J'avais fini par croire que la littérature Sud Américaine se résumait à "'esbrouffe et succès usurpés". Que seul un triste snobisme tropical pouvait expliquer (du genre bouche à oreille pour se dire combien on a aimé un livre que l'on a jamais lu, si "dépaysant", sinon comment expliquer le succès de tous ces romans aussi mièvres que vides)
Faut dire aussi que longtemps un pareil titre m'est tenu éloigné de ces pages.
Et finalement : quelle belle surprise !
Voilà un personnage de fiction qui a de la chair, qu'on ne peut indubitablement incorporer au bataillon illimité de fantômes duquel on voit au travers, sans consistance réelle, sans existence aucune, aussi vite rencontré qu'oublié, parce qu'absence de talent de l'auteur.
Je le place dans mon Panthéon aux côtés d'une Patricia de
Kessel, d'une Savannah du Prince des Marais. une Ada de
Nabokov...
D'autant plus difficile d'exister quand c'est le paysage (inhospitalier) qui prend tout l'espace qui lui est dû, omniprésent en chaque geste, parole, tout en moiteur. Les hommes y sont des intrus dont la seule présence semble une insulte à cette nature agonisante. Et les actes
des hommes n'y ont aucun sens, rien n'y a de sens en dehors de cette forêt aussi primitive que naïve de ses hommes qui la domine, même quand il voudrait la protéger, l'aimer. le fauve humain a toujours le dernier mot, même quand il ne le voudrait pas.