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sur 5044 notes
Ouvrage que je croyais avoir lu par le passé, « le vieux qui lisait des romans d'amour » fut en réalité en découverte totale. le temps d'une pause méridienne, j'ai effectué une plongée au coeur de l'Amazonie où sont réunis violence, bestialité, sagesse, philosophie et nature… Là, j'ai fait la connaissance d'Antonio José Bolivar, un vieil homme plein de sagesse. Observateur, philosophe et rêveur, ce personnage a vécu énormément de choses, notamment dans la jungle. Chaque chapitre narre une partie de son passé ou fait avancer l'enquête autour d'une tigresse en colère qui assassine les Hommes. J'ai apprécié découvrir la façon dont Antonio José Bolivar a découvert la lecture. le temps qu'il a passé aux côtés des Shuars, des indigènes, a également été très intéressant. Sans cesse, le vieillard a su titiller ma curiosité, m'étonner (ex : le coup des dents arrachées) ou d'émouvoir.

Autour de ce protagoniste, on distingue divers habitants : le dentiste Loachamin Rubincondo (son fournisseur de romans d'amour au langage fleuri, notamment dès qu'il pratique son métier), le maire et quelques citoyens. Bien qu'ils soient peu développés ni attachants, ils constituent un ensemble harmonieux et vont avoir leur place au cours du récit… Même la tigresse, pourtant un animal sauvage, va avoir son rôle à jouer. D'ailleurs, l'auteur n'hésite pas à analyser ce fauve courroucé, lui donnant presque une âme, comme celle des humains…

La narration emploie des phrases concises et va souvent à l'essentiel pourtant, on s'enfonce aisément dans cette jungle aride et dangereuse… le lecteur imagine assez bien ces décors aussi verdoyants que luxuriants… Il comprend aussi le conflit qui existe entre les colons et les indigènes. Ces derniers estiment que les Blancs sont irrespectueux envers la nature et ne comprennent pas leurs coutumes… Étant donné le comportement du maire ou de certains individus, on ne peut que donner raison aux Shuars… On remarquera aussi que l'amour n'existe que dans les livres ou dans le coeur des animaux… Hélas, ici, tout est une question de fortune, de vengeance, de reconnaissance ou de pouvoir…

Cette lecture dépaysante a été assez intéressante néanmoins, je ne sais pas si j'en garderais un souvenir impérissable. L'action est peu présente, tandis que les personnages ne suscitent aucun attachement. Il faut dire que c'est bien trop court : il ne se passe pas grand chose. de plus, on ne développe que le vieil homme, si bien qu hormis avec lui, la sauce n'a pas pris… Je n'ai pas été emportée par cette aventure. Certes, il y a de belles valeurs, une morale juste ainsi qu'une belle part à la sagesse toutefois, je ressors assez mitigée. Après toutes les critiques élogieuses et le prix « Relay des voyageurs lecteurs » en 1992, je m'attendais à mieux.
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Luis Sepulvera, qui a aujourd'hui 68 ans, a connu les geôles de Pinochet pour son engagement politique, la lutte armée sandiniste au Nicaragua, un an d'immersion auprès du peuple Shuar, et le militantisme auprès de Greenpeace, puis de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme.
Mon propos n'est pas de paraphraser wikipedia, mais bien d'introduire à ce court roman de 110 pages en insistant sur ses deux versants qui m'ont attiré a piori et se sont confirmés à la lecture : son caractère philosophique engagé, mais aussi son goût de sang et de sueur, l'évocation d'une amazonie dure, où ne vivent réellement parmi les hommes que ceux qui se plient aux forces naturelles -sans quoi El Idilio est un enfer-. Il est évident que Luis Sepulvera fait partie de ces penseurs engagés que j'affectionne : une main qui écrit , l'autre qui s'active à faire avancer la pirogue sur le fleuve et à préserver sa vie...

Les personnages, à commencer par cet incroyable vieux, héros "classique" au coeur de la fable, synthèse idéale de force, de sagesse et de sensiblité, poli par la vie, nous saisissent immédiatement, efficacement. le petit côté manichéen (militant, vous disais je : les gentils / les méchants...) agace un peu, mais comment ne pas adhérer à ce jeu amoureux du vieux avec la nature sauvage, jusqu'à la lutte paroxistique avec la reine des jaguars.
Les chercheurs d'or, et surtout le Maire, dont la vanité n'a d'égal que la bêtise, sont bien sûr l'antithèse du vieux, et l'image des êtres "civilisés", dégénérés en fait, ayant perdu l'état de nature cher aux Rousseau (Jean Jacques et le Douanier) et Sepulvera.

En conclusion, j'ai beaucoup aimé cette histoire efficace, bien écrite, y retrouvant l'engagement un peu naïf -je dis ça avec beaucoup d'affection-, brut, et empreint de liberté d'auteurs comme Cendrars et Jack London ; elle nous invite à réfléchir sur le respect dû à la nature... ce qui ne gâche rien... hélas, depuis la parution du roman en 1992, la prise de conscience des puissants est toujours aussi poussive...

J'ajoute une petie dédicace personnelle à François Maspero, mort en avril 2015: notamment traducteur de Joseph Konrad, de Arturo Perez Reverte, Carlos Luiz Zafon et... Luis Sepulvera... nous lui devons beaucoup, nous autres, lecteurs français.
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Si Nicolas Hulot était Luis Sepulveda, EELV serait au pouvoir.

A travers l'histoire d'Antonio Jose Bolivar, c'est de l'Amazonie dont nous parle Sepulveda ; des ravages qui y sont commis au nom du progrès, de l'équilibre fragile qui relie l'homme et son environnement, de l'importance des ethnies qui y vivent, dans sa préservation.

Mais loin du pamphlet virulent, l'auteur choisit de nous raconter une histoire ; celle du vieux Bolivar, ancien colon venu peuplé comme tant d'autres les bords du fleuve Nangaritza .Mais cet enfer vert ne se cultive pas comme les terres de la Cordillère et c'est grâce à l'amitié du peuple Shuar qui lui transmet son savoir, qu'Antonio Jose Bolivar apprendra à s'y fondre et y survivre.

Ce conte philosophique est vif, drôle et exotique à souhait. L'écriture concise de Sepulveda est puissamment évocatrice de cet univers végétal luxuriant aux pluies torrentielles, où rode le jaguar et où se tapit le chasseur Shuar. Les personnages sont pittoresques et le vieux Bolivar très attachant ; lui qui, dans sa grande sagesse, lit des romans d'amour pour oublier la barbarie des hommes et enlève son dentier quand il veut avoir la paix.

Sepulveda est un conteur talentueux: subtilement il transmet des messages forts tout en nous faisant rêver. D'où le clin d'oeil de mon accroche.
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Voilà une couverture bien attrayante ! Les couleurs de Broomfield, ça attire l'oeil. Mais l'oeil du tigre en pleine Amazonie, peu de chance d'en ressortir « survivor », y a comme une anomalie.
Oui, OK, la jaguar a un tigre dans son moteur, mais là, c'est un vieux, pas comme la cougar, si vous voyez c' que j'veux dire…
Un vieux, la sagesse et l'expérience, deux qualités indispensables pour survivre en pleine jungle, dans ce milieu hostile et oppressant.

« Le ciel était une panse d'âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au dessus des têtes. le vent tiède et poisseux balayait les feuilles éparses et secouait violemment les bananiers rachitiques qui ornaient la façade de la mairie ».

L'histoire se passe à El Idilio, joyeuse idylle, où les mots d'amour sont prononcés dans les romans. Pas de discours romantiques chez les Shuars, juste des attouchements, mais en évitant le baiser buccal, sacri-lèse majesté.

« Il existe chez eux, entre hommes et femmes, des caresses sur tout le corps, sans se préoccuper de la présence de tiers. Même quand ils font l'amour, ils ne se donnent pas de baisers ».

Un chasseur blanc se fait tuer, dur à digérer, même pour un colon. Evidemment, on accuse les Indiens, les Shuars, pas les Jivaros, ces sauvages dégénérés qui acceptent la soumission.
C'est là qu'Antonio intervient, sa mission à lui, c'est de découvrir la vérité, car une griffe de machette, ça fait pas très sérieux. Y a les traces de griffures, mais il y a aussi l'odeur, pas de l'essence, de l'urine, car la jaguar a laissé son empreinte, tout autant olfactive que visuelle. Sa manière à elle de marquer son territoire, pour alerter sa tribu, elle, bolide carnivore qui ne veut juste que sauver sa famille, les super prédateurs qui règnent en maîtres dans la forêt amazonienne.
Le bruit et l'odeur, on n'est plus chez nous. le bruit c'est les singes hurleurs et les perroquets criailleurs, l'odeur c'est la trace invisible aux yeux des humains, mais pas pour les autochtones qui ont tous leurs sens en éveil.
C'est aussi celle de bouches qui ont une dent contre l'hygiène, et la puanteur qui s'en dégage révèle le temps d'attente du quenottier.

« La venue du dentiste était accueillie avec soulagement, surtout par les rescapés de la malaria, fatigués de cracher les débris de leur dentition et désireux d'avoir la bouche nette de chicots afin de pouvoir essayer l'un des dentiers étalés sur un petit tapis violet qui évoquait indiscutablement la pourpre cardinalice ».

Chicots, oui, mais également Chico, allusion à Mendes, le défenseur de la forêt amazonienne, que Luis Sepulveda a bien connu, mais qui n'aura pas eu assez de temps pour découvrir ce bouquin. Ce premier roman de l'écrivain chilien est un hommage au héros écologiste assassiné par des destructeurs de milieu naturel. Les lanceurs d'alerte paient le prix de leur combat, inégal face aux lobbies tentaculaires.

Juste une centaine de pages pour transcrire l'immensité du paysage. Pas de longueurs superflues, un condensé qui va à l'essentiel, une minutie dans les détails et une histoire qui progresse comme l'avancée dans la jungle, à coups de machette.
Conte, récit initiatique, quête, poème épique, c'est tout à la fois.
Une narration qui alterne le récit, les descriptions et les dialogues avec un dosage parfait. J'ai été happé par l'aventure, elle m'a entraîné jusqu'au bout de la tragédie, sans aucun ennui, mais avec une jubilation contenue, pour ne pas apeurer les habitants de ces lieux.
Il serait possible d'en tirer des citations du début à la fin, tellement ça fourmille d'images pour exprimer ce qu'est le blues, celui des tribus dépossédées de leurs terres et celui du vieux qui aimerait pouvoir changer les choses avant de disparaître.
Histoire de pouvoir transmettre son jardin secret, découvert lors d'un vote où il fallait bien distinguer les candidats écrits sur les bulletins.

« Il savait lire. Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse ».

Alors il se servit de ce « pouvoir » pour résister à la barbarie, pour s'échapper de ce monde cruel et vil. En lisant des romans d'amour.

« C'était l'amour pur, sans autre finalité que l'amour pour l'amour. Sans possession et sans jalousie ».

Les livres lus s'accumulent dans sa tête, mais le nombre de cadavres augmente lui aussi. Pas seulement dûs aux jaguars, les prédateurs sont nombreux dans la jungle. Il y a le « Bagre guacamayo », l'énorme silure-perroquet. Il veut jouer, mais ses coups de queue peuvent être fatals.
Il y a aussi l'attaque au guano, lorsque les chauve-souris sont dérangées en pleine nuit.

« Vous leur avez fait peur avec votre lampe et vos cris, alors elles se sont envolées en nous chiant dessus. Elles sont très sensibles, comme tous les rongeurs et, au moindre signe de danger, elles lâchent tout ce qu'elles ont dans le ventre pour s'alléger ».

Alors là, je dis non, senor Sepulveda, je suis rongé par la honte de vous lire à ce sujet. Je ne puis guère sourire, car je ne suis pas encore chauve. Ces petits mammifères ailés ont des dents de carnassiers, ce ne sont pas des rongeurs.
A moins que ce ne fut François Maspero, un peu gauche dans sa traduction, qui se trompa d'animal.
Après le tigre, deuxième bourde faunique, heureusement les animaux n'en eurent cure et continuèrent leur vie tranquille.
Tranquille, leur vie ?

« En face de lui, quelque chose se mouvait dans l'air, dans la végétation, à la surface des eaux tranquilles, au fond même du fleuve. Une chose qui semblait avoir toutes les formes et se nourrir en même temps d'elles. Elle changeait constamment sans laisser aux yeux hallucinés le temps de s'accoutumer. Elle prenait brusquement l'apparence d'un ara, puis passait à celle d'un silure-perroquet qui sautait la gueule ouverte, avalait la lune et retombait dans l'eau avec la violence d'un gypaète fondant sur un homme. Cette chose n'avait aucune forme définie, précise, mais toujours, quelles que soient les apparences qu'elle prenait, demeuraient les yeux jaunes et brillants ».

Des mots qui explosent en bouche comme des  pop rocks. Une étrange sensation d'euphorie teintée de romantisme.
L'amour au coeur de la jungle. Frissons garantis.

Une bien agréable façon de terminer le mois.
Je vais pouvoir démarrer octobre sereinement.







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Où il est question d'un dentiste, d'un maire détestable et d'un vieux, Antonio José Bolivar, qui, au déclin de sa vie, est pourtant celui qui semble le plus à même de lutter contre un félin tueur d'homme dans un village reculé d'Amazonie.
L'auteur nous entraîne dans un pays qu'il connaît bien. Son héros a découvert les secrets de cette forêt grâce aux Shuars, un peuple autochtone. Depuis qu'il est retourné à une vie plus citadine (même s'il vit en retrait), il affronte la vieillesse grâce à la lecture de romans, et pas n'importe lesquels...

Ce court roman nous rassasie tant il est dense.


Un petit bijou
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Suite à la lecture de Histoire d'une baleine blanche de Luis Sepulveda, j'ai continué sur ma lancée en lisant son premier roman le vieux qui lisait des romans d'amour
Tout à déjà était dit sur ce roman.
En le lisant, j'ai retrouvé l'Amazonie des mythes et des légendes, j'ai retrouvé la nature et des lieux fantasmés.
Tous les personnages sont là : les Indiens Shuars, le vieux Bolivar qui a vécu avec les Shuars, les chercheurs d'or, les bons et les méchants, la flore, la pluie, la moiteur tropicale et puis les animaux et le jaguar.
Ce jaguar que respecte les légendes et mythes Shuars mais pas le chercheur d'or ou le chasseur.
Et un chasseur à tué les petits du jaguar. Celui ci rôde.
Du fait de sa connaissance de la forêt Bolivar est mandaté pour protéger le village et tuer le jaguar.
Le vieux va laisser ces romans d'amour et va poursuivre l'animal.
C'est court mais tout est là : la nature, la légende, la cupidité des hommes.
C'est un livre d'émotion, de larmes mais aussi de rêves
"Antonio José Bolivar prit la direction de sa cabane et de ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes"
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Voilà un voyage en Amazonie que je n'imaginais même pas.
Une aventure amoureuse où l'amour n'est pas celui qu'on croit.
Une poésie chaude et chantante pour un combat vibrant et droit.
Voilà un conte bien sage, bien noir, bien drôle, ou pas.

Une belle plume qui conte une petite tranche de vie.
Un rythme lent et soutenu pourtant, un rythme de vie.
Des syllabes, des mots, des phrases, savourés,
Des lectures, des romans, précieusement gardés.

Un personnage attachant au dentier bien mobile.
Une jungle colorée, sauvage, brutale et dangereuse.
Une société partagée, l'une méprisante l'autre heureuse.
Eh oui, lire des livres d'amour, c'est pas si débile.

A la lecture de ce roman, j'ai envié un peu le personnage principal qui découvre sur le tard qu'il sait lire. Et quand il lit, c'est lent, c'est un éternel recommencement, un cheminement des mots lus l'un après l'autre, un assemblage de mots pour former des phrases qui ont un sens que l'on déguste et ce, jusqu'à connaître les pages par coeur.

Moi, pour le coup, je suis plutôt une boulimique qui parfois avale en oubliant de savourer les mots, un peu triste mais bon, il y a tellement de belles choses à lire ;-)
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Il est des livres comme de nos contemporains dès le premier instant on tombe en amour. le philtre sentimental d'une écriture limpide nous emporte dans une contrée picaresque de l'Equateur où "el viejo" prend savoureusement vie. L'histoire est le témoignage haut en couleurs d'un monde disparaissant sous les coups de boutoir de la modernité et la plénitude que nous offre l'amour de la lecture, de la nature, et des animaux.
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Dépaysant, poétique et passionnant.
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Une plongée moite en plein coeur de la forêt amazonienne où les sensations sont exacerbées et remarquablement décrites par les yeux de ce vieux, dont on découvre le passé aventurier et le présent rêveur, empli d'histoires d'amour torturées et d'hommes durs et tranchants. Entre nature hostile, sauvage et profonde réflexion sur la sauvagerie humaine, l'auteur nous offre ici une très belle ode poétique à la Majestueuse Nature sylvestre des tropiques.
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