L’AN 1709, Monsieur le duc d’Anjou fut roi d’Espagne. En cet honneur, il y eut, le dernier dimanche de novembre, grand bal chez le Roi ; grand bal paré et masqué. Et l’on usa pour cette réjouissance des masques de cire récemment imaginés par je ne sais quel petit garçon, qui comptait bien en faire fortune. L’invention, au reste, était plaisante. Voici ce qu’il en était : des modeleurs adroits avaient pris l’empreinte de tous les visages de la Cour ; et, des masques ainsi faits (masques de cire, soigneusement coloriés à l’exacte ressemblance des visages naturels), chacun avait couvert son propre visage ; mais, bien entendu, de telle sorte qu’il y eût complète et redoutable confusion ; que Madame de Cossé portât l’apparence de Madame de Verceil ; et que le comte de Thorne cachât ses traits sous ceux du duc de Saint-Simon. C’était là de quoi fournir ample matière à toutes les méprises, voire à quelques pittoresques intrigues. On s’amusa beaucoup ; on se fourvoya davantage ; et, finalement, quelques maris, après la fête, furent contraints d’appeler quelques galants… Mais cet épilogue ne fit point de bruit. D’autant que le Roi n’aimait pas les estocades.