– Tu me le promets ? je lui demande.
– Je te promets quoi ?
– De m’emmener loin d’ici.
Je ne sais pas quelle partie de moi lui fait cette demande.
[...]
– Un jour, répond-il.
Ce n’est pas suffisant, mais c’est un début.
N’y a-t-il pas en lui quelque chose qui doit être secouru ? S’il se sent souillé par les péchés de son père, je suis peut-être la seule à pouvoir les pardonner.
[...]
– Yana crebesti, lui dis-je.
Il déglutit.
– Ce qui veut dire ?
– Ce qui veut dire : Je te fais confiance.
– Yana crebesti, répète-t-il.
- [...]Ce n’est pas à lui que tu devrais accorder ton premier baiser.
[...]
– Tu as parlé de mon premier baiser, tout à l’heure, lui fais-je remarquer. C’est toi qui me l’as offert.
Je m’étonne de la facilité avec laquelle mon coeur vient de s’emballer.
– Eh bien…
Il fait un pas vers moi. Puis un autre. Ne s’arrête que lorsque nos corps
ne sont plus séparés que de quelques centimètres.
[...]
– … on m’a dit que ça ne comptait pas.
Ses lèvres se rapprochent des miennes. Je voudrais le repousser — mais aussi l’attirer à moi, même si ce désir a de quoi m’étonner. Quand me sont ils venus, ces sentiments ? Blaise est un ami — mon plus vieil ami, mon plus sincère ami en plus d’un sens. Mais quelque chose d’autre est apparu entre nous. Blaise me fait peur — et il me rassure. Il me rappelle ma vie d’autrefois
Mais ce n’est pas tout. Pas vraiment. Søren n’est pas seulement ce que j’aimerais penser qu’il est et, même si cela fait de moi une traîtresse, je me rends compte que je l’aime bien.
Lorsque le temps sera venu, cela ne m’empêchera pas de le tuer.
Simplement, je me sentirai un peu plus coupable que ce que j’imaginais.
THEODOSIA
- [...] Tu devrais me haïr.
- Je ne te hais pas.
SOREN & THEODOSIA
– Parce que je sais reconnaître l’étincelle de la rébellion quand je la vois briller dans un regard. Oh, il fut un temps où je la fréquentais beaucoup, cette lueur. Mais il faut que tu comprennes que tu joues un jeu très dangereux avec un homme qui l’est tout autant. Et que les conséquences seront immenses quand tu perdras. Car tu perdras : cela aussi, je le sais.
ANKE
Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’elle me veut ; de plus, je sais que si je la regarde, je finirai par voir en elle ce qui m’attend, si j’échoue dans mes plans. Combien de temps me faudra-t-il alors avant que mon regard devienne aussi vide, aussi lointain que le sien ?
THEODOSIA
Je ne suis plus seule. Je ne serai, je l’espère, plus jamais seule.
THEODOSIA
Cela faisait partie intégrante du châtiment : on m’humiliait, on me déshumanisait un peu plus. Cette jeune fille dont la robe est en lambeaux et le dos en sang ne peut guère être une reine, n’est-ce pas ?
THEODOSIA
Et combien de temps faudrait-il alors avant que mon âme ne se brise ?
THEODOSIA