Mais je me force à ne pas oublier qui je suis.
THEODOSIA
– Erreur. Ne te fie à personne avant d’être certaine de sa loyauté.
THEODOSIA
Allons bon. Peut-on être à la fois monstre et héros ?
THEODOSIA
Aujourd’hui, pourtant, ce monde n’a plus de sens.
– Theodosia, insiste Blaise. Répète ce nom.
Je déglutis tandis que les ombres s’accumulent autour de moi. Mais je ne vais pas les laisser m’envahir. Pas maintenant.
– Je suis The… je suis Theodosia Eirene Houzzara. Le dernier espoir de
mon peuple.
Non : renoncer, c’est mourir aussi.
Mais à petit feu.
Je dois faire un choix. Je dois me faire confiance.
THEODOSIA
Theodosia, Theodosia, Theodosia.
Quelque chose se ranime en moi. Ce n’est pas ma maison. Je ne suis pas leur trophée. Je ne me contenterai pas de la vie qu’ils ont si généreusement épargnée.
Ampelio ne peut plus rien pour sa princesse, mais son sacrifice portera ses fruits. À moi maintenant d’assurer mon propre salut.
THEODOSIA
Tout n’est pas perdu. Les flammes sont mourantes, certes, et ne rougeoient plus que quelques braises. Mais j’ai vu des feux reprendre avec moins de bois que cela.
THEODOSIA
– Ton temps n’est pas encore venu, murmure dans ma mémoire la voix d’Ampelio. Tu vas survivre. Tu vas te battre.
Mais je ne trouve aucun réconfort dans ces paroles. Ampelio est mort et avec lui le dernier espoir de pouvoir échapper à mon sort.
THEODOSIA
Si c’est moi, ce sera plus rapide, plus facile. Vaut-il mieux être exécuté par quelqu’un qui vous hait ou par quelqu’un qui vous aime ?
THEODOSIA
Tu vas vivre. Tu vas te battre.
Soudain, je comprends. Et j’en viens presque à le regretter. La bénédiction d’Ampelio est aussi mon malheur. Non. Je ne peux pas faire ce qu’on me demande. Je ne peux pas tuer un homme. Je ne peux pas tuer cet homme.
[…] Le nom d’une reine. Je n’ai pas le sentiment de le mériter, mais me voici à présent seule. Si je dois survivre, je dois retrouver des forces, être à sa hauteur.
Désormais, je dois être Theodosia.