pendant les quelques jours où il erre dans New York, n'osant rentrer chez lui annoncer à ses parents qu'il a encore été renvoyé. Visiblement le jeune garçon ne trouve sa place nulle part. Est-ce pour cela qu'il aime mentir ("Une fois que j'ai commencé, je pourrais continuer pendant des heures")? Pour s'inventer une vie intéressante? Mais que recherche-t-il en fait? Il ne semble pas le savoir lui-même. Il recherche la compagnie des uns et des autres, y compris de vagues connaissances, afin "d'avoir avec elles une petite convers' intelligente" mais "pratiquement impossible". Les rencontres s'enchaînent ainsi de déconvenues en déconvenues, entretenant la déprime du personnage (et l'ennui du lecteur).

A un moment, on le sent nostalgique de son enfance ("Ce qui était extra dans ce musée c'est que tout restait toujours exactement pareil. Y'avait jamais rien qui bougeait"). Est-ce le cap de l'adolescence qui lui semble difficile? Ce passage où l'on s'éloigne de l'enfant que l'on était sans connaître l'adulte que l'on veut devenir ("Je suis coincé. Je suis vraiment coincé.")? Et en même temps Holden semble garder un souvenir traumatisant "de quelque chose de pervers" qui revient à la surface lorsque son ancien enseignant lui caresse la tête pendant son sommeil ("Ce genre d'emmerde m'est arrivé au moins vingt fois depuis que je suis môme")... Aurait-il subi des agressions sexuelles?

Ainsi tout est très confus chez Holden qui donne des rendez-vous auxquels il n'a pas vraiment envie d'aller, qui trouve les types "foireux" mais continue de les fréquenter, qui connaît "un tas d'endroits où aller" sans jamais se décider ("Vous pouvez jamais trouver un endroit qui soit sympa et paisible, parce qu'y en a pas"), qui "aime rien" -surtout pas les conventions sociales qui donnent une vie étriquée- et porte un regard désabusé sur la vie et les gens. Tellement "seul et paumé" ("Avec qui? -Personne. Moi, moi-même et encore moi.") qu'il continue de s'adresser à son frère Allie qui est mort ("Je le sais qu'il est mort. Mais je peux quand même l'aimer, non? Juste parce que les morts sont morts on s'arrête pas comme ça de les aimer, bon Dieu -spécialement quand ils étaient mille fois plus gentils que ceux qu'on connaît qui sont vivants et tout")...

Heureusement il y a Phoebe, sa petite soeur. Phoebe illumine sa vie. Elle est curieuse et intelligente. Attachante. Elle le comprend. Avec elle, Holden est heureux ("J'ai cru que j'allais chialer tellement j'étais heureux, si vous voulez savoir"). Après toutes ces heures d'errance, la fillette sera finalement son point d'ancrage. C'est cela qu'il veut faire: "Attraper les mômes s'ils approchent trop près du bord. Je veux dire s'ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C'est ce que je ferais toute la journée. Je serais juste l'attrape-coeurs et tout". Phoebe a autant besoin de lui que lui d'elle. Car au bout du compte, Holden est un ultra-sensible qui s'attache bien plus aux autres qu'il ne le laisse croire: "Faut jamais rien raconter à personne. Si on le fait, tout le monde se met à vous manquer". A chacun d'interpréter cette phrase (et cette oeuvre) énigmatique(s) comme il le voudra...
Lien : https://www.takalirsa.fr/l-a..
Commenter  J’apprécie          80
Comme ce roman est considéré comme un grand classique, voire un chef d'oeuvre et qu'il était dans ma bibliothèque, je me suis lancée. J'avoue ne pas être pleinement convaincue. Ce livre est assez déprimant et je ne trouve pas qu'il ait beaucoup de sens. L'écriture de type adolescente n'est pas non plus pour me plaire beaucoup. Ceci dit je pense qu'il peut enthousiasmer des adolescents qui se retrouvent dedans et s'il leur fait du bien sa mission est accomplie.
Commenter  J’apprécie          83
Lecture croisée, lecture commune, et tout.
Adolescente, je n'ai pas lu Salinger. Jamais croisé, jamais conseillé, jamais tentée. Par contre, j'ai lu tous les Beigbeder que j'ai pu trouver. Et Beigbeder, lui, a lu Salinger. Il a même écrit une biographie romancée de Salinger. Que j'ai lu en introduction. Plus qu'une introduction, en réalité, c'est une lecture croisée.
Holden Caulfield est un garçon perdu, qui ne sait pas bien où est sa place, un jeune américain qui fume des cigarettes et boit du whisky coca quand le serveur ne devine pas son âge. Il est parfois d'un naturel déconcertant et parfois il prend déjà des postures. Il est à l'image de sa génération, mais il fait un pas de côté. L'adolescence perdue, éternellement retrouvée, c'est une thématique récurrente dans l'oeuvre de Beigbeder. On comprend son émotion quand il se retrouve à quelques kilomètres de la maison de Salinger et qu'il n'ose pas frapper à la porte du maître.
Finalement, j'ai lu ce texte à travers les textes de Beigbeder. Ce qui m'a permis de faire abstraction du style très particulier, de cette utilisation de la langue répétitive, un peu argotique, un peu vieillie quand même. Ce qui m'a permis aussi de voir Salinger, enfant perdu au milieu des combats, dans l'ombre d'Holden Caulfield.
Je ne suis pas sûre que j'aurais lu Salinger. Mais il y avait un café du classique. Des bookstagrammeurs croisés ici et là, toujours de bons conseils, toujours tentée de les retrouver. C'était parti pour cette lecture commune.
En conclusion, un personnage attachant, un roman culte que je suis contente d'avoir lu, mais un peu perplexe qu'il soit encore cité dans les bibliographies pour les adolescents, un amour renouvelé pour l'oeuvre de Beigbeder mais pas de folle passion pour celle de Salinger.
Commenter  J’apprécie          80
Holden a fugué du collège. Pendant trois jours il erre de chambres d'hôtels en clubs de jazz et en halls de gare. L'attrape-coeur, ou la vision d'une société américaine à travers le regard d'un jeune garçon d'une quinzaine d'années, qui découvre le monde sans filtre, sans guide pour le prévenir et le consoler.
Il y a dans ce roman la peur du passage à l'âge adulte et aux démons qui le corrompent : les apparences, le sexe, la mort. le monde enchanté de l'enfance est condamné, Holden le sait bien : au moins se donne-t-il pour devoir de sauver ces coeurs purs de l'abîme de l'âge adulte.
Unique roman de J. D. Salinger, L'attrape-coeur a une sinistre réputation dans la littérature américaine. le motif : il corromprait la jeunesse. Voilà qui est bien paradoxal pour un livre qui rejetait avec force la corruption ... du monde adulte.
Commenter  J’apprécie          80
L'attrap coeur...n'a pas su attraper le mien...j'étais curieux de lire ce grand classique....livre censurée au US...mais la seule chose que j'ai apprécié c'est que l'on peut le transposer à notre époque et qu'il ne prend pas une ride...il peut coller à la peau des ados actuelles...je pense que c'est la que tient sa force...
Commenter  J’apprécie          80
Une lecture décevante d'une oeuvre qui a pris un gros coup de vieux. le style assez insipide n'arrange rien. Surtout, cette histoire montre à quel point la société américaine a pu être injuste.

La réussite de ce livre, et donc son succès, a été d'ouvrir les yeux de la bourgeoisie blanche américaine. Voilà qu'un gamin en échec scolaire, touchant à l'alcool et à la drogue, conte à tous son histoire, somme toute assez banale. le problème, c'est que cette histoire pourrait être celle de leurs gamins. Succès du livre suite au traumatisme.

Auparavant j'avais lu Black Boy de Richard Wright, une histoire similaire, autobiographique, mais d'une violence incomparable car à son époque, un gamin noir livré à lui-même risquait sa vie tous les jours. Une lecture tellement plus sombre et puissante que celle contant la "fuguette" de Holden.

En faisant de l'Attrape-coeur un immense succès, la société américaine révélait sa profonde iniquité, tremblant pour les petites frasques de ce gamin blanc, mais se fichant royalement de la misère, de la violence et de l'injustice des petites vies gamines comme celle de Richard Wright.

Seuls ceux qui s'intéressent à la psychologie adolescente y verront une lecture intemporelle.
Commenter  J’apprécie          76
Il a bien vieilli ce bouquin Il me semble que cette période ingrate de l'adolescence pourrait intéresser les jeunes lecteurs d'aujourd'hui
Pas grand chose sur le fond n'a changé Sauf sur l'alcool qui est plus accessible ,la drogue aussi
La fugue reste l'échappatoire le plus courant pour se faire peur ainsi qu'aux parents mais si cela permet d'ouvrir les yeux pourquoi pas mais il y a toutefois des voyages dont on ne revient pas
Bien vu pour l'époque Ce livre a fait scandale: remise en cause des parents des instituts d'éducation de la réussite professionnelle dans l'Amérique bien pensante de puritaine de l'époque Un road movie à l'échelle du weekend c'était déjà un exploit
Commenter  J’apprécie          70
Je n'ai pas spécialement accroché à ce livre. Au-delà du langage familier et oral que j'ai trouvé redondant, j'ai eu l'impression de tourner en rond! Certes, Holden Caulfield vit 3 jours de vagabondage et de quête mais finalement il se passe quoi? Ou alors je n'ai tout simplement pas été suffisamment réceptive...
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (25963) Voir plus



Quiz Voir plus

L'attrape-coeurs

Quel est le titre original ?

The Heart-catcher
The Catcher in the Rye

10 questions
464 lecteurs ont répondu
Thème : L'attrape-coeurs de J. D. SalingerCréer un quiz sur ce livre

{* *}