100 ans après le roman de
Georges Orwell, dans son roman 2084 ,
Boualem Sansal reprend le mot d'ordre de
1984 :
« la guerre c'est la paix
la liberté c'est l'esclavage
L'ignorance c'est la force «
et ajoute : La mort c'est la vie
Le mensonge c'est la vérité
La logique c'est l'absurde »
Rien n'a beaucoup changé depuis 100 ans, même dictature, même manipulation des esprits, même toute puissance de l'Etat, même asservissement du citoyen.
La religion a pris des proportions politiques, les services secrets veillent à ce que les hommes d'Abistan soient tous sous son joug et désirent mourir pour elle. Des exécutions publiques éliminent ceux qui pensent, car on ne leur demande pas de croire, mais de répéter ce que dit le Yölah, le dieu et son prophète Abi. Yölah est grand et Abi est son délégué, répété constamment, est en fait une façon de dire bonjour.
L'Abistan a cependant besoin d'ennemis, qu'elle extermine dans le stade, ou qu'elle parque dans des ghettos. Car la religion, dit Sansal, perd sa virulence si rien ne vient la malmener. Comme il y a 100 ans, un langage est inventé pour simplifier la pensée et même l'éradiquer.
La différence, c'est l'absence de technologie, donc de communication. Pour se rendre au sanatorium, le héros, Ati, doit voyager dans des caravanes moyenâgeuses, et partout règne la mendicité, la faim, la mort exaltée car rapprochant de dieu.
Il existe bien un aéroport, nous le découvrons assez tard, ainsi que la frontière, et le soupçon qu'il y ait une civilisation avant l'Abistan, et une autre civilisation au delà d'une frontière dont l'existence est cachée.
Au fur et à mesure de la lecture de cette satire d'un monde totalitaire, l'ennui s'installe. On comprend bien que là où règne la mort et la joie de la soumission ne soit pas un monde heureux, mais, au contraire du livre d'Orwell, l'histoire même de 2084 est morne, répétant à chaque page la main mise du dieu et de son délégué sur les citoyens, l'abrutissement des masses, le mensonge de la religion. « Croire n'est pas croire mais tromper »
Bref, le livre annonçant la fin du monde me semble un projet manqué. La piste d'un éveil à la liberté et d'une remise en cause des mots d'ordre politico – religieux n'aboutit pas, la peur continue d'asservir. le livre 2084 n'est pas un roman qui raconte une histoire, c'est presque une récitation répétitive d'un état de fait. Raté.