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sur 241 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous sommes à Vienne à la fin de l'été 1937.
Franz Huchel qui a toujours vécu avec sa mère dans le Salzkammergut, au pied des Alpes autrichiennes, vient de débarquer en ville pour travailler avec Otto Tresniek, un buraliste unijambiste qui le prend sous son aile comme apprenti. Il a à présent l'âge de gagner sa vie.
Otto est très respecté dans le quartier, il a été blessé durant la Première Guerre mondiale et a une haute idée de son métier. Il offre à sa clientèle un choix de presse de tous bords, le plus ouvert possible.
Franz découvre la ville et ses plaisirs, mais surtout le travail quotidien dans la boutique où passent des gens très différents, que ce soit pour acheter un journal, du tabac, de la papeterie ou autres prestations proposées dans les lieux. Dans un premier temps, Otto lui demande de retenir les petites habitudes des clients afin de les satisfaire au mieux.
Puis, le jeune Franz suit les conseils d'Otto et se met à lire la presse. Au début, il ne comprend rien à la politique mais tout cela aiguise sa curiosité. Peu à peu, il va comprendre de mieux en mieux ce qu'il observe autour de lui, et découvrir la montée du national-socialisme.
Un jour, un homme d'un certain âge se présente à la boutique pour acheter ses cigares et son journal : c'est Sigmund Freud. le jeune Franz le connaissait de nom ce "docteur des fous", et il va le raccompagner jusque chez lui. le jeune homme est fasciné par cet homme qui lui semble détenir de nombreuses réponses aux questions qu'il se pose et auxquelles Otto reste sourd.
Pour suivre ses conseils, Franz va tout faire pour rencontrer des jeunes filles et il va tomber amoureux d'Anezka, une jeune artiste de cabaret qui va enflammer le jeune homme naïf et jaloux.
Mais dès le début de l'année 1938, Otto qui refuse d'interdire l'accès de sa boutique aux juifs, est arrêté par la Gestapo. Sa boutique avait déjà été taguée, mais il était resté sourd aux menaces et avait continué son travail comme si de rien n'était...
L'Autriche a été rattachée à l'Allemagne nazie et les Juifs ne sont plus en sécurité dans le pays. La Grande Histoire les rattrape et Freud décide de migrer en Angleterre.
Rien se sera plus comme avant pour le jeune Franz, mais il va sans jamais dévier de son chemin, ni perdre son intégrité, et même sa naïveté, poursuivre avec beaucoup d'humanité la tache que ses deux mentors lui ont assignée.

Je n'ai pas été déçue par cette découverte.
L'auteur nous livre ici des événements dramatiques tout en nous contant, non sans une pointe d'humour, l'histoire de ce jeune Franz, naïf et tellement pur, que le monde nous apparait moins violent à travers son regard et ses impressions. le lecteur ne peut qu'être attendri de lire les pensées qui envahissent le jeune homme quand il tombe amoureux, et il perçoit à travers les propos des personnages à quel point le monde qui les entoure est devenu fou.
La Grande Histoire est en effet bien présente en filigrane, mais c'est surtout la relation particulière qui relie Franz à Freud qui est intéressante dans ce roman, car l'auteur nous montre une facette de ce grand psychanalyste que je ne connaissais pas. Lui qui est vieillissant et malade, mais relativement distant avec ses semblables, finit par céder devant l'insistance du jeune homme et par accepter de discuter avec lui tout en se promenant. Ainsi au fil de leur pas et de leurs échanges, le jeune homme évoluera, comprendra mieux le monde qui l'entoure, mettra des mots sur ses émotions et Freud sera touché par ce jeune homme pour qui il finira par avoir une certaine affection.
Il y a des moments de pure poésie comme par exemple, lorsque Franz mettant en application un des conseils de Freud, note tous les matins ses rêves de la nuit et les expose sur sa vitrine.
Enfin, c'est un roman qui vous propose de visiter Vienne, ce qui est très plaisant que vous connaissiez la ville ou pas. de plus, il se lit d'une traite, le lecteur pressent certains événements et n'a de cesse de vouloir connaitre la suite de l'histoire, mais bien entendu je ne vous dévoilerai pas la fin.
Je ne connaissais pas cet auteur, et ce titre est pourtant son quatrième roman. J'espère donc pouvoir poursuivre la découverte de son oeuvre parue en totalité chez le même éditeur, un éditeur qui ne m'a jamais déçue.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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L'homme qui couchait avec la mère de Franz et lui payait une maigre rente, un homme par ailleurs connu pour sa bonne humeur et sa générosité, pour ainsi dire un bon vivant, vient de mourir foudroyé, au sens propre, alors qu'il nageait dans un lac de montagne. Franz et sa mère se retouvent sans revenus et Franz quitte le Salzkammergut pour Vienne où l'attend Otto Tresniek, tenancier d'un tabac et probablement ancien amant de la mère. Mais ne vous en faites pas : les dates excluent toute filiation.

Franz arrive à Vienne, y découvre la trépidante vie métropolitaine, l'existence du nazisme - nous sommes en 1937 -, des Juifs et en paticulier fait la connaissance de Sigmund Freud amateur de cigares et habitué du kiosque Tresniek. Evidemment il tombe amoureux, mais à son âge cela est bien normal.

On sait que cette histoire ne va pas finir bien, que la politique, l'Anschluss et le fascisme vont perturber le cours des choses...

Et en effet, si le roman péche un peu par son aspect déjà lu - déjà vu - par son côté quelque peu prévisible: le jeune homme qui monte à la ville n'est pas forcément un héros des plus inattendus; la montée du nazisme n'est pas non plus un sujet que la littérature a ignoré; si ce roman est donc pour le moins prévisible, il se rattrappe et de loin par la beauté de son style et les quelques trouvailles qui font que ce livre accèdera à une bonne place dans la mémoire de ses lecteurs. Parmis ces trouvailles: la mort de l'homme de la mère de Franz est un morceau d'antologie; les récits de ses rêves que Franz affiche à la vitrine du tabac; le personnage attachant de Sigmund Freud; l'attitude horripilante mais bien réaliste d'Aneska, l'amoureuse de Franz...

Pour résumer: un très bon livre que je conseille particulièrement aux jeunes lecteurs et qui mérite le grand succès de librairie qu'il a connu dans le monde germanophone, où il est déjà devenu un classique moderne.
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LE TABAC TRESNIEK de Robert Seethaler

Une histoire simple mais lumineuse et superbement écrite avec peu de personnages : Une mère, son fils, un buraliste, une jeune femme, Freud et le nazisme comme toile de fond.

Pour les amateurs de littérature...

De cet auteur, j'ai apprécié la lecture de Une vie entière et moins, le dernier mouvement, le récit un peu mince des souvenirs de Gustav Mahler.
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Je viens de terminer, d'engloutir devrai-je dire, mon troisième livre de Robert Seethaler. J'ai découvert cet auteur avec Une vie entière, paru en 2015, un titre que j'avais adoré. Dans le cadre du Club de lecteurs Libre Cour, consacré aux auteurs autrichiens contemporains, j'ai enchaîné avec le champ, que j'avais déjà entamé et rapidement abandonné. Je poursuis donc ma rencontre avec l'auteur avec son premier récit, paru en 2014, et qui est également notre lecture commune.
Direction l'Autriche de 1937 à 1938, dans la Vienne que découvre le jeune Franz, apprenti buraliste chez Otto Tresniek. le récit est très riche, évoquant l'arrivée du jeune garçon dans la grande ville et la découverte du bruit, du mouvement, et d'un nouveau métier. Sa rencontre avec le Professeur Sigmund Freud va lui ouvrir un nouvel univers et le conduire sur les voies tortueuses de l'amour. Mais très vite, L Histoire, avec le bruit, la haine et la violence qui l'accompagne, surgit dans la boutique du buraliste, bouleversant la vie du jeune Frantz.
J'adore ce genre de récits, où la grande histoire rejoint les parcours individuels. J'ai aimé ici découvrir cette histoire de l'Autriche à la veille de la seconde guerre mondiale, de ce pays déjà rattaché à l'Allemagne et envahi par la peste brune. J'ai aussi beaucoup aimé cette relation imaginaire entre le jeune Frantz et le vieux psychiatre, Freud, aux derniers mois de sa vie, malade et perclus de douleurs et de souffrances, tant morales que physiques. Roman initiatique sur fond de drame historique : découverte de l'amour, de l'instruction, de la psychanalise aussi un peu, et surtout, du sens politique et des valeurs humanistes.
Un très beau récit, qui malgré le contexte, n'en reste pas moins léger et vivant, comme la jeunesse de Frantz.
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Autriche 1937 : Franz quitte sa mère pour aller travailler à Vienne chez le buraliste Otto Tresniek. Ce jeune garçon naïf va apprendre la vie aux côtés de son employeur, au gré des rencontres, notamment une jeune fille dont il tombe fou amoureux, et un vieil homme nommé Sigmund Freud. Franz aborde les gens et les situations avec simplicité et franchise, ce qui fait son charme, mais aussi sa vulnérabilité, dans cette époque troublée, au bord du gouffre,. C'est un roman d'apprentissage qui se lit d'une traite. Superbe découverte littéraire !
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Un mélange de tendresse, de douceur et d'aigre-doux. Un ouvrage d'une grande finesse avec plusieurs personnages centraux qui nous inspirent ça et là du bien-être et de la tristesse.
La fin nous provoque une "grosse boule dans le ventre". Un livre qui reste en mémoire. Un auteur autrichien à suivre...
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J'aime beaucoup ces livres où, par l'histoire des personnages, on rencontre la grande Histoire, ici l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne.
Les petites histoires influencées par la Grande, avec des personnages attachants (existants - Freud et sa fille - ou non) et un style enlevé, avec des pointes d'humour.
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Le jeune Franz Huchel quitte à 17 ans sa mère et les bords de l'Attersee et ses eaux turquoise pour devenir l'assistant d'Otto Tresniek, unijambiste depuis la Grande Guerre et propriétaire du marchand de tabac du même nom. L'un des clients est le « médecin des fous », le vieux Docteur Freud, amateur de havanes. Franz découvre la capitale en même temps que l'amour des jeunes filles, celui d'Anezka, en particulier, venue de Bohème pour jouer dans un cabaret. Elle s'offre à lui avant de disparaître et de le fuir. Décontenancé, le jeune apprenti se confie au vieux professeur qui n'a que peu de conseils pratiques à lui prodiguer, se contentant de lieux communs sur l'éternel féminin sur lequel « les meilleurs d'entre nous viennent se fracasser ». Nous sommes en 1937 et alors que Franz fait son apprentissage, Vienne se laisse ronger par la peste brune : Otto Tresniek, dont une bonne partie de la clientèle est juive, se fait tabasser par la racaille nazie, son magasin est mis à sac, il est arrêté par la police au prétexte d'avoir vendu des revues « galantes », Freud et sa famille font leurs bagages en quelques jours pour s'exiler vers l'Angleterre.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Robert Seethaler est un écrivain et scénariste allemand né en 1966. le Tabac Tresniek a remporté un grand succès dans les pays germanophones (2012) et sa traduction en France en 2014 chez Sabine Wespieser, puis sa publication en Folio, le place au même rang qu'un Bernard Schlinck, auteur du Liseur.
L'action du Tabac Tresniek se déroule à Vienne en 1937. Franz, un jeune paysan, monte à la ville pour travailler aux côtés d'Otto Tresniek, grand invalide de la Grande Guerre, homme indépendant et fantasque, lecteur insatiable de journaux. Dans son tabac, tous les matins, un personnage prestigieux vient acheter sa boite de cigares : Sigmund Freud. On l'appelle Le Professeur. On le respecte, et pas seulement en raison de son grand âge… Une relation d'amitié va se nouer entre Franz et Sigmund ; occasion pour le romancier de dresser le portrait d'un vieil homme sans illusions sur le destin de l'Europe, tandis que dans son propre pays la nazification a déjà commencé avant même que ne soit prononcé l'Anschluss. Franz se pose beaucoup de questions, en particulier sur l'amour, depuis qu'il a rencontré Anezka, une jeune fille de Bohême, pauvre et débrouillarde, qui se produit dans un cabaret où le clou du spectacle montre un Hitler transformé en chien. Mais Freud, sans le repousser, fait montre de sa lucidité aride, quand Franz lui demande ce qu'il doit faire avec Anezka : « Je ne crois pas pouvoir t'aider dans cette affaire, dit-il. Dans notre culture, trouver la femme qu'il vous faut est une des taches les plus ardues qui soient. Et chacun d'entre nous doit l'assumer totalement seul. Nous venons au monde seuls et nous mourrons seuls. » Ces passages où Freud dialogue avec Franz sont doute les plus beaux du livre. Freud, déjà très atteint par son cancer de la mâchoire, sait sa fin proche ; Franz, découvrant l'amour et les joies de l'érotisme avec Anezka, n'en est, lui, qu'au début de sa vie.
Mais l'Histoire ne va pas tarder à rattraper les protagonistes. Freud doit quitter Vienne pour s'installer à Londres. Otto Tresniek, victime d'une vengeance, se retrouve dans les locaux de la Gestapo et d'en sortira plus. Et Franz, toujours amoureux, perd Anezka le soir où, après son spectacle, elle repart au bras d'un jeune nazi. Mais Franz n'a pas tout perdu : grâce à Freud, il a appris à s'analyser et, surtout, à noter ses rêves. Ce sont ces rêves-là qu'il collera chaque matin sur la devanture du tabac, une façon de résister au climat délétère qui s'est emparé de Vienne.
A la fois roman historique, roman d'apprentissage et hommage touchant au père de la psychanalyse, le Tabac Tresniek est tout cela à la fois. C'est aussi un livre foisonnant de sensations, lesquelles donne au récit une aura poétique qui s'imprime encore longtemps après sa lecture.

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Roman lu dans le cadre d'un prix organisé par la librairie locale.

Nous suivons la vie de Franz en 1937-38; suite au décès du «protecteur» de sa mère, cette dernière qui ne peut plus subvenir à leurs besoins envoie le jeune homme à Vienne pour travailler avec le buraliste Otto Tresniek.

Otto Tresniek et Sigmund Freud, qui est client du bureau de tabac, vont accompagner Franz dans le passage de l'enfance insouciante vers l'âge adulte, le tout avec la montée du nazisme en toile de fond.

Très beau roman plein de tendresse malgré la brutalité de l'époque.
Je recommande vivement!
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