Chaque homme doit inventer son chemin.
Vous avez compris que mon crime est bien à moi ; je le revendique à la face du soleil, il est ma raison de vivre et mon orgueil, vous ne pouvez ni me châtier ni me plaindre , et c'est pourquoi je vous fais peur.
Mais je ne reviendrai pas sous ta loi : je suis condamné à n'avoir d'autre loi que la mienne. Je ne reviendrai pas à ta nature. Mille chemins y sont tracés qui conduisent vers toi, mais je ne peux suivre que mon chemin. Car je suis un homme, Jupiter, et chaque homme doit inventer son chemin. La nature a horreur de l'homme et toi, toi, souverain des Dieux, toi, aussi tu as les hommes en horreur.
Je ne suis ni le maître ni l'esclave, Jupiter. Je suis ma liberté ! A peine m'as tu crée que j'ai cessé de t'appartenir.
Que les rochers me condamnent et que les plantes se fanent sur mon passage : tout ton univers ne suffira pas à me donner tort. Tu es le roi des Dieux, Jupiter, le roi des pierres et des étoiles, le roi des vagues et de la mer. Mais tu n'es pas le roi des hommes.
Le plus lâche des assassins, c'est celui qui a des remords.
Mais que m'importe : je suis libre. Par-delà l'angoisse et les souvenirs. Libre.
Que m'importe Jupiter ? La justice est une affaire d'hommes , et je n'ai pas besoin d'un Dieu pour me l'enseigner.
Quand une fois la liberté a explosé dans une âme d'homme, les dieux ne peuvent plus rien pour cet homme-là.
Un homme libre, c'est qu'homme une brebis galeuse dans un troupeau. Il va contaminer tout mon royaume et ruiner mon oeuvre.