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Après avoir lu "La mare au diable" que, comme beaucoup de lecteurs, je n'avais pas aimé, j'ai redonné une chance à George Sand avec "Mauprat". Ce roman est de meilleure qualité et nettement plus intéressant. Je me suis vite plongé dedans, et, avec plaisir. Et puis, à un moment, j'ai trouvé que cela tournait en rond. George Sand ajoute des événements qui ne servent à rien : le passage en Amérique, le passage à Paris, etc. C'est long, très long. Il reste 200 pages à lire alors qu'on connait déjà la fin de cette histoire cousue de fil blanc. du coup on s'ennuie ferme la deuxième moitié du roman. La lecture devient même un supplice par moments. Non, définitivement, la qualité littéraire de George Sand est médiocre. Elle a plus marquée l'histoire littéraire par sa personnalité et vie d'auteure que par ses qualités artistiques. Elle rejoint mon panthéon d'auteurs surévalués (Boris Vian et Baudelaire y sont déjà présents). La toute dernière page est cependant de grande qualité et très intéressante (et je ne dis pas ça parce que c'était enfin la fin de ce roman).
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A l'aube de la révolution française, dans une province reculée du Berry , on suit l'itinéraire d'un jeune hobereau rustre et inculte, orphelin élevé dans de sinistres et violentes conditions qui, pour se rendre digne de sa cousine qu'il aime, va s'éduquer et s'amender. Conte philosophique et roman d'éducation, Mauprat marque un tournant résolument socialiste et féministe dans l'oeuvre de George Sand. Les scènes dans le château des Mauprat ne sont pas sans rappeler l'atmostphère de certains romans gothiques anglais tel Les mytères d'Udolphe d'Ann Radcliff ou Northanger Abbaye de Jane Austen. L'un de mes romans préférés de George Sand.
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Un roman très intéressant qui se déroule durant la période pré-révolutionnaire, dans la campagne berrichonne.

L'histoire est rapportée par le personnage principal, Bernard, à un narrateur inconnu, à qui il fait le récit tumultueux de son amour pour Edmée, dans des proportions telles qu'il n'est pas évident de comprendre l'intérêt de cet emboîtement, puisque Bernard, le personnage, aurait presque pu assumer de bout en bout la narration. Insistant sur la rupture fondamentale de la Révolution, y compris sur le plan esthétique, le roman reprend de nombreux traits de l'écriture et des thèmes du XVIIIème siècle, quoique l'auteur soit du XIXème. Beaucoup de pleurniche, donc, beaucoup de génuflexions intempestives devant la femme aimée, beaucoup de décisions suicidaires, beaucoup de subjonctif, beaucoup de formules annonciatrices du malheur à venir, etc... Mais surtout, une élégance de style imitant de façon très convaincante les auteurs du Grand Siècle, même dans la bouche des personnages censés incarner des brutes épaisses.

Roman d'apprentissage pour Bernard, sorte de fauve orgueilleux sauvé in extremis par la philosophie de Rousseau, Mauprat constitue une réflexion poussée sur l'éducation, sanctionnée par une morale qui se distingue toutefois des leçons du maître. Il ne faut pas croire que tout fonctionne comme sur des roulettes dans la rédemption de Bernard : il passe d'un extrême à l'autre, conserve un caractère violent qui montre que ses démons sont toujours là. Mais l'oeuvre est profondément optimiste au sens où elle défend l'hypothèse de la perfectibilité de l'homme, quel que soit son niveau de sauvagerie (et Bernard en est initialement un sacré spécimen). Il y a donc une grande satisfaction à suivre l'évolution tantôt poussive, tantôt prodigieuse de Bernard sous l'influence salutaire d'Edmée et de ses amis.

D'ailleurs, il y a là une idée qui infuse tout le récit, certainement hardie pour l'époque, selon laquelle la femme n'est pas inférieure ni même égale à l'homme, mais supérieure, et que c'est donc à lui de se hausser à son niveau (par l'éducation et les moeurs) pour l'obtenir. le pauvre Bernard passe tout le récit au bord de la crise de nerfs en ne voyant pas ses efforts récompensés, faute d'entendre le refus d'Edmée de céder à plus médiocre qu'elle ne mérite. Alors je calme tout de suite les féministes 2.0 : l'auteur, à travers la rivalité entre Bernard et M. de la Marche, aristocrate "bien comme il faut" mais à la rusticité douteuse, pour le coeur d'Edmée, défend la nécessité pour la femme de disposer "d'un homme et non pas d'un brin de muguet", qui sache accomplir les travaux pénibles (à l'époque, pousser la charrue et tuer le gibier) et entretienne force de corps et de coeur, d'autant plus à l'approche des périodes de crise que le bon sens paysan, incarné par le personnage extraordinaire de Patience, voit pointer à l'horizon. Pas question "d'accepter la faiblesse", "d'assumer sa part de féminité" ou toute autre expression de fragiles déconstruits : l'homme doit être un roc qui prodigue sécurité et stabilité à la femme, c'est son rôle d'homme. Simplement, cela ne l'exempte pas de tendre vers la noblesse morale, comme l'exige Edmée de la part de Bernard.

Je passe rapidement sur le message politique, qui prend sa source dans les affrontements du XIXème siècle. C'est une glorification de l'action révolutionnaire, inspirée des Lumières, contre un ordre inique où le clergé tient le plus mauvais rôle. L'abbé Aubert, seul ecclésiastique positif du livre, est en réalité totalement acquis aux idées de Rousseau, au point d'être à peu près en marge de l'Église. Tout le dernier tiers du livre, occupé par le procès, illustre les conflits d'intérêt et l'incitation à la délation occasionnés par ce système féodalisant en fin de vie, dans un cadre choisi qui est celui de la justice. L'évocation appuyée de la guerre d'indépendance américaine, riche de nombreux traits historiques, annonce de façon peut-être un peu manichéenne les profonds bouleversements qui vont bientôt agiter la France pour y mettre un terme, sur lesquels Bernard, âgé, pose un regard a posteriori un peu moins crédule.

Je n'ai pas parlé des nombreuses descriptions de la nature, attendues chez cette écrivain attachée à sa terre natale, toujours d'une extrême sensibilité. Elles contribuent à faciliter une lecture bien cadencée entre action, analyse et longs dialogues, sans jamais tomber dans la trivialité à laquelle plusieurs passages se prêtent pourtant. Les personnages sont vraiment très attachants, sauf Edmée, à dessein ; je retiens surtout Marcasse, sorte de don Quichotte taiseux assez transparent jusqu'à la phase américaine, mais qui se révèle mémorable par la suite.

Une excellente découverte que je recommande vivement aux amateurs de romans historiques, et au-delà.
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Beaucoup de longueurs dans cette oeuvre dont l'intérêt réside surtout dans le jeu avec les codes romanesques (mêle roman historique, roman sentimental, roman philosophique…). Edmée est un personnage assez pénible mais Bernard est attachant. Patience relève l'ensemble. Selon moi, ce roman n'est pas un incontournable de George Sand.
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Le roman s'ouvre dans une atmosphère médiévale lugubre : Bernard grandit avec ses oncles dans le ténébreux château de Mauprat, où ils mènent une vie de violence et de cruauté. Mais sa vie bascule lorsqu'il fait la rencontre de l'ermite Patience et de la jeune erudite Edmée…
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Flamboyant roman d'apprentissage, de chevalerie, d'amour et de rédemption, Mauprat est le récit d'une longue traversée de l'ombre vers la lumière. A travers le destin de Bernard, George Sand nous narre aussi le 18ème siècle et le violent passage de l'obscurantisme médiéval vers les Lumières.

J'ai adoré cette histoire magnifique, prodigieusement narrée et habitée de personnages inoubliables. Traversé par le socialisme et la philosophie de Rousseau, Mauprat est aussi une puissante satyre de la religion et de la justice. On y suit les difficultés de Bernard pour s'extirper des déterminismes, tout en étant sans cesse renvoyé à ses origines par les autres. Il y a un peu de Martin Éden chez ce personnage, qui, en se battant pour se hisser à la hauteur d'Edmée, constatera aussi que la violence est partout, et peut revêtir les formes les plus raffinées.
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Encore une intéressante découverte grâce à Babelio !
Il y a plusieurs romans dans cette oeuvre : elle commence comme un roman gothique très noir, rare chez George Sand. Je n'ai trouvé dans ses écrits que dans la fin de Lélia une telle violence et une telle angoisse en tant que lectrice. L'action commence dans un donjon féodal qu'on a du mal à dater dans le temps : le seigneur s'y comporte comme un véritable meneur de bande du Moyen-Âge, fidèle à son surnom de "Coupe-Jarret". La nuit est noire, les ripailles, les beuveries et les orgies s'enchaînent, on jure et on insulte, l'orage tonne, les loups crient, et les femmes ne sont que des proies pour les désirs des hommes. Edmée est en danger, la pulsion de viol est perceptible chez Bernard, ce qui en fait vraiment un personnage masculin à part dans l'oeuvre de Sand - on est loin du Germain de la Mare au diable par exemple qui est presque un saint... Non, Bernard fait peur, d'autant qu'il n'a pas de limite, il n'a pas été "policé" par la société.
C'est là le deuxième roman dans le roman, un roman d'apprentissage, un roman de formation. Edmée signifie "riche protectrice" d'un point de vue étymologique - j'ai cherché. Et c'est ce qu'elle est pour Bernard, une formatrice dévouée, comme une soeur ou comme une mère. C'est la mise en acte, en pratique, de l'Emile de Rousseau que lisent passionnément Edmée et l'abbé : il faut éduquer Bernard, non pour en faire un pédant - pas besoin du latin, une instruction longue et trop théorique, non pour en faire un homme du monde - il ne s'y sent pas à l'aise parmi les mondains hypocrites, mais pour développer son bon coeur. Il y a implicitement toute une théorie sur l'inné et l'acquis : quelle est la part de la nature ou la part du milieu dans la formation d'un caractère et d'une personnalité ? Bernard développe son intelligence mais surtout raffine ses sentiments au contact de personnes qui sont des modèles, qu'il admire. Cependant, on retrouve une forme d'ambiguïté : Bernard ne veut pas d'une mère ou d'une soeur, il cherche une amante. On retrouve un type de relation qui est souvent présent dans les écrits de George Sand, écrits de fiction ou en partie autobiographique : certes, Edmée n'est pas plus âgée que Bernard comme beaucoup de personnages féminins chez George Sand, mais elle est plus sage que lui et elle lui enseigne ce qu'elle sait.
Voici le troisième roman dans le roman, le roman sentimental. Autant dire que celui-ci est assez prévisible, d'autant que l'on sait dès le début comment le récit de Bernard devenu âgé va finir et comporte de nombreuses longueurs, avec, encore une fois, des torrents de larmes ; les personnages admirent la Nouvelle Héloïse, ceci explique cela...
Quelques traces diffuses de roman historique avec la participation de Bernard à la Guerre d'indépendance américaine décrite très rapidement ou avec les conséquences - très minimes - de la Révolution sur les personnages. George Sand développe surtout sur la peinture intellectuelle, philosophique et morale d'une époque, la fin de l'Ancien Régime,avec la diffusion des idées des Lumières, idées d'égalité et d'humanisme. Tout cela restant teinté d'une morale chrétienne, une des dernières paroles de Bernard étant d'ailleurs "aimez-vous les uns les autres".
Encore un mot sur deux personnages que j'ai trouvé particulièrement intéressant, Patience le philosophe proche de la nature, et Marcasse, le chasseur de taupes au grand coeur.
Décidément, moins George Sand est fleur bleue, plus je l'apprécie.
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George Sand nous emmène en terre berrichonne à travers ce roman aux descriptions fascinantes. Mention spéciale pour le château de Mauprat, dommage qu'il n'existe pas ! On sillonne les routes et les forêts mystérieuses tout autant qu'on sillonne l'âme de Bernard ce héros qui par amour va renouer avec son humanité. le texte est une ode à l'éducation, au féminisme, au libre arbitre. Les thèmes sont extrêmement modernes, George la visionnaire !
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Je découvre ce texte de George Sand alors que j'ai déjà lu un grand nombre de ses textes. Quel bonheur de replonger dans ce Berry qu'elle affectionnait tant. C'est un texte particulièrement dense et complexe, écrit à une période phare de la vie de la grande dame de Nohant : elle a rompu avec Musset et s'est aussi séparée de son mari.
Allez à la rencontre des Mauprat : vous aurez du mal à oublier cette famille ! Et arrêtez-vous près de la tour Gazeau : elle a beaucoup de secrets à nous livrer !
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C'est le 1er livre de Sand que je lis et je suis plus que mitigée.

Si le récit du début est intéressant, on tombe vite dans l ennui et la répétition. l'histoire doit tenir sur une cinquantaine de pages ( sur un peu plus de 400), le reste n est que du " blabla" ou des descriptions.

Edmée et Bernard sont insupportables. Elle, à faire sa princesse indécise et manipulatrice et lui, dans le rôle de l éternel amoureux qui ferait tout pour l être désiré.

Les amoureux de l analyse littéraire apprécieront le livre car plusieurs sujets font surface comme la femme par exemple ou encore la portée philosophique du livre ( j ai lu quelques critiques Babelio qui développaient davantage cet aspect que moi, n'hésitez pas à les lire si le sujet vous intéresse). Il y également beaucoup de procédés d'écriture stylistiques notables.

Bref, une véritable torture pour moi, j'espère qu'on ne forcera pas des jeunes à le lire en classe car cela en dégoûterait plus d'un de la littérature voire plus généralement de la lecture.
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Bernard Mauprat, au crépuscule de sa vie, livre "l'histoire de (sa) vie" et sa longue confession tutoie aussi bien le récit gothique, le bildungsroman que le roman historique ou d'amour, le tout panaché de discours philosophiques, politiques et sociaux.

Dans le Berry du XVIIIe siècle finissant, deux branches de la famille Mauprat, de sinistre réputation, s'opposent : la branche aînée avec Tristan (chef du clan des "Mauprat coupe-jarret") et ses rejetons dévoyés sème la terreur -pillages, débauches et malversations- tandis que la cadette grâce aux vertus d'Hubert ("Mauprat casse-tête"), père de l'unique Edmée, n'est que droiture et bonté.

Sand nous entraîne alors dans un tourbillon d'aventures et de sensations et ce, dès la scène d'ouverture de ce roman luxuriant : on y assiste à la chevauchée nocturne de l'ignoble Tristan qui vient d'arracher son petit-fils Bernard aux siens pour l'élever dans sa sinistre demeure. La mort, la nuit, le fantastique, la peur, la forêt, ... c'est le Erlkönig de Schubert !

Quelques années plus tard, un accident de chasse conduit Edmée à la Roche-Mauprat, sur les terres de ses terribles cousins : échappant de peu à un viol programmé, la mignonne est sauvée des griffes de ses ravisseurs par Bernard. Le Chevalier Hubert accueille alors le preux jouvenceau dans son château avec comme ambition de transformer le sauvageon en gentilhomme éclairé.

Sur le long et douloureux cheminement de son éducation, Bernard pourra compter sur les leçons de vie de Patience, un sympathique cénobite, zadiste avant l'heure, du laconique Marcasse, taupeur fidèle et de l'abbé Aubert, prêtre des Lumières. Ces éveilleurs de conscience, précepteurs attentifs et bienveillants, feront de l'enfant sauvage un homme accompli.

Mais au delà des péripéties de ce passionnant roman d'apprentissage (attaque de château, guets-apens sinistres, procès pour meurtre...) et des évènements historiques abordés (Guerre d'indépendance des États-Unis, prémices de la Révolution à venir), ce qui fait, à mes yeux, le prix de Mauprat c'est l'éducation sentimentale qu'initie l'ardente Edmée au profit de son jeune barbare de cousin. Dans ce Pygmalion inversé ("My fair Sir"), Galatée s'empare des ciseaux pour façonner l'homme idéal : "(...) ne vous targuez jamais avec moi des droits acquis. L'affection ne se commande pas, elle se demande ou s'inspire ; faites que je vous aime toujours, ne me dites jamais que je suis forcée de vous aimer." La tête, le cœur et les sens.

A travers sa frémissante héroïne, George Sand, en activiste infatigable, libère la parole des femmes. Mi pasionaria, mi bas-bleu, elle défie les conventions et milite pour l'égalité dans le couple (unions choisies et non imposées, sexualité consentie) et, déjà, pour la déconstruction du genre.

Captivant, exaltant, Mauprat est un véritable roman de femme en ce que Sand crée avec Edmée une héroïne terriblement incarnée : quel romancier du XIXe peut se targuer d'avoir inventé une jeune fille aussi authentique qu'Edmée Mauprat ?
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