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sur 195 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a quelques années, j'avais lu avec un vif intérêt Les naufragés de l'île Tromelin, un roman d'Irène Frain, dont l'histoire m'avait durablement marquée. Aussi, lorsque j'ai découvert les superbes planches de l'album de Sylvain Savoia, lors d'une exposition au Festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo en mai dernier, j'ai souhaité découvrir très vite Les esclaves oubliés de Tromelin.
Il est impossible de rester insensible à ce récit documentaire et historique, il vous remue les tripes, vous entraine des tréfonds de la noirceur humaine jusqu'à la lumière…
« Tromelin, […] un îlot minuscule de l'océan Indien soumis au souffle puissant de l'alizé du sud-est et à la houle qui bat inlassablement le récif qui l'entoure. Près de cinq cents kilomètres la séparent de la terre la plus proche. C'est dans ce décor de matin du monde que c'est produit, au milieu du XVIIIe siècle, le naufrage de l'Utile, un navire de charge de la Compagnie des Indes orientales, qui fut suivi de l'abandon de quatre-vingts esclaves malgaches. Contre toute attente, sept d'entre eux réussirent à survivre pendant quinze avant d'être sauvés.
Cet épisode dramatique de l'histoire de la traite de l'esclavage émut les abolitionnistes, comme Condorcet et Bernardin de Saint Pierre. L'abolition sera décrétée une première fois en 1794, puis remise en cause par Napoléon avant que l'esclavage ne soit définitivement aboli par le décret Schoelcher en 1848. »
Sylvain Savoia a accompagné une campagne de fouilles sur l'île de Tromelin dirigée par Max Guérout. Cet archéologue et ancien officier de marine s'est entouré de différents spécialistes, professeurs d'archéologie, historiens, géomorphologistes. Sylvain Savoia alterne le récit de son séjour sur l'île avec la reconstitution des évènements tragiques vécus par les survivants du naufrage. Cela donne plus d'intensité et de relief aux difficultés rencontrées par l'équipe pour reconstituer la survie des esclaves sur l'île.
Je me suis passionnée pour les questionnements et les joies des recherches menées par cette équipe particulièrement motivée. Je me suis sentie bouleversée par la découverte d'ustensiles de cuisine, de bijoux, d'habitations, d'ossements humains, enfouis dans le sable. Surtout lorsqu'une démarche scientifique est rattrapée par l'émotion : « On ne perturbe pas le lieu de vie des ancêtres sans un minimum de respect. le sang de Sudel (un membre de l'équipe) dont l'arrière-grand-père milieu a été emmené à La Réunion en tant qu'esclave, le rend sensible à cette « profanation ». Une cérémonie improvisée se déroule au milieu du chantier. La réserve de rhum n'est pas tout à fait épuisée et Joël a un CD de musique traditionnelle malgache. Excusez-nous ancêtres les Vazamas. Nous ne voulons pas vous déranger mais seulement faire notre travail en vous permettant de revivre et de rester près de nous »
Les esclaves oubliés de Tromelin ont retrouvé leur dignité.
Je remercie chaleureusement les Editions Aire et Babelio pour ce partenariat.




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Les esclaves oubliés de Tromelin, raconte le naufrage de l'« l'Utile », navire de la compagnie française des indes orientales, en 1761.
Il s'échoue sur un ilôt de sable, où la survie tient du miracle. Et pourtant, les esclaves embarqués frauduleusement sur ce navire, vont y être abandonnés.
Une équipe archéologique revient sur les lieux de ce triste témoignage de la traite négrière.

Beaucoup d'émotions dans cette BD, où l'histoire alterne entre les deux époques. Ces esclaves retrouvant leur liberté, leur dignité, mais abandonnés à leur triste sort, se battent pour rester en vie. Il ne faut pas oublier leur courage, leur formidable adaptation à ces conditions de vie précaires

« Il faudra bien se souvenir »

C'est ce que l'on peut faire en lisant cette BD aux dessins magnifiques. On comprend l'isolement et l'émotion qui submergent l'équipe. Un monde où les hommes ne semblent plus exister, où le temps s'arrête…

« Mon monde est limité à mes sens, ce que je vois, ce que j'entends, ce que je sens. Au-delà de cette grande ligne d'horizon, c'est une notion floue, plus une idée qu'une réalité. Même s'il y a des gens que j'aime, ou qui m'aiment, une multitude de choses à vivre et à découvrir, ça a autant de consistance qu'un rêve qui se délite. Je me pose des questions sur ce sentiment. Est-ce que c'est du à cet isolement ? Une décompression ? La perte des repères ? À moins que je ne commence à perdre les pédales .. »

Merci à Sylvain Savoia, aux Editions Air Libre et à Babelio pour ce bel ouvrage qui ressemble à une légende, mais qui malheureusement et honteusement est une histoire vraie.

( L'exposition « Tromelin, l'île des esclaves oubliés » sera présenté au château des Ducs de Bretagne / Musée d'histoire de Nantes du 17 octobre 2015 au 20 avril 2016. L'itinérance l'amènera à Lorient, Bordeaux, Bayonne et Marseille.)
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C'est le récit croisée d'une expédition de fouille en 2010 et de la survie de naufragés de 1761 du navire « l'Utile » de la Compagnie des Indes sur un caillou désertique, isolé de tout : l'île de Tromelin au large de Madagascar et de la Réunion.
C'est une BD fiction documentaire très bien faite, les dessins sont simples, mais l'histoire crée l'empathie pour les deux époques et respecte l'histoire. C'est passionnant, émouvant, historiquement réel, et surtout c'est un très beau témoignage de vie de ces naufragés et aussi de ceux qui partent à leur recherche à travers l'archéologie 250 ans après.
J'ai été très touchée par ces hommes et ces femmes, qui se retrouvent bien malgré eux, malmenés d'abord par les hommes, puis ensuite abandonnés à leur triste sort.
BD très édifiante sur un drame très peu connu.
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1761. « L'Utile », un vaisseau de la Compagnie des Indes commandé par le capitaine Lafargue, fait naufrage sur une petite île perdue de l'océan Indien. Cette île, aujourd'hui placée sous la responsabilité des Terres australes et antarctiques françaises, c'est celle de Tromelin, située à plus de 500 km de la Réunion et dont la superficie totale est de.... 1km². L'histoire du naufrage est bien connue, et la suite également : l'équipage parvient rapidement à mettre à l'eau un navire de fortune construit avec les débris de l'ancien, mais refuse de laisser monter à bord les esclaves ayant survécu, promettant de revenir les chercher. Évidemment, personne ne revient, si bien que les quatre vingt esclaves toujours debout doivent se résoudre à survivre sur ce bout de caillou inhospitalié, attendant désespérément les secours pendant des semaines, puis des mois, puis des années. Quinze ans plus tard, un navire est finalement dépêché sur l'île et, à la surprise générale, plusieurs survivants sont secourus : sept femmes et un bébé de quelques mois. C'est à ce tragique fait divers particulièrement révélateur de l'atrocité de la traite négrière que Sylvain Savoia a décidé de consacrer ce magnifique roman graphique remarquablement scénarisé, documenté et illustré. L'ouvrage se distingue d'abord par l'originalité de sa construction, puisqu'il alterne entre des chapitres se déroulant au XVIIIe siècle et mettant en scène la jeune Tsimiavo, embarquée comme esclave à bord de L'Utile, et d'autres prenant place en 2008, date à laquelle l'auteur s'est vu convié à une mission archéologique menée par Max Guérout (archéologue et ancien officier de marine) sur l'île Tromelin Ainsi, le roman graphique nous permet non seulement de découvrir le récit des épreuves endurées par Tsimiavo et ses compagnons d'infortune, mais aussi celui des toutes dernières découverte réalisées par les scientifiques et historiens sur le sujet.

L'alternance des deux récits et des deux époques est des plus saisissante et renforce l'impression d'avoir été conviés à entreprendre un véritable voyage dans le passé. Grâce aux recherches effectuées sur place, l'auteur reconstitue chapitre après chapitre ce qu'a du être la survie de ces esclaves sur cette île désertique, mettant non seulement en lumière la cruauté dont firent preuve les Blancs, mais aussi et surtout les formidables capacités d'adaptation de ces hommes et femmes qui, bien que livrés à eux même dans un environnement hostile, parviendront à mobiliser des trésors d'ingéniosité pour survivre, et même reconstruire une petite société. Connaître le fin mot de l'histoire ne nous immunise pas contre les émotions que l'on partage avec les naufragés, qu'il s'agisse du désespoir ou de l'excitation : on suit ainsi avec fébrilité leurs vaines tentatives de s'échapper (quand bien même on les sait vouées à l'échec) et on assiste avec compassion à la disparition progressive de tous leurs espoirs. le récit est, évidemment, fort bien documenté, non seulement grâce aux découvertes réalisées sur place par Max Guérout et son équipe, mais aussi grâce aux sources écrites retrouvées depuis et qui nous en apprennent un peu plus sur l'enchaînement des événements (un récit du naufrage par l'écrivain du navire, les cartes utilisées, un texte écrit après le sauvetage des survivants...). Un dossier de plusieurs pages présent à la fin de l'ouvrage et écrit justement par l'archéologue permet d'ailleurs de retracer tout le périple de ces esclaves et de faire le point sur ce que l'on sait et ce qui a pu être rajouté ici pour le bien de la narration. Les graphismes varient pour leur part en fonction de l'époque, de même que la mise en page et les couleurs qui se veulent plus flexibles et plus ternes lors des passages au XXIe siècle. L'effet est là encore des plus réussi, chacun de ces deux styles mettant l'accent sur un aspect différent du récit : l'émotion dans le cas de Tsimiavo, l'analyse dans celui de l'artiste.

Toutes les informations réunies jusqu'à présent sont évidemment le fruit de minutieuses recherches auxquelles on assiste donc également grâce aux chapitres mettant en scène l'auteur lui-même. La méthode se révèle très efficace pour impliquer davantage le lecteur et avait déjà fait des merveilles dans les deux ouvrages d'Emmanuel Lepage qui a lui aussi mis en scène ses propres voyages aux « îles de la désolation » d'abord, et en Antarctique ensuite (il mentionne d'ailleurs lors d'un passage le cas de l'île de Tromelin). L'auteur nous décrit évidemment ici l'avancée de la mission scientifique, mais ce qui intéresse aussi et surtout le lecteur, se sont les sensations qu'il a pu éprouver sur place : un mois et demi sur une île déserte, avouez qu'on s'est tous un jour demandé à quoi cela pouvait bien ressembler ! Il se dégage des textes de l'auteur beaucoup d'émotions et certaines scènes sont tout bonnement bouleversantes : l'aperçu de l'ancre échouée de « L'Utile » dont un morceau dépasse encore des flots, la découverte de squelettes humains datant de cette période... Heureusement, le ton adopté par Sylvain Savoia sait aussi se faire plus léger, notamment lorsqu'il tente de relativiser les difficultés rencontrées sur place et auxquelles on ne pense pas du tout lorsqu'on image un voyage à l'autre bout du monde : les bernard-l'hermites qui pullulent sur toute l'île, la chaleur insoutenable, les oiseaux très peu effarouchés par l'homme... C'est sur ce second point que le roman graphique rejoint à nouveau les ouvrages de Lepage, dans le sens où il lève lui aussi le voile sur une partie du monde dont on ignore tout, ainsi que sur les travaux de recherches et de préservations réalisés sur place par les chercheurs, météorologues, archéologues... L'auteur prend ainsi le temps de présenter en détail chacun des membres de la mission, ainsi que leurs rôles et leur caractère. Il dépeint également par le menu les paysages de l'île, sa faune, sa flore, de même que les dangers qui menacent aujourd'hui sa biodiversité.

C'est un très bel hommage que Sylvain Savoia rend ici à ces esclaves oubliés de Tromelin que l'auteur place au coeur des deux récits et des deux époques qu'il met ici en scène et qui s'entrelacent avec brio. Un ouvrage magnifique et incroyablement documenté dont vous ne devez absolument pas passer à côté !
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Une BD de très grande qualité aussi bien narrative que visuelle.
Sylvain Savoia, parti avec une expédition scientifique sur l'île de Tromelin, petite île perdue au milieu de l'océan Indien, nous raconte un épisode tragique et peu glorieux de l'histoire.
C'est un récit à deux voix, celle de Sylvain, et celle d'une jeune esclave échouée sur l'île.
Le dessin est très agréable et certaines planches sont vraiment magnifiques.
Le texte est quant à lui toujours juste et passionnant.
C'est une très jolie découverte pour moi qui ne connaissais pas ce pan de l'histoire.
A découvrir.
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Deux histoires séparées par deux siècles et demi , la première l'histoire d'un navire de marchandises qui a transporté des esclaves malgré l'interdiction .
C'est d'ailleurs en empruntant une route inhabituelle pour se cacher que le naufrage du bateau a lieu .
Deux cent cinquante ans plus tard plus ou moins , l'auteur Sylvain Savoia , qui dessine Marzi pour les editions Dupuis entre autres , va rejoindre une mission d'exploration de la petite île inhospitalière , Tromelin , un minuscule îlot de l'océan indien .
C'est sur cette île que l'équipage de l'Utile , vaisseau de la compagnie française des Indes orientales , va se réfugier .
C'est cette histoire incroyable que raconte cette BD d'aventures , un beau récit plein d'humanité .
L,alternance des deux récits est très bien réalisée , l'émotion palpable .
Je n'ai pas l'habitude de ce genre de récits mais je l'ai beaucoup apprécié .
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Avec cette très belle BD c'est l'histoire vraie des esclaves oubliés de Tromelin qui sort de l'ombre.
Tout d'abord, grâce aux expéditions archéologiques.
Puis, grâce aux dessins de sylvain Savoia (présent lors d'une des expéditions) qui donnent vie aux hommes et femmes abandonnés en plein océan Indien.
En juillet 1761, l'Utile navire de la Compagnie française des Indes orientales s'échoue sur l'île de sable (aujourd'hui Tromelin), un îlot désert de 1 Km2.
Le navire transportait 160 esclaves malgaches, après le naufrage, il n'en reste que la moitié.
L'équipage et les esclaves cohabitent sur cet îlot corallien culminant à 6 mètres , balayé par les dépressions tropicales.
Un bateau de fortune est construit avec l'aide des esclaves mais seul l'équipage partira en promettant de revenir les chercher.
C'est la vie quotidienne de ces esclaves qui nous est contée, la survie devrais-je dire.
Les principaux habitants sont les bernard-l'hermite, les oiseaux et les tortues, seule source de nourriture possible pour les naufragés.
Les malgaches vont s'adapter aux conditions hostiles de l'environnement en construisant des habitations en dure alors que traditionnellement ces constructions en pierre sont réservées pour les tombeaux.
Ce n'est qu'en novembre 1776, que le chevalier de Tromelin va secourir les survivants, il ne reste que 7 femmes et un bébé de huit mois.
C'est vraiment un témoignage riche et émouvant.
Je sais qu'actuellement une exposition retrace cette histoire au château des ducs de Bretagne à Nantes, alors si vous êtes dans le coin allez jeter un oeil !

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Avant de découvrir cette bande dessinée, je n'avais qu'une vague connaissance de ce tragique épisode dans l'histoire de l'esclavagisme, par contre le nom de l'auteur ne m'était pas inconnu. J'ai adoré sa série avec Marzi qui, à travers les aventures d'une petite fille, nous livre une chronique de la vie quotidienne dans la Pologne communiste des années 1980.

Sylvain Savoia a participé à l'une des expéditions archéologiques sur l'île de Tromelin. Cet album alterne reportage détaillé et personnel de cette expérience et histoire du naufrage et de ses survivants. le dessinateur a essayé de retracer la vie de ces esclaves rescapés pendant 15 ans qu'a duré leur infortune.

J'ai vraiment apprécié de me plonger dans cette incroyable aventure tantôt à travers une chronique retraçant la vie quotidienne et le travail d'une équipe de chercheurs sur ce petit bout de terre, tantôt à travers l'histoire romancée de Simavio, une jeune esclave malgache qui a pu être sauvée, en même temps que sa mère, son bébé et six autres femmes. On imagine difficilement la vie sur cet îlot sablonneux difficile d'accès, balayé par les vents, presque sans ressources et envahi par les bernard l'hermite. Une maigre source leur donnait l'eau nécessaire et ils se nourrissaient essentiellement en attrapant des oiseaux, nombreux sur l'île.

Ce magnifique album, à la fois émouvant et instructif, est un bel hommage à ces esclaves oubliés, libres et prisonniers en même temps, que le destin a mis à rude épreuve. C'est également un témoignage fort de la survie dans des conditions extrêmes.

Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Tromelin est à la fois le nom de l'enseigne de vaisseau qui, en 1776, contribuera à l'épilogue d'une aventure humaine,, restée longtemps inconnue et celui qu'a pris par la suite l'ilot désertique situé en plein Océan Indien sur lequel se déroule l'aventure humaine qui nous est racontée dans ce bel ouvrage paru chez Dupuis dans la collection Aire Libre.
Juillet 1761, le capitaine d'un navire de la Compagnie des Indes, bien décidé à s'enrichir, entasse, dans les cales de la frégate l' « Utile », 160 esclaves enlevés à leur île natale de Madagascar. Seuls 80 de ces esclaves et une partie de l'équipage survivront au naufrage de la frégate sur un ilot rocheux inconnu des navigateurs de l'époque et pratiquement dépourvu des ressources nécessaires à leur survie.
Il faudra, à ces deux groupes les « blancs » et les « esclaves », apprendre à créer la confiance et collaborer pour survivre et construire, avec les matériaux récupérés sur le navire naufragé, un nouveau vaisseau destiné à les conduire vers la terre ferme. Mais cette confiance est trahie : seuls les « blancs » embarquent à bord du vaisseau salvateur, avec la promesse écrite de revenir le plus vite possible rechercher les 80 esclaves. Ils reviendront mais 15 longues années plus tard et ne pourront ramener que 8 survivants : 1 enfant et sept femmes.
J'ai beaucoup aimé :
L' histoire racontée et écrite à deux mains : celle d'une esclave qui aura la chance de survivre jusqu'au bout de l'aventure et celle du dessinateur, Sylvain SAVOÏA, qui a participé à la dernière des expéditions archéologique destinées à comprendre le combat pour la vie des esclaves oubliés de TROMELIN.
Les deux traits bien différents pour deux histoires que plus de deux siècles séparent, mais dont les planches entremêlées se complètent très logiquement.
La même perte de repères : celle des esclaves par rapport à la patrie de leurs ancêtres, celle de l'équipe archéologique, pratiquement coupée de tout contact avec notre civilisation pendant les deux mois que durera l'expédition et tout aussi incapable de s'évader de TROMELIN.
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Je découvre toujours grâce à Boudicca du Bibliocosme des bandes dessinées historiques très intéressantes à l'instar du Photographe de Mauthausen dont je vous ferai la chronique très prochainement. Et une fois de plus, son coup de coeur a été le mien!

1761 : Sur l'île de Madagascar, le capitaine Jean de Lafargue embarque à bord de son navire L'utile une cargaison de vivres pour les revendre sur l'île de France (île Maurice aujourd'hui) ainsi que 160 esclaves de manière illégale. Conscient qu'il brave la loi, il décide de suivre une nouvelle route pour rallier sa destination. Malheureusement, son navire s'échoue sur un récif de corail, le 31 juillet à quelques centaine de mètres d'une toute petite île inhospitalière. Sur les 160 esclaves, seuls 80 ont survécu et du côté des marins, 17 ont péri.
2008 : Sylvain Savoia, dessinateur, part pour l'île de Tromelin pour une durée d'un mois et demi. Sur place, l'équipe d'une douzaine de personnes est composée de techniciens et de scientifiques en tout genre (météorologues, archéologues ou historiens). C'est le chef de mission et archéologue Max Guérout qui a convié l'auteur de la bande dessinée pour non seulement illustrer cette seconde campagne de fouille mais aussi redonner vie aux esclaves de Tromelin dont le séjour de quinze ans aura laissé des traces sur l'île.

La bande dessinée est parfaitement équilibrée car elle se compose de deux parties, d'un épilogue et d'un dossier documentaire d'une douzaine de pages à la fin. Dans chaque partie, elle alterne entre le XVIIIème siècle et le XXIème siècle ce qui donne beaucoup de dynamisme au récit et provoque l'attente chez le lecteur.

La partie du XVIIIème siècle est pour moi la plus intéressante. Et l'auteur a fait un choix scénaristique des plus originaux. En effet, il part du point de vue de Tsimiavo, une des jeunes femmes esclaves embarquées à bord de l'Utile et qui fera partie des rescapées. Ainsi, les Blancs parlent une langue incompréhensible et grâce au récit, le lecteur partage les sentiments de la jeune femme :
- l'épouvante d'être arrachée de sa terre natale pour être acheminée dans un lieu inconnu et dans des conditions abominables.
- la colère lorsque les Français l'abandonnent, elle et les siens, sur l'île, en promettant de venir les chercher...
- le désespoir d'avoir été abandonnée et de ne pouvoir s'échapper de cette prison à ciel ouvert.

Ce choix scénaristique n'aurait pas été possible sans l'éclairage nouveau des campagnes de fouilles menées par Max Guérout. En effet, les sources de l'époque sont lacunaires et donnent essentiellement le point de vue des Blancs que ce soit le récit du naufrage rédigé par l'écrivain de l'Utile, Hilarion Dubuisson de Kéraudic ou le certificat de baptême du fils de Tsimiavo et rédigé par le gouverneur de l'île de France, Jacques Maillard de Mesle. Les sources archéologiques, quant à elle, donnent des preuves concrètes de l'incroyable adaptation de ces hommes et femmes oubliés.

En conclusion, Les esclaves oubliés de l'île de Tromelin est une bande dessinée pour laquelle j'ai eu un véritable coup de coeur : très bien documentée et passionnante, elle permet non seulement de mettre au jour le destin de ces hommes et femmes oubliés de l'Histoire mais aussi de dénoncer la cruauté des négriers. Saviez-vous d'ailleurs que cet épisode sera relaté par l'abolitionniste Condorcet dans son livre Réflexions sur l'esclavage des nègres paru en 1781? L'abolition de l'esclavage, quant à elle, est d'ailleurs votée en 1794 avant d'être abrogée plus tard par Napoléon 1er en 1802 puis définitivement adoptée en 1848.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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