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3,19

sur 1344 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai beaucoup aimé ce livre qui fait réfléchir. D'autant plus dans ce contexte des élections présidentielles . Nous suivons Ati qui reviens d'un long séjour dans un sanitorium et qui commence à penser à la liberté, chose interdite par son gouvernement. Ce livre fait peur et son titre fait écho au très grand chef d'oeuvre de Orwell 1984 (le titre est on ne peut plus familier). Une fois encore nous nous retrouvons dans une société où les habitants n'ont pas de libertés et doivent se plier aux règles. Société qui fait peur et qui semble avoir quelques similarités avec la notre.
Petit bémol, j'aurais aimé avoir un chapitre de fin nous expliquant qu'est devenu Ati. La fin actuelle nous permet de l'imaginer mais, ainsi la boucle n'est pas bouclée.
Bref, je recommande chaudement, très bon moment de lecture qui nous pousse à réfléchir. Sommes nous libre ?
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S'attaquer à un monument de la littérature d'anticipation tel que 1984 en cherchant à le remettre au goût du jour et des nouvelles formes qu'ont pu prendre les oppressions et les pouvoirs dictatoriaux de notre début de 21ème siècle, tel est le pari tenté ici par Boualem Sansal.

Pari plutôt réussi car on lit avec plaisir ce roman et on se plait à relever les ressemblances et les ajouts, à dresser les parrallèles et à pointer les divergences. On voit vraiment que Sansal parle d'où il est, un algérien du 21è siècle, ayant vécu les années noires du terrorisme algérien, le pouvoir en place et son éternel auto-renouvellement, la montée du radicalisme religieux. Mais ce livre n'est pas qu'une critique de la politique algérienne des dernières décennies. Sansal y ajoute aussi toutes les dérives constatées ailleurs et fait de l'utopie futuriste et technologique oppressante d'Orwell une toute autre lecture, à découvrir par vous même au risque de trop en dire.

Des bémols il y en a deux principaux. D'abord une tendance à aligner, dans les débuts du roman surtout, des mots inutilement compliqués là où plus de simplicité serait davantage dictée par le caractère général du héros principal. On a presque tendance à croire que Sansal, effrayé par la tâche, a voulu montrer sa maîtrise d'un vocabulaire recherché par peur de la comparaison. Le deuxième bémol était dans mes souvenirs le même que l'on pouvait faire à Orwell: une difficulté à s'attacher à des personnages surtout présents pour illustrer un propos de dénonciation des dictatures passées, présentes et (on ne l'espère pas) futures. L'incarnation fonctionne à certains moments mais moins quand la démonstration se fait trop philosophique.

Bref, un beau travail de réécriture, tout en respect de l'oeuvre originale mais sans aucun plagiat, plutôt en hommage et en avertissement renouvelé sans doute nécessaire dans nos temps troublés !
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Terrifiant que cette terre devenue un seul pays avec un seul gouvernement, une seule religion, une vie de caserne où tous les aspects sont réglementés de façon radicale, sous peine de .....
Heureusement, même lorsque l'on a ôté la possibilité de penser par soi même il y a toujours une petite herbe qui un jour va pousser dans un esprit curieux et permettre la prise de conscience qui permettra le révolte et donc l'espoir. Je salue le travail de l'auteur car dans les détails les plus infimes, tout est cohérent et ce n'était pas facile.
J'avais beaucoup aimé aussi "Le village de l'allemand"
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ce roman est un bon roman il est très bien écrit mais je conseille ce livre a des lecteurs et lectrices confirmé sinon je suis très satisfait de ce livre même si j'ai eu du mal a rentré dedans mais ça ne ma enlevé le plaisir de lire ce livre
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2084, fin du monde de Boualem Sansal raconte l'avenir d'un nouveau monde, qui a jailli des cendres du monde pour soumettre les masses dans un fanatisme religieux près de ce que nombre de pays connaissent aujourd'hui avec l'État Islamique. Ce pays est « né avec l'idée absurde que tout ce qui existait avant l'avènement du Gkabul était faux, pernicieux et devait être détruit ». Comme vous le savez, j'évite généralement les citations, mais celle-ci m'a remise en tête des images que j'aurai aimé ne jamais voir, de merveilleuses constructions antiques réduites en miette pour la volonté de religieux qui n'ont très probablement jamais lu ces textes qu'ils prônent...

Après nous avoir apporté toutes les informations sur cet univers dans lequel les futurs personnages seront introduits, le prisme narratif se resserre sur Ati, un jeune homme qui a été absent deux longues années pour Tuberculose, reclus dans un sanatorium loin de la ville. Durant ce temps il a vu, entendu, compris des choses et une étincelle est née en lui pour ne plus pouvoir s'éteindre par la suite. C'est à travers ses yeux, son quotidien et ses problèmes que nous apprendrons les mensonges et la manipulation des foules. La foule encore une fois, tout simplement car l'homme n'est plus un mais masse, l'individu se doit collectivité.

La plume de Boualem Sansal est fleurie, poétique, mais beaucoup trop foisonnante, passant parfois du coq à l'âne avant de revenir sur des choses déjà répétée cent fois, les marqueurs temporels sont parfois complexes à voir, les déroulements presque filmiques de la dernière partie peuvent fatiguer le lecteur voire même le perdre complètement. Les premières pages, le premier chapitre a été complexe, j'ai eu du mal à accrocher, la contextualisation peut-être un peu trop écrasante. Il y a quelques lourdeurs et redondances mais il y a un petit rien qui compense et ravit : une atmosphère. Lourde, prenante, étouffante. On voit les horreurs sans pour autant avoir à subir leur lecture, on projette, on creuse, on questionne.

Rien de mieux pour garder les moutons qu'une seule et unique langue ? L'Abilang est un savant mélange dont la fabrication est très simple, prendre Abi, Yölah ou le Gkabul pour décrire autre chose. Deux syllabes uniquement. Vous imaginez être privés de « sempiternel », « pénitence », « philosophie », etc. et de se contenter de « manger, prier et dormir » ? Parler une autre langue est impossible. Pour un État Totalitaire, c'est compréhensible, ne vous êtes-vous jamais demandé de quoi parler les touristes dans le métro ? N'avez-vous pas surpris des regards interrogateurs lorsque vous en êtes un vous-même ? Souvenez-vous du Novlangue de Orwell. 1984 est pris en modèle bien souvent, et les références y sont tellement nombreuses que je n'ai qu'une seule envie, pouvoir le relire.

Il y a dans ces quelques 274 pages de nombreux non-dits. Finalement, je n'ai pas l'impression que l'on sache véritablement comment le tout s'est déroulé, ce qu'il s'est passé avant la date fatidique de 2084. le tout est comme suspendu et des questions s'amassent au fil des pages, laissant le lecteur méditer sur le sujet plutôt qu'en le renseignant. Les réponses obtenues sont celles qui taraudent Ati, et non pas celui qui lit son périple. Il n'y a pas de fin véritable, plutôt de multiples possibilités interprétables de manière différentes.

Ati est un personnage intéressant : grain de sable dans le rouage ou marionnette ? On peut parfois se poser la question. J'aime beaucoup le personnage de Koa également. Toz représente la survie de ce qui m'est le plus cher donc bien entendu, je le porte également dans mon coeur. Et il y a des personnages à foison. Des noms, encore des noms, d'autres noms, des hommes par centaine. Et nous arrivons donc à un autre sujet. Il n'y a pas de femme, enfin si, une représentation de seins ou de postérieur, un burniqab intégral les cachant au regard, une mère, une sorcière, une enfant vendue au mariage après ses premières règles... La femme n'est pas un personnage, c'est un élément de décor.

Pour conclure... malgré de nombreux défauts apparents, et des éléments qui m'ont déplus, j'ai été véritablement séduite par cette réadaptation de 1984 et à sa volonté de dénonciation de systèmes en place de nos jours (bien que son avertissement clame haut et fort que c'est entièrement de la fiction). Une belle découverte.
Lien : http://brain-shadows.blogspo..
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J'ai aimé ce roman même si il ne se lit pas avec facilité. Il faut une bonne dose de courage et de tact pour aborder un sujet qui, de nos jours, est de plus en plus sensible. C'est certainement la raison de ce texte légèrement alambiqué, une façon de ne pas dire les choses trop explicitement afin de ne pas s'attirer les foudres d'autorités religieuses qui seraient bien capables de balancer une fatwa!
Le monde d'avant 2084 n'exite plus, il a été rayé des cartes et des livres d'Histoire. C'était le monde des valeurs que nous partageons, celui des valeurs républicaines et démocrates, Liberté, Egalité, Fraternité...
Mais tout ça, c'est fini! Place à la pensée unique, place au dogme religieux. Soumettre l'espèce humaine ou l'anéantir. le monde de l'Abistan est un monde totalitaire que j'espère ne jamais avoir à connaître... mais attention! La bête est en gestation.
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Un livre étonnant, ponctué de "Abi sait, Abi" ceci ou cela..." Comme une longue prière orale avec peu de respiration. Passé l'étonnement stylistique, on plonge avec inquiétude dans cette société asilaire. un livre éprouvant.
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Boualem Sansal tisse avec 2084 une dystopie sur le thème du fondamentalisme religieux. le clin d'oeil à Orwell et son 1984 est totalement assumé. Mais bien-sûr ici, on s'écarte de la dérive du techno-pouvoir pour se recentrer sur le totalitarisme moral et violemment réactionnaire, et il est ici difficile de ne pas penser à l'actualité sanglante et à la barbarie de Daesh qui forme le contexte dans lequel est sorti ce livre. Bien-entendu, la précaution du romancier est de mise, et Sansal nous prévient non sans malice qu'il s'agit d'une fiction, et non d'une chronique réaliste. Cependant, on ne met pas longtemps à saisir ce qui se cache derrière le Dieu "Yölah", l'"Abistan", et le Prophète Abi !
Les rouages de la manipulation, et le cancer de l'esprit que représente cet ultra fanatisme, dont l'unique but est d'éradiquer l'altérité de toute perspective mémorielle, géographique ou morale, sont bien décrits, et l'auteur semble en parler de l'intérieur, avec une connaissance pour ainsi dire d'ingénieur, face à cette gigantesque machine à fabriquer de l'unicité. Quelques pages sont très belles, et ont un certain accent camusien dans l'idée que la liberté réside plus dans le fardeau de la lucidité et l'effort sans cesse répété pour se libérer, que dans l'adhésion à l'idée toxique d'un monde parfait où le sens nous serait délivré de l'extérieur.
Petit bémol : dans sa volonté de décrire ce cauchemar à venir, et de mettre en garde un Occident assoupi et prisonnier d'une culpabilité chronique qui l'empêche de définir le danger, Boualem Sansal fait un livre très didactique et descriptif, qui manque un peu de "chair". Plus lyrique, ou plus tragique, la démonstration n'en aurait été que renforcée. Mais cela reste un ouvrage salutaire, dont certaines pages sont à retenir pour les années à venir... En souhaitant que la dystopie reste, comme le promet son auteur, une simple "fiction"...
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2084 est un roman post-apocalyptique où Boualem Sansal extrapole un monde qui se passe en Abistan, soumis à une une dictature religieuse, représenté par le dieu Yolah et son délégué Abi. Tous les hommes se ressemble par leur conduite, leur manière de pensée et même leur langue, instaurée par cette dictature.

On suit la pérégrination d'Abi, jeune homme tout juste sorti d'un sanatorium et qui a attendu de faits étranges qui l'amène à commencer à douter (ce qui est hors d'usage dans ce pays). En total ignorant, il va commencer à se poser des questions, à vouloir y trouver des réponses et à commencer à penser par lui-même, à avoir une liberté de conscience.
Il rencontre Koa, qui est un savant et donne des réponses "raisonnées", ou plus en adéquation avec ce qu'on lui a toujours appris mais la liberté de penser entraîne également des doutes chez lui.
Et on va les suivre dans leur questionnement, dans la révolte pour savoir si certains événements entendus existent. Pourquoi des caravanes disparaissent ? Y a-t-il un autre monde ? La Frontière, existe-elle? Où Mène-t-elle?
Qui est ce Démoc ou Dimoc, le bien, le mal ? Un mythe, une utopie, une réalité à atteindre ?

Boualem Sansal a une écriture précise, travaillée, très enrichissante par le fond et la forme. Au delà de son talent d'écrivain, de conteur, il nous pousse à réfléchir en mettant en exergue le conditionnement religieux, la pensée unique, le langage sommaire. Son message est clair : "Prenez conscience du danger des religions totalitaires et liberticides avant que ce livre ne soit une prophétie".

Lien : http://chezsabisab.blogspot...
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Ce patibulaire roman de Boualem Sansal, intitulé «2084», comme pour faire écho à celui de George Orwell intitulé «1984» et qui a été un succès dans le monde entier. Ce dernier donnait des prévisions de développement du monde à horizon de l'année 1984. Avec le temps, on s'est rendu compte qu'il avait eu raison sur presque tout ce qu'il avait prédit. Tout comme ce dernier, le roman de Sansal se veut une sorte de prédiction sur ce qui attend le monde à horizon 2084.
C'est une analyse froide de l'auteur du «Serment des barbares», autour de la question lancinante que tout le monde se pose: où va le monde ? C'est aussi une dénonciation de la marche du monde et de la direction qu'il prend. L'auteur réagit et tente d'avertir qu'au train ou les choses vont, le monde va droit dans un mur qui semble infranchissable. Pour Boualem Sansal, «la mondialisation excessive conduira le monde vers l'islamisation». Car la mondialisation est une sorte d'ouverture incontrôlée des frontières, sans règles claires ni gardes fous. le monde fait passer les intérêts financiers avant toutes choses. C'est ce qui emmène les jeunes des pays musulmans à émigrer vers l'occident et l'occuper, puis devenir de plus en plus nombreux au point d'être capables de prendre le pouvoir. Tout commence dans un pays imaginaire que Boualem Sansal a appelé l'Abistan. Il s'agit d'un pays où la population est entièrement soumise à un ordre religieux, régi par dieu cruel qui est prié neuf fois par jour. L'essentiel des activités dans ce pays consiste à aller faire sa prière, effectuer le pèlerinage et assister aux spectacles des châtiments publics de ceux qui veulent s'affranchir de cet ordre. Sansal résume les totalitarismes décrits par George Orwell en un seul qu'il a désigné par le terme de «la Mondialisation», et il est gouverné par le monde de la finance de Wall Street. En imposant à l'ensemble de l'activité humaine la logique de la mondialisation telle qu'imaginée par les puissants de la finance, Wall Street se laisse surprendre par la résurgence d'un phénomène qu'il croyait avoir dompté depuis longtemps: l'islam. Il s'agit d'une culture qui lui échappe. Il ne la connait pas. Elle a ses lois, sa logique et ses pratiques qui sont totalement étrangères à ce que connaissait Wall Street. Cette idéologie va produire un nouveau genre de totalitarisme qui va submerger et dépasser tous ce que Wall Street avait mis en place dans sa folie de vouloir dominer le monde. Dans une interview diffusée sur France 24, l'auteur de 2084 affirme: «Dans mon analyse, c'est le totalitarisme islamique qui va l'emporter parce qu'il s'appuie sur une divinité et une jeunesse qui n'a pas peur de la mort, alors que la mondialisation s'appuie sur l'argent, le confort, des choses futiles et périssables». Ce n'est pas tout à fait faux. Tout le long du roman, l'auteur essaie d'argumenter et de développer cette idée. le mépris que l'occident affiche encore de nos jours envers le monde islamique va finir par lui exploser à la figure et se retourner contre lui. Mais, ce roman n'est pas entièrement une histoire imaginaire. Il est le fruit d'une réflexion longuement menée, après avoir observé et analysé la situation. Il affirme: «la dynamique de la mondialisation musulmane se met en place». C'est une opinion largement partagée par les observateurs, mais que les politiques préfèrent ignorer pour ne pas avoir à l'affronter et à prendre les décisions qui s'imposent. Sansal à cet égard, joue le rôle d'éveilleur de conscience, sinon celui de donneur d'alerte. le roman est riche et certainement très intéressant. Il s'agit du point de vue d'un des meilleurs écrivains algériens de notre époque, maintes fois primés pour ses romans précédents. Son combat contre l'extrémisme religieux est donc une fois encore confirmé dans ce dernier ouvrage, et Boualem Sansal n'aura pas fini de faire parler de lui. Sa vision du monde cependant risque vite d'être dépassée par les événements, au vu de leur accélération vertigineuse. Il n'est pas si sûr que Wall Street continue d'exister en 2048, puisque sa fin semble avoir sonné, quand on analyse la conjoncture économique actuelle et les analyse de nombre de spécialistes dont Jacques Atali, qui annoncent l'imminence de l'effondrement du système économique actuel. En jouant à l'apprenti prophète, Boualem Sansal risque d'y laisser des plumes, . L'avenir nous dira s'il a eu raison ou s'il s'est trompé dans son analyse.

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