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Le 16 octobre 2018, Augusto Pinochet est arrêté à Londres, sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par le juge d'instruction espagnol Baltasar Garzón.

En mars 2000, après une sage juridico-politique épique, l'ex-dictateur est extradé vers le Chili, où il ne sera finalement jamais jugé en raison de son état de démence, peut-être feint.

Ce livre rassemble une vingtaine d'articles et chroniques écrites entre ces deux dates pour différents journaux européens, par Luis Sepúlveda, l'un des très proches de Salvador Allende, et qui fut emprisonné, torturé puis exilé après le coup d'Etat de 1973.

Dans ces textes politiques, il s'insurge violemment contre les crimes de Pinochet et de sa clique de tortionnaires, contre l'hypocrisie des dirigeants du Chili dont pas un ne condamne fermement la dictature ou se réjouit de l'arrestation de l'ex-dictateur. Près de 30 ans après le coup d'Etat, le pays est toujours divisé entre les vainqueurs et les vaincus, les premiers plaidant l'amnistie et la réconciliation « pour pouvoir aller de l'avant », sans prendre conscience que cela signifierait pour les seconds la négation ignoble de tous les crimes commis pendant la dictature.

Des textes coups de gueule également, contre les Etats-Unis et la CIA qui ont fomenté le coup d'Etat, contre le FMI et ses politiques d'austérité qui étranglent la population, le tout dans l'unique but de promouvoir un système économique ultra-libéral et faire barrage à tout ce qui ressemble de près ou de loin à la gauche et au spectre de la nationalisation.

Mais ces textes sont aussi mémoriels, des hommages aux résistants, morts ou survivants, pour ne pas les bafouer une nouvelle fois en laissant impunis tous les crimes de la dictature. « Ni oubli, ni pardon », tel est le cri de ralliement de ces femmes et ces hommes, et le leitmotiv de ces textes un peu redondants, mais dans lesquels l'auteur a su transmettre toute sa révolte contre l'injustice, son intransigeance radicale envers le tyran, mais aussi tout son amour et son espoir pour le Chili, la fierté des résistants, et la solidarité et la convivialité avec ses frères humains.
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Retranscription de 22 articles engagés du poète chilien sur Pinochet. Lui-même a été emprisonné, torturé et exilé. Certains passages sont très politiques, d'autres terribles avec les horreurs du dictateur. On y sent surtout la profonde tristesse et révolte pour ses amis et proches assassinés qui se sont battus pour la liberté.
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Ce livre est un recueil d'articles et de chroniques parus dans divers journaux européens entre 1998 et 2002. Cela recouvre l'époque où Pinochet fut arrêté à Londres puis revint au Chili en toute impunité. L'auteur était alors exilé en Allemagne puis en Espagne après avoir subi les affres des geôles de la dictature. Il nous fait part ici de l'espoir initial immense de voir juger le dictateur tortionnaire et de la déception qui s'ensuivit après son retour impuni au Chili. Ce pays reste marqué durablement par la dictature, les événements d'aujourd'hui nous le prouvent encore. Quant à Sepúlveda, s'il y revint plus tard, il n'y resta pas, ne pouvant supporter l'impunité des félons. Dans ces pages il nous prouve, ligne après ligne, qu'il est un homme au grand coeur. Avec cette qualité rare : un humour plein de tendresse pour ses frères humains.
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Ce petit volume d'articles de journaux a été publié en France, en Grèce, en Italie et au Portugal en 2003, triste anniversaire du coup d'Etat d'Augusto Pinochet et du renversement de Salvador Allende en 1973 (c'était aussi un 11 septembre…). Luis Sepulveda était étudiant, il avait accompagné l'espoir de renaissance apporté par Allende au Chili et il a subi lui-même la torture et l'exil après l'accession au pouvoir du dictateur. Il vit toujours en Espagne.

Quand il apprend l'arrestation de Pinochet en 1998, grâce à la ténacité du juge espagnol Garzon, Luis Sepulveda éprouve une grande joie et se met donc à observer les événements et à écrire cette série d'articles publiés un peu partout en Europe. Dès l'annonce de l'arrestation de Pinochet, le gouvernement chilien en place comme l'opposition sont très prudents et ne semblent absolument pas souhaiter l'extradition : il faut savoir qu'avant de se faire arrêter, Pinochet est resté commandant en chef des armées jusqu'en 1998, il avait réussi à se faire élire sénateur de droit à vie et à faire voter une série de lois qui protégeaient les anciens collaborateurs de la dictature. Avant qu'il ne soit remis au Chili parce que déclaré fou (vous vous souvenez de cette image de Pinochet se levant de sa chaise roulante dès sa sortie d'avion ?), Luis Sepulveda critique la mollesse des dirigeants chiliens, gauche et droite confondues, qui aimeraient tant voir amnistier tous les crimes commis pendant la dictature alors que les victimes et leurs descendants crient pour obtenir une justice équitable.Au nom de cette équité, l'écrivain réclame un procès respectueux du droit pour Pinochet. Il critique violemment les exigences imposées par le FMI au Chiliet à l'Argentine. Surtout – ce sont les articles les plus touchants à mon avis – il évoque les amis, les parents, les militants socialistes qui ont subi la torture, la mort, la disparition des corps, le cruel silence des autorités, il raconte comment il est retourné au Chili avec son propre fils, il dit la nécessité de la parole et de l'écriture.

C'est une lecture un peu difficile parfois (j'avoue que je n'ai pas toujours saisi les subtilités des partis chiliens actuels), âpre souvent (« ni pardon ni oubli » scande l'écrivain au long des pages), touchante évidemment. Ce n'est qu'en écrivant ce billet que je me rends compte que cette année 1998 n'est pas si éloignée de nous… vingt ans seulement nous séparent de la chute du dictateur. Il est mort en 2006, sans jamais avoir été jugé pour ses crimes.
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Le 11 septembre 2001 : on a retenu cette date pour les attentats américains mais qui se souvient du 11 septembre 1973 ? Date gravée à jamais dans la mémoire chilienne, jour du coup d'Etat mené par Pinochet avec la complicité de la CIA, entraînant le terme de la présidence d'Allende.

"Raconter, c'est résister". Cette citation de l'écrivain brésilien Guimaraes Rosa sur laquelle s'appuie Luis Sepulveda résume le ton adopté par l'auteur chilien dans ce livre nous délivrant son terrible sentiment d'injustice sur la personnalité de Pinochet.

L'opportunité de « célébrer » le 30ème anniversaire du putsch permet à Luis Sepulveda de rassembler dans ce livre 21 articles journalistiques publiés auprès de la presse européenne et sud américaine sur la période 1998-2002.

Il y est question d'indignations et de résistances : résistance face aux duplicités des politiciens nationaux (droite chilienne) et internationaux (notamment Kissinger, Nixon, CIA) pendant la période où Pinochet était à la tête du pays et sur l'amnésie sur le bilan de la politique du tyran.

Résumé non exhaustif de la pluie de dénonciations versées sur le régime dictatorial par l'écrivain chilien :

- les actions menées contre les opposants (résistants socialistes, communistes, chrétiens de gauche, front patriotique) à la politique à l'intérieur et à l'extérieur des frontières : disparitions (estimées à 4000 voir le rapport Rettig), massacres, kidnappings, tortures (autour de 35 000), condamnations à l'exil, incitations à la délation, censures de la presse

- le chaos social : perte des droits syndicaux (un rassemblement de plus de 3 personnes était considéré comme délit de subversion), régression sociale,

- le pouvoir de l'armée : 15% du budget de la nation consacré à l'armée destiné à faire mourir ses propres citoyens

- les modèles économiques imposés par le FMI et la Banque Mondiale sur 2 pays « cobayes » sud américains : Argentine (mise en cause du triumvirat Alfonsin, Menem, de la Rua plus nocif que Ben Laden responsables de la mort de 30 000 personnes en imposant un modèle économique injuste) et Chili

- les passe-droits de Pinochet lui permettant d'échapper à toute justice grâce à la possession d'un poste de sénateur à vie, à la détention d'un passeport diplomatique

- les bilans de santé des experts médicaux qui ont permis de mettre en suspens les actions des juges espagnol Garzon et chilien Guzman.

En effet, le juge Garzon réclame l'extradition du dictateur pour crimes et tortures en 1988 imposant 503 jours d'assignation à résidence à Londres. Pinochet ayant une santé précaire selon les experts, il est déclaré inapte à comparaître devant le tribunal et il est autorisé à retourner au Chili.

En 2000, Pinochet perd l'immunité parlementaire en tant que sénateur à vie. 200 plaintes pour violation des droits de l'homme permettent au juge Guzman d'ordonner une arrestation du Général. En 2002, Pinochet échappe au procès grâce au non lieu prononcé par la Cour Suprême alléguant une démence modérée de Pinochet.

Gardez le parapluie ouvert si les baleines ne sont pas noyées sinon changez le car Luis Sepulveda a fait sienne la devise de Monte Christo : ni oubli, ni pardon.
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Trente ans après la prise de pouvoir de Pinochet au Chili, Sepúlveda fait paraître un ensemble de chroniques écrites entre 1998 et 2003, alors que Pinochet sous le coup d'une arrestation en Grande-Bretagne, rentre au Chili soit- disant atteint de folie.

‶Parler ou écrire sur l'une de ces victimes, c'est le faire au nom de toutes″.

"J'écris parce que j'ai une mémoire et je la cultive en écrivant sur les miens, sur les habitants marginaux de mes mondes marginaux, sur mes utopies bafouées sur mes glorieux et glorieuses camarades vaincus dans mille batailles et qui continuent à préparer les prochains combats sans craindre la défaite."

Sepúlveda a été emprisonné durant la dictature chilienne ; il sait donc de quoi il parle. Infatigable défenseur de la démocratie, et de la mémoire, il a réuni ces 22 chroniques parues dans différents journaux européens durant 3 années.

Si au début, il eût l'espoir de voir juger l'ancien dictateur, il déchante assez vite. Ces textes respirent la révolte face à l'injustice, à la torture, la mise à genoux du pays par le FMI, les expérimentations économiques délétères jamais remises en cause. En outre, il rend hommage à ses compagnons de lutte, il évoque ses amis et sa famille.

Il explique en quoi l'écriture est capitale pour lui.

J'ai assez peu l'habitude de cette forme littéraire ; la complexité chilienne ne facilité pas forcément la lecture de cet ouvrage, sans doute riche, mais ardu en définitive. La colère de Sepúlveda est largement compréhensible ; le dictateur, a mis du temps avant de lâcher complètement les rênes du pays, et pire encore : n'a jamais été jugé !

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La folie de Pinochet de Luis Sepulveda n'est pas un ouvrage littéraire. Il s'agit d'un recueil de texte politiques écrits au moment et juste après l'arrestation du dictateur à Londres le 16 octobre 1998. Ce recueil contient 22 articles écrits par Sepulveda et publiés dans des journaux et revues du monde entier : El Pais (Espagne), le Monde (France), El Periodico de Catalunya (Espagne), Diarrio Pagina 12 (Argentine), le Monde diplomatique (éd Chili), l'Unita (Italie), la Reppublica (Italie). Les textes profondément humains sont reliés par le leitmotiv de la dictature et des 4000 disparus sans laisser de trace jetés à la mer ou enfouis au fond de lacs inaccessibles de la Cordillère des Andes.
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Ce qu'on savait déjà mais qu'il est bon de relire sous la plume d'un écrivain que j'aime et qui a souffert dans sa chair la souffrance des tortures et dans son coeur,son exil du Chili.
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Pour donner à ce livre sa portee politique, il aurait été necessaire d'y ajouter des éléments de contexte : ( présentation de l'élection présidentielle chilienne, articles et discours cités, ex celui de Jean Daniel etc).
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Le livre, compilation d'articles écrits entre 1998 et 2001 dans plusieurs journaux à travers le monde, n'est pas vraiment un livre politique. Pour en être un, il faudrait du recul et de la réflexion sur les évènements que connurent les Chiliens entre le 4 septembre 1970 et le 11 septembre 1973, à moins que l'on confonde l'insulte ou l'étalage de ses rancunes avec des analyses. Il reste donc à prendre ce recueil pour ce qu'il est : l'évocation douloureuse des martyrs de la révolution socialiste en marche sous la bannière (ou en marge) de l'Unité Populaire, le témoignage passionné d'un rescapé de l'horreur parlant de l'exil (le sien ou celui de ces enfants nés à l'étranger) et enfin une série de salves bilieuses contre Pinochet et ses alliés, faisant sienne la devise du Comte de Monte-Cristo : « ni oubli ni pardon » (pp. 10 et 72).

Prenant pour point de départ l'arrestation de Pinochet en Angleterre en 1998, les articles sautent dès lors entre le présent et un passé manichéen que ressasse l'auteur. Dans le présent, c'est la haine contre le dictateur immobilisé (...) . Ce présent, encore empêtré dans la boue du passé, y replonge rapidement. C'est alors une galerie de portraits parfois intéressants, d'hommes et de femmes qui se sont battus pour un idéal. Des petits, comme Oscar Lagos Ríos, jeune étudiant (...) qui deviendra membre de la protection de Salvador Allende. (...). Ou encore Horacio Cepeda Marincovic, membre du Parti Communiste, ami de son père, entré en clandestinité jusqu'à ce qu'en 1976 il se fasse prendre par la DINA pour ne jamais revenir. (...)

Mais aussi les grands, et notamment leur chef de fil, le camarade-président, « Chicho » pour les intimes, dont il dresse le rapide portrait.

[...] Malheureusement, dans ses articles, Sepúlveda ne fait preuve d'aucun esprit critique mais bien du manichéisme le plus tranché. Ce faisant il fait comme beaucoup de vaincus : tant qu'ils n'ont pas coupé (trop) de tête(s), et quand bien même ils auraient la hache à la main, s'ils sont victimes avant d'avoir eu la possibilité d'être bourreaux, il leur suffit de crier bien fort leur malheur pour absoudre toute leur part d'ombre. Celui-ci qui réclamait la violence avec fascination et gourmandise se retrouve face à elle, s'y cogne et revient, bien qu'édenté, presque fier de ses blessures, pour chanter dorénavant la paix comme il ne l'avait jamais fait. Et quand la répression vire à l'horreur la plus absolue, le martyr peut devenir un héros, le survivant, tout en se nourrissant de l'aura des défunts pour, sous couvert de rester fidèle à leur mémoire, pouvant prolonger ce statut de victime absolue.

On ne pourra pas, bien sûr, reprocher à un homme qui a connu dans sa chair les atrocités et doit porter avec lui la mémoire de ses amis décédés dans des conditions si effroyables, de ne pas être neutre. Mais quel grand intérêt peut tirer le lecteur de ces litanies bilieuses suivant sans relâche le cap de l'intégrité passionnée au détriment de toute mesure ? Or, justement, ce qui fait tout l'intérêt de cette période de l'Unité Populaire (1970-1973) c'est qu'elle n'est en rien manichéenne, mais complexe, dynamique, où chaque parti a sa logique et ses contradictions, telle une tragédie grecque ou Antigone et Créon ont autant raison et tort que l'autre. Rien à voir, donc, avec ces histoires haineuses de gentils qui sont battus par les méchants. Que le lecteur trop sûr de faire partie du Camp du Bien vienne flatter son choix par ce genre de lectures est compréhensible, mais si on veut aller au-delà du scénario de film hollywoodien, il faut passer ici son chemin...
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