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Citations sur L'astragale (45)

Je vais dans le sens des gens, indifférente dans leur dédain, confiante dans leur sollicitude, souriante dans leur gaîté.
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Mais, dans notre Milieu, comme elle dit, section casse comme section tapin, l'or ne vaut rien comparativement au silence ; et mon silence, tout léger et allègre qu'il soit, me caparaçonne de pierres précieuses.
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La taule me cernait encore : je la retrouvais dans des réflexes, des tressaillements, des sournoiseries et des soumissions dans les gestes. On ne se lave pas du jour au lendemain de plusieurs années de routine chronométrée et de dissimulation constante de soi. Lorsque la carcasse en est libérée, l'esprit, qui était jusque-là la seule échappatoire, devient au contraire l'esclave des mécanismes ; l'humilité que l'on feignait devient gêne réelle ; moi, mariée à tous les culots là-bas, je n'osais plus, maintenant, prendre l'initiative des actions pourtant les plus naturelles : chez la mère comme chez Pierre, j'avais sans cesse aux lèvres des « S'il vous plaît », « Puis-je », ou j'avais tendance à agir sous la lumière ; puis je me rappelais soudain que j'étais libre, et je me faisais maladroite et extrême.
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Je sens chez mes hôtes, à son endroit, une cupidité servile, voilée par le ton camarade et complice, qu'équilibrent aux deux bouts le respect pour le type qui sait voler, et la condescendance pour le type qu'on dépanne.
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Je souriais, la bouche contre les racines de l'arbre ; maintenant, j'étais complètement allongée, je trempais dans l'herbe, je me glaçais peu à peu. À l'autre bout de moi, ma cheville menait grand tapage , fondait en rigoles incandescentes à chaque pulsation de mon coeur : j'avais un nouveau coeur dans la jambe, mal rythmé encore, répondant désordonnément à l'autre. Là-haut, les branches noires étaient figées dans la glace du ciel [...].
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J’aimerais bien, tout de même, aller un de ces jours patienter une demi-heure « Chez Marcel », rue de la Santé, en face de la taule. Les visages de ce rade appartiennent à des amis non admis au parloir, des amis des parents du détenu ; les colis et les valises amoncelés dans tous les coins sont destinés aux prisonniers ou viennent d’eux : ils charrient leur crasse ou leur linge propre, ils recèlent peut-être la lime ou le bifton pour la cavale du siècle… Non : chez Marcel, tout visage est honnête, tout trafic aussi.
Je regarderais entrer et sortir les gens et les bagages, propres et joyeux, sales et sanglotants ; et le spectacle des coulisses de la grande geôle saurait m’émouvoir, comme lorsque je tripote les chemises vides de Julien.
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Je n’aime pas les accompagner ; ce n’est pas que j’aie le trac, mais le parloir est le seul moment de la semaine où la baraque m’appartient. Sans but, sans curiosité même, je fourrage partout, pour compenser les six autres jours de « Puis-je, Annie… » ; je me lave la tête ; je peux me regarder à la glace depuis la porte du cagibi, ouverte en direct sur celles de la chambre et de l’armoire : redevenue Ève, vêtue du seul turban après-shampooing, j’évolue dans un désert semé de cravates et de jouets. Pour prouver ma gentillesse et effacer mes découvertes – honte du linge sale fourré en boule entre l’étagère du réchaud à gaz et le compteur, tristesse d’un bout de gruyère oublié depuis des mois au fond du buffet –, j’astique le plancher et le cul des casseroles ; je range, sans trop empiéter sur le fouillis, me contentant de lui donner un aspect plus géométrique ; et, pour traduire mon impatience de les revoir, je descends prendre des bonbons chez l’épicier, deux doubles Ricards au bistrot, et je leur dresse un accueil.
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Le gars me serre contre son buste maigre, tout son système pileux bandé et le nez frémissant il me dit qu’il m’aime, que je suis une petite fille de joie pas comme les autres, que le turf ne me va pas et qu’il est prêt à tout pour m’en sortir :
- Tu habiteras ici, je suis seul. Tu feras ce qui te plaît, même le tapin si tu veux, mais... pourquoi continuer ce vilain métier ? Je te donnerai tout ce que tu voudras...
- Et mon Jules, tu l’oublies ? Et tu tiens à tomber comme mac, si les flics apprennent que je vis avec toi ? Non, mon chéri, impossible : tu ne sais pas ce que c’est, la loi du Milieu...
- Mais je t’aime...
Hier Jean, aujourd’hui ce mec ! Qu’ils sont donc encombrants avec leurs « Je t’aime », qu’ils sont loin de l’amour !
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Je tends à Julien le paquet de papier gris, j’essaie que mon geste soit effleuré et naturel : c’est difficile d’offrir du pognon, presque autant que d’en recevoir. Nous le savons trop bien pour ne pas jouer chaque fois la petite comédie de la désinvolture.
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Je descendis une station avant celle de mon hôtel : je voulais regagner mon lit à pied, et, si possible, trouver d’ici là des bars encore ouverts, où l’on ne me connaîtrait pas : celui de l’hôtel était incompatible avec la soif sans limites, sans élégance, ma soif sans soif.
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