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En quelques pages Lydia Salvayre nous fait entrer dans une famille pour le moins dérangeante, déstabilisante car totalement inadaptée face à la maladie du fils.
La première phrase du livre qui fait également office de 4e de couverture est assez explicite : " le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère."

* Un père qui travaille beaucoup et qui ne supporte pas de voir son fils ne rien faire et rester à la maison. L'alcool et la violence sont alors parfois au rendez-vous. Il a honte, honte vis-à-vis de ses collègues, incompréhension devant ce fils et son comportement qu'il vit comme de la provocation.
* Une mère étouffante, dans le déni, qui surprotège et gave son fils.
* Une télévision omniprésente. Les informations alimentent les craintes du fils et le feuilleton "Les coeurs brisés" fascine la mère qui commente sans filtre toutes les actions. Elle insulte les conquêtes du héros de la série.
* Dans tout cela il y a le fils diagnostiqué schizophrène paranoïde qui clame haut et fort sa souffrance.
Voilà un cocktail qui ne peut passer en douceur...
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Ce récit, plus une nouvelle qu'un roman, est le portrait terrible d'une famille mise à mal par la schizophrénie du fils.
Faute de comprendre cette maladie, de l'accepter et de se faire aider, les parents sont dans le déni.
La mère pense qu'aimer son fils suffit, et son quotidien se limite à préparer les repas et regarder des séries américaines à la TV.
Le père travaille dur, reproche à son fils de rester à la maison sans rien faire, boit pour oublier et fait preuve de violence,
Et le fils exprime sa souffrance comme il peut, en mangeant, en criant,...
Jusqu'au drame final, que l'on pressent tout le long du livre !

Lydie Salvayre, psychiatre de profession, a trouvé les mots dans ce court récit pour camper une situation névrotique, insoutenable et percutante !
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Toute petite nouvelle de 38 pages, republiée le 19 août 2021, après une première version en 2002 dans le recueil « Et que les vers mangent le boeuf mort ». Cette édition Tristram est soignée avec une photographie de couverture qui m'a plu et qui correspond bien, à mon sens, à l'histoire.

L'incipit pose parfaitement le contexte : « le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère ».

Et c'est ainsi que cette famille de trois personnes, un ouvrier, une femme au foyer et un fils, jeune adulte, qui ne travaille pas, va être recluse, dans une ambiance délétère, avec en arrière fond la télévision qui diffuse une série à épisodes multiples. Cette vie est étriquée, triste, avec des liens interpersonnels qui vont se tendre jusqu'au dénouement.

J'ai apprécié le style de l'autrice ainsi que sa capacité à aborder de nombreux thèmes en si peu de pages, tout en réussissant à nous plonger dans une atmosphère particulière. Ainsi, je continuerai sans doute la découverte, peut-être par « Pas pleurer », qui a reçu le prix Goncourt en 2014.
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En quelques pages (38 au total) Lydie Salvaire pose le portrait d'une famille qui se disloque.
Le fils est atteint de schizophrénie. Les parents, mal accompagnés pour faire face à ce drame et certainement un peu ignorants, choisissent de masquer cette situation et d'éviter autant que possible que ce fils sorte à l'extérieur et se sociabilise. Il ne faudrait surtout pas que cela se sache !

La situation va très vite se cristalliser. le fils va développer une paranoïa aigue et se laisse vivre et servir, le père excédé de voir son fils de plus en plus fainéant développe colère et aigreur.
La mère ne sait plus gérer son fils mais ne pose aucune limite. Celui-ci en profite consciemment ou non d'ailleurs car le monde dans lequel il s'enferme n'est plus celui de la réalité, mais un monde fait de théories du complot et imaginaires menaçants. La mère se demande tout de même s'ils n'ont pas commis une erreur. le fils commence à lui faire peur.
Jusqu'au drame.

Lydie Salvaire dresse le portrait de l'ignorance, du besoin de paraître, et de la manipulation de la société de consommation.
Récit très efficace, les personnages sont acérés, et la descente de la médiocrité au drame est inéluctable.




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En ce moment, je fais dans la courtitude des écrits. Plus cela va, moins cela va (je parle du nombre de pages et de l'ambiance globale de l'histoire). Famille s'installe dans le dark social : c'est pas gai du tout, c'est super réaliste, c'est même tellement réaliste qu'on se dit que cela peut exister (que cela a peut-être déjà eu lieu). En tout cas, Famille représente encore une prouesse de Lydie Salvayre d'appuyer là où cela fait mal, d'incarner des personnages à la Zola versus les frères Dardenne.

Dans ce court livre (moins de quarante pages), on déroule le tissu familial maltraitant (maltraitant par faute de soins, maltraitant car la violence verbale y est constante) d'un jeune homme de vingt-quatre ans diagnostiqué schizophrène. Chacun des parents est dans le déni complet de la gravité de la situation : le père, ouvrier, reproche à son fils de glander toute la journée ; la mère obnubilée par les chassés-croisés amoureux du héros de sa série préférée et par le rythme des repas se fait un plaisir de dresser le fils contre son père, entretenant constamment avec son rejeton une relation de chantage affectif. Résultat : on voit l'état psychique du jeune se dégrader en même temps que l'ambiance familiale. 
La forme épouse le discours : Lydie Salvayre dynamise son récit avec le phrasé écorché, le parler vrai de ses créatures. Elle y raconte la misère affective, la difficulté sociétale à accompagner et à suivre les personnes  psychotiques et les conséquences dramatiques que cela génère chez ces personnes, leur environnement et plus globalement pour tout le monde. le trait est forcé, les personnages parentaux un brin caricaturaux et excessifs, le ton est foncièrement inquiétant mais juste.
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Pas besoin de plus pour décrire une situation qui dérape.

Avec un grand talent Lydie Salvayre expose le drame avec une parfaite économie de moyen. Un fils schizophrène paranoïaque hurlant sa détresse à une mère obstinément aveugle et un père dépassé. Une descente aux enfers
Lien : https://www.noid.ch/famille/
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« Famille », Lydie Salvayre (Tristram, 35p)
Une petite nouvelle, dont le titre donne envie de poursuivre en citant Gide : « famille je vous hais », d'autant que c'est exactement de ça dont il s'agit. Il y a le père qui rentre exténué de son travail de manoeuvre, adepte de la bouteille. Il y a la mère, pathogène, scotchée l'après-midi et plus encore devant la télé. Et il y a le fils, schizophrène, au langage délirant, paranoïaque, qui croit que le vaccin contre la Covid sert à implanter une puce dans le corps pour diriger le cerveau. Une relation d'amour-haine aux relents incestueux lie la mère au fils, et de violence larvée le père au fils, et vas-y pour les neuroleptiques à fortes doses. Alors bien sûr, c'est chronique d'un drame annoncé. Lydie Salvayre, ex-psychiatre, sait de quoi elle parle, et elle l'écrit avec sa plume alerte et décomplexée. Une nouvelle qui s'avale cul-sec, comme un rhum bien râpeux.
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Plus que d'un livre, on peut parler d'une nouvelle, d'ailleurs extraite d'un recueil datant de 2002.

C'est un portrait de famille, une famille qui découvre la schizophrénie du fils unique et qui choisit de se renfermer sur elle-même, de cacher. C'est un portrait de la médiocrité, des ravages de la société de consommation, du capitalisme et du patriarcat, un père qui trime toute la journée, qui boit pour oublier, qui est violent, verbalement et parfois physiquement, qui boit pour endormir sa souffrance. Une mère sourde à tout, qui ne vit que pour regarder sa précieuse télévision, sa série, qui écoute à peine son fils dont les troubles sont profonds et qui hurle sa souffrance mais, chut, il ne faudrait pas que les voisins se rendent compte qu'il y a un problème. Nous sommes des gens biens, impossible de laisser croire à autre chose. Une mère qui se croit bien-traitante parce qu'elle aime son fils. Et, parce qu'elle aime son fils, elle lui donne à manger. Elle veut le garder près d'elle. Indifférente à ses besoins réels, à sa prise de poids massive, à ses pensées suicidaires.

Et le fils donc, en rupture avec la façon de vivre de ses parents, qui glisse de plus en plus profondément dans la maladie, rejeté et insulté par son père, couvé et gavé par une mère qui n'écoute pas vraiment.

Evidemment à la fin, c'est le drame.

La narration est captivante et percutante. La critique, cinglante. J'ai bien aimé cette première approche avec Lydie Salvayre.
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Assia.B

"Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille, dit la mère."
38 pages de réalisme, de psychologie, de vérité sociale et familiale.
Une histoire courte mais captivante et percutante avec une critique sanglante de notre société.
Lydie Salvayre met à nu les difficultés qui entourent certaines pathologies comme la schizophrénie, lesquelles affectent le patient et son entourage au quotidien. Parfois, ces derniers font chaque jour face à la honte. En plus d'être mal vus et délaissés par la société, ils sont aussi le secret honteux de leur famille.
Salvayre nous entraîne dans l'enfer, la honte et la relation triangulaire toxique et destructrice qui réside entre les membres d'une famille.
Si vous avez envie de comprendre les complexes liens père-mère-fils - aussi fils-mère-père ou mère-père-fils -, qui sont ceux de toute famille mais poussés à l'extrême, je vous le conseille, vous serez étonnés de voir à quel point tout est lié. Et comme on s'y reconnaît !
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« All you need is love » (Tout ce dont vous avez besoin, c'est d'amour) ? Non. Ah, elle l'aime, sa mère, le fils unique, le fils chéri, le bébé mal grandi, le fiston diagnostiqué schizophrène, qu'elle veut garder et cacher dans son giron ! « nul gouffre, nulle cordillère, nul péage, sans parler des crottes de chiens, rognures, ordures et autres menus obstacles, un mari par exemple (…) rien en ce monde ne peut freiner la percée en avant d'une maman, genoux en sang, vers son enfant chéri. » le mari, lui, voudrait bien que son fils, en âge de travailler, s'échine comme il le fait à l'extérieur, dans la vraie vie. le fils n'est que souffrance. Cela finira évidemment très mal pour tout le monde. Heureusement qu'il y aura Pompon, le caniche, pour consoler la mère !
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