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3,71

sur 386 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est donc le premier roman de George Sand que je lis et c'est une belle surprise. J'ai beaucoup aimé cette histoire qui fait intervenir une belle jeune femme, Indiana mariée à un homme âgé et bougon qu'elle n'aime pas et auprès duquel elle se morfond, rêvant qu'un beau jeune viendra un jour… elle est très romantique, s'ennuie à la campagne.

Elle obéit à son époux qu'elle a épousé par devoir et la souffrance morale liée à ce statut engendre une somatisation, avec une santé fragile, des malaises fréquents, Indiana s'étiole comme la « dame au camélia » mais sans vraie maladie. Cependant, elle peut être capable de s'opposer à son mari en faisant de la résistance passive.

Face à elle, on trouve trois hommes : son mari le colonel Delmare, officier autoritaire, régnant en maître, de prime abord fort peu sympathique, coléreux, s'emportant très vite et terriblement jaloux, mais qu'on voit évoluer tout au long du roman. L'auteur en parle ainsi: « ... se prit à marcher pesamment dans toute la longueur du salon, sans perdre un instant la roideur convenable à tous les mouvements d'un ancien militaire, s'appuyant sur les reins et se tournant tout d'une pièce, avec ce contentement perpétuel de soi-même qui caractérise l'homme de parade et l'officier modèle. »

Dans le rôle du prince charmant qui est loin d'en être un, on trouve Raymon de Ramière, intéressé uniquement par son rang social, incapable de prendre la moindre décision sans avoir l'avis de sa mère. Ce qui lui importe, c'est de séduire, tout d'abord Noum, la femme de chambre qu'il va conduire au suicide sans aucun regret, ni émotion.

Ensuite son regard se tourne vers Indiana à laquelle il va faire la cour de façon éhontée, dans le seul but de la conquérir, lui promettant monts et merveilles. « Il avait cette aisance que donne une certaine expérience du coeur ; c'est la violence de nos désirs, la précipitation de notre amour qui nous rend stupides auprès des femmes. L'homme qui a un peu usé ses émotions est plus pressé de plaire que d'aimer. »

le troisième homme est Ralf, cousin d'Indiana, un peu plus âgé qu'elle. Il a pris soin d'elle lorsqu'ils étaient enfants et continue de la protéger. Il est médecin et veille sur le couple. Il se retranche dans une attitude froide, indifférente pour qu'on ne puisse pas se rendre compte de ses vrais sentiments. Cet homme solitaire et froid révèle au fil du roman ses vraies qualités. « étranger dans la vie, qui passait mélancolique et nonchalant, n'ayant pas même ce sentiment exalté de son infortune qui fait trouver du charme dans la douleur. »

La mère de Raymon est un personnage intéressant. Femme du monde, elle protège son fils, lui sauve la mise ; indulgente, elle n'en est pas moins lucide sur la valeur morale de son rejeton. « C'était une de ces femmes qui ont traversé des époques si différentes, que leur esprit a pris toute la souplesse de leur destinée, qui se sont enrichies de l'expérience du malheur, qui ont échappé aux échafauds de 93, aux vices du Directoire, aux vanités de l'Empire, aux rancunes de la Restauration ; femmes rares, et dont l'espèce se perd. »

Un autre personnage tient un rôle important, l'île Bourbon, dont sont originaires Indiana et Ralf, et où les époux se sont connus. Les passages consacrés aux paysages et à la vie sur cette île et son histoire sont fabuleux.

L'histoire rappelle un peu celle de « Loin de la foule déchaînée » mais elle est, selon moi, plus élaborée, et on ressent le combat politique de George Sand. Elle décrit très bien la société de l'époque, la place qu'y tenaient les femmes; sans complaisance, féministe dirait-on de nos jours, elle n'a pas la langue dans sa poche et dénonce les préjugés, les convenances, l'éducation « La société ne condamne que les actes qui lui sont nuisibles ; la vie privée n'est pas de son ressort. »

J'ai mis longtemps avant d'ouvrir un livre de George Sand, rebutée par une édition ancienne, à la couverture sinistre de « La mare au diable » qui appartenait à mon père, donc feuilletée et vite reposée… Mais, « challenge 19e siècle » oblige, j'ai découvert un roman que je ne connaissais pas et cela valait la peine…

Ce roman m'a beaucoup plu et j'ai apprécié l'écriture de l'auteur. Je regrette d'avoir attendu si longtemps, donc, je continuerai à explorer son oeuvre

Note : 9,4/10 challenge 19e siècle
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Indiana est un roman de George Sand paru le 19 mai 1832. le premier roman publié sous son pseudonyme de George Sand. Il marque le début de la carrière littéraire de la géniale berrichonne de Nohant.
L'intrigue en est simple. Simpliste pourrait-on oser dire.
Indiana une jeune fille de 19 ans dont les parents ont vécu sur l'île Bourbon (la Réunion maintenant) a épousé le Colonel Delmare, « vieille bravoure en demi-solde, homme jadis beau, maintenant épais, au front chauve, à la moustache grise, à l'oeil terrible ».
Indiana écrit George Sand est « (…) toute fluette, toute pâle, toute triste, le coude appuyé sur son genou, elle toute jeune, au milieu de ce vieux ménage, à côté de ce vieux mari, semblable à une fleur née d'hier qu'on fait éclore dans un vase gothique, vous eussiez plaint la femme du colonel Delmare, et peut-être le colonel plus encore que sa femme. »
De cette île elle est revenue accompagnée des personnes qui font vivre ses souvenirs :
Son cousin Ralph « ma chère cousine, en te portant bien, en reprenant ta gaieté, ta fraîcheur, ta vivacité d'autrefois ; rappelle-toi l'île Bourbon et notre délicieuse retraite de Bernica, et notre enfance si joyeuse et notre amitié aussi vieille que toi... » ;
Sa servante Noun « Noun était la soeur de lait de Mme Delmare ; ces deux jeunes personnes, élevées ensemble, s'aimaient tendrement. Noun, grande, forte, brillante de santé, vive, alerte, et pleine de sang créole ardent et passionné, effaçait de beaucoup, par sa beauté resplendissante, la beauté pâle et frêle de Mme Delmare ; mais la bonté de leur coeur et la force de leur attachement étouffaient entre elles tout sentiment de rivalité féminine. » ;
Elle en est revenue avec une sensibilité à fleur de peau « (…) je ne sais quelle catastrophe se prépare autour de nous. Il y a ici un danger qui pèse sur quelqu'un... sur moi, sans doute... mais... tenez, Ralph, je me sens émue comme à l'approche d'une grande phase de ma destinée... J'ai peur, ajouta-t-elle en frissonnant, je me sens mal. »
Le drame que pressent Indiana Delmare se nomme Raymon de Ramière, « M. de Ramière n'était pourtant ni un fat ni un libertin. Nous avons dit qu'il avait de l'esprit, c'est-à-dire qu'il appréciait à leur juste valeur les avantages de la naissance. C'était un homme à principes quand il raisonnait avec lui-même ; mais de fougueuses passions l'entraînaient souvent hors de ses systèmes. »
Il s'amourache de Noun « M. de Ramière était amoureux de la jeune créole aux grands yeux noirs qui avait frappé d'admiration toute la province à la fête de Rubelles ; mais amoureux et rien de plus. », mais très vite, s'intéresse à la maitresse Indiana « Que voulez-vous ! Raymon était un homme de moeurs élégantes, de vie recherchée, d'amour poétique. Pour lui une grisette n'était pas une femme, » l'occasion lui en est donné lors d'un bal à Paris « En parlant, Raymon tenait la main de Mme Delmare, prêt à se mêler avec elle dans la contredanse. Il pressa doucement cette main dans les siennes, et tout le sang de la jeune femme reflua vers son coeur. »
Voilà l'essentiel de l'intrigue et des personnages. Bof me direz-vous. Mais non, pas Bof ! J'ai terminé la lecture d'Indiana il y a quelques jours, après une lecture ancienne de près de 40 années qui m'a laissé très peu de souvenirs.
Le personnage d'Indiana est présenté sans concession. La jeune femme voit plus loin que le vieux mari qu'on lui a imposé, elle est prête à sombrer pour cela, à se ruer sur le danger, à se renier. Ce qu'elle fera. : « Elle avait compris sous les charmilles taillées du Lagny que la pensée même devait avoir là plus d'entraves que sous les palmistes sauvages de l'île Bourbon ; et, lorsqu'elle se surprenait à dire encore par l'habitude : « Un jour viendra... un homme viendra... », elle refoulait ce voeu téméraire au fond de son âme, et se disait : « Il faudra donc mourir ! » »
Raymon lui, est un homme, il ne se soucie que de son bien-être. Ses états d'âme ne sont que les expressions variables et parfois Ô combien hypocrites de cet objectif :
« Il avait aimé Noun avec les sens ; il aimait Mme Delmare de toute son âme. Il n'avait menti jusque-là ni à l'une ni à l'autre. Il s'agissait de ne pas commencer à mentir, et Raymon se sentait également incapable d'abuser la pauvre Noun et de lui porter le coup du désespoir. Il fallait choisir entre une lâcheté et une barbarie. Raymon était bien malheureux. Il arriva à la porte du parc du Lagny sans avoir rien décidé. »
Vis-à-vis de Noun, qui porte son enfant, il atteint les sommets de l'abjection :
« Alors, faisant usage de toutes les ressources de langage et d'esprit que la nature lui avait données, il lui fit comprendre que ce n'était pas à elle, mais à l'enfant dont elle allait être mère, qu'il voulait offrir ses secours.
– C'est mon devoir, lui dit-il ; c'est à titre d'héritage pour lui que je vous les transmets, et vous seriez coupable envers lui si une fausse délicatesse vous les faisait repousser.
Noun se calma, elle s'essuya les yeux. »
Mais ces sommets seront dépassés lorsque, pour son confort il admet « (…) qu'avec de l'adresse il pouvait encore tromper ces deux femmes à la fois. » et encore plus, « Il pouvait, en se donnant un peu de peine, exercer sur son Indiana un ascendant illimité ; il se sentait assez d'adresse et de rouerie dans l'esprit pour faire de cette femme ardente et sublime une maîtresse soumise et dévouée. Il pouvait la soustraire au courroux de l'opinion, la cacher derrière le mur impénétrable de sa vie privée, la garder comme un trésor au fond de sa retraite, et l'employer a répandre sur ses instants de solitude et de recueillement le bonheur d'une affection pure et généreuse. » et plus encore « Il ne s'agissait plus pour lui que de profiter des derniers moments d'exaltation de Mme Delmare, et de laisser ensuite à son destin bénévole le soin de le débarrasser de ses pleurs et de ses reproches. »
En lisant ces phrases, on se dit, Indiana est perdue. On pense à Emma Bovary. Mais non. Mille fois non. Indiana n'est pas Emma Bovary. Elle sombre, songe au suicide, mais renonce et considère sa situation avec froideur : « L'intérieur de Mme Delmare était cependant devenu plus paisible. Avec les faux amis avaient disparu beaucoup des difficultés qui, sous la main féconde de ces officieux médiateurs, s'envenimaient jadis de toute la chaleur de leur zèle. »
Les différences entre Indiana Delmare et Emma Bovary sont nombreuses. Peut-être parce que Flaubert est un homme et George Sand une femme puisant dans sa propre expérience les traits de caractère contradictoires de son personnage.
Et, en comparant les deux histoires, on se dit que la cause des femmes n'est jamais mieux défendue que par une femme.
Même si, poussant très loin l'analyse de la société de son époque, George Sand nous met en garde contre notre admiration de son personnage
« Voilà ce que je vous répondrais si vous me disiez qu'Indiana est un caractère d'exception, et que la femme ordinaire n'a, dans la résistance conjugale, ni cette stoïque froideur ni cette patience désespérante.
Je vous dirais de regarder le revers de la médaille, et de voir la misérable faiblesse, l'inepte aveuglement dont elle fait preuve avec Raymon. »
Pour ceux que ça intéresse, j'ai concocté un quiz sur ce roman à découvrir absolument : https://www.babelio.com/quiz/28203/Indiana




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Le premier roman féministe, véritable pamphlet contre le mariage, qui lança la carrière de George Sand en 1832 !

Mariée à un vieux colonel antipathique et autoritaire, Indiana, âgée de 19 ans, se laisse courtiser par un jeune homme, Raymon de la Ramière, qui n'est qu'un séducteur opportuniste.

Tout la disposait à être sauvée par l'amour. Indiana se trouve prise dans les turpitudes de la passion : le désir du jeune homme se révèle bientôt d'un appétit plus redoutable encore que la brutalité du mari repu. Oppressée par son mariage, Indiana cherche un peu de liberté dans une aventure : celle-ci achèvera de l'opprimer...

"Indiana" est un récit romanesque engagé dénonçant la condition des femmes au 19 siècle, rendues esclaves par une société patriarcale conservatrice et hypocrite.

Ce qui fait toute la modernité de ce roman classique, c'est que, contrairement à de nombreuses héroïnes romanesques, Indiana n'est pas sauvée par l'amour : elle ne doit son salut et sa liberté qu'à son courage.

Ce récit féministe divisa aussi bien l'opinion publique que l'élite littéraire car il bouscule les conventions sociales et magnifie la révolte des femmes en exposant les sentiments de ses contemporaines.

Ce roman bien structuré est divisé en quatre parties, chacune nous dévoilant l'évolution progressive des sentiments d'Indiana allant de la mélancolie à l'exaltation, de la rancoeur au pardon. L'intrigue amoureuse met en lumière la duplicité et la perfidie d'Edmon qui joue avec les sentiments d'Indiana, ce qui contraste avec la sincérité et l'abnégation de Ralph, le cousin protecteur d'Indiana.

La finesse et la complexité du portrait psychologique des différents personnages est ce que j'ai le plus apprécié car le lecteur ressent vraiment de l'empathie pour Indiana, mais aussi pour Ralph. La plume poétique et le style fluide, si inimitable, de George Sand rendent la lecture très agréable.

Je remercie les éditions @Hugopublishing et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de redécouvrir ce roman classique intemporel que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
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Indiana est un roman de Georges Sand .C est son premier ouvrage .Sa lecture
remonte à bien longtemps Je ne pense pas avoir gardé quelques souvenirs de ce récit .D 'où l 'impossibilité de donner un avis .
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Indiana est jeune, mélancolique, et fort mal mariée. le digne époux est un colonel à la retraite qui aurait l'âge d'être son père et dont le lecteur retiendra l'impression qu'il a pris femme pour éviter de payer une garde malade dans ses vieux jours!
Ce qui ne l'empêche pas d'être horriblement jaloux, et un tyran qui plus est.
Alors évidemment quand passe le beau Raymond, brillant, galant, charmant...et hélas plus intéressé d'être séduit que de le rester, elle ne peut que se retrouver pleine de sentiments encore jamais éprouvés, malgré les avertissements de son cousin et ami d'enfance, le protecteur Ralph.
L'avouerais-je? J'ai dévoré Indiana avec beaucoup de plaisir. Oui, pour les yeux d'un lecteur moderne, la pauvre femme semblera sans doute parfois naïve jusqu'à la bêtise, mais élevée presque sans éducation et jetée à peine sortie de l'adolescence dans les bras d'un vieux barbon qui la tiendrait enfermée s'il pouvait....
J'aurais bien aimé voir la tête de tous les vieux barbons de l'époque quand ils ont découvert dans ce roman le portrait du colonel et le cri de révolte d'Indiana, au passage.
Il y a quelques longueurs, supportées fort aisément, mais c'est un livre à redécouvrir!
Excellent, donc.
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Dans ses deux préfaces, celle de 1832, lors de la sortie d'Indiana, et celle de 1848, lors d'une nouvelle publication, George Sand explique dans quel état d'esprit, pourquoi et comment elle a écrit ce roman.

George Sand avait alors 28 ans, déjà une grande expérience de la vie, pour une si jeune femme, au début du 19ème siècle, et surtout, une intelligence lumineuse.
« J'ai écrit Indiana, j'ai dû l'écrire (…) La cause que je défendais est-elle donc si petite ? C'est celle de la moitié du genre humain, c'est celle du genre humain tout entier ; car le malheur de la femme entraîne celui de l'homme, comme celui de l'esclave entraîne celui du maître, et j'ai cherché à le montrer dans Indiana. On a dit que c'était une cause individuelle que je plaidais ; comme si j'eusse été le seul être infortuné dans cette humanité paisible et radieuse ! Assez de cris de douleur et de sympathie ont répondu au mien pour que je sache maintenant à quoi m'en tenir sur la suprême félicité d'autrui.
(…) j'ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l'injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l'existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société. Je n'avais point à faire un traité de jurisprudence, mais à guerroyer contre l'opinion ; car c'est elle qui retarde ou prépare les améliorations sociales. La guerre sera longue et rude ; mais je ne suis ni le premier, ni le seul, ni le dernier champion d'une si belle cause, et je la défendrai tant qu'il me restera un souffle de vie. »
George Sand était pleine de force et de sincérité quand elle décrivait « le rapport mal établi entre les sexes, par le fait de la société ». Elle n'a fait qu'exercer son métier de conteuse en racontant la vérité sur la société de son temps qui plaçait la femme en-dessous de tout.

Pourtant, le personnage d'Indiana, la femme, est bien misérable : il lui faudra bien des années à cette toute jeune femme innocente, inculte, pas aimée, pour comprendre les hommes autour d'elle et de se comprendre elle-même. Elle livrera, tout au long du roman, un combat épuisant contre la société qui nie son être de femme, qui veut faire d'elle un ange alors qu'elle est un être de chair, de sang et de coeur.
Le mari, qui représente la légitimité, la loi, est aussi aveugle qu'elle. Oh, il n'a pas le plus beau rôle !
L'amant, le tentateur, la société lui a donné l'illusion que le monde n'était là que pour lui faire plaisir, que les richesses n'étaient là que pour être saisies par sa main blanche et lisse, que les femmes n'étaient là que pour satisfaire le plaisir des hommes comme lui. Pourquoi chercherait-il à changer cette société qui le comble de ses bienfaits ?
Quant à l'homme bon, il se reconnaît facilement : c'est celui qui ne cherche pas à briller en société, celui qui s'oublie lui-même au profit des autres.

Oui, vous pouvez lire Indiana pour son plaidoyer pour la liberté de la femme, pour connaître l'Histoire au travers de cette histoire, ou tout simplement pour lire une bonne et très belle histoire. Mais quand vous aurez lu ainsi Indiana, vous y reviendrez pour vous imprégner de l'intelligence du monde qu'avait George Sand, pour sa profonde connaissance de l'âme des hommes et des femmes, pour son intelligence qu'elle met à votre portée dans un style clair et simple, si lumineux et si touchant.
Gabrielle Dubois©
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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Indiana est le premier roman de Georges Sand. Quelle claque!
Elle nous raconte l'histoire d'Indiana, une jeune femme condamnée à rester aux cotés d'un homme qu'elle n'aime pas, emprisonnée dans son mariage. Mais un jour, Raymond, un jeune libertin entre dans sa vie, lui offrant un semblant d'amour et bouleverse son avenir.
Je ne suis pas vraiment bonne à résumer les grands textes classiques. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de la faire à vrai dire.
C'est un roman du XIXe, qui nous dépeint parfaitement ce siècle, le désaroi politique, la jeunesse perdue, la détresse des femmes n'ayant aucun droit...
Ce livre est surprenant par la modernité de l'écriture ainsi que par les contestations politiques qu'il contient. Sand, de son très jeune age est déjà engagé et affirme son style ainsi que ses sujets de prédilections qui influencerons ses contemporains. Notamment Flaubert pour Madame Bovary qui n'est pas sorti de mon esprit tout au long de cette lecture.





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Indiana ou la difficulté d'être une femme au XIXᵉ siècle. Indiana ou le courage et la détermination. Indiana ou rêver l'amour.

Dans son premier roman, George Sand commence par une charge menée tambour battant sur les bourgeois et nobliaux de son époque.

Indiana, jeune créole douce et résignée est mariée à un vieux barbon brutal et ordinaire, le Colonel Delmare. Elle vit tristement dans un château de province, avec pour seules amitiés sa soeur de lait Noun, et son cousin Ralph.

L'amour surgit soudain, sous les traits d'un jeune séducteur dépourvu de scrupules. Après avoir séduit Noun qu'il abandonnera lâchement alors qu'elle attend un enfant de lui, (elle se donnera la mort), il entreprend la conquête de Madame Delmare. Dès lors, il traque toute information visant à lui permettre de la rencontrer et se lie d'amitié avec le mari.

Indiana ne tarde pas à succomber à ce sentiment si nouveau pour elle. Mais elle rêve d'un amour chaste et merveilleux alors que Raymon, collectionneur de conquêtes habitué aux succès faciles, attend tout autre chose : une reddition complète et sans condition.

La plume légère, élégante de George Sand court à toute allure, les sentiments les plus intimes sont dépecés : l'amour, la jalousie, le doute, la rage, la douleur, les remords, le devoir, l'honneur, la religion.
Elle démontre aussi quelle force d'âme exceptionnelle il faut à la femme pour résister à l'anéantissement de sa personnalité : tant que l'égalité n'est pas reconnue dans le couple, la seule liberté que puisse conserver la femme est celle de sa conscience.

Dans ce quasi-huis clos, G Sand dresse un portrait des quatre personnages principaux tantôt émouvant, tantôt cruel, mais sans concession aucune :

Indiana : le coeur vierge de tout amour et l'âme fière, rebelle sous une apparente soumission, étouffant sous le carcan des conventions et d'un mariage non voulu. " Vous pouvez lier mon corps, mais sur ma volonté, vous ne pouvez rien."

Le mari : bougon, autoritaire mais pas si mauvais homme, honteux même d'être parfois si dur avec sa femme qu'il ne comprend pas.

Raymon : volage, jouisseur, opportuniste, imbu de ses titres et de sa fortune, incapable d'aimer vraiment.

Ralph enfin : jeune homme taciturne, qui passe pour un égoïste. Il est dévoué à Indiana corps et âme. Pour ne pas troubler sa pureté, il s'est forgé une armure en airain afin d'étouffer les battements de son coeur.

Il faudra bien des tourments et bien des tempêtes pour que la jeune femme comprenne qui de Raymon ou de Raoul est le plus digne de son amour, de son dévouement, de son abnégation.









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Parce que j'adore ce livre et ce qu'il représente ! Un monument de la littérature française, à découvrir absolument !
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L'île Bourbon – la Brie – Paris – L'île Bourbon – vers 1830…

« Par une soirée d'automne pluvieuse et fraîche, trois personnes rêveuses étaient gravement occupées, au fond d'un petit castel de la Brie, à regarder brûler les tisons du foyer et cheminer lentement l'aiguille de la pendule ».

Ainsi sont les premiers mots de l'histoire ; tableau charmant, rural, d'une veillée.
En fait, cela pourrait être la première scène du levé de rideau, acte 1, d'une pièce de Monsieur Molière ou de Monsieur Corneille pour la tragédie. On s'attendrait à lire « le petit chat est mort ».

Acte 1 – Les personnages se présentent. Nous avons le mari Monsieur Delmare. Ancien soldat, titré, un colonel, l'homme est vieux, violent et jaloux. Il a épousé une jeunette. Il a beaucoup d'ambition pour sa maison. Près de la cheminée, sa femme, au doux nom qui fleure l'exotisme, Indiana. Elle a dix-neuf ans, est belle, douce, porte un regard de mélancolie presque éteint. C'est une figurante qui voit la vie s'échapper. A quoi songe-t-elle ? A l'île Bourbon ? Terre qui l'a vu naître. Près d'elle, se tient le baron Rodolph Brown que l'on nomme Ralph. Il est le cousin d'Indiana. Ce jeune homme de dix ans son aîné, a la prestance rigide. Ses traits sont pourtant beaux, mais son sérieux et son flegme le rendent comme inexistant.
Tristesse, désillusion, attente, temps mort, on se languit…
Vient alors comme un diablotin sortant de sa boîte, Raymond de Ramière. Il a la pétulance d'une jeunesse dorée. Son éloquence due à un esprit fin et lettré fait de lui un jeune « héros des salons éclectiques ». Secrètement, il est le doux ami de Noun, servante et soeur de lait d'Indiana. Elle lui abandonne son coeur et sa vertu.
Secouez le pochon, les acteurs vont se livrer à un chassez-croisez amoureux.

Noun aime Raymond, Raymond aime l'amour. Il a envers elle une reconnaissance, un besoin qui le flatte. Sans être libertin, il se ment à lui même et va mener cette innocente vers l'abîme. Monsieur Delmare aurait aimé être aimer. C'est un homme simple, qui malgré son autoritarisme, aurait pu se laisser attendrir. Ralph, figure de l'égoïsme pour la plupart, veille. Présent pour Indiana, il est à la fois son père, son frère, son ami, son médecin. Il est le ténébreux, le grave, le mystérieux. Quant à Indiana, vertueuse et candide, elle se fane, elle se meurt de ne pas avoir aimé.

Acte 2 – Paris et ses salons, ses bals, la vie est pétillante. C'est aussi un lieu de chasse. Indiana rencontre Raymond ; le chasseur va traquer la biche. Les armes sont des regards, des paroles, une onctuosité dans les gestes, un amour courtois. La vie est à portée d'un baiser. Retraite de la proie, persévérance et hypocrisie du traqueur, le jeu se mène.

Acte3 – Il existe plusieurs amours. Avec sincérité, on peut aimer avec ses sens, son âme, et les deux. Chacun se dévoile, même le portrait de Ralph, recouvert d'une fine baptiste, dans la chambre d'Indiana, raconte au lecteur l'hypothèse d'un sentiment refoulé. Les coeurs sont bridés, corsetés et amidonnés, enclos de préjugés et de carcans de l'époque.
Indiana se réveille.

Acte 4 et final – … Je vais me taire et vous laisser les découvrir.

Chers amis lecteurs, vous avez dans ce livre un concentré de romantisme. Des amours perdus, des larmes de désespérance, des fuites tragiques, des âmes non comprises. On n'aime pas simplement ce roman, on le vit, on compatit, on s'en amourache.
Si j'ai mis « de Virginie à Indiana » en titre, c'est que Ralph aimait lire le livre « Paul et Virginie » à Indiana.

George Sand a écrit ce premier livre, alors qu'elle venait de s'affranchir d'un mari et d'un amant. Femme libre, elle devient celle que l'on connaît.

Préface de George Sand lors de la première parution du roman en 1842 :
…« Ceux qui m'ont lu sans prévention comprennent que j'ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l'injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l'existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société… La guerre sera longue et rude ; mais je ne suis pas le premier, ni le seul, ni le dernier champion d'une si belle cause, et je la défendrai tant qu'il me restera un souffle de vie. »

Beau plaidoyer.
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