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Après plusieurs textes peu intéressants cette semaine, j'ai décidé d'effectuer un retour aux sources ! Après avoir hésité entre Zola et Sand, tous les deux bien présents dans ma bibliothèque, j'ai finalement opté pour la dernière, encouragée en cela par ma chère George. Terminé la semaine dernière, depuis je tremble à l'idée de rédiger cet article car je sais que ma copine sera derrière mon épaule et que j'ai pas intérêt à raconter n'importe quoi sur un roman de George Sand !

Mais heureusement pour moi, je ne vais pas avoir besoin de me forcer pour rédiger un article positif car j'ai littéralement dévoré ce roman à mi chemin entre le Capitaine Fracasse de Gautier et Indiana, premier roman sous le pseudonyme de George Sand. En bref, de l'amour, de la philosophie, de l'aventure, des combats, de l'épée, et une figure de femme magistrale, Edmée. Une de celle qui ne vous lâche plus ensuite. Car sous ses airs fragiles, c'est une femme à la volonté de fer et à l'intelligence redoutable que nous dépeint Sand.

Au XVIIIe siècle, dans une province reculée du Berry, habitent les Mauprat. « C'est une race indomptable, incorrigible, et dont il ne peut sortir que des casse-têtes ou des coupe-jarrets. A ceux que l'éducation a le mieux rabotés, il reste encore bien des noeuds : une fierté souveraine, une volonté de fer, un profond mépris pour la vie. »

Edmée, descendante de la branche honorable des Mauprat, va prendre sous son aile son cousin Bernard, élevé par la bande de coupe-jarrets qu'est la branche aînée des Mauprat, sans morale, sans argent et sans sentiment. de véritables bandits, mais malheureusement des seigneurs aussi ce qui interdit de les déloger de leur château où ils se barricadent depuis des années.

C'est dans cette ambiance qu'a grandi le petit Bernard, dernier rejeton de la famille; c'est à l'école de la muflerie, de la violence qu'il a été élevé. Une fois sorti de cet horrible château, avec l'aide des idées de Rousseau, Edmée aura bien du travail pour le rééduquer … « Vous êtes un sauvage, Bernard. » Mais le fait que ce sauvage tombe éperdument amoureux d'elle va bien l'aider …

Petit à petit, Bernard change, avec le caractère violent et entier qui est le sien : « Je parvins à gouverner mes mouvements jusqu'à un certain point. Je ne me corrigeai jamais de l'orgueil et de la violence. On ne change pas l'essence de son être, mais on dirige vers le bien ses facultés diverses; on arrive presque à utiliser ses défauts; c'est au reste le grand secret et le grand problème de l'éducation. »

Si Edmée est tout de suite attachante, et que l'on sent qu'elle sera le personnage pivot du roman, le récit est pourtant centré sur celui de Bernard. Pour cause, le roman se présente comme un récit de Bernard lui-même, au crépuscule de sa vie. Un angle intéressant car le vieux Bernard condamne tout ce qu'il a été avant de rencontrer sa cousine Edmée, et porte un regard plus que sévère aussi bien sur ses propres actes que sur ses pensées d'alors.

Il me semble que Sand a trouvé une manière habile de démontrer les vertus et la puissance de l'éducation, qui peut combattre tous les mauvais instincts et penchants animaux de l'homme. Mais elle montre surtout que ce travail ne peut être fait que de l'intérieur. C'est son amour pour Edmée qui poussera Bernard à s'amender, à essayer de comprendre ses réactions et à changer. Mais ce ne sera pas si facile, et bien des obstacles, physiques et moraux vont séparer ces deux personnages clés.

« L'homme ne naît pas méchant; il ne naît pas bon non plus, comme l'entend Jean-Jacques Rousseau [...]. L'homme naît avec plus ou moins de passions, avec plus ou moins de vigueur pour les satisfaire, avec plus ou moins d'aptitude pour en tirer un bon ou mauvais parti dans la société. Mais l'éducation peut et doit trouver remède à tout; là est le grand problème à résoudre, c'est de trouver l'éducation qui convient à chaque être en particulier. »

Roman romantique, roman gothique, histoire d'amour, histoire de famille, roman d'éducation, manifeste féministe, Mauprat est tout cela à la fois, et bien plus encore, concentrant les thèmes chers à Sand, ainsi que ses combats les plus intenses.

Un roman capital dans l'oeuvre de George Sand, et une magnifique lecture pour moi.
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A 80 ans, Bernard Mauprat décide de conter l'histoire remarquable de sa jeunesse et de sa famille. Deux branches fort dissemblables existaient chez les Mauprat : la branche aînée à laquelle appartenait Bernard et qui régnait sur la château de la Roche-Mauprat ; la branche cadette uniquement représentée par le chevalier Hubert de Mauprat et sa fille Edmée. Les Mauprat de la branche aînée, surnommés les Coupe-Jarret, faisaient régner la terreur sur les paysans de la campagne berrichonne. Bernard fut orphelin à 7 ans et fut expédié chez son grand-père Tristan à la Roche-Mauprat. C'est donc dans la violence, la terreur et les brimades que l'enfant grandit.

Un soir, alors que Bernard a 17 ans, l'oncle Laurent ramène une jeune femme égarée dans la forêt, une future victime de la perversité et de la concupiscence des Mauprat. Bernard, séduit par l'immense beauté de la dame, décide de la garder pour lui. C'est alors qu'il réalise qu'il s'agit de sa parente Edmée. Il décide de la sauver après lui avoir fait promettre qu'elle se donnerait à lui avant tout autre homme. Durant leur évasion, le château de la Roche-Mauprat est assailli par les gendarmes ce qui permet aux deux jeunes gens d'échapper à la vindicte des Mauprat Coupe-Jarret. Bernard est alors recueilli par Hubert de Mauprat dans son château de Sainte-Sévère où l'on va tenter de l'éduquer.

Mauprat” est un roman protéiforme, c'est tout à la fois un roman gothique, un roman d'amour, un roman féministe et un roman de formation. George Sand nous place d'emblée dans une ambiance gothique, le personnage à qui Bernard Mauprat raconte sa vie nous décrit ainsi la Roche-Mauprat : “Depuis ce temps, quand les bûcherons et charbonniers qui habitent les huttes éparses aux environs passent dans la journée sur le haut du ravin de la Roche-Mauprat, ils sifflent d'un air arrogant ou envoient à ces ruines quelque énergique malédiction ; mais quand le jour baisse et que l'engoulevent commence à glapir du haut des meurtrières, bûcherons et charbonniers passent en silence, pressant le pas, et de temps en temps font un signe de croix pour conjurer les mauvais esprits qui règnent sur ces ruines.” L'auteur utilise les codes du roman gothique dont semble-t-il elle était friande (la préface nous indique en effet que George Sand lisait Ann Radcliffe). On trouve dans “Mauprat” des ruines inquiétantes, des seigneurs corrompus et cruels, des pièces secrètes, des moines pervers et des innocents en danger. L'histoire d'amour s'inscrit d'ailleurs parfaitement dans le genre gothique puisque les sentiments de Bernard et d'Edmée sont douloureux et totalement exacerbés. Et leur amour devra franchir bien des obstacles, bien des empêchements avant de pouvoir triompher.

George Sand ne se contente pas de respecter les codes du genre gothique et les fait dévier. Tout d'abord grâce à son héroïne, Edmée, qui est bien loin des personnages féminins des romans noirs du 19ème siècle. C'est une femme au fort tempérament, à l'éducation élevée et qui ne s'effraie pas facilement. Edmée décide de sa vie et ne la subit aucunement. Elle devait épouser M. de la Marche pour qui elle avait seulement de l'affection. L'arrivée de Bernard lui fait annuler son mariage. Son amour ne l'aveugle pas non plus puisqu'elle se refuse à Bernard tant qu'il ne sera pas éduqué. Edmée est un beau personnage féminin qui traduit le combat de George Sand pour le droit des femmes.

Ce qui nous éloigne du roman gothique, c'est également la partie éducation de Bernard Mauprat. Ayant fait preuve de bonté et de générosité, Bernard peut être sauvé de ses mauvaises habitudes. Edmée fervente adepte de Jean-Jacques Rousseau, croit en la force de l'éducation pour lisser le caractère de son parent. Je trouve cette partie du roman beaucoup moins réussie et je m'y suis ennuyée. Ces passages manquent de rythme et George Sand me semble bien meilleure dans l'action et le romanesque. Je dois avouer n'être pas très adepte de Rousseau mais George Sand ne l'est finalement pas non plus. Elle termine son roman en expliquant que l'homme ne nait ni bon ni mauvais, qu'il n'est pas toujours libre de choisir entre le bien et le mal et que parfois ses instincts ne sont pas maîtrisables.

Malgré un passage à vide durant l'éducation de Bernard Mauprat, j'ai plutôt apprécié le roman de George Sand pour son romanesque marqué et ses idées féministes et socialistes.
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Bernard de Mauprat à sept ans lorsqu'il se retrouve orphelin. Il est recueilli pas son grand-père Tristan de Mauprat. Il va aller habiter à la Roche-Mauprat, lieu sinistre où Tristan de Mauprat et ses sept fils commettent leurs exactions. Ils font régner la terreur dans la campagne berrichonne. Bernard sera victime de leurs mauvais traitements et va devenir un jeune homme brutal et sauvage. Un jour, où les Mauprat auront capturé leur cousine Edmée, cette dernière sera laissé à la convoitise de Bernard. Or la beauté, la générosité, le courage, la noblesse de caractère d'Edmée vont bouleverser Bertrand. Elle le convainc de fuir avec elle. Bernard est tombé passionnément amoureux d'Edmée.
De ce rustre violent, Edmée va essayer de faire un homme éduqué. C'est à cette seule condition qu'elle consentira éventuellement à l'épouser.
Edmée est une femme forte, éprise de justice, d'égalité. Elle a lu tout Rousseau et a adopté ses idées et sa philosophie. Les références à Rousseau sont très fréquentes dans ce livre - souvent sous le simple prénom de Jean-Jacques.
Mauprat n'est pas uniquement un roman d'amour. Il est aussi historique et politique, régional et champêtre. C'est aussi un roman féministe avec une héroïne qui ne se laisse pas dompter et sait imposer ses idées et se faire entendre et écouter , et surtout respecter. C'est une femme actrice de sa vie et non soumise et passive.
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