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4,27

sur 884 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce récit remarquable, le grand et regretté Jorge Semprun raconte sa déportation puis la libération du camp de Buchenwald par les américains en 1945. Sorti vivant physiquement certe, mais comment reprendre gout à la vie après avoir cottoyé la mort et l'horreur au quotidien. Bien plus qu'un récit sur les camps, Semprun raconte comment grâce à l'écriture et aussi au rôle essentielle d'une jeune femme, il a réussit à revenir au pays des vivants. le livre d'un intellectuel engagé, en lutte constante contre la barbarie, la dictature.
Un texte qui résonne longtemps en vous, car comment dire l'indicible tout en restant debout, Semprun à constamment lutter avec ce questionnement dire pour ne pas oublier, ne rien dire pour s'oublier. Magnifique et indispensable.
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Superbes récit et méditation d'un homme au parcours exceptionnel, et d'une modestie hélas exceptionnelle à ce niveau de notoriété. Cerise sur le gâteau : l'anecdote du "Stuccateur" avec le flash-back final. Et aussi : comment rester un homme de convictions sans tomber dans le sectarisme... Une belle icône.
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"Ô mort vieux capitaine, il est temps de lever l'ancre"
La poésie, Jorge Semprun,lauréat du concours de philosophie, poète connu des milieux littéraires, la connait sur le bout des doigts.
Ce sont les mots qui étayent sa survie dans les camps de Buchenwald où il va être déporté. Des mots qui courent sur le bout de sa langue. Etre le seul déporté espagnol à connaitre l'allemand, le comble de la chance, quelle dérision!
Et là il se souvient. le "meister" le maître à l'allure martiale, un mot qui fait froid dans le dos! Surtout lorsque l'on règne à coups de gueule et à coups de trique.
La violence.La répression.La corruption.L'horreur.L'agonie.La mort.Les cadavres.La mort qui parle yiddish.Les morts pour le führer.La mort qu'il tient dans ses bras.Et... la liberté lorsqu'il se récite des poèmes.
A son retour, le sans cheveux moribond, avec ses frusques usées jusqu'à la corde, avec l'horreur dans son regard et l'obession de l'odeur empuantie de la fumée, celle qui chassait les oiseaux et montait des fours veut écrire et cracher tout ça pour vivre enfin, mais écrire c'est revivre la mort et c'est dur!
Ce roman est le roman d'un survivant qui préfère vieillir car paradoxalement les années l'éloignent de la mort, ce roman est un exorcisme, dur et fort il a obtenu le prix de la paix des libraires allemands 1994.
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Vraiment un magnifique livre .. Une histoire magnifique .. Jorge Semprun, un homme très fort a mes yeux .. Arriver a faire de ses souvenirs, une véritable histoire ... Vraiment un livre qui vaut la peine d'être lu !
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Très beau récit. Semprun écrit ce livre en 1992, presque cinquante ans après avoir été libéré du camp de concentration de Buchenwald. le récit nous révèle par des incessants allers-retours au fil des souvenirs et de la mémoire de l'auteur, comment il a été possible pour lui d'écrire après avoir vécu l'horreur absolue des camps. Comment écrire de la fiction ? Comment raconter ? Où est le rêve, la réalité ? Où est la vrai vie ? Les rescapés des camps de concentration n'en sont jamais réellement sortis, le mal absolu les hante pour toujours et leur donne cette sensation que la réalité est le camp et que maintenant ils vivent un rêve terrible car ils vont finir par se réveiller, ou ce qu'ils ont vécus n'est qu'un cauchemar et que ces années d'horreurs n'ont jamais existé. Sensation renforcée par l'incrédulité des gens lorsque la vérité sur les camps a été révélé. Semprun raconte comment Primo Levi n'a pas trouvé d'éditeur lorsqu'il a voulu publier son premier livre "Et si c'est un homme".
Semprun nous livre des réflexions admirables sur le mal, la volonté de vivre, la mort, l'écriture.
Si les premières pages du récit sont assez perturbantes par le style, au fil des pages on se laisse prendre par ces sauts incessants dans la mémoire de l'auteur. Les souvenirs et les thèmes reviennent de manière incessante et lancinante comme des leitmotiv qui hantent l'esprit de Semprun et qui l'empêche de vivre. La neige symbolise l'enfer de Buchenwald et revient sans cesse dans ses cauchemars.
Au fil du récit on a le sentiment d'écouter Semprun réfléchir à haute voix, d'être à ses côtés et de comprendre comment pendant des années écrire serait le droit chemin à la mort.
Seul l'art, la fiction sera capable de raconter.
"Comment raconter une vérité peu crédible, comment susciter l'imagination de l'inimaginable, si ce n'est en élaborant, en travaillant la réalité, en la mettant en perspective? Avec un peu d'artifice donc!....... par l'artifice de l'oeuvre d'art bien sûr!" (p166 Ed Folio).
"A Buchenwald, les SS, les Kapo, les mouchards, les tortionnaires sadiques, faisaient tous partie de l'espère humaine, que les meilleurs, les plus purs d'entre nous, d'entre les victimes... La frontière du Mal n'est pas celle de l'inhumain, c'est tout autre chose. D'où la nécessité d'une éthique qui transcende ce fonds originaire où s'enracine la liberté du Bien que celle du Mal... Une éthique, donc, qui se dégage à jamais des théologies, puisque Dieu par définition, est innocent du Mal. Une éthique de la Loi et de sa transcendance, des conditions de domination, donc de la violence qui lui est justement nécessaire..." (p216 Ed Folio).
La fin de l'ouvrage est désespérante. La réflexion sur l'inéluctable disparition des rescapés des camps et donc la perte de la mémoire physique du Mal absolu "dans la juste mesure où il es niché en chacun d'entre nous, comme liberté possible" (p374) vient en contradiction sur ce que nous révèle Semprun concernant l'utilisation de Buchenwald par les staliniens comme camp de concentration et où une nouvelle fois des milliers de personnes ont disparu. le Mal absolu continu d'être présent parcequ'il est une liberté possible de chacun d'entre nous et donc il y aura toujours des témoins pour parler de ce Mal.
Un seul petit reproche au récit de Semprun, de nombreuses citations de poèmes, de textes en anglais, en allemand, en espagnol, italien,... m'ont perturbé dans ma lecture car la qualité et la profondeur de ces extraits m'ont échappé, ne connaissant pas suffisamment toutes ces langues, même si Semprun donne au fil du texte des traductions morcelées et des commentaires.
Livre très intellectuel mais une fois dépassé les références littéraires, philosophiques et poétiques on se laisse prendre par ce récit. Semprun nous invite, au travers de son expérience douloureuse, à une très belle réflexion sur le Mal.
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Après avoir lu Adieu, Vive Clarté... relatant l'adolescence et l'exil du narrateur et le Grand Voyage retraçant l'arrivée de Gérard à Büchenwald, je viens de finir L'Écriture Ou La Vie racontant la sortie du camp du personnage principal. Bien sûr, ces trois romans ont un contenu très fortement autobiographique même s'ils ne suivent pas de façon précise la réalité chronologique et authentique de la vie de Semprun et parfois s'en écartent franchement. Mais là n'est pas l'intérêt majeur du livre : Semprun reste avant tout un écrivain des sensations, seule semblent compter pour lui les émotions qui ont forgé sa mémoire et qui lui permettent de relier entre eux des moments espacés de sa vie. Il nous montre au-delà de la réalité narrative, la façon dont il construit ses romans et les rapports très étroits qu'ils entretiennent avec son organisation mentale et ses convictions d'homme. Cette façon d'écrire donne une impression très forte de romans clos, d'enfermement de l'auteur dans son monde, ce qui d'un certain point de vue renforce l'impact et le sens de sa narration. On ne soulignera jamais assez son extrême pudeur à évoquer les moments les plus déchirants de son existence sans jamais les aborder en toute clarté, en nous laissant sur le bord de la confession: à nous de combler les vides... ou du moins d'essayer de les imaginer!
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