«
Monstres Anglais » de
James Scudamore, traduit de « English Monsters » par
Carine Chichereau (2021, La Croisée, 324 p.) narre l'histoire de Max Denyer, 10 ans quand commence le livre, dans les années 80.
Ses parents, du moins le père, travaillants et vivants au Mexique, en tant que « overseas », Max est envoyé en garde chez ses grands-parents dans les Midlands. La grand-père ancien fermier a le vin plutôt gai et a tendance à raconter de belles histoires à son petit-fils. La règle de vie y est simple « Travaille dur. Vis bien. Sois gentil. Dis les choses, surtout dis les choses ». Et il y a toutes les joies de la campagne, « la pompe rouillée dans l'enclos », « le chemin avec les nids-de-poule » et à la ferme la pièce magique « l'atelier ».
Mais ses vacances se terminent. Avec elles, « la vie avant la Chute ». Finie la ferme et le grand-père adoré. Il devient pensionnaire à l'« École sur la Colline ». Trois ans. Mais il aura l'occasion de se lier avec quelques camarades Il se liera d'amitié avec quelques camarades : Simon, Luke, et Ish, Neil et Ali Price, aussi, le frère de Luke. L'établissement est strict, à l'anglaise. Il s'agit de faire « entrer dans le système » ces enfants qui sont « étrangers » à bien des points de vue. A l'anglaise. « J'étais sidéré par les termes de ce contrat que je n'avais aucun souvenir d'avoir signé. le système m'imposait déjà sa propre logique, si violemment qu'il me paraissait désormais absurde de demander à la personne en qui j'avais le plus confiance au monde si c'était bien ainsi que les choses devaient se passer ». Il y a là le sinistre Eric Weathers-Davis, alias Weathers des Vices, et le professeur Ian Crighton, alias Crimble (l'écraseur). Brimades, sévices corporels « il a saisi mon poignet et il a frappé, trois fois, comme s'il achevait un animal blessé ». Mais il y a la tradition anglaise « Agincourt of course » (il faut lire Azincourt, dans le Pas de Calais, bien entendu.
En 1997, il s‘écrie « SOS », dans trop savoir si c'est pour sa vie ou pour les résultats des élections alors que le Labour l'emporte avec
Tony Blair.Plus tard, on apprendra que le dit Weather-Davis a violé Simon. « C'était un minuscule entrefilet, mais il disait clairement qu'un ancien enseignant local, Eric Weathers-Davis, avait été arrêté et mis en examen pour « attentat sur mineurs » ». Qu'en beaux termes choisis cela est-il dit. C'est sans compter sur la femme du directeur. « Elle faisait partie de ces Anglaises dont la fierté est indexée sur leur acidité ».
Ce thème de l'éducation à l'anglaise est un peu le marronnier de la littérature. Les sévices étaient choses courantes. Par contre, les abus sexuels faisaient partie des tabous. Ce n'est d'ailleurs pas un sujet spécifiquement anglais. le système éducatif canadien a été lui aussi adapté sur le même modèle. Essentiellement au niveau de l'éducation des enfants des « premières nations ». Lire à ce sujet les deux livres de
Richard Wagamese «
Jeu Blanc» traduit de « Indian Horse » par
Christine Raguet (2017, Zoé, 256 p.) et «
Les Etoiles s'éteignent à l'Aube » traduit de « Medecine Walk » par Christine Raguet-Bouvard (2017, 312 p.).
On retrouve Max quelques années plus tard. Il est sorti de « l'Ecole sur la Coline », découvre l'étendue des abus qu'il a subi, lui et ses copains. « Ce n'était pas mon histoire, ce n'était pas à moi de la raconter ». En effet, « rien ne brûle dans la mémoire comme l'injustice ». Il est alors étudiant en lettres et rencontre Holly, une jeune musicienne. « Comme la plupart des jeunes, à vingt ans, je me considérais parfaitement adulte, mais lorsque je regarde les photos de l'époque, je vois un gosse ». Mais les faits remontent à la surface, d'autant qu'il retrouve aussi Luke, Ali, Simon. C'est l' « année flottante », pendant laquelle Max et Holly végètent à Londres.
Les années passent encore, avec la mort du grand-père adoré. Max et Holly se sont quittés. Il vit alors avec Katharin, la soeur de Luke, enceinte de leur premier enfant « Ma vie était faite d'intermèdes […] elle est remise à zéro périodiquement »