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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Todo Modo” est un livre extraordinaire, d'une ironie et d'une subtilité rare sur le monde pourrie de la Politique en amalgame avec celui de la Religion, ici en l'occurrence celle de l'Eglise catholique italienne, se référant particulièrement à une des périodes les plus pourries de l'Histoire du pays , les années 70. Dominé par la crise du parti Démocrate chrétien au pouvoir, le pays est sous l'hégémonie du catholicisme . le grand Sciascia passe au vitriol toute la faune politique et religieuse de l'époque . Leur faisant endosser les lunettes du Diable ( référence au tableau de Rutilio Manetti, "Saint Antoine d'Abate tenté par le démon " accroché à l'Ermitage Zafer où se passe l'histoire ), il donne l'image terrible de leur vision de la pourriture où elles se sont immergées , apaisant leur conscience ( si elles en ont une déjà ...) à travers le dicton , “ Ce qui ne se sait pas, n'existe pas “.
L'histoire à première vue est simple. Un peintre à succès très connu et riche, ne sachant que trop faire de sa vie, au hasard d'une ballade en voiture se retrouve devant un ermitage, l'Ermitage Zafer. Sa curiosité l'y pousse à s'informer sur ce lieu d'isolement et de spiritualité à l'apparence d'un hôtel. Y étant arrivé à un moment propice il va se retrouver avec un groupe assez particulier venu y faire un séjour de retrait spirituel. du prêtre de la réception lisant « Linus* » , au directeur, le prêtre Don Gaetano, l'ambassadeur du Diable sur place, des cinq jeunes et jolies femmes qui prennent des bains de soleil en bikinis et présentes pour aider à la méditation du groupe en visite, aux illustres visiteurs ( Ministres, hommes d'affaires, religieux éminents ) du groupe en retraite, on va se retrouver dans l'Inferno de Dante. Et comme nous sommes chez Sciascia, une histoire sans meurtres n'existant pas, ceux-ci vont défiler en commençant par celui d'un éminent notable durant une cérémonie religieuse.....
Un faux polar, où le grand Sciascia, à travers des citations de Pascal, Voltaire, La Rochefoucauld....et de nombreuses allégories comme celle du titre « Todo Modo » se référant aux paroles du jésuite Ignazio Moyola, “ par tous les moyens “, afin de trouver la volonté divine, ici employées avec une ironie extrême, dénonce la dégradation des coutumes et valeurs politiques et morales de son pays.
Un livre à portée universelle, foisonnant de références à la peinture, à la littérature et la philosophie , aux détails subtilement liées à l'histoire. La fin d'une extrême finesse est une surprise ..... la vérité est tellement évidente...quand la pourriture est partout personne n'y échappe, alors trouver un coupable n'a plus grand sens.....(N'ayez aucune crainte, je ne vous dévoile rien 😊).
Un véritable bijou littéraire, et si vous n'avez encore rien lu de Sciascia plus que jamais l'occasion d'aborder l'univers de ce très grand écrivain qui n'a jamais eu froid aux yeux pour critiquer les nombreux maux qui ont ravagé et continue à ravager la politique et la société de son pays depuis des décennies.

« La vraie nature étant perdue tout devient sa nature. Comme, le véritable bien étant perdu tout devient son véritable bien » Pascal ( Pensées )

*Linus est une BD tout âge.
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Lire Sciascia est un plaisir rare. A la veille de notre départ pour Palerme, encore plus précieux!

Je me délecte de l'ironie et de l'érudition de l'auteur. Surtout ne pas s'arrêter à la longue citation de DENYS L'AEROPAGITE qui laisserait penser qu'il s'agit d'un livre savant ou ennuyeux, au contraire, c'est un livre léger (159p) qui se lit avec le sourire.

Le narrateur, un peintre connu, arrive par hasard à l'ermitage de Zafer, ermitage ou hôtel? Un peu des deux : le gratin, ministres, ecclésiastiques, avocats ou hommes d'affaires s'y rencontrent chaque année pour des exercices spirituels sous la direction de Don Gaetano, un prêtre de caractère et de grande culture qui peut citer aussi bien Boccace que Mallarmé ou La Rochefoucault que les pères de l'Eglise.

guttuso
Guttuso : crucifixion

Ces citations ne sont jamais fortuites, elles lancent de pistes que je me suis fait un plaisir de suivre (merci Wikipedia sur le smartphone!). Lecture lente donc, que j'ai savourée avec des interruptions pour retrouver un auteur, ou un peintre. le narrateur étant peintre, il est question de peinture. J'ai eu la surprise de retrouver Guttuso (que j'avais rencontré à Ravenne) - j'ai bien l'intention de visiter son musée à Bagheria!


Rencontré un dessinateur Steinberg que je ne connaissais pas... Je pourrais aussi citer les Christ de Rouault ou de Redon.

Les rencontres littéraires sont encore plus nombreuses : Pirandello, bien sûr... mais aussi Pascal...Voltaire qui recommande aux artistes de peindre les "pieds chauds". Un ministre très imbus de sa personne confond un aphorisme de la Rochefoucault avec les écritures à l'envers des emballages des crottes de chocolat. Confusion qui me fait rire aux éclats....

Au mitan du livre, au cours de la récitation du Rosaire, une célébrité est tuée d'un coup de revolver. le livre prend une autre tournure et nous voici en pleine énigme policière. L'enquête occupe la seconde moitié du livre, toujours ironique mais très pessimiste. L'auteur dénonce la corruption au sein de la Démocratie Chrétienne qui aboutira vingt ans plus tard à l'opération Mani pulite.



Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Paru en 1974
Leonardo Sciascia prend pour prétexte une rencontre de notables venant vivre une semaine dans un hôtel à la campagne pour pratiquer des "exercices spirituels " afin de chercher et trouver la volonté divine, sous la tutelle de don Gaetano, curé et propriétaire de l'établissement, pour dénoncer le comportement de ces hommes.
"Des ministres, des députés, des présidents et des directeurs de banques, des industriels...Et trois directeurs de journaux, également". travaillés par des luttes intestines et la soif de pouvoir.

Ces hommes qui agissent dans le magma visqueux du pouvoir que la politique italienne a eu, durant les longues années de la Démocratie chrétienne, le funeste privilège de produire.
L'auteur cherche à faire la lumière sur les complots occultes du Pouvoir en dénonçant la collusion entre l'Etat et le mafia,
sur les délits impunis, sur la corruption des politiques travaillés par des luttes intestines, par la soif de pouvoir.
L'Eglise catholique n'est pas épargnée, arriviste et incroyablement aveugle face à l'absence de rigueur morale de ses pratiquants.
Reste, tout du long, le personnage don Gaetano, ecclésiastique très cultivé, insondable, ambigu, au charisme puissant.
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En voilà un livre difficile à critiquer !
Et pourtant il faut bien donner envie de le lire, car c'est un petit bijou !
Le style est élégant, l'intrigue aussi. C'est une pièce orfèvrerie énigmatique jusqu'au bout, et même après la fin !
Il donne à réfléchir surtout une fois refermé, sur sa dernière sentence qui ne clôt en rien l'enquête...
On a beau retourner en tous sens les éléments dont on dispose, rien ne vient offrir une prise sûre au raisonnement logique, aucune thèse ne satisfait pleinement l'esprit:
Qui a tué, et pourquoi ?

Telle pourrait être la leçon de Todo Modo. Et elle est dure, et difficile à amener pour un auteur ! Nombreux sont ceux qui se sont essayés à des fins énigmatiques et les ont raté !
Rien de cela ici, c'est un livre réussi en tous points: concis, précis, beau, intelligent, tout est bien choisi et organisé.
Un bijou je vous dit !
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Todo modo, est à court roman de Leonardo Sciascia. Paru en France à la fin des années 70 chez Denoël, je n'avais j'aimais entendu parler de ce roman. Là je le découvre dans la belle collection l'imaginaire chez Gallimard qui sied fort bien à cet immense écrivain qu'est Sciascia.
Alors Todo modo de quoi ça parle
Au hasard des routes italiennes, un célèbre peintre découvre l'ermitage de Zafer. À l'abri des châtaigniers se cache une grossière bâtisse qui ne ressemble en rien à un lieu de recueillement. Ermitage ou hôtel ? Les deux à la fois.
Intrigué par cette association, le peintre rencontre Don Gaetano, prêtre érudit et inquiétant, qui organise des « exercices spirituels » à l'intention des notables italiens. Hommes d'Église, politiques, industriels, financiers viennent ainsi, loin du monde, expier leurs péchés. Parce qu'il connaît la renommée du peintre, Don Gaetano accepte sa présence discrète, mais une série d'assassinats trouble cette prestigieuse assemblée. Complot politique ? Attentat ? Dans ce climat étouffant, où chacun semble coupable, le peintre va mener l'enquête.
À la fois thriller et critique sociale de l'Italie des années soixante-dix, Todo modo interroge avec ironie le sens moral politique.
Un auteur à redécouvrir, un roman à découvrir d'urgence et faire découvrir

Lien : https://collectifpolar.com/
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J'ai tout simplement vraiment beaucoup aimé.... Idem pour le film.....
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