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sur 166 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Anas, professeur de français à Amboise, est atteint d'un cancer.
Il choisit de vivre sa maladie loin des obligations sociales, loin d'un lieu où il est connu.
Il quitte sa compagne et se retire dans un village du sud où, croit-il , tout va être paisible et beau.
Il doit déchanter lorsqu'il pénètre pour la première fois dans le bar du village. Les clients, des habitués du village, se murent dans le silence et lui aussi.
Une rumeur va s'amplifier parmi les clients. Pour eux, Anas sera tour à tour chômeur, trafiquant de drogue, prédateur sexuel, musulman...Particulièrement étroits d'esprit comme ces votants des partis extrémistes de droite peuvent l'être !
Anas arrivera quand même à sortir de sa solitude en la compagnie de Mîna et Augustin.
Lydie Salvaire se projette dans son personnage car elle a elle-même été victime d'un cancer en 2014 après son prix Goncourt. Son personnage est comme elle issu de l'arrivée des Espagnols en 1939 mais par ses grands-parents.
Le roman s'exprime en deux points de vue.
En italique, la parole est donnée à Anas dans une écriture très raffinée. Lydie Salvaire utilise beaucoup le subjonctif imparfait, un peu trop précieux. L'état d'esprit d'une personne gravement malade est merveilleusement exprimé.
De l'autre côté, en écriture normale, la voix est donnée de façon très caricaturale, j'ose l'espérer, aux clients et au patron du bar.
C'est un récit dont je suis sortie mal à l'aise et j'ai compris pourquoi. Je voulais que les choses s'arrangent, je voulais changer le cours du livre, ramener les gens à la raison et Anas à un peu plus de communication.
De quoi je me mêle quand on y pense bien.
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Anas est atteint d'un cancer . Prof de français , il décide de tout quitter et de vivre dans le sud . Mais très vite , l'hostilité de la population locale va ruiner ses désirs d'intégration.

Très bon sujet , très belle écriture mais que de poncifs ! Alors oui, des bistrots comme celui du roman , où l'étranger n'est que sujet de haine, comme les intellos et les homos d'ailleurs , ça doit exister. Des racistes , ou plutôt des bas du front, ça existe. La haine permet de cacher des fêlures, un mal conjugal par exemple et souvent les mots, même ignobles , ne sont que des mots.
ici , la structure du roman , alternant entre le journal d'Anas et les discussions du café rendent le procédé trop redondant et finalement un peu lassant.
Il y avait sans doute moyen de faire passer le même message sans grossir le trait à outrance; parce que finalement, à exagérer, on discrédite finalement le propos.
Pourtant, le raciste au quotidien , celui des mots, des regards et du non respect est un thème qui a malheureusement de baux jours devant lui.
Cela n'enlève pas le plaisir de lecture ni le bon sujet.
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Ceci est une fable.
Anas, professeur de Français friand du subjonctif imparfait, emménage dans un village de Provence pour soigner son cancer. Mais avec son teint bis et ses cheveux noirs, ce petit-fils de réfugiés républicains espagnols est aussitôt rejeté par le patron et les clients du café où il a eu le malheur d'entrer. Peu à peu, en raison de sa gueule de métèque, tout le village se met à fantasmer sur tous les crimes dont il est soupçonné.

Ce court récit alterne les points de vue : celui d'Anas, qui peine à comprendre ce qui lui arrive, et celui des piliers de bar, qui ne se sentent plus chez eux en France. Même si les remarques bas du front de ces derniers peuvent prêter à rire, je me suis un peu ennuyée en y retrouvant les propos de nombre de mes voisins (j'habite une ville de fafs). Reste donc l'analyse, par Anas, de cette situation qui le dépasse, et où Lydie Salvayre décortique le processus d'ignorance et de peur qui rejette toute idée d'altérité et conduit à la haine. Et ça, c'est bien très bien amené : en procédant par touches, l'auteur ne juge pas et n'impose rien, mais elle démontre comment que le populisme est devenu tolérable et respectable.

Partageant les convictions de Lydie Salvayre, j'ai apprécié cette lecture mais sans en retirer grand-chose de neuf. C'est toutefois avec plaisir que j'ai retrouvé son humour subtil, et surtout son écriture si particulière, où l'on sent combien elle s'amuse avec le vocabulaire, la grammaire, et la conjugaison ; la lire est un régal de littéraire.
Même si ce livre reste en-deça de ses autres romans, il a néanmoins l'audace d'aborder avec une fausse légèreté un sujet grave. Et c'est quand même estimable.
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Anas, jeune professeur de trente ans est atteint d'un cancer. Il décide de tout quitter et d'aller s'installer dans un village du sud.
Mais tout ne se passe pas comme prévu. Les habitants sont méfiants avec les nouveaux venus et particulièrement le patron de Café des sports et ses habitués.
Quelle atmosphère lourde et oppressante !
On se demande comment Anas a tenu plus de huit mois dans ce climat d'hostilité.
Et pourtant, on n'est pas loin de la vérité. La peur de la différence et de l'étranger. Sujet d'actualité. !
J'en sais quelque chose. Habitant un paisible village d'une centaine de votants, à chaque élection, le FN l'emporte à 80%
Et au café des sports, tous les clichés entendus fréquemment sont pain quotidien.
De vraies brèves de comptoir. Il est féroce le patron. n'a peur de rien.
Et parallèlement, écrits en italique, les sentiments et les pensées d'Anas, qui ne comprend rien à ce qui lui arrive, qui fait tous les efforts, qui commence à avoir peur.
. Lydie Salvayre dénonce dans ce livre un tragique problème, le racisme ordinaire, basique irréfreiné, sous latent et pernicieux, sujet de temps de problèmes et de conflits.
Et c'est bien de le faire.
Mais à la lecture, c'était vraiment difficile à supporter et j'ai été vraiment contente d'avoir fini.
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Lydie Salvayre est une femme en colère. 2017, Trump est élu, le Pen n'en finit pas de grimper, Weinstein est sur toutes les lèvres et cette image est franchement dégueulasse. J'imagine l'auteure tentant d'exorciser son dégoût, vidant sur son clavier tout son ressentiment, elle, dont la trajectoire a nourri le rejet viscéral de toutes les formes d'exclusion… D'où ce brûlot…
2023, la menace Trump est de plus en plus forte et, dans notre douce Rance, plus rien désormais ne semble capable d'endiguer le cauchemar électoral en préparation, l'opinion se déchire au sujet d'une pathétique vedette déchue. Lydie Salvayre avait vu juste ?
Comme Lydie Salvayre, je suis en colère… Je vis dans un village qui ressemble beaucoup à celui du livre, proche d'une ville qui ne s'appelle pas Barogne mais Lodève. Dans ce village, il n'y a même plus de Café des sports. Les électeurs bas du front et babas du Front (enfin du Ressemblement National), par contre, se ramassent à la pelle… Je ne les ai pas reconnus dans « Tout homme est une nuit ». Enfin, pas tout à fait ! Je ne leur trouve aucune excuse, qu'on se comprenne bien… La bêtise n'est pas une fatalité, ça se soigne même si parfois le traitement est lourd. L'analogie, dans le roman, entre le crabe et le cancer social, est plutôt bien sentie… Que dois-je faire quand je croise ces personnes qui se figurent que tout est la faute des « étrangers » ? Tenter de les instruire, fort de mon passé d'instituteur plutôt apprécié ? Les ignorer ? Les engueuler, un peu à la manière de Lydie Salvaire ?
« Tout homme est une nuit » est un coup de gueule, bien écrit, bien construit… Enfin, juste avant la chute… Comme si Lydie Salvaire, après avoir renversé la table, s'efforçait, maladroitement, de redresser quelques chaises. Tant qu'à faire, il valait mieux claquer la porte.
Oui, nos campagnes sont devenues massivement électrices de l'extrême droite. S'il n'y avait qu'elles ! Mais n'évoquons pas ces quartiers riches qui eux aussi s'extrémisent, parlons de nos campagnes ! Je n'ai pas lu dans ce livre, ces femmes qui elles aussi engraissent la bête immonde, je n'ai pas assez lu ceux qui résistent, porteurs de valeurs qui font encore espérer en une humanité meilleure. Je n'ai pas lu les services publics qui ferment, les vieux qui s'en vont, le chômage, l'essence 20% plus chère qu'ailleurs, les chaînes d'infos qui entretiennent la peur, la virulence à l'encontre des chasseurs, des agriculteurs. La description de ces beaufs machistes, alcooliques et racistes a pris trop d'importance et a radicalisé le propos. Dès lors, on adhère ou on rejette ! Lydie Salvaire sait parfaitement que le sentiment de déclassement est le principal vecteur du succès de cette idéologie, qui paradoxalement, est défendue par une grande bourgeoise. Dans son château, elle considère sans doute les ruraux comme un ramassis de pèquenauds. Ce constat d'un monde rural déprécié n'exonère en rien la responsabilité individuelle de ces citoyens qui votent sans mesurer ce que l'extrême-droite peut représenter comme danger : l'aggravation de la situation économique et surtout la fin définitive du vivre ensemble. En tombant ainsi dans une forme de manichéisme, le livre perd en efficacité.
Je partage l'angoisse de Lydie Salvaire mais je n'ai pas reconnu dans ce livre « ma » campagne. En stratégie militaire comme en littérature l'art de la guerre réside peut-être à éviter le choc frontal mais à favoriser une approche indirecte.
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La maladie se pointe comme une invitée surprise, elle distille dans son coeur un poison qui le rend insupportable à tous ses proches. Il décide de partir pour éloigner cette maladie et Lucile son ancien amour. Il part vivre en Provence avec l'espoir de se faire une place dans le village, mais Anas a le teint et la chevelure sombre, c'est pas qu'on soit raciste par ici, mais on se méfie des étrangers. Seule Mina la serveuse, qui a le coeur aussi généreux que sa poitrine, semble vouloir lui parler.

Ils s'appellent Emile, Dédé, Etienne et Marcelin ils sont les piliers de bar du café des sports, à coup de petit rosé ou de pastis en surdose, ils refont le monde et épient les faits et gestes de l'étranger, une sorte d'inquisition basée sur la peur et surtout la bêtise. Une conversation alimentée par les images de la télévision de migrants qui débarquent pour envahir le sol national, des oiseaux de malheur comme Anas. Pauvre France, vivement qu'elle soit gouvernée !

L'auteur fait ressurgir toutes ces choses torves embusquées tout au fond du coeur, et un jour on crache, on se vide dans un dernier sursaut, on devient abominable, car tout homme est une nuit, faut que ça cogne, faut que ça saigne, du moins en paroles. Et pourquoi ne pas organiser une chasse à l'homme comme une battue au sanglier ! Une battue à l'homme étranger à titre préventif.

Lydie Savayre nous interroge, pourquoi le fanatisme, la violence verbale et parfois physique fascinent autant les plus faibles. Chronique d'une France profonde qui petit à petit exclue les pas–pareils, les pas-conformes, les pas-de-chez-nous, mais le rejet attire les malheurs dont on cherche précisément à se prémunir, les conflits, les guerres naissent de ces infections.

Bien sûr cette description d'une France qui rejette l'autre peut sembler outrancière, cette recherche par des villageois d'un bouc émissaire qui doit payer pour tout ce qui fait leur triste vie semble exagérée, mais ne doit-on pas forcer le trait pour faire toucher du doigt que la bête immonde ne demande qu'à se réveiller et qu'il faut être vigilant. L'auteur n'hésite pas à utiliser un langage cru pour rendre son récit encore plus réel. Un roman , car c'est bien d'un roman qu'il s'agit, qui nous interroge,une fois sa lecture terminée.

Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Au début, pendant bien des pages, j'ai trouvé le tableau caricatural.
Mais le livre a pris de l'épaisseur et du contenu peu à peu. J'ai réalisé alors comment, jour après jour, sur une mauvaise pente, un pays pouvait verser dans le rejet systématique de l'autre, se donner à une forme de racisme.
Quant au coup de théâtre final, j'avoue que je n'y crois pas.
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Anas, jeune professeur de Lettres, est atteint d'une tumeur au cerveau. Après plusieurs mois de traitements, il décide d'aller passer sa convalescence dans un petit village de Provence.

Dans ce roman, l'auteur fait alterner le récit d'Anas qui se retrouve confronté aux préjugés des habitants du village dans lequel il pensait trouver un refuge et celui des villageois qui ne voient pas d'un bon oeil l'arrivée de cet étranger.

C'est l'histoire d'un racisme ordinaire. La peur de l'autre, le repli sur soi et la projection des pires fantasmes. Un thème très actuel.

Cependant, j'ai été gênée par l'écriture des pages relatant le point de vue des villageois. J'ai toujours beaucoup de mal avec « l'écrit-parlé » et là, le concept est poussé assez loin et, je trouve, dessert finalement le propos en proposant une vision caricaturale des habitants du village, chasseurs, piliers de bar et grossiers. le seul « local » à tendre la main à Anas se trouvant évidemment être celui parti faire des études de Lettres en dehors du village, lui même rejeté par ses condisciples et son propre père pour montrer un peu trop de raffinement.

Une déception pour moi que ce roman que j'ai été contente d'achever.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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Répétitif: un adjectif qui qualifie bien ce roman qui dénonce le racisme imbécile.
L'auteure nous livre ses 250 pages d'une traite, mais en alternant deux versions du même récit, non par chapitre, mais à l'intérieur même du texte
le personnage central, dont on connaît à peine le prénom, parle à la première personne pour nous décrire ses états d'âme. Se croyant atteint d'un cancer incurable, il quitte tout pour finir sa vie seul dans un petit village du sud.
Mais au "Café des sports", les habitués aigris par la fermeture de leur ancienne entreprise, voient d'un mauvais oeil cet "étranger" qui a le type arabe: pas de chance pour lui! Les discussions s'y succèdent, toujours reproduites sous la même forme faite de courtes phrases énonçant les clichés les plus éculés contre les étrangers, les riches, les politiciens: un véritable feu d'artifices de propos haineux. Mais au fil des pages ces propos, toujours les mêmes, finissent par tourner à la caricature.
Face à cette hostilité, notre "héros" essaye de se rendre invisible, se pose des questions sur lui-même et sur ses "ennemis". Car l'auteure tente de comprendre -sans justifier- le comportement inadmissible de ces piliers de comptoir.
Lydie Salvayre écrit facilement, mais son style double est finalement peu varié: des répliques très courtes pour les propos du Café des Sports, et de longues phrases trop souvent interrogatives quand elle donne la parole à son personnage central. Et pourquoi fait-elle parler ce dernier au passé, d'où de très nombreux subjonctifs imparfaits, ce qui ne rend pas le propos très chaleureux!
J'espérais mieux de ce roman à priori prometteur.
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J'en attendais beaucoup (trop ?) mais j'ai été déçu.
Rien à dire sur le style, ni sur le sujet qui m'attirait grandement.
Nous mettre devant nos peurs et notre ignorance devant l'Autre
Mais je n'ai pas été touché par le livre qui, à mon goût, comporte trop de clichés et un certain nombre de personnages qui frôlent la caricature.
Et le revirement d'un des personnages m'a encore plus irrité ...
Certains ont visiblement encore été plus extrêmes dans leur jugement négatif (outrancier, sans respect pour les petites gens, ....) et je n'irai pas jusque là. mais une déception, tout de même, incontestablement


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