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sur 175 notes

J'aime l'irrévérence quand elle est intelligente et non vulgaire. C'est sans doute, entre autres, pour cela que j'ai lu ce court roman presque d'une traite. Et quand on veut proposer une réécriture un peu délirante des grands moments de l'ancien testament, tout en poussant le lecteur à s'interroger sur celui-ci et la déité au sens large, il y a tout intérêt à trouver un angle un peu bousculant. Mission accomplie !

Et ce fut donc une lecture assez fluide, malgré le style complexe de l'auteur. Sur ce point, j'étais prévenue; donc, dès le début je me suis laissée porter par les phrases longues comme un jour sans pain, certes.
Comme je n'ai pas beaucoup interrompu ma lecture, et que de toute façon l'ouvrage est découpé en chapitres, je n'ai ressenti aucun inconvénient dans cette manière de rédiger, inédite pour moi.

Le fond m'a bien amusée même si pour ma part, je n'ai pas découvert de nouvelles réflexions à creuser en ce qui concerne le sujet abordé. La question de savoir pourquoi l'homme s'invente des dieux finalement à son image imparfaite par nature et comment certains parviennent pourtant à mobiliser les foules autour du dogme de sa perfection et de sa justice immanentes m'a toujours interpellée. La manière dont José Saramago a traité le sujet était cependant assez étonnante et particulièrement intéressante.

Ce fut mon premier Saramago, et certainement pas mon dernier !
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Dans ce court roman @Saramago ne fait pas de cadeaux à Dieu qui en prend plein la figure sur les horreurs commises en son nom ou même celles qu'il a lui même commises parce que l'on n'avait pas respecté ses commandements.
C'est dans un délire complet que Caïn notre personnage principal voyage au gré du monde sautant d'une époque à une autre pour nous raconter l'ancien testament à la sauce @Saramago. Pas sûr du tout que les catholiques traditionalistes apprécient le roman et @Saramago a bien fait d'écrire ce roman à l'époque actuelle et non pas du temps de l'inquisition car nul doute qu'il aurait fini écartelé par les censeurs de cette charmante période.
Dans son style toujours aussi particulier et iconoclaste, l'auteur nous livre une farce sur la relation entre Dieu et ses créatures : les hommes.
Amusant et intelligent.

Challenge Nobel
Challenge Multi-défis
Challenge riquiqui
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« Son dernier livre», ces quelques mots ont toujours suffi, il fallait à chaque fois se précipiter en librairie. « Caïn » est le dernier dernier ouvrage du Prix Nobel de littérature. Quelle tristesse ! Nous devrons désormais, sans le frisson de la découverte, nous contenter de relire ses merveilleuses histoires. Quelle chance ont ceux qui ne connaissent pas encore ses romans !

José Saramago, il y a vingt ans déjà, avait fait scandale avec « L'évangile selon Jésus-Christ ». Il récidive aujourd'hui et nous fait, de la plus belle et courageuse façon, sa révérence. Quelle hardiesse, au soir de sa vie, il traite – comme son personnage principal – le créateur sur un pied d'égalité. Il défie dans son roman, avec une invraisemblable jeunesse, un dieu cruel et envieux. Il lui retire littéralement sa majuscule. La peur, qui fait plier les jeunes vieillards , celle de la mort qui fait mettre tant de genoux à terre, n'aura pas infléchit José Saramago. La colère et la révolte contre les injustices, qui épargnent les imbéciles, n'auront pas cessé de l'animer sa vie durant. Il a du hurler de rire quand, lui donnant ainsi cent fois raison, les censeurs vaticanesques l'ont excommunié.

Lecteur érudit, José Saramago avec une fausse naïveté revisite l'Ancien Testament. L'écrivain prend partie pour Caïn contre Abel, il s'insurge contre les massacres et les vengeances de toutes sortes. Dans un espace temps en désordre, Caïn, qui aime la vie, connaîtra la lascivité à la cour de la reine Lilith, la compassion pour Abraham au bras tendu sur la tête de son fils Isaac, la colère de Moïse passant au fil de l'épée les adorateurs du veau d'or, les massacres et les pillages perpétrés par les tribus d'Israël contre les Madianites mais aussi la fourberie des anges, les subterfuges et les calculs des habitants de Babel, le sort sans pitié qui frappe la ville de Sodome et les souffrances inutiles infligées à Job.

Ultime roman contre les dévots et certainement pas réponse aux interrogations des Hommes, « Caïn » de José Saramago aurait pu avoir en exergue ces deux vers de Charles Baudelaire :
« Race de Caïn, au ciel monte,
Et sur la terre jette Dieu. »
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Pour inconditionnels de Saramago. Pour celles et ceux que la ponctuation très personnelle de l'auteur ne rebute pas. Pour celles et ceux, également, qui veulent manger dieu (et du curé) à toutes les sauces et tous les repas.

Effectivement, l'humour est corrosif. Mais à mon avis, inutile. Personne ne lit et n'interprète plus la bible au pied de la lettre... Car, au final, et en ce qui me concerne, ce que fait Saramago, c'est (dé)montrer (avec talent, c'est déjà ça) qu'il est idiot de croire l'Ancien Testament mot à mot... mais personne ne fait plus cela, sauf Mgr. Lustiger et les fanatiques des messes en latin. Et je ne crois pas qu'ils liront Caïn.

Au final, j'ai plutôt perçu le roman comme un pavé d'anticléricalisme primaire. Pas spécialement convaincu. Deuxième roman de l'auteur et toujours pas séduit. Vais-je encore persévérer...? Perseverare diabolicum, pour revenir à dieu et son séide principal.
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Caïn a tué Abel mais au lieu de partir sur les chemins sous la malédiction de Dieu, il préfère se rebeller. Ce n'est pas de sa faute s'il a tué son frère mais celle de Dieu car ce dernier n'a pas daigné accepter les offrandes de Caïn. Dieu le condamne à errer dans le temps et à vivre les grands événements de l'Histoire Sainte. Il assiste, entre autres, au sacrifice d'Abraham, Sodome et Gomorrhe, les adorateurs du veau d'or… ou même la construction de l'arche de Noé et son départ sur la Terre inondée.
Chacun de ces rencontres avec les personnages saints et Dieu est le prétexte pour José Saramago pour remettre en cause la place de ce Dieu qui commande de telles cruautés. Qu'en est-il de ce Dieu plein de bonté et d'amour ? Il est vrai que l'Ancien Testament est particulièrement violent, j'en avais été étonnée à sa lecture. le ton emprunté par Saramago est plutôt ironique et même si sa façon particulière de raconter des histoires peut déstabiliser, ce livre résonne assez justement.
Une bonne réflexion sur la religion chrétienne.
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le point de départ est séduisant: variations sur l'histoire de Caïn, avec des épisodes bibliques également ré-écrits, de l'anéantissement de Sodome et Gomorrhe à la tour de Babel, en passant par le sacrifice d'Isaac , le veau d'or pour s'achever dans l'arche de Noë. Passés les premiers moments d'agacement lié à une ponctuation étique et à l'absence de majuscules (pas de nom propre, donc pas d'existence?), j'accepte d'y voir la métaphore d'une humanité sans dessein, essentiellement mauvaise, qui doit se libérer de son dieu inique, violent et caractériel. L'ensemble n'étant pas dénué d'humour, pourquoi pas?
Mais au milieu de tout cela, une petite phrase m'a choquée: "Lors de la naissance de caïn, les israélites étaient quelque chose qui n'existait pas encore, et quand, beaucoup plus tard, ils se mirent à exister, avec les conséquences désastreuses que nous ne connaissons que trop bien, les recensements qui eurent lieu ne prirent pas en compte la famille d'adam."
Maladresse? Provocation? Il semble hélas que l'antisémitisme de M.Saramago ne s'infiltre jusque dans ce roman, et pas seulement dans ses entretiens ou son blog. La métaphore prend alors un autre relief, terrifiant, consternant: la justification de la destruction d'un peuple. Je tente en vain de comprendre autre chose. J'espère, je souhaite, je veux n'y avoir rien compris .
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Etonnante relecture de la Bible et notamment du personnage de Caïn...Et de Dieu. Après L'aveuglement je retrouve Saramago et son style si particulier, sorte de flux narratif direct dont la principale caractéristique est de se débarrasser des normes, des conventions du dialogue dans un roman "traditionnel". Ici tout est direct, les faits comme les propos s'enchaînent sans véritables ruptures syntaxiques. Si cela paraît déroutant au premier abord c'est là un élément de style très pertinent : j'ai aimé et j'ai été ravi de retrouver cette écriture efficace et qui ne se prive pas pour autant de livrer quelques images de haute volée littéraire.
Le livre raconte la vie de Caïn, meutrier de son frère Abel s'il est besoin de le rappeler, tout en évoquant les premiers temps de la création. C'est donc là le seul "bémol" mais qui tient davantage au lecteur qu'à l'auteur : il vaut mieux connaître les événements ou personnages dont il est question (Lilith, Jericho, Sodome...) pour apprécier le livre comme il se doit.
Ici on est bien loin du sérieux et du terrifiant présent dans L'aveuglement ; Saramago livre un récit tantôt drôle, ironique, cynique sur le récit biblique en lui-même, le rapport entre la foi et le dogme et réinterroge avec malice la figure du Dieu "punitif" propre à l'Ancien Testament. J'imagine que le lecteur croyant et dans le même temps frileux pourra y voir bien plus de l'irrévérence ou du blasphème que de la malice... Mais c'est un questionnement pertinent : ce Caïn si moderne dans sa façon d'aborder la vie est confronté à un Dieu archaïque, agressif et profondément dépassé par sa création. C'est cela qui est sans doute le plus amusant dans le livre, et qui fait tout le sel de cette fin culottée mais qui termine avec brio (et encore une fois malice) ce roman que l'on pourrait classer davantage comme conte philosophique.
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N°518 – Mai 2011.
CAÏNJosé Saramago – le Seuil.
Traduit du portugais par Geneviève Leibrich.

Après « L'Évangile selon Jésus-Christ », sorti en 1992, où José Saramago (1922-2010) présente Jésus perdant sa virginité avec Marie-Madeleine, l'auteur récidive dans ses attaques contre Dieu avec ce roman. A l'évidence, il a, sinon l'envie de créer la polémique, à tout le moins celle de vider avec Lui un lourd contentieux. Alors que nombre d'écrivains ont célébré le Créateur ou ont choisi, au contraire de l'ignorer, Saramago le dénonce comme « un dieu cruel, envieux et insupportable qui n'existe que dans notre tête ». Quand il parle de Lui, il évite soigneusement la majuscule qui d'ordinaire orne son nom et choisit dans ce roman de présenter le meurtre d'Abel par son frère Caïn non comme le disent les Écritures à cause de l'envie mais bien plutôt à cause de l'injustice de Dieu. Il dépeint Caïn, pourtant présenté comme le premier meurtrier, comme un être bon et amoureux de la vie mais qui, s'étant rebellé contre l'arbitraire divin, est méprisé par Dieu. Ainsi le seul coupable de la mort d'Abel ce n'est pas Caïn mais Dieu. « Qui donc es-tu pour mettre à l'épreuve ce que tu as crée ? » lui dit Caïn.

Dès lors il est condamné à errer (juif errant !)sur la terre, succombe aux charmes de Lilith qui est à la fois la maîtresse d'une ville, l'épouse de Noé et l'amante des hommes de passage. Il aime la vie, est le témoin impuissant des grands événements de « l'Histoire Sainte ». C'est lui qui arrête le bras d'Abraham sacrifiant son fils unique à Dieu, c'est lui qui voit la tour de Babel et ce qu'il en résulte pour les hommes, qui assiste à la mort des innocents de Sodome, au bras vengeur de Moïse tuant les adorateurs du veau d'or, sans oublier des souffrances pour lesquelles Dieu s'allie à Satan pour tourmenter Job. C'est une sorte de roman philosophique voltairien, un conte plaisant, écrit et traduit sur un mode jubilatoire qui revisite les saintes écritures en s'adressant directement au lecteur. Caïn est présenté comme une sorte de Candide qui se promène dans le temps sur le dos d'un âne. Ensemble, et par le miracle de l'écriture, ils traversent le « présent-futur » ou « le présent-alternatif » mais aussi visitent le passé. Dieu est toujours présenté comme un dictateur sanguinaire, jaloux, manipulateur, rancunier et injuste qui fait un choix parmi les hommes. Déjà dans « Le Dieu manchot » Saramago avait posé le problème de l'injustice : un roi décide d'offrir à Dieu un monastère pour le remercier de lui avoir donné un fils mais cette construction occasionne la mort de nombreux innocents. Il pose le problème de la coexistence entre les hommes et Dieu, entre les puissants et les humbles.

C'est, d'évidence, un combat de la créature contre son créateur à travers la personnalité d'un être que la Bible, toujours manichéenne, a présenté comme quelqu'un de mauvais. L'Évangile prendra plus tard ce relais, notamment avec Judas. Caïn ose interroger Dieu et s'opposer à lui ! Prendre parti pour un désavoué, un réprouvé est toujours un défi intéressant, d'autant que c'est un prix Nobel de littérature qui fait ce choix. Combattre la soumission à une divinité qui est le socle de toute religion peut paraître iconoclaste. Cela n'en est pas moins la marque de cet homme engagé qui a, tout au long de sa vie, choisi d'être « politiquement incorrect », d'être en quelque sorte rebelle aux idées reçues et même à l'ordre établi, surtout contre l'Église . Depuis toujours, il a choisi son camp, celui des opprimés. On se souvient de ses positions pro-palestiniennes qui lui ont valu beaucoup de critiques au Portugal qu'il a été obligé de quitter, en Europe et dans le monde.

Il ne pose pas pour autant le problème de la foi (s'adressant à Dieu il n'en nie pas l'existence mais remet en cause la bonté qui est censée le caractériser) qui est personnelle à chacun mais celui de la transcendance de Dieu et de la résignation humaine. Il est lui-même un écrivain dont le rôle est de raconter des histoires (Il précise qu'il est « un simple rapporteur d'histoires antiques »). Il considère que la Bible est un livre d'histoire emprunt de violence et qu'il peut parfaitement réécrire à sa manière en le désacralisant. Il m'apparaît que c'est un écrivain qui n'accepte pas le compromis et qui a choisi de se rebeller contre ce que l'humanité dans son ensemble considère comme une évidence : la soumission aveugle et consentante à une sorte de destin dicté par Dieu avec tout ce qu'il a d' injuste et d'irrationnel. Il me semble que, dans la mesure où l'on reste soi-même, où l'on assume ses choix, surtout s'ils vont à l'encontre de ceux du plus grand nombre, de ceux dictés par les institutions, on est parfaitement respectable. La peur de la mort, celle de l'enfer, de la damnation éternelle dont on nous a si abondamment parlé dans nos sociétés tant marquées par le judéo-christianisme, n'ont pas de prise sur lui. Il affirme ses convictions et en accepte les conséquences et je ne vois pas au nom de quoi il devrait se taire. Son style est remarquable, humoristique et toujours plaisant pour le lecteur. Il a fait valoir son talent comme le dit la parabole et je ne vois pas ce qui justifierait son silence. Et tant pis si d'aucuns ont pu voir dans ce texte une fable blasphématoire !

Cela dit, même s'il a dû s'exiler en Espagne à cause sans doute de l'Église catholique qui n'a pas supporter ses écrits et ses prises de position, il n'en reste pas moins qu'il est le seul écrivain de langue portugaise à avoir obtenu le prix Nobel de littérature (1998), et, à ce titre, son pays en est fier. Heureusement !






©Hervé GAUTIER – Mai 2011. http://hervegautier.e-monsite.com












































































































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Court roman d'un Prix Nobel de littérature, remarquable à plusieurs points de vue, son érudition sur un sujet délicat, la Bible, son parti-pris résolu contre la religion, son ironie féroce, son style inattendu.
Sa cible préférée est Dieu lui-même, être de chair, débarrassé de sa toute puissance, en proie à la réflexion, au questionnement, mais aussi à l'arrogance que met à jour la contradiction que lui oppose Caïn.
Tout a commencé dans l'affront que Dieu a prononcé à l'attention de Caïn, en lui préférant les offrandes d'Abel, celles de Caïn étant de fait quelque peu “rabougries“ (tous les deux sont les fils d'Adam et Ève). Caïn voit dans le choix du Seigneur une preuve de sa partialité et de son injustice. Contrairement à ce que prétend la Bible - Caïn se vengea des moqueries de son frère en le tuant - le meurtre d'Abel se veut une punition de Dieu lui-même, que Caïn ne peut tuer. Dieu réagit en condamnant l'assassin à errer en dehors du paradis, sur la Terre aride et brûlante.

Assailli par la faim, perdu dans des plaines infinies, Caïn voyage dans l'espace et dans le temps, habitant le passé ou le futur. Il fait des rencontres, commence par celle d'Abraham décidé à immoler son fils Isaac, par ordre du Seigneur-Dieu qui voulait tester sa foi et son obéissance. L'ange envoyé par Dieu pour arrêter le bras du père docile, étant en retard, c'est Caïn qui s'en chargea, tout en questionnant le dessein du Créateur.
Cherchant du travail, Caïn s'apprêtait à malaxer de l'argile pour bâtir des briques, quand la reine Lilith le remarqua et l'attira dans sa couche où elle lui montra comment la chair pouvait prendre un tour incandescent, une coloration torride, jusqu'à faire naître une graine dans un environnement hostile. Cela dura ce que durent les passions.
Juché sur son âne et chargé de victuailles, Caïn se rend à Sodome et Gomorrhe, accompagnant Dieu qui avait entendu parler de ces cités pécheresses, où l'inhospitalité le disputait à des excès charnels, voire homosexuels. Épargnant Loth, neveu d'Abraham et sa famille, Dieu détruisit ces villes, y englobant les enfants, alors qu'il avait promis de les exempter de la peine collective. Caïn ne lui pardonnera jamais ce massacre d'innocents.
Caïn se retrouve ensuite mêlé aux compagnons de Moïse absent depuis quarante jours et quarante nuits pour cause d'établissement avec Dieu des tables de la Loi. Quelle n'est pas sa surprise en descendant du mont Sinaï de voir que ses ouailles ont élaboré avec la complicité d'Aaron, son propre frère, un Veau d'Or qu'ils adorent comme un Dieu ! Outré, le Seigneur, par l'entremise de Moïse, ordonne que soient exécutés trois mille hommes. La preuve irréfutable de la méchanceté profonde du Seigneur saute aux yeux de Caïn qui poursuit sa route, assistant aux manoeuvres des filles de Loth commettant l'inceste pour avoir une descendance, démontrant là l'absence de codes moraux propre à cette époque - ce qui ne soulevait d'ailleurs aucune indignation du Tout-Puissant.
Les victoires sur les Madianites permirent l'enrichissement considérable du Seigneur grâce à un nombre non moins considérable de morts - démontrant que les guerres sont des affaires rentables.
L'épisode de la prise de Jéricho par Josué, au son des trompettes, suivi de la prise d'Aï et de bien d'autres villes, avec leurs lots de morts, de traitres, de butins, de colère ou de vengeances du Seigneur-Dieu, de sa complicité belliciste quand il s'est agi d'arrêter le Soleil ou la Terre, je ne sais plus, pour battre les Amorites, tout cela est confus et ne mérite pas l'attention de Caïn qui ne songe qu'à s'enfuir, et finit par retrouver Lilith pour le plus grand bonheur de leurs étreintes.
Après ces plaisirs retrouvés, Caïn reprend son errance qui l'amène à chercher du travail auprès de Job, cependant que Dieu en réunion avec des sommités célestes dont Satan, fait un pari avec ce dernier, lui donnant carte blanche pour tenter de ravir la foi à ce fidèle d'entre les fidèles qu'est Job. Job dont la vie est florissante, entre ses terres, ses troupeaux et ses nombreux enfants, perd ainsi tout ce qu'il avait et devient même lépreux. Imaginant que c'est là la volonté divine, il garde sa confiance en Dieu (qui finira par lui restituer ce qu'il a perdu, prétend-il).
L'épisode de Noé et de son arche sont l'occasion d'une conclusion surprenante qui permet à Caïn de fignoler sa revanche sur le Tout-Puissant, en lui rendant la monnaie de sa pièce. Cette lutte a priori inégale prend décidément une tournure allégorique et résolument jubilatoire.
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Oui, le début fut ardu tant l'écriture de Saramago est atypique…. Ces longues phrases m'ont quelque peu décontenancée …. Mais une fois passée la barrière de la synthase … quelle lecture … quel voyage… quel verbe… merci à Saramago que j'ai découvert quelques années après sa mort lors d'un voyage à Lisbonne.
Je m'en vais lire le Dieu manchot
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