AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 174 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Décédé en juin 2010, José Saramago avait un compte à régler avec Dieu qu'il écrit sans majuscule, comme tous les noms des personnages et lieux bibliques du roman. L'écrivain portugais, prix Nobel de littérature, nous lègue ainsi un dernier roman qui raconte l'assassinat d'Abel en prenant parti pour Caïn.

Nul doute que ce texte créera une polémique. Qu'est-ce qui a poussé Caïn à tuer Abel ? L'envie, comme le disent les Écritures ? Non : l'injustice de Dieu. Méprisé, rejeté, mal aimé du Père céleste, Caïn le bon, le laboureur fidèle, s'est rebellé contre l'arbitraire et le favoritisme. Dès lors, le seul coupable de la mort d'Abel, c'est Dieu.

Condamné à errer sur la terre, Caïn succombe aux charmes de Lilith. Il arrête le bras d'Abraham, prêt à assassiner son fils, regarde épouvanté les innocents périr dans le brasier de Sodome, assiste impuissant à la colère de Moïse passant au fil de l'épée les adorateurs du Veau d'or, relève les massacres perpétrés par les tribus d'Israël contre les Madianites, la prise de Jéricho, les souffrances inutiles infligées à Job. Et lorsque, avec Noé, il monte dans l'arche supposée sauver l'espèce humaine, il prend une terrible décision, qui mettra un terme aux agissements de ce Dieu rancunier, cruel et corrompu. On l'aura compris : Caïn se veut le roman de la lutte séculaire entre l'homme et Dieu, entre le Créateur et sa créature.

En 1992, José Saramago avait déjà fait scandale au Portugal avec L'Évangile selon Jésus-Christ, dans lequel il dépeignait Jésus perdant sa virginité avec Marie-Madeleine. Il a récidivé avec ce roman, où il enfonce, si l'on peut dire, le clou. « Notre Dieu, créateur du ciel et de la terre, est complètement fou. Parce que seul un fou sans conscience de ses actes accepterait d'être le responsable direct de la mort de centaines de milliers de personnes, sauf que, finalement, il ne s'agit pas de folie involontaire, mais bien de méchanceté pure et simple. » le « Seigneur » est envieux, extravagant, cruel. « L'histoire des hommes est l'histoire de leurs mésententes avec Dieu, il ne nous comprend pas et nous ne le comprenons pas. »

José Saramago relit l'Ancien Testament avec sarcasme. Il inscrit tous les maux sur le compte d'une divinité ignorant la fureur des hommes. Cécité de Dieu, marquant Adam et Ève « par ce morceau de pomme qui ne monte ni ne descend dans le gosier », « empoignant le sceptre comme s'il se fut agi d'un gourdin », « doté d'une excellente cervelle de comptable et ultrarapide en calcul mental ». Bref, « le Seigneur n'est pas une personne à qui l'on puisse faire confiance ».

Hélas ! cette révision de la Bible semble parfois d'une parfaite gratuité. La réécriture des textes bibliques serait jubilatoire si l'humour était de la partie. Mais trop souvent le ton est burlesque sans être drôle. Noé, Caïn, Abraham, Sarah, Lilith, Loth et ses filles sont passés à la moulinette d'un guignol grinçant, obsessionnel, revanchard. Pour s'attaquer à la Bible, il fallait peut-être un autre souffle. La fureur athée de José Saramago l'étouffe trop souvent, et contraint pour une fois son génie : il faudra attendre un autre inédit pour retrouver la saveur amère du grand Prix Nobel.
Lien : http://www.magazine-litterai..
Commenter  J’apprécie          20
Traduction du portugais : Geneviève Leibrich

Réécriture de la vie d'un personnage biblique: les aventures de Caïn après son fratricide.
Jubilatoire sous la plume de Saramago.
Iconoclaste à souhait, il nous emmène dans les régions de Mésopotamie 2000 ans avant notre ère, où s'est écrit l'ancien testament.

Présent, passé, futur se mêlent allègrement autour des figures célèbres telles qu'Abraham, Noé, Moïse, Loth, Job …. dont les histoires tragiques ne sont rien moins que reprochées au dieu unique de l'époque par Caïn qui s'immisce tranquillement dans chacune d'elles.

Les dialogues entre dieu et Caïn sont d'un humour décapant. Et comble de l'irrévérence, l'écriture n'obéit plus aux règles élémentaires d'une grammaire conventionnelle, notamment dans les dialogues justement (pour accentuer l'extravagance du récit???).

Alors fondamentalistes de tous bords s'abstenir !!!! Ils ne trouveraient pas ça drôle du tout !
Commenter  J’apprécie          10
L'auteur règle ses comptes avec la religion, c'est toute la Bible qu'il revisite à travers le personnage de Caïn. le premier meurtrier de l'histoire est ici condamné à errer à travers les époques, assistant au massacre d'innocents à Sodome, aux souffrances injustes infligées à Job, évitant de justesse à Abraham de tuer son fils sur la demande de ce Dieu capricieux et cruel. Embarqué lors du déluge sur l'arche de Noé, il finira par se venger de cette injustice divine de façon inattendue. Un brin provocateur, Saramago livre à nouveau un roman surprenant tant par le sujet que par son style bien reconnaissable.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (384) Voir plus



Quiz Voir plus

Le voyage de l'éléphant

En quelle année le voyage commence et en quel année le voyage se termine ?

1552-1554
1551-1553
531-534

3 questions
2 lecteurs ont répondu
Thème : Le voyage de l'éléphant de José SaramagoCréer un quiz sur ce livre

{* *}