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3,56

sur 263 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment un enfant peut-il en tuer un autre ? Que se passe-t-il donc dans sa tête ? Comment une fille de 11 ans peut-elle tuer deux garçonnets de 3 et 4 ans ?
Patiemment, minutieusement, la journaliste d'investigation spécialisée dans les traumatismes de l'enfance enquête, non seulement à l'aide des nombreux interviews de la meurtrière, mais surtout à l'aide des multiples témoignages de tous ceux qui l'ont approché de près ou de loin, lui permettant de recouper les informations et de faire apparaitre la vérité.
Ce roman peut donner l'impression que l'autrice prend parti pour la meurtrière, alors qu'elle ne fait que dénoncer les failles des services sociaux et du système judiciaire. Il faut le lire dans son intégralité pour constater l'impartialité de l'autrice et se poser les bonnes questions. Un livre poignant.
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Il est très difficile pour moi de critiquer ce livre, étant donné qu'il sort complètement de ma zone de confort. Tout d'abord, et comme l'ont déjà remonté de nombreux commentaires, il ne s'agit pas d'un polar, malgré le prix reçu. En fait, il ne s'agit même pas d'un roman et c'est ce qui m'a le plus surpris. Je pensais ouvrir un roman biographique, et en vérité, s'il s'agit bien d'une biographie, ce n'est pas un roman. L'auteure s'adresse directement au lecteur, donne ses sentiments, apporte des explications… même la chronologie n'est pas toujours respectée, autant pour apporter une cohérence dans les thèmes abordés que parce que c'est le mode de fonctionnement de l'esprit de Mary. Et au final, une fois la surprise passée et l'adaptation au style d'écriture effectuée, on se prend de passion pour ce récit. Il s'agit d'une incursion brute et sans fard dans l'esprit de Mary, tout au long de sa vie, à la fois avec ses souvenirs de l'époque et de ses sentiments au moment de l'écriture du livre, à ses 40ans. Cela apporte un éclairage complet sur ce qu'elle a vécu, surtout lorsque ses propos sont contrebalancés ou appuyés par d'autres intervenants (psy, agent de probation, proches…)
Au final, comme le dit elle même l'auteure, qui a fourni là un travail titanesque, ce livre n'est pas seulement l'histoire de Mary Bell mais également une fenêtre sur le système judiciaire anglais, le fonctionnement des jugements pour enfants, la vie en prison ou en centre de détention, le suivi des libérés par leurs agents et la protection qui leur est apportée… Cela nous permet de découvrir un monde qui nous est totalement inconnu et surtout, de nous poser beaucoup de questions, notamment sur la Justice.
Au final, je referme ce livre un peu plus instruite, un peu chamboulée par ce que j'ai lu et découvert, et je pense que je garderai longtemps en mémoire ma lecture et ce qu'elle m'a apportée pour nuancer mes jugements et augmenter ma compassion envers les autres.
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Comme l'ont souligné d'autres Babéliotes avant moi, placer Une si jolie petite fille dans la sélection du meilleur polar 2016, est un plan-com malhonnête de la part de Points, qui trompe le lecteur et dénature le travail effectué par Gitta Sereny durant 30 ans. Nulle intrigue due à l'imagination débridée d'un auteur dans ce récit éprouvant, douloureux, dans lequel comme souvent, la réalité dépasse la fiction. Gitta Sereny était une journaliste d'investigation respectée pour son intégrité intellectuelle, pour la qualité de ses recherches et le sérieux de ses parutions. Elle commence d'ailleurs son récit par une très longue mise au point pour justifier son enquête, excluant toute intention de voyeurisme, sensationnalisme, démagogie, sensiblerie ou intérêt financier. Il est vrai que le sujet traité a excité, depuis le drame et sans jamais faiblir, tout ce que la presse compte de tabloïds qui font, en tous lieux et de tous temps, leurs choux gras de la détresse humaine, celle des victimes, et quelquefois, celle des coupables.


Car le sujet traité, c'est Mary Bell, qui en 1968, à l'âge de 11 ans, est devenue un enfant meurtrier, dont les victimes étaient deux bambins de 3 et 4 ans.


Sans jamais oublier la douleur des parents ni excuser ou amoindrir la gravité des actes commis, Gitta Sereny souhaite se servir, dit-elle, du "cas Mary Bell” pour dresser l'état des lieux d'une société, d'un gouvernement, de policiers, d'une justice, de services médicaux, sociaux ou pénitentiaires impuissants face à l'inconcevable pour lequel aucune réponse institutionnelle adaptée n'a été prévue, faute de volonté ou de budgets. Jugés comme des adultes à partir de l'âge de 10 ans (en Grande-Bretagne) et parce que personne ne sait ni comment les prendre en charge, ni comment les traiter, ces enfants ne reçoivent en prison ni soins, ni enseignement et ne bénéficient d'aucune forme de suivi psychologique ou psychiatrique.


Victime d'une enfance sordide au cours de laquelle elle a vécu l'indicible avant de l'infliger à d'autres plus jeunes qu'elle, Mary Bell a souvent appelé à l'aide sans que personne l'entende. Prenant appui sur un fait divers effroyable, Gitta Sereny interpelle tous ceux qui ont en charge la protection des enfants, en premier lieu les parents, et questionne : Naît-on “enfant du diable” ou “monstre de la nature” ? Travail courageux sur la culpabilité, la responsabilité, la rédemption, Une si jolie petite fille n'est pas un polar, je ne remercie pas Points pour cette classification racoleuse.
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C'est un documentaire très intéressant je trouve. En commençant ce livre, je l'admets, je cherchais du sensationnel en parti, mais pas du tout enfait . J'ai beaucoup appréciée ce livre néanmoins,et toutes personnes s'intéressant au sujet des enfants criminels c'est un document des plus édifiant.

L'accompagnement de Mary n'a pas du tout était à la hauteur de la souffrance dont Mary a souffert .
Très bon ouvrage, une enquête très complète qui mets en lumière la justice des mineurs .
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[Lu en 2016]
Je me suis laissé un petit moment avant de venir écrire ce que j'ai pensé de ce livre pour le "digérer". J'ai rarement lu un livre documentaire qui prenait autant aux tripes. Et j'ai beaucoup de choses à dire sur lui car je fini ce livre en étant révoltée !
Un petit point avant sur cette 4e de couverture qui n'est vraiment pas adaptée au contenu... Certes on revient sur son enfance pour comprendre ce qui a conduit Mary Bell a ça mais plus de 70% du livre se joue au moment des faits et après sa condamnation.
Je disais donc que ce livre m'a révolté : révolté dans le sens où on se rend compte qu'en 1968 les failles des systèmes judiciaire et médicales sont incroyables ! Bien sûr cette enfant à donné la mort à deux autres, mais a 11 ans, comment peut-on traiter un enfant de "monstre de la nature" alors qu'il n'a même pas conscience de ce qu'est la mort ?
J'ai été outré du traitement fait à cette enfant durant le procès quand on voit que Norma Bell, l'autre accusée, s'en est sorti grâce à des pirouettes et un cercle familiale bien plus "attractif" (et un avocat plus doué pour ce genre d'affaires aussi).
J'ai ensuite été révoltée par les décisions de justices qui se sont déroulées à partir de ses 16 ans (je n'en dirais pas beaucoup plus pour ne pas gâcher la lecture de certains). Mary Bell a eu la chance durant sa vie de tomber sur quelques personnes qui ont compris que donner la mort à ses 11 ans devait forcément révéler un ou des problème(s) beaucoup plus important. Mais voilà, il y a toujours ces gens qui prennent des décisions ou/et qui parlent de ce qui ne connaissent pas ce qui mène à de terribles erreurs de jugement et de traitement adéquats.
On le sait que cette enfant sera traumatisée à vie même si la force de se reconstruire est vraiment impressionnante.
Et son enfance. Mais pourquoi personne n'est intervenue ? Sans révéler l'histoire, j'ai vraiment mais vraiment été furax en lisant les pages, en sachant que certains connaissaient les problèmes de la petite fille et que personne n'a jugé bon de prendre les bonnes décisions pour la sortir de là.
Car si j'ai bien une conclusion à ce livre et même si je ressens une haine profonde envers sa mère (Betty Bell), c'est elle en premier lieu qu'il aurait fallut traiter. Elle était clairement malade psychologiquement parlant et personne n'a rien fait. le peu de gens qui ont tenté des choses ont fini par abandonné...
En finissant le livre je me suis dit que finalement, c'était étonnant que cette gamine n'est pas fait encore plus et bien pire que ce qui s'était passé quand on voit l'enfance qu'elle a eu.
Alors certes ce livre comporte quelques "failles" : des redites (surtout dans la première partie) mais c'est principalement du aux souvenirs confus de Mary Bell. Certains passages restent aussi flous et confus comme Mary ne se souvient pas de tout (et au vu de ce qu'elle a subi, j'ai limite envie de dire que ce n'est pas plus mal) mais au final le livre est vraiment très intéressant car plus que raconter une simple histoire, il met en relief les failles du système en 1968 et montre à quel point l'enfance joue un rôle déterminant dans le psychisme.
Je n'avais rien lu avant sur Mary Bell et je ne m'attendais pas à ça quand je l'ai lu (vu la 4e de couverture) et j'ai été vraiment "enchantée" de ma lecture que j'ai trouvé très intéressante et complète.
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" Vous ignorez probablement la tragédie qui s'est déroulée dans la jolie petite ville de Newcastle-sur-Tyne au Printemps 1968. Vous avez oublié, vous étiez trop jeune, peut-être n'étiez vous même pas né, ou viviez-vous dans un pays préoccupé par ses propres problèmes.
En deux mots: à neuf semaines de distance, deux petits garçons âgés de 3 et 4 ans furent retrouvés morts.
Plusieurs mois plus tard, en décembre 1968, deux fillettes étaient jugées pour leur assassinat.
Norma Bell, âgée de 13 ans fut acquittée;
Mary Bell (aucun lien familial) fut condamnée à la prison à vie.
L'affaire fit beaucoup de bruit et Mary Bell, vilipendée à travers tout le pays, fut décrite comme "une mauvaise graine" fondamentalement démoniaque.
Gitta Sereny a couvert le procès de Mary et Norma pour le Daily Telegraph Magazine. Suite à une enquête auprès de l'entourage de la fillette, la journaliste publie un premier livre en 1972, Meurtrière à 11 ans.

Mary Bell sera libérée en 1980 à 23 ans. C'est à l'âge de 40 ans , en collaboration avec Gitta Sereny, qu'elle nous parle, nous décrit ses actes et ses sentiments, le mal qu'on lui a fait et ce qu'on a fait pour elle, ce que fut sa vie. Elle raconte les mois qui ont précédé les deux meurtres, son amitié avec sa petite voisine et co-accusée, Norma Bell, leur vie imaginaire qui devait aboutir à la mort tragique des deux petits enfants.
Elle se souvient de son procès, qui lui semble durer des années, de la vois de ses hommes édifiants dont les propos lui étaient incompréhensibles, et de sa terrifiante certitude qu'on allait l'envoyer à l'échafaud.
Une lecture bouleversante!
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Gitta Sereny avait écrit un premier livre sur cette petite fille, Mary Bell, 11 ans, qui a tué 2 petits garçons en Angleterre à la fin des années 1960.Un crime d'enfant jugé comme un crime d'adulte par la justice anglaise. Une condamnation à perpétuité pour Mary Bell et la relaxe pour son amie. L'auteur avait été terrifiée par le crime, certes, mais aussi par le traitement de la justice envers Mary et avait voulu savoir pourquoi, Mary s'était comporté ainsi, ce que cachait le comportement de sa mère. 30 ans après, elle reprend le dossier car Gitta Sereny n'a pas oublié la petite fille qui a bien grandi, malgré tout, a bénéficié d'une sortie de prison, a eu une petite fille et un compagnon stable. La mère de Mary vient de mourir et la jeune femme va accepter de se raconter. Un livre émouvant car raconté par une femme qui connaît l'enfance maltraitée, les traumas de cette époque et leurs impacts sur l'enfant qui grandit. On sent de la part de l'auteur, le souci de l'équanimité, une tendresse et un grand respect pour les enfants : ceux qui ont tué et ceux qui ont été tué, blessé par d'autres qu'eux quel qu'ils soient.
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Wouah.... comment comprendre des meurtres effectués alors que mary Bell est encore enfant. Voir le suivi psychologique et traumatique que ceux ci lui ont causé. Ils sont impardonnables évidemment mais un peu plus "compréhensibles". A lire sans
hésiter
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Etoiles Notabénistes : ******

Cries Unheard : The Story of Mary Bell
Traduction : Géraldine Barbe

ISBN : 9782757849033

Il était une fois une petite fille, née en Grande-Bretagne, dans le Nord, et que l'on nomma Betty. Sur son enfance personnelle, les lettres adressées à son père, qu'on retrouva après sa mort dans ses affaires, sont assez étonnantes et peuvent prêter à des interprétations carrément inquiétantes. D'autant que, vers quinze / seize ans (si nos souvenirs sont bons), l'adolescente se retrouva enceinte.

Elle donna naissance à une autre petite fille, qu'on finit par baptiser Mary. Au départ, l'enfant ne fut reconnue par aucun père et sa propre mère, sur la table d'accouchement, pria farouchement qu'on "enlevât cette chose" loin de sa vue. Ce fut donc la grand-mère qui prit l'enfant en charge, puis d'autres membres de la nombreuse fratrie de Betty, jusqu'au moment où celle-ci retrouva un "travail" et, apparemment pleine de bonnes intentions, voulut récupérer sa fille.

Le "travail" en question consistait à faire des passes, le plus souvent chez elle. Il n'y a pas de sot métier. le problème, l'odieux problème dans l'affaire, c'est que Betty contraignit Mary, alors toute petite, à se prostituer elle aussi de façon passive, visage voilé, mains et pieds attachés, le tout accompli selon des rituels incontestablement sado-masochistes. Il est crucial d'insister sur le fait que Betty également abusa alors de sa fille. Comme il arrive en pareilles circonstances, sado-masochisme ou pas, l'esprit de l'enfant "fit le noir" sur cette période. Ce qui signifie qu'elle ne l'oublia pas : simplement, afin de lui épargner la folie, son cerveau fourra ces très vilains squelettes dans un placard.

Mais, comme tout squelette de cette race horriblement bruyante et tenace, ceux-là tambourinaient sans cesse pour sortir. Mary avait grandi, elle avait maintenant une vie de famille relativement stable puisque sa mère s'était trouvé un compagnon qui avait adopté l'enfant sans nom, et elle lui avait donné des petits demi-frères et demi-soeurs. La vie était toujours difficile - nous étions en 1968, à Newcastle-upon-Tyne, et les Bell n'étaient pas très riches - mais au moins, ils formaient une famille bien que la relation entre Betty et Mary fût toujours aussi difficile (la petite fille ne comprenait pas pourquoi mais il lui semblait bien que sa mère l'aimait et la haïssait tout à la fois). Comme tous les enfants de son quartier, Mary traînait dans la rue après ses devoirs avec sa meilleure amie, Norma Bell (aucune relation de parenté) et les deux fillettes s'amusaient à des jeux divers.

Pendant ce temps-là, les vilains squelettes, dans leur placard, faisaient de plus en plus de bruit, peut-être parce que s'annonçait, chez Mary, l'âge de la puberté. Et un jour, ou plutôt une après-midi, ils réussirent à s'échapper.

Le résultat fut la mort de Martin Brown, quatre ans et demi, puis de Brian Howe, d'un an plus jeune. Bien entendu, l'enquête s'ouvrit à grand fracas, on fouilla, on traqua, on imagina un pédophile adulte, l'école de Mary et de Norma fut saccagée et des lettres des assassins (car ils étaient deux à signer de surnoms fantaisistes) y furent découvertes, bref, divers incidents eurent lieu et, très bientôt, on comprit que Norma et Mary étaient seules responsables.

La loi britannique, on l'a encore vu lors de l'affaire Bulger (totalement différente, soulignons-le, quant aux parcours des assassins), en 1993, fait comparaître des assassins mineurs devant des cours destinées aux adultes. Et les peines encourues sont les mêmes. En raison de circonstances bien précises que je vous laisse découvrir ou imaginer, Norma fut déclarée non coupable et Mary Bell fut expédiée en prison, ou plutôt dans un Centre Pour Jeunes Délinquants.

Nous passerons sur les longues années et les nombreux établissements, sans oublier les non moins nombreuses personnes, qui, bon gré, mal gré, l'"aidèrent" alors à grandir. Dans son malheur, notons qu'elle eut souvent de la chance en tombant sur des éducateurs et même des policiers, voire, sur la fin de sa peine, sur des prisonnières, qui s'intéressèrent à son cas.

Sa sortie officielle, lorsqu'elle eut fait son temps, souleva des tempêtes dans la presse. Certains étaient pour, d'autre contre. le système judiciaire anglais était une nouvelle fois remis en cause. C'était à nouveau le pavé dans la mare. Mary changea d'identité, se trouva un compagnon et eut à son tour une petite fille. Elle rêvait d'avoir un enfant, de le câliner, d'être une bonne mère, d'être en fait tout ce que sa propre mère n'avait pas été pour elle. Pour les enfants ayant eu une enfance de ce type, en général, il n'y a en effet que deux possibilités : ou, en dépit de tout, ils "répètent" sur des enfants, à commencer par les leurs, ce qu'ils ont souffert, ou bien ils font des parents modèles.

Aussi étrange que cela puisse paraître, Mary devint une excellente maman. Mais la tristesse, la dépression revenaient souvent, en l'absence de l'enfant. Elle sentait en elle quelque chose qui la torturait et qu'elle ne pouvait pas exprimer. Et, bien sûr, elle ne cessait d'évoquer Martin et Brian en se demandant : "Comment puis-je me comporter ainsi avec ma fille alors que j'ai tué ces deux petits-là ? Ce n'est certainement pas parce que je suis sa mère : la mienne ne m'a jamais aimée même si elle, elle n'a pas tué."

Gitta Sereny, qui avait suivi son procès en 1968 et, malgré l'horreur des meurtres, l'avait trouvé inique (ce qu'elle expliqua dans un premier livre : "Meurtrière à Onze Ans"), la contacta alors (on était dans les années 1995) et lui proposa tout simplement de remettre tout à plat et de chercher, de fouiller toutes deux au fond de Mary, avec le secours de psychiatres chevronnés et sans a priori. Mary savait évidemment que cela ne ramènerait jamais ni Martin, ni Brian mais elle se laissa tenter. Dotée d'une intelligence sans doute supérieure, visiblement écartelée par ses souvenirs (et pas seulement ceux qui concernaient Martin et Brian), elle voulait "comprendre." N'en avait-elle pas le droit ? de plus, une partie des droits de ce livre servirait à garantir l'avenir de sa fille - volonté qu'on lui a beaucoup reprochée alors qu'on n'a rien dit de sa propre mère, lorsque celle-ci se faisait payer des interviews sur sa "monstrueuse meurtrière de fille."

Le résultat, c'est ce livre, véritable biographie-enquête, que je vous conseille fortement de lire et qui, tout bien considéré, est avant tout une histoire d'enfants maltraités, avec les conséquences que cela peut entraîner dans des cas extrêmes. Betty, la mère de Mary, la qualifiait souvent, et bien avant les meurtres, de "monstrueuse", tout simplement parce qu'elle était née et bien qu'elle fût une très jolie enfant. A son procès, la presse ne cessa de l'appeler : "le Monstre" et les juges la traitèrent eux aussi comme tel. Mais, si l'on pouvait la considérer comme tel après le double meurtre de Martin et Brian - je souligne que je n'oublie pas ici la douleur de leurs parents même si je me range, peut-on dire, hormis en ce qui concerne les crimes, du côté de Mary Bell - pourquoi la persuader qu'elle était un monstre bien avant qu'elle eût fait la connaissance de ses deux victimes ?

Autres questions, que vous vous poserez certainement après votre lecture : pourquoi Norma Bell, qui était au minimum complice et qui a certainement participé à l'assassinat de Brian, fut-elle absoute ? Parce qu'elle avait un meilleur avocat ? Parce que les membres de sa famille n'avaient, au contraire du beau-père et de la mère de Mary, jamais eu affaire à la Police ? Parce que, sur les bancs de l'accusation, elle suivit à la lettre les conseils de ses parents et de son avocat ? ... Parce qu'elle était née sous une meilleure étoile ? ...

Vous trouverez des liens relatifs à l'affaire , en français, sur Wikipédia, et en divers autres points du Web, mais en anglais, probablement. Lisez, réfléchissez et faites-vous votre propre opinion. Certes, les crimes ne peuvent être pardonnés que par ceux qui en furent victimes et leur entourage. Simplement, la toute petite Mary Bell ne fut-elle pas victime, elle aussi, en son temps, d'un crime que les services sociaux ne saisirent visiblement pas bien qu'il se répétât plusieurs fois par jour pendant des années, mais qui se trouve bien à l'origine de toute cette horreur ? Même Betty, sa mère ... Car Mary n'était-elle pas la fille de son grand-père maternel - ou du moins d'un membre très proche de sa famille ? ...

En dépit de ce que l'on a voulu faire croire, Mary Bell n'est pas la seule responsable de la mort de Martin et de Brian. Mais elle seule a assumé sa responsabilité. Betty, morte, ne le peut plus. Norma, elle, s'est défilée très tôt - et on l'a laissée faire. Quant aux représentants de la société ...

Si vous voulez juger, jugez mais alors jugez tout le monde : n'oubliez surtout personne. Mais que les âmes sensibles s'abstiennent, cela vaut mieux. Les amateurs de sensationnalisme aussi d'ailleurs. ;o)
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un peu 'trompée' par l'étiquette 'meilleur polar 2016', parce que ce n'est pas du tout un Polar, et ça peut décevoir au premier abord (ce qui fût mon cas d'ailleurs) mais n'empêche... j'ai été happée par ce récit d'une rencontre entre une ex-petite fille tueuse d'enfants et Gitta Sereny, journaliste qui l'a suivi pendant de nombreuses années. On s'attache à cette enfant, on essaie de comprendre, on finit par comprendre et surtout, on s'interroge... beaucoup... A lire, vraiment !
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