Après avoir tourné la dernière page de ce livre, je l'ai jeté au loin et j'ai repris le maquis.
En cela, j'ai suivi les conseils de son autrice,
Lydie Salvayre.
Cet "
irréfutable essai de successologie" est paru en janvier 2023 aux éditions du "Seuil".
Mais qu'est-ce donc que la "successologie" ?
On connaîssait la "potachologie" inventée dans les années 60 par les deux scientifiques - ô combien vulgarisateurs ! - qu'étaient
Cabu et Goscinny.
Mais in fine que peut-il bien se cacher derrière le terme de "successologie" ?
C'est une science nouvelle, sur laquelle
Jean-Paul va s'appuyer pour tendre du jarret, pour pousser du coude, pour relever la tête, bref, pour devenir quelqu'un.
L'expérience semble avoir démontré, qu'après avoir été imprégné suffisamment de "successologie",
Jean-Paul, dont personne n'avait jamais entendu parler auparavant, est devenu l'homme providentiel, celui que la bonne fortune et le talent ont daigné montrer du doigt.
Que Dieu me savonne et que
Jacques Higelin me pardonne !
Mais si vous voulez être prêts pour 2023, il va falloir être en place.
Finis les à-peu-près !
On a été trop cool, trop libéral, trop laxique ...
Hold tight ! Hold tight ! Hold tight !
Lidye Salvayre est une exploratrice de la socio, une aventurière des grandes et mornes plaines du comportement de ses contemporains.
Comment se faire un nom, et le faire briller aux mille feux de la réussite ?
Comment émerger de la masse, et s'arracher de son insignifiance ?
Tout un programme !
Ce serait le plus vieux rêve du monde.
Mais de quel monde ?
Celui que décrit Lidye Salvayre existe-t-il ailleurs que derrière l'écran de la télévision ?
C'est celui que l'on y entrevoit les soirs de désespoir où, faute de n'avoir plus rien à lire, on va jusqu'à se faire les dernières étiquettes du frigidaire, le manuel de montage du dernier meuble entré dans la maison.
Les portraits brossés, dans cet "
irréfutable essai de successologie", le sont à grands coups de palette.
La caricature est dressée en effigie.
Il y a tir groupé sur quelques ambulances attardées d'un monde vain qui ne sait même pas qu'il n'existe plus.
Et, ce livre que j'avais attrapé pour rire, ou tout au moins pour sourire, a des accents d'aigreur qui évoquent des règlements de compte et des mises à mort trop faciles.
Est-il vraiment charitable de se moquer à ce point de l'inculture lorsqu'elle est érigée en spectacle ?
L'influenceuse, les types d'écrivains, les critiques littéraire, et cetera et cætera ...
Et puis, quel drôle de rapport que celui que Mme Salvayre entend entretenir ici avec ses lecteurs qui sont alternativement, et peut-être dans le désordre, hélés comme ses agneaux, ses candides, ses bichons, ses taurillons et même par quelques autres affectueux petits noms d'oiseaux.
Mme Salvayre, la lectrice sexagénaire de Cauvigny-sur-Orge ne vous remercie pas !
Le karcher est-il soluble dans la citation ?
N'est-il pas un peu naïf de ne découvrir le "réseautage" qu'en 50ème page ?
Autant de questions que me pose et de réflexions que m'impose cet "
irréfutable essai de successologie" qui, pour n'être peut-être pas aussi irréfutable que ça, n'en est pas moins un moment de lecture aussi agaçant que son époque, aussi bien écrit qu'inévitable dans cette même époque.
Le code-barre a ses raisons que la raison ignore !
Au final, ce livre dégage une vision de la littérature qui n'est pas la mienne et d'un monde qui m'est étranger.
Je l'ai lu entre sourire et grimace, étonnement et incrédulité.
Ce qui n'est déjà pas si mal, convenons-en mes lapereaux.
Du reste, when I come home late at night
I get my favorite dish, fish !
C'est vous dire ...