L'homme de foi murmure en souriant, seul le prédicateur incertain s'époumone sur une estrade. Toi Mozart tu crois en Dieu aussi naturellement que tu composes.
Le signe qu'une oeuvre est un chef d'oeuvre est qu'on n'en saute jamais les mêmes passages.
Pas d'excès ni de couleurs outrées lorsqu'on t'interprète, pas de sanglots ni d'expressionnisme musical : l'émotion arrive par la courbure d'une phrase, comme ça, sans prévenir, l'air de rien.
"L'air de rien", voilà le tour qui pourrait résumer ton art. "L'air de rien", tu fais naître des personnages et une musique complexe en prenant soin de ne pas attirer l'attention sur ton travail ; tu suggères que cela coule de source.
Accepter l'inévitable tristesse. Consentir au tragique de l'existence. Ne pas se raidir contre la vie en la niant. Cesser de la rêver autre qu'elle n'est. Épouser la réalité. Quelle qu'elle soit.
Tu m'offres la sagesse de dire "oui". Étrange, ce "oui", alors que mon siècle, ma formation intellectuelle, nos idéologies me donnent l'illusion d'être fort en opposant un "non".
Si l'homme a relevé ses manches pour fabriquer son destin, il ne croit plus qu'en lui. Résultat: un monde plus juste, plus sûr peut-être, mais un monde dont nous excluons la douleur et la joie.
Cette musique se rapproche d'une source, conduit à une tendresse originelle, une tendresse d'où tout vient, un amour profus, diffus, la tendresse du créateur.
Tél est le coup de foudre : apprendre qu'on a quelque chose de fort, d'intense, de merveilleux à partager avec quelqu'un.
Noël avait jeté sur les trottoirs des centaines d’humains affolés à l’idée de manquer de cadeaux et de nourriture lors des festivités à venir. Les mains chargées de sacs qui formaient autour de moi une corolle multicolore, bruissante et enrubannée […].
Cher Mozart,
Quand un oiseau chante, est-ce plainte, est-ce joie ? Dit-il son bonheur d'exister ou appelle-t-il la femelle qui lui manque ? Mystère du chant...
Toi, tu me fais remarquer que c'est beau.
Puis le morceau continua et je m'aperçus que tu me disais autre chose. Quoique douce, délicate, la clarinette refusait de fléchir, de céder à la déprime, elle remontait, elle chantait, elle s'épanouissait. Le chagrin se transfigurait. De ton sentiment, tu faisais une œuvre. La tristesse s'était muée en beauté.