« Dire « j’aime Mozart », c’est se mettre nu et avouer qu’au fond de son âme, les autres peuvent encore apercevoir un enfant, une joie, une allégresse ».
« La musique panse notre inquiétude fondamentale : que faisons nous sur terre, avec ce corps friable et cette pensée bornée ? Apaisante, tout entière dévouée à la célébration de l’être, elle nous arrache à la tentation du vide et nous remet sur le chemin de la vie »
Aux esprits confus, tout est confus. Aux esprits clairs, tout est clair: même ce qui leur échappe. Dès lors, plus une intelligence est lumineuse, plus elle peut appréhender le mystère..
C'est lui qui a commencé notre correspondance.
Un jour, pendant l'année de mes quinze ans, il m'a envoyé une musique. Elle a modifié ma vie. Mieux : elle m'a gardé en vie. Sans elle, je serais mort.
Avons-nous été angoissés de naître ? Je ne m'en souviens pas.
Ce matin, je songeais à un bébé accoudé au balcon de l'utérus. Que penserait-il s'il contemplait, à l'avance, le spectacle de l'existence qui l'attend en dehors du ventre ? Peut-être serait-il horrifié par certaines horreurs ? Ou tenté par les splendeurs du monde ?
Fort heureusement, clos dans les murailles chaudes du flan maternel, il n'imagine même pas.
Faisons comme lui. Clos dans les murailles de cette vie, pourquoi serions-nous angoissés de mourir ?
[...] je n'ai jamais compris l'avantage philosophique du pessimisme. Pourquoi soupirer quand si l'on a la force de savourer ? Quel bénéfice à communiquer son découragement, refiler sa lâcheté, oui, quel gain pour soi ou pour les autres ? Alors que nos corps transmettent la vie, faut-il que nos esprits procurent le contraire ? Si notre jouissance génère des enfants, pourquoi notre intellect, lui, engendre-t-il du néant ?
Il n'y a pas de descendance Mozart. Ta gloire n'est pas de chair mais d'art.
L'univers, aplati en trompe-l'œil, avait perdu son charme, ses couleurs, ses saveurs. Je venais d'inventer le nihilisme, m'initiant seul à cette religion du néant.
La musique répond oui à une question qu’on ne formule pas toujours.
L’homme de foi murmure en souriant. Seul le prédicateur incertain s’époumone sur une estrade.