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Un grand roman. Un livre poignant. On y parle de ces choses essentielles qu'on a toujours tendance à mettre de côté tant elles sont embarrassantes. On y parle de la solitude et des ténèbres qu'on découvre au bout du chemin ; on y parle de la fin des aventures et des illusions ; on y parle de cet ultime voyage dans la « forêt perdue » des Hommes, peuplée de singes hurleurs, de voix oubliées que l'on retrouve miraculeusement, de visages aux contours flous et pourtant si familiers, de moments héroïques et de grands renoncements. On y parle aussi de ces moments qui éblouissent les nuits et réchauffent les coeurs quand survient l'amitié, la fraternité des armes entre de vieux soldats fourbus, quand il faut faire preuve de courage et d'abnégation dans un chalutier, dérisoire coquille de noix balayée par le blizzard et la tempête furieuse.
Un verre d'alcool à la main, arrivé au bout du monde, on se souvient de ces soldats perdus, vaincus d'avance, qui défendirent avec fatalisme des empires en train de s'effilocher et des valeurs moribondes. Ceux qui formèrent le dernier carré, la dernière légion, ces insensés qui toujours chargèrent au son grêle du clairon ; ceux du « Tout est perdu, fors l'honneur ! », qui subjuguent le commun des mortels et restent ancrés dans leur mémoire. Willsdorff, ce prince dérisoire, dit le crabe-tambour, était l'un d'eux.
J'ai fini ce livre juste au moment où Jean Rochefort s'en est allé. Dans le film, c'était lui le vieux commandant de l'Éole, grignoté par son cancer et tout bouffi d'orgueil, avec son visage de pierre et sa voix grave et lézardée.
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Le film était magnifique, porté par des acteurs hors du commun.
Le livre est fabuleux, porteurs d'horizons chaotiques et colorés, de creux et de bosses humaines et maritimes

Le Crabe Tambour, c'est cet officier légendaire, cet aventurier des guerres perdues à l'honneur intact.
La légende court dans les flottilles de pêche bousculées par les terribles tempêtes: le Crabe Tambour s'est fait capitaine de pêche à la morue. Toujours accompagné de son chat noir à cravate blanche, hiératique, tous veulent servir à son bord!
Pierre, le médecin et narrateur rempile dans la Marine nationale sur L'Éole, pour l'assistance aux pêches... le commandant de l'Éole jette ses dernière forces dans cette mission. Il va mourir, et veut revoir ou entendre le Crabe Tambour une ultime fois. Ce Willsdorff à qui le commandant fit autrefois une promesse qu'il ne put tenir.

Le Crabe Tambour, c'est une histoire d'hommes et de mer: Cette mer qui donne et reprend. Cette mer qui recentre le marin sur son essentiel.
Joseph Conrad, Pierre Loti , Roger Vercel et tant d'autres ont ouvert la voie des grands récits de la mer et des hommes... Pierre Schoedoerffer magnifie cette route de sang, de sel et de sacrifices.

Non, vraiment, le crabe Tambour n'est pas de lecture dispensable!
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Magnifique! Un grand livre, un très grand livre. J'avais adoré le film que je pourrais voir et revoir avec toujours autant de passion. J'attendais beaucoup du roman, je suis plus que satisfaite de cette superbe rencontre avec l'écriture de Pierre Schoendoerffer. C'est un immense moment d'émotion. Un coup de coeur. Un livre sur le courage, l'honneur, le devoir, la marine, la mer, le dur métier d'homme de mer. Un roman d'aventure que je recommande. Oui, "Le crabe-tambour" est un monument!
Lien : http://araucaria20six.fr/
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« - Envoyez un "aperçu", c'est tout. »

Que dire de plus ? Rien, la messe est dite. « Nous vivons et nous rêvons seuls. » Pas besoin d'en dire plus, mon capitaine et mon ami l'ont compris bien avant moi. J'en étais encore à me lamenter sur ma vie quand eux avait déjà décidé de la poursuivre toutes voiles dehors, leur vie dédiée à la mer, seule entité à ne pas être corrompue.

Ce toubib entre deux eaux, deux continents, désabusé, abusé mais surtout usé donne à réfléchir sur la vie, ce chemin tortueux qui nous conduit, non sans difficulté vers la fin. La nuit, première partie du roman.

Un roman qui raconte la mer et ses tourments, ses hommes qui en vivent, qui en viennent et qui y restent. Ce vieux capitaine, dont il n'est plus besoin d'attendre l'explication d'un récit, qui sait la fin des choses, son "aperçu" qui dit tout sans jérémiades, sans regret, sans discours inutile. Et cet autre marin, qui ressemble par certains côtés à ce fou d'irlandais aux yeux gris, le comprend sans jugement.

Le soleil passe comme un éclair, le prologue. Une époque révolue, une volute de fumée grise et c'est la faillite d'un système qui entraîne les dignes héros dans le gouffre de l'enfermement, eux qui ne vivaient que pour l'honneur de la mer. Ils ne se sont pas reniés, certains.

Pierre Schoendoerffer raconte les hommes de la mer, de la marine, avec fierté et humanité, le bonheur manque mais les petits joies existent encore. Une bouteille à la mer, un bateau dans la bouteille, le souvenir fugace d'une grande époque.

« Le matin est très dur pour le buveur… » le vin, la deuxième partie. Lors d'une tempête le bateau tangue, les hommes tremblent, tout vacille dans ce monde chaotique, Saïgon tombe.

Au coucher du soleil, c'est la fin. « Oui, j'ai revu Willsdorff ! » et je peux retrouver ma solitude. « Nous rentrons… Et voici que la peur me dit : "ha ! ha ! A nous deux maintenant." » Fin du dernier prétexte, il n'y a plus d'échappatoire, je me retrouve seul, avec moi-même. On arrête de se mentir.

Merci beaucoup Aléatoire pour cette proposition de lecture, j'ai beaucoup apprécié une fois encore l'écriture de Schoendoerffer. J'ai trouvé ce roman passionnant, un peu de Typhon de Conrad, et un rappel de L'adieu au roi, ce dernier peut-être plus flamboyant que le Crabe Tambour. Et cerise sur la gâteau, je sais enfin ce que veux dire Crabe Tambour.
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N°562 – Mars 2012

LE CRABE-TAMBOUR – Un film de Pierre Shoendoerffer [1977]

Le 14 mars 2012, Pierre Shoendoerffer nous quittait à l'âge de 83 ans. La République et l'armée ont rendu un hommage solennel aux Invalides, en présence du Premier ministre et du ministre de la culture à celui qui s'était engagé dans le service cinématographique des armées en Indochine jusqu'à la défaite de Diên Biên Phu. Il avait continué sa vie en tant que photographe de presse, cinéaste et romancier, se situant dans la lignée prestigieuse des écrivains de marine.
C'est l'occasion d'évoquer non pas son oeuvre toute entière, d'autres le feront mieux que moi, mais un film en particulier, considéré comme son chef-d'oeuvre. J'en avais gardé, lors de sa sortie, un souvenir précis non seulement parce qu'il était servi par des acteurs prestigieux (Jean Rochefort – César 1978 du meilleur acteur, Jacques Dufilho – César 1978 du meilleur second rôle) mais aussi à cause des somptueuses prises de vue en mer (César 1978 de la meilleure photographie), le vieux navire qui geint de toutes ses membrures, les vagues qui se brisent sur la coque, l'étrave qui fend la tempête dans le brouillard et la haute mer...
L'histoire tout d'abord. Elle est suggérée par un roman éponyme de Shoendoerffer paru chez Grasset (Grand prix du roman De l'Académie Française), inspiré par la vie du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume. Il retrace la dernière mission d'un capitaine de vaisseau, homme austère, dévoré par un cancer, (Jean Rochefort dit « le vieux ») qui reprend un commandement à la mer sur l'escorteur d'escadre « Jauréguiberry » dont c'est le dernier voyage avant sa réforme définitive. Il s'agit d'assurer une mission de surveillance et d'assistance aux chalutiers français pêchant sur les bancs de Terre-Neuve.
Pourtant c'est un peu plus que cela, c'est un retour dans le passé puisque « le vieux » veut revoir une dernière fois son ami et compagnon d'armes, l'ancien lieutenant de vaisseau Willsdorff, dit « le crabe-tambour » (Jacques Perrin) devenu capitaine de chalutier dans ce Grand Nord désolé, fuyant ainsi l'espère humaine avec, comme toujours, un chat noir sur l'épaule. C'est Pierre (Claude Rich), le médecin du bord, qui en a parlé le premier sur la passerelle « Vous connaissez Willsdorff ?». Lui était son ami en Indochine et souhaite le revoir une dernière fois. C'est la vraie raison de son rengagement et de sa présence à bord. Après la défaite française, il est resté là-bas pour soigner ses anciens ennemis. Il a pourtant été expulsé du Viet-Nam. le commandant, habile manoeuvrier, confie au médecin son corps meurtri par la maladie mais aussi son âme tourmentée d'homme « déjà mort » en l'invitant chaque jour à sa table. Il est évidemment question de Willsdorff, ce mythique soldat perdu qu'ils ont connu séparément. Pourtant, cette rencontre n'aura lieu qu'en filigrane, avec une grande économie de mots, comme si, malgré son ultime démarche, le commandant ne pouvait plus parler à cet ami, comme si c'était trop tard, comme s'il n'avait plus rien de commun avec lui, comme s'ils n'étaient plus l'un pour l'autre que deux fantômes. Cette idée est suggérée dans la scène du transfert du courrier où les deux bâtiments se côtoient, une trace sur l'écran radar, la radio qui grésille, rien que quelques mots convenus trop lourds de passé, un salut de sirène, une page qui se tourne, définitivement ! « Adieu » ne cesse de répéter Willsdorff, « Aperçu » fait simplement répondre le commandant par le timonier. Seul Pierre échangera quelques mots amicaux et complices avec Willsdorff et le chalutier s'éloignera.

Cette quête est alimentée en flash-back par des évocations de gens qui l'ont également connu, le commandant puis Pierre, le narrateur de ce récit, mais aussi le chef mécanicien, dit « le chef », alcoolique et catholique pratiquant (Jacques Dufilho) et ses histoires loufoques du pays bigouden, chacun apportant témoignages et souvenirs de cet homme hors du commun ayant combattu en Indochine. Ils évoquent, chacun à leur manière et avec des anecdotes, le parcours militaire de cet officier fidèle à son engagement et à lui-même, à son sens de l'honneur, qui est exclu de l'armée, jugé pour désobéissance et rébellion. (« une histoire de mer et de discipline poussée jusqu'à l'absurde ») Cela sonne comme un hommage, comme un remerciement à quelqu'un qui a refusé la compromission face à un choix.

Dans ce film il y aussi un questionnement chrétien et même profondément humain qui m'interpelle, même s'il passe quelque peu au second plan. C'est celui qui est évoqué par « La parabole des talents », texte de l'Évangile qui invite chaque homme à s'interroger sur le sens de son passage sur terre et sur l'usage qu'il a fait des facultés qu'il a reçues à sa naissance, sur la fidélité aussi. « Qu'as-tu fait de ton talent ? », « Celui qui ne fait pas fructifier ce qu'il a reçu du Seigneur sera jeté dans les ténèbres extérieurs », rappelle « le chef ». C'est aussi l'occasion pour l'auteur d'asséner des aphorismes : « Qui êtes-vous pour le juger ? » de rappeler que le choix de l'homme «  n'est pas forcément entre le bien et le mal, mais entre un bien et un autre bien ».

Le nom même de Pierre Shoendoerffer évoque des films devenus mythiques qu'il a réalisés « La 317° section » (1964), « L'honneur d'un capitaine » (1982) qui s'interrogent tous sur les guerres coloniales françaises, sur les militaires eux-mêmes Plus que « Ramutcho »(1958) et « Pêcheurs d'Islande »(1959) qui sont des adaptations des romans de Pierre Loti et qui ne rencontrèrent guère le succès, Pierre Shoendoerffer s'attacha toujours à évoquer l'aventure humaine, témoin « La passe du diable » (1956) qui est une adaptation du roman de son ami Joseph Kessel mais aussi la dure réalité de la guerre, sur les questions qu'elles posent, les personnalités qu'elles révèlent [ « Diên Biên Phu »(1992)]. C'est que les personnages de ces films s'inspirent tous d'hommes ayant réellement existé, témoignent de leur parcours personnel, de leurs questionnements intimes sur leur mission, sur leur vie. Chacun à sa manière, ils ont nourri l'oeuvre de Shoendoerffer.

C'est pour moi un film émouvant. Il ne s' agit pas ici de polémiquer sur la guerre mais de porter un regard, mais pas un jugement, sur les hommes de tout grade qui l'ont faite, de l'engagement de ces soldats perdus, de leur courage, de leur abnégation, de leur obligation d'obéir aux ordres face à leur conscience, valeurs aujourd'hui contestées, et même regardées comme désuètes dans une société sans boussole. L'auteur porte témoignage de ces conflits décriés, volontairement oubliés et parfois même injustement rejetés par la communauté nationale, de ces soldats oubliés.

© Hervé GAUTIER - Mars 2012.
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Un grand roman de marine, celle de la guerre d'Indochine et celle des pêcheurs du grand nord. Des vies de marins faites de courage, d'honneur, de sens du respect, de l'amitié et du devoir. On découvre tout au long du roman un monde rude mais attachant, que l'on sent en même temps disparaitre pour un plus moderne moins coloré. J'ai beaucoup aimé les personnages et l'ambiance du récit, et attends avec impatience l'occasion de voir le film qui en a été tiré.
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Je crois que le souhait obscur des hommes est moins d'être libre que d'être inspiré... Et lorsque cette inspiration s'envole, lorsque ce qui l'a rendue possible a disparu, c'est la peur qui prend le relais, la peur de soi, la peur du vide, la peur de l'ombre en soi. Alors, que faire d'autre que rentrer dans le rang ? Que faire d'autre que contempler, derrière soi, les fragments de ce qui fut (le rêve, l'aventure, la vie) et ne reviendra pas ?
Après un long séjour au Vietnam, un médecin militaire reprend du service sur un aviso à destination du grand Nord, pour une mission d'assistance aux Terre-Neuvas. A mesure que la nuit polaire avale le navire, confidences et souvenirs déroulent un passé tumultueux marqué par la guerre d'Indochine, les combats, la camaraderie, l'amour d'un pays irrémédiablement perdu. Un passé sur lequel règne en maître le lieutenant Willsdorff, l'ami déçu, le héros de toujours - le désormais légendaire Crabe-tambour et son incontournable chat noir dont chacun a entendu parler à bord, que certains ont connu. N'est-ce pas pour lui, d'ailleurs, que le capitaine dévoré d'un cancer a réuni ses dernières forces pour un dernier voyage ?

Le Crabe-tambour est de ces très beaux romans de mer où la splendeur dangereuse des océans met en relief la fragile condition des hommes, le jeu complexe de forces contraires qui les unissent, les tendent et les entraînent vers ailleurs, ou plus loin. La réflexion sur sur les faiblesses de la nature humaine opposées au sens du devoir, la nostalgie crépusculaire et l'amertume lucide qui sous-tendent tout le roman, m'ont fortement fait penser à Conrad (dont un volume, d'ailleurs, apparaît dès les premières pages). Un Conrad épuré, plus moderne, d'une lecture plus facile mais non moins belle, et qui dit avec puissance, avec sensibilité un monde aujourd'hui trop souvent résumé à quelques clichés.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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« le vent crie. Des cris qu'on est toujours sur le point de comprendre…
Et qu'on ne comprend jamais ! »

Nous sommes en mer sur l'Éole, un navire de la marine marchande en campagne d'assistance à la grande pêche. À l'assaut du Nord, de la glace, des nuits sans fin.
Les marins, du premier au dernier, sont de petits garçons purs et solitaires se croyant des hommes, persuadés que la vie est vaine, mais prêts à tout pour prouver le contraire. Courant après leurs rêves même si ce ne sont que des cauchemars, l'alcool comme une maîtresse, l'amitié comme roc salvateur ultime. Ils sont désabusés, solitaires, taciturnes ou logorrhéiques, il vivent le désespoir au coeur dans une dignité blessée, ils traînent derrière eux leur passé de guerre et d'Indochine.

« J'ai trop bu. le chef est un subtil tentateur, comme tous les buveurs il est prosélyte. le lâche, le faible, le couard, sont prosélytes. C'est une dernière pitoyable tentative pour se sauver : si tous les hommes renient, alors il n'y a pas de reniement, il y a la nature de l'homme qui est de renier…»

Mais il ne renoncent pas car ils jouissent aussi de ces vies tout à la fois vides et pleines, en lutte perpétuelle : la quête de soi sous forme de fuite en avant, être un homme, un vrai, à qui l'action dans la nature, hostile mais fascinante, donne un sens. L'action? Ils devisent dans la chambre du commandant, sirotent leur whisky, se souviennent, se jaugent…. Ils trainent tous leur passé comme un fardeau, et sans doute voudraient-ils que la vie ait un sens. Parce qu'ils savent qu'ils auront des comptes à rendre, au moins à eux-mêmes, quand la faucheuse se présentera.

« L'hélice tourne sans défaillance, et les turbines grondent, le temps passe. Demain sera comme aujourd'hui, comme hier. Il n'y aura pas d'âcre odeur de poudre, pas de promesse de gloire, ni espoir, ni peur ; tout est en ordre. La mort n'entrera pas en tempête, mais elle est quand même là, tapie ; une voleuse attendant avec une infinie patience. »

Au loin, la figure fascinante de Wilsdorff, le Crabe-Tambour, l'Alsacien, l'Innocent, suivi de son chat -fétiche, qui les aimante tous, celui qu'ils voudraient être, celui dont les yeux rient , celui qui n'a pas besoin de parler. Les retrouvailles sont perpétuellement repoussées, le sort en veut ainsi, puis elles ont lieu, point n'est besoin de mots pour les décrire, elles sont là, cela suffit.

L'aventure, la nature, la fidélité entre les hommes, et leurs valeurs. Voilà ce qui les unit tous, ballottés dans leurs tempêtes intimes : ils se raccrochent à leurs valeurs, un gouvernail comme un autre qui permet d'avancer, à défaut d'être sauvé. Ça pourrait être grandiloquent et moralisateur, mais non, cela emporte le coeur de désespérance cachée. La nature (et derrière elle la mort ) impose sa loi aux hommes-mêmes qui veulent l'affronter dans une leçon d'humilité assumée.

Au-delà des tempêtes, des sauvetages, des soins aux blessés, de l'efficacité technique des marins, il y a des pauses, il y a l'ennui et l'amertume et entre ces changements de rythme, les hommes sont ballottés, le lecteur est charmé par ce livre âpre.
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Pas grand chose à dire. L'Eole a emmené le toubib et moi avec. D'abord là où le jour ne se lève jamais. Drôle de voyage, plutôt longuet. J'ai cherché à savoir ce qu'avait le commandant, un type qui ressemblait à Jean Rochefort. Je vous dirai rien, secret médical oblige. Les membres de l'équipage sont de drôles de types, qui ont bourlingué partout. C'était pas inintéressant de les écouter.

Ce livre, c'est comme un voyage en mer qu'on ferait pour de vrai. Comme j'ai mis 41 jours à venir à bout des 327 pages, je ne peux pas dire que je l'ai dévoré. le style utilisé m'a souvent obligé à relire les phrases. Bref, c'est un roman profond comme la mer et les souvenirs de l'auteur, mais il a fallu que je m'accroche au bastingage pour arriver à la fin.
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Un ouvrage admirable que je ne me lasse jamais de lire et de relire. Pierre SCHOENDOERFFER dans un style magnifique nous transporte à travers des vies d'Hommes avec un grand H où les tempêtes qui déchaînent l'océan ressemblent aux orages de l'Histoire que les personnages principaux de cette oeuvre magnifique ont traversé dans leur existence de Guerriers. Présent et passé s'entremêlent en découvrant des pages de mémoires blessées.
Chaque lecture me projette les images de la sublime adaptation cinématographique et me berce avec la musique des dialogues des comédiens au summum de leur art: Jacques PERRIN, Claude RICH, Jean ROCHEFORT et l'unique, le grand Jacques DUFILHO.
Ce roman me touche particulièrement et me bouleverse chaque fois tant du fait de mon passé militaire qui me conduit à partager bon nombre de ressentis des Hommes qui y trouvent vie mais également de par l'adhésion aux Valeurs d'abnégation, d'honneur et d'amitiés au-delà du temps et des distances qui nous conduit, nous soldats, à vivre régulièrement d'intenses moments de nostalgie qui dureront jusqu'au jour où la vie nous quittera, jusqu'au moment où les portes de l'autre-monde s'ouvriront vers les jardins où se trouvent les âmes de nos camarades trop tôt disparus. Un univers d'Outre-Tombe où M. SCHOENDOERFFER a également rejoint tous ses camarades tombés en Indochine et en Algérie. Un grand merci à vous monsieur. A vous qui avez si bien compris ce qu'est un soldat, ce que sont la souffrance et la solidarité qui unit les combattants dans l'épreuve en faisant fi des causes politiques des conflits.
Pour moi, "Le crabe-tambour" est l'un des livres qu'il faut avoir lu dans sa vie en étudiant les hommes qui y évoluent et sans désir de juger. Simplement pour comprendre la grandeur des hommes qui sont à la base de notre outil de défense. Un ouvrage unique !
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