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Simplement un grand roman! Tout part de si petites choses, pour ne pas dire des histoires aux allures banales, pour nous conduire vers des analyses existentielles plus pertinentes. Un travail de main de maitre, une structure bien ficelée, des histoires qui nous retracent l'ambiguïté de la première moitié du XXe Siècle, des personnages secoués autant par les monstres qui leur sont intérieurs qu'extérieurs en ce sens qu'ils sont en quête avant tout d'un sens à leur existence pour pouvoir affronter les péripéties de l'existence elle-même. Un beau roman exploitant plusieurs thèmes comme l'avortement, l'homosexualité, mais le plus fondamental est la liberté, une question épineuse, de sorte qu'on part d'une liberté individuelle vers une liberté collective. Mais, plus la société évoluerait, plus la liberté serait une préoccupation plus intérieure à l'homme. Je me suis régalée de l'art narratif que j'ai trouvé bien structuré!
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Très belle histoire basée sur la liberté. J'ai suivi avec un grand intérêt ce groupe de jeunes gens se posant des questions sur l'avortement, l'homosexualité, l'estime ou la haine de soi. La liberté et le désir des femmes, à cette époque (1938), sont secondaires, du moins selon l'auteur. On le ressent fortement dans le livre où tout est concentré sur la liberté individuelle et existentielle des hommes, sur leur vie, ratée ou pas…L'égoïsme et l'égocentrisme règnent et dirigent l'histoire en maîtres, de quoi se poser des questions en tant que lecteur et de relativiser face à l'individualisme de notre société actuelle. A lire ou relire !


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J'ai choisi ce livre car j'ai chez moi depuis des lustres une très vieille édition poche du deuxième tome « le sursis ». Il fait partie du cycle « Les chemins de la liberté », en trois parties. Il semble qu' une quatrième partie est restée inachevée.

Dans ce roman écrit en 1945, Sartre se penche sur la question de la liberté et de ses paradoxes. Il nous dit que la recherche de liberté est incompatible avec le bonheur, puisqu'il faut en payer le prix. Il parle de l'engagement dans un couple, tout en relativisant la grandeur de cette si belle idée.

Mathieu est professeur de philosophie. Marcelle, sa partenaire est tombée enceinte par accident, et lorsqu'elle le lui dit, la réaction de Mathieu est de lui suggérer d'avorter, pensant qu'il était entendu que leur désir de liberté passerait au-dessus de celui d'un enfant.

Mathieu doit trouver l'argent nécessaire pour faire avorter Marcelle sans risque, et c'est une quête infernale dans Paris qui commence afin de pouvoir préserver son avenir.

Dans ce qui peut s'appeler une errance, il va croiser des amis, des étudiants, son frère. Chaque personnage vient d'un milieu différent, qu'il soit activiste, étudiant, bourgeois,… et ils défendent tous des principes qui les contraignent visiblement à des actes contraires à leurs propres valeurs.

L'écriture est tout simplement magique. Les dialogues excellents, c'est agréable à lire car l'intrigue est prenante, et tout ce qui est dit est profond et d'une grande justesse.
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Mathieu est professeur de philosophie. Son amie, Marcelle, est enceinte : un accident. Chacun s'active à trouver des solutions pour un avortement à un prix raisonnable et dans de relatives bonnes conditions. Sarah, qui a de l'expérience, se propose comme intermédiaire. En fait, en plus des raisons théoriques qui portent Mathieu à refuser l'engagement du mariage, il est lassé de Marcelle ; en outre, il est attiré par Ivich, la soeur de l'un de ses anciens élèves, Boris. Après maintes tergiversations, Mathieu finit par voler de l'argent à Lola, la maîtresse de Boris. Daniel, un ami homosexuel de Marcelle comprenant qu'elle a envie de garder l'enfant, se propose de l'épouser. Mathieu se prend à les envier. Eux, au moins, se sont engagés, ont décidé d'un acte devant lequel ils ne peuvent reculer. Lui, « il n'avait jamais pu se prendre complètement à un amour, à un plaisir, il n'avait jamais été vraiment malheureux : il lui semblait toujours qu'il était ailleurs, qu'il n'était pas encore né tout à fait. » Il a « l'âge de raison », et pourtant, il se sent incapable de « commettre » un acte : « Moi, tout ce que je fais, je le fais pour rien ; on dirait qu'on me vole les suites de mes actes ; tout se passe comme si je pouvais toujours reprendre mes coups. Je ne sais pas ce que je donnerais pour faire un acte irrémédiable. »

La liberté, c'est le choix. Mais choisir, c'est s'engager. le choix est ainsi un entre-deux entre liberté et engagement, auquel je ne puis échapper. Même si je ne choisis rien, je choisis de ne pas choisir, je m'engage, certes à rien, mais j'y suis tout de même, malgré tout. Engagé, me voici donc moins libre que je ne l'étais avant que de choisir. Il m'a fallu décider et cette décision fît d'une infinité de possibles un fait, un seul, effaçant tout ce qui aurait pu être. Il y a également l'importance du choix, laquelle est fonction de l'intensité de ce que sera l'engagement à venir. Je puis très bien avoir une idée de sa mesure avant le choix, et ainsi en amont peser le poids d'une décision en suspens. Mais cela n'est pas toujours vrai. Et puis il y a toujours de l'imprévisible, même en toute connaissance de causes. Intensité et imprévisibilité sont ainsi deux dimensions inhérentes à tout choix dont la variabilité n'appartient à personne. Mathieu, le héros de Sartre, lui qui veut être libre à tout prix, en refusant notamment ce dont il est le créateur, se trouve enserré dans ces dimensions. Mathieu pourtant décide et cherche activement les moyens de sa décision, les trouve d'ailleurs, mais le résultat n'est pas celui qu'il attendait, d'où dans un premier temps le sentiment d'être spolié des conséquences de ses actes. Imprévisibilité donc. Puis vient un temps où Mathieu prend conscience d'un vide, du peu d'intensité de ses décisions : « Mais tout ce que je fais, je le fais pour rien ; on dirait qu'on me vole les suites de mes actes ; tout se passe comme si je pouvais reprendre mes coups. Je ne sais pas ce que je donnerais pour faire un acte irrémédiable. » de tous les personnages du roman, Mathieu est celui qui revendique le plus d'être libre, mais il est aussi celui qui se perd le plus. Ou plutôt il devient très peu. La liberté, c'est choisir, c'est s'engager, mais c'est également devenir. Mathieu pourtant choisit, donc s'engage, mais il reste ce qu'il est. On peut ainsi très bien devenir ce que l'on est déjà, comme Mathieu.

L'Age de raison continue de transmettre, comme une maladie, une succession de petites morts physiques et contagieuses, l'état de crise morale de ses personnages. Tonalité : pessimisme énergique. Beaucoup de dialogues, de misères, d'analyses, de nervosité empêchée. Les héros se regardent agir tandis qu'ils agissent. Ils se méfient des autres, d'eux-mêmes. Ils se font des crasses, des provocations. Ils s'envient, se détestent, s'aiment de travers. Ils ont des lâchetés, des élans ricanants, réprimés. Leur amour-propre est contagieux, pénible, cassant. C'est le bal morne des gestes perdus et des occasions manquées : une panoplie dont il faut se débarrasser.

Les dernières phrases de l'Age de raison méritent davantage encore d'être citées. Nous sommes trois ans avant. Mathieu croit que sa vie d'homme libre est foutue et Sartre conclut pour lui : «Déjà des morales éprouvées lui proposaient discrètement leurs services : il y avait l'épicurisme désabusé, l'indulgence souriante, la résignation, l'esprit de sérieux, le stoïcisme, tout ce qui permet de déguster, minute par minute, en connaisseur, une vie ratée.» Ce petit inventaire n'a guère vieilli : on voit depuis trente ans se multiplier à la télé, à la radio, dans la presse et l'espace public, les figures de moralisant éprouvé. Elles vantent l'éthique, la vie bonne, l'humanisme sans peine, les droits de l'homme et l'indignation en toutes et lointaines situations, dans la plus confortable abstraction. Elles apparaissent, naturellement, sous les masques de vies réussies. Cette prépondérance en dit long sur l'état d'entretien des chemins de la liberté.
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Si je ne suis pas émerveillé par Sartre, je dois reconnaître qu'il avait un certain don pour la construction narrative. J'apprécie également son envie de philosopher qu'il ne dissimule nullement. Cela rend son propos encore plus marquant. le roman emboîte plusieurs récits de vie d'une manière tout à fait judicieuse. Mais quel intellectuel! Cet homme devait penser en permanence. Penser, penser et encore penser, à tout moment de la journée, dans n'importe quelle situation.
Les critiques de son époque le considéraient plus comme un romancier que comme un philosophe, mais il était, comme Albert Camus, les deux à la fois. Et avec quel génie.
Le personnage central de l'oeuvre doit être un double de l'auteur. Il analyse tout ce qu'il fait, tout ce qu'il voit et ébauche des théories philosophiques, dont la célèbre théorie existentialiste.
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Sartre se lance dans une grande fresque romanesque, tout en y ajoutant des personnages rongés par leurs problèmes et leurs soucis et qui mènent une existence somme toute banale mais qui lui permet d'en faire des exemples de nos propres existences et des solutions à apporter à un mal être ou à un évènement à surmonter. Il dépeint surtout l'avant-guerre avec les accords de Munich. Il règle ainsi ses scomptes avec l'histoire où il n'a pas joué un si grand rôle, à l'inverse d'autres écrivains et il y ajoute le concept de liberté pour pimenter le tout. Quand on aime Sartre, on peut facilement s'identifier aux personnages et l'histoire se lit agréablement, comme un feuilleton.
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J'avais un lointain souvenir plus passionné des romans de Sartre. Je redécouvre avec l'age de raison, un romancier solide qui dessine ses personnages avec beaucoup d'intensité, de "corps", un romancier qui sait nous faire vivre une époque déjà lointaine où les questions d'avortement, d'homosexualité, se posaient uniquement en tant que problème.
Et derrière c'est le thème de la liberté de l'homme qui préoccupe Sartre, cette liberté que Mathieu pense avoir, pense garder. Cette liberté qui n'a guère de sens si elle ne sert pas en fait.
Mais ai fil de la lecture je n'ai pu m'empêcher de trouver l'histoire, les personnages fortement datés, un peu comme un vieux film avec ces bons acteurs d'un autre temps au jeu un peu exagéré, au maquillage un peu forcé.
Cette impression persistante édulcore pour moi la puissance du livre telle qu'elle a probablement pu être ressentie à sa parution.
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C'est l'histoire de la vie bourgeoise de personnages qui ont un choix à poser sous l'éclairage de l'existentialisme sartrien. Un reflet de nous, pauvres humains qui nous complaisons dans notre confort afin d'oublier l'important, les chemins déchirants qui peuvent mener vers notre liberté. le style littéraire est moins recherché que dans La Nausée ou le Mur, mais la vraisemblance des angoisses qui habitent les personnages nous montrent que Sartre aura vécu en toute conscience humaine de ce qui se passait autour de lui.
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Chez Sartre, ça cogite. Ça nous parle de liberté, beaucoup, d'existentialisme, naturellement, mais aussi une point de remords... le personnage principal se rend compte, au cours de ses nombreuses pérégrinations intellectuelles et intérieures, que trop de liberté fini par le tuer. Je m'explique : sa liberté lui permet un détachement total et un champ d'action illimité sur sa vie. Seulement, de fait, ce détachement le mène à n'être plus rien, à n'exister à travers rien, puisque rien n'a d'impacte sur lui, il n'a d'impacte sur rien non plus. Il se rend compte que la liberté individuelle, égoïste le pousse dans une solitude extrême, un manque d'accomplissement et de profondeur à la vie. Il ne s'investi dans rien et en retour, rien ne s'investi dans lui. Il est libre mais fait du sur-place. Il n'y a rien dans sa vie puisqu'il n'est soumis à aucun engagement. L'age de raison, c'est lorsqu'il se rend compte que la liberté n'est pas une fin en soi.
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Je n'ai pas été touché par ce récit, je n'ai pas été transporté dans son univers ni touché par ses personnages. Pourtant la plume est bonne, la réflexion est excellente mais la philosophie n'est pas la mienne. Je ne pourrais même pas vous résumer l'oeuvre tant il y a de mélange entre les relations des personnages, j'ai été perdu dès le début. J'ai bien conscience que ma note reflète uniquement mon ressenti sur une telle oeuvre et que c'est de ma faute si je n'ai jamais eu de cours de philosophie, rendant ce livre quasiment indigeste à mes yeux.
Pour tout dire, je ne l'ai pas terminé, je me suis arrêté au chapitre quatorze, entamant quand même les trois quarts du roman, mais à la fin je lisais sans comprendre, aucun intérêt de poursuivre les aventures de Matthieu.
Ce qu'il y a de bien, quand même, c'est que ce roman est une bonne introduction à l'existentialisme, mouvement de pensée philosophique, peut-être plus digeste qu'un essai. Sartre fourni par l'exemple ce qu'est l'existentialisme. Il introduit aussi des notions de ce qu'est la liberté et la vie au début du XXe sicècle.
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