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Cette lecture me laisse une drôle d'impression. C'est un belle langue, qui trouble la frontière entre le réel et l'imaginaire, la vie et la magie. Mais le tout sur fond de détresse et de violence. La vie de Petite est faite de beaucoup de violence. D'amour aussi, je le reconnais, mais c'est la violence qui m'a marquée, et perturbée. le père, cet ogre, est effrayant. La mère, cet être évanescent, est effrayante. Ce lieu, le puits aux anges, est effrayant. L'attitude de Petite, son imaginaire est effrayant. Et la frontière entre onirisme (violent) et réalité me pose vraiment question : à quel ado puis-je conseiller ce livre ? Là j'avoue que je ne vois pas...
Donc une lecture passionnante, à la langue maîtrisée, qui me marquera longtemps, mais qui m'a effrayée.
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Il est de ces livres qu'on aime tellement qu'il nous est tout simplement impossible d'en continuer la lecture. Je sais, dit comme cela, c'est étrange, mais laissez-moi vous expliquer. Ce livre, il m'a fallu presque deux semaines pour le terminer, pour la simple et bonne raison que j'en savourais le moindre paragraphe, que je devais me retenir pour ne pas en recopier toutes les phrases sur mon carnet de citations, que je voyais avec angoisse la fin se rapprocher inexorablement à chaque phrase. Ce livre, il m'a secouée, clairement, indéniablement, au point que cela fait presque une semaine que je retarde l'écriture de cette chronique, car je sais que je vais avoir toutes les peines du monde à vous en parler, à trouver les mots pour exprimer les émotions et les sensations qu'ont fait naitre en moi ces mots mis bout à bout, ces lettres ordonnées en une histoire aussi féérique que terrible. Une histoire dont on ne sort pas indemne, quoi qu'on fasse pour se prémunir de ce bouleversement radical entrainé par ce conte qui fait réfléchir sur notre monde, sur notre vie.

La Petite a toujours vécu là, au Puit des Anges, avec Belle, le Père, Franco le lion et les autres. A vrai dire, la Petite ne sait pas vraiment ce que cela veut dire, toujours. La Petite voit les jours qui passent sans chercher à les compter, voit le temps qui défile sans chercher à l'arrêter. La Petite vit entourée d'histoires, sans savoir que les histoires sont des histoires, car pour la Petite, la vie est une histoire, et les histoires sont la vie. La Petite sait les choses telles qu'elles sont, sans avoir jamais eu besoin d'apprendre. Elle sait les liens qui unissent les hommes entre eux et avec la nature, elle sait que l'homme n'est qu'une bête privée du langage fondamental. Mais un jour, elle ne sait plus, tout son monde s'évapore dans les rugissements d'une machine terrible venue détruire la forêt et les arbres et les animaux. Et pour sauver le Puit des Anges, la Petite ne voit qu'une solution : réveiller la Bête, celle qui a volé la langue des bêtes aux hommes, celle qui a sauvé l'Enfant de la colère du Patron. Quand les histoires se mêlent à la réalité, quand la réalité devient une histoire comme les autres, tout bascule et tout s'écroule.

Ce roman est très probablement l'un des récits les plus étranges qu'il m'ait été donné de lire. C'est à la fois beau et horrible, léger et dramatique. On sort des sentiers battus pour atterrir au coeur de l'inconnu. On se laisse surprendre par cette narration si particulière, cette narration qui va à l'essentiel sans jamais le dire vraiment, cette narration qui raconte sans jamais raconter. Les scènes se déroulent devant nous, en nous. Car finalement, l'histoire que nous raconte cette histoire n'est rien d'autre que notre histoire : quand vint le temps de quitter définitivement l'enfance insouciante (mais emplie d'une sagesse bien plus profonde qu'on ne le pense), notre monde s'écroule douloureusement pour se voir remplacer par un univers aux règles incompréhensibles, nos yeux s'ouvrent à ce qu'on préférait jusqu'à présent éviter de voir, nos oreilles comprennent ce qu'elles s'obstinaient à reformuler différemment pour préserver notre joie. Cette histoire, c'est ça : la Petite découvre qu'elle n'est plus la Petite d'hier, sans pour autant savoir ce que sera la Petite de demain. Cette histoire, c'est la douleur de cette enfant que tout oblige à grandir, brutalement, cruellement, sans y avoir été préparée, sans l'avoir demandé. Cette histoire raconte la mort de l'enfance.

Ce roman se fait le messager d'un regard sur le monde, d'un regard qui remet en question bon nombre de nos attitudes, de nos comportements. Ici, l'humanité est présentée comme « enfermée dans des cages de bêton avec pour seule fenêtre l'écran des télévisions », esclave volontaire de ces « paradis colorés, bruyants et artificiels ». Prisonniers de l'inutile, dirait Manset. La Petite vit loin de tout cela, loin de ce Village et de cette Ville qui se font ici le reflet de tous les Villages et de toutes les Villes du monde, et à ses yeux ces individus sont des sauvages, qui ne respectent ni la nature ni les animaux ni les hommes, qui se sont enfermés dans leur vision du monde sans songer une seule seconde que c'est la diversité qui fait la richesse de l'humanité. Tout le monde devrait lire ce livre une fois dans sa vie. Car ce livre fait réfléchir. Ce livre nous invite à nous poser cette essentielle question : « qu'est-ce que l'essentiel ? ». L'essentiel, est-ce l'argent, est-ce la normalité, est-ce l'essentiel présenté par les médias ? Mais ce livre, c'est aussi une invitation à laisser tomber notre vision purement rationnelle du monde pour se laisser emporter par les histoires et les rêves, par les intuitions et les émotions, par tout ce qui se passe du matériel pour exister. Ce livre nous invite à ouvrir les yeux et le coeur.

Et quand bien même on déciderait de lire ce roman comme n'importe quel autre roman, sans chercher à se laisser entrainer par ces réflexions sous-jacentes à l'histoire, croyez-moi, il vaut le détour. C'est beau. Chaque mot de ce livre a trouvé sa juste place pour faire de chaque phrase une poésie. On pourrait passer des vies entières à savourer ces phrases, à les murmurer, à les crier, à les chanter. Les mots et les phrases et les paragraphes sont emplis d'une fluidité rare, d'un rythme délicat, d'une harmonie parfaite. Tout dans ce roman invite à la lecture à voix haute, au coin du feu ou au coeur de la forêt, pour soi-même ou pour un public. le langage occupe dans ce récit une place primordiale, centrale, cruciale, et cela se ressent dans la narration. Les mots ont été choisis avec soin, autant pour leur signification que pour leur sonorité, pour leur connotation que pour leur beauté. Je ne peux que vous encourager à lire ce roman, ne serait-ce que pour découvrir cette plume si singulière, cette plume qui vous fait retenir votre souffle à chaque instant, cette plume qui fait vibrer tout votre corps et votre coeur d'émotions brutes.

Dire que ce livre est un coup de coeur serait à la fois un euphémisme et un mensonge. Ce livre, c'est une expérience que vous ne voulez pas manquer. Jusqu'à présent, je n'ai jamais rencontré un livre tel que celui-là, et je doute fortement en rencontrer un autre un jour. Car ce livre ne ressemble à aucun autre livre, autant par son fond que par sa forme. Je peine à exprimer avec précision ce que je pense à propos de ce livre, pour la simple et bonne raison que les mots ne suffisent pas toujours à décrire les émotions et les sensations. Ce livre bouleverse, mais il réconforte aussi, ce livre ébranle, mais il amuse également. Ce livre n'est ni une comédie ni une tragédie, ni un roman ni une poésie, ce livre est tout et rien à la fois. N'hésitez plus et laissez-vous appeler par ce livre unique en son genre, qui ne vous décevra pas.
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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Il y a, dans les livres, toute la sagesse du monde.
Ses peurs et ses mystères,
ses doutes et ses jubilations.

Il y a, coincé entre leurs pages, des histoires et des vérités,
Des passions et des dévotions.

Il y a de quoi faire gonfler le coeur,
enrichir l'âme,
et remplir le corps.

Il y a tout ce dont nous avons besoin pour vivre, aimer et souffrir.
Éviter le pire. Et rêver.
Respirer, nous nourrir, habiller notre regard et puis nos membres.
Les recouvrir d'un manteau de dignité.

Les histoires qui habitent leurs pages font des bêtes que nous sommes des survivants inspirés. Des poètes sur le fil, des apprentis éternels.
Et cette histoire, celle de la langue des bêtes de Stéphane Servant, est parmi les plus belles qu'il m'ait été contées.

C'est une fable envoutante, touffue et intrigante, mettant en scène des personnages justes et profonds. Emplis d'espoirs et de défaites.
Une histoire qui se plait à nous faire louvoyer, à nous égarer dans ses méandres, et nous laisser mijoter. On ne sait pas toujours où se trouve la frontière entre le rêve et la réalité, le fantasme et la fiction, mais on le sait, on touche du doigt la Vérité. Celle de l'émotion, du ressenti, du sentiment.

Au travers du regard décalé d'une enfant sauvage, fille d'une funambule et d'un ogre, elle nous invite à croire à la magie des histoires.
La langue est douce et poétique, heurtée et fragile, passionnée et rude. Elle dit la tristesse et la folie, la marge et le dedans, la rage et le désespoir, la grandeur des songes et des récits.
Elle dit avec les mots du réel et ceux de l'enfant, doux, incertains, les troubles du monde et la faiblesse des hommes.

La langue des bêtes pense les coeurs et panse les âmes.
Elle libère les oiseaux enfermés dans nos thorax
et dépose une once de magie sur nos fontanelles,
sur nos tout petits ciels et sur nos longues nuits.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Il y a du rêve, de l'étrangeté, du fantastique dans ce roman qui nous transporte. En même temps, avec un titre et une couverture pareille, on ne pouvait s'attendre qu'à du mystère et de la bizarrerie. Cet univers de cirque oublié, de gloire passée et perdue, est le terreau parfait pour nous faire découvrir la Petite, cette enfant étrange élevée dans un certain isolement, avec la forêt et les carcasses d'animaux morts pour seuls compagnons de jeux. Et les histoires. Oui, les histoires qu'on lui raconte depuis toujours, et notamment celle du lieu où ils vivent, terrain d'une ancienne malédiction, de bébés jetés au fond de la mine, d'une Bête qui se repaissait de la peine des hommes, et des animaux qui perdirent l'usage de la parole. Toutes ces histoires qui vont mener la Petite à son destin et à celui du cirque…
Si la langue des bêtes est un mystère pour les hommes, celle de Stéphane Servant nous ravit et nous émerveille. J'ai beaucoup aimé son écriture, son intérêt pour la langue et les mots qui transparaît également dans son histoire. Il y a de la poésie, de la fureur, du mensonge, de la beauté, de l'horreur et la vérité…on ne ressort certainement pas indemne d'un roman de Stéphane Servant. Pourtant, j'ai trouvé La langue des bêtes un peu long, parfois répétitif en essayant de nous cacher les révélations jusqu'à la dernière page. Mais cela reste une expérience de lecture comme je les aime, un roman qui nous emporte loin dans l'imaginaire…
Lien : http://bobetjeanmichel.com/2..
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Depuis que j'ai lu Sirius, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Stéphane Servant. Il sait développer des univers très particuliers, pleins de magie, dans lesquels il y a toujours un lien fort avec la nature et des personnages un peu sauvages.

Dans La langue des bêtes, on suit l'histoire de Petite, une enfant dont on ne connaît pas l'âge. Elle a toujours vécu avec ses parents dans une petite communauté de marginaux au Puits des Anges, un ancien cirque constitué d'un chapiteau et de caravanes à l'orée d'une forêt. le Père est décrit comme un ogre cruel avec les animaux et sa mère Belle est une ancienne trapéziste à la main tordue. Mais il y a aussi Pipo le clown, Franco le vieux lion, Colodi le marionnettiste et Major Tom le nain. Petite a grandi entourée des légendes qu'ils lui ont racontées, des légendes auxquelles elle croit dur comme fer et qui pourraient bien devenir réalité.

Cela faisait un certain temps que je n'avais pas lu de livre de l'auteur et je n'ai pas été déçue. J'y ai retrouvé le style qui m'avait séduite dans ses autres romans, ce style étrange et envoûtant qui le distingue de ce qu'on lit habituellement. Il met ici en scène une enfant qui veut croire à la magie mais qui est rattrapée par la réalité et par sa cruauté. de nombreux aspects fantastiques sont présents dans le récit et on a souvent du mal au cours de la lecture à faire la différence entre le réel et l'imaginaire. L'univers développé est très sombre, ce qui peut être assez oppressant par moments, en particulier sachant que ce roman est classé en jeunesse (ce qui ne me semble pas forcément judicieux).

Une très bonne lecture, dans la lignée de le coeur des louves. J'ai aimé partager le quotidien des mystérieux habitants du Puits des Anges, qui cherchent à préserver Petite de ce monde où ils n'ont pas leur place. Mon préféré de l'auteur reste tout de même Félines, qui avait été un de mes coups de coeur 2021.
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Quand j'ai commencé le premier chapitre, j'ai été surprise par l'écriture, qui ne ressemble à aucune autre. On y découvre l'environnement, la nature du puits aux anges à travers une écriture très agréable, très poétique. On s'habitue rapidement à cette écriture, qui nous embarque dans un autre monde. Nous y découvrons l'histoire de Petite, qui vit avec sa famille : son papa, un ogre craint par les gens du village, qui eux sont décrits comme des sauvages ; la maman, une ancienne funambule, mais aussi un clown, un marionnettiste et sa marionnette, un lion, …
Petite a toujours vécu entourée des histoires que lui raconte sa famille, une ancienne troupe de cirque et nous ne savons nous même pas bien dans le roman où est la frontière entre histoire racontée et vie réelle de Petite. Nous poursuivons la lecture avec un rythme effréné, avec l'envie de partager l'histoire de Petite, qui vit dans ce cirque oublié, entourée d'animaux morts qu'elle déterre et récupère les os qui après être assemblés créés de nouveaux animaux. Ce quotidien est ensuite bouleversé lorsqu'une autoroute se construit sur le terrain du puits aux anges.
On s'attache au personnage de Petite et celle-ci nous fait passer par plein de sentiments lors des différentes épreuves qu'elle traverse.
Un très beau roman sur la famille, la relation homme/animal, …
Lien : http://instantslecture.wordp..
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La langue des bêtes, c'est l'histoire d'un cirque déchu et de ses derniers membres dépareillés. C'est l'histoire du Puits des Anges, de Petite, de ses parents l'Ogre et Belle, de Colodi le marionnettiste, de Pipo le clown, de Major Tom le nain, de Franco, le lion édenté, et d'une Bête faite d'ossements, de morceaux d'animaux morts et de tristesses mélangées. C'est une histoire remplie d'autres histoires, de fils qui se nouent et se dénouent, de mots auxquels on croit pour survivre car quand la croyance meurt le désespoir est vainqueur. La langue des bêtes, c'est l'histoire d'une petite fille qui vit dans le monde des fables et qui va se retrouver confrontée à la dure réalité. C'est l'histoire d'une petite fille qui grandit et qui garde espoir quand tout est désespéré. C'est une histoire d'amour et de souffrance, de vie et de mort, c'est, comme le dit l'Ogre à propos du cirque, « le comique et le tragique de l'existence »...

Lien : http://www.keskonlit.fr/la-l..
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Au fil des pages, Stéphane Servant se fait conteur. Il magnifie une réalité pas toujours rose et sublime le campement du Puits aux Anges. Il peint des instants d'une beauté incroyable, d'autres douloureusement cruels. Les mots, délicats, ciselés, font naître des paysages, des odeurs et des lumières, résonner les bruits de la forêt et ceux de la civilisation, et ressentir mille émotions et autres sensations aussi immatérielles. Des émotions brutes, animales, passionnées.
La petite tribu ici rencontrée est irrésistible et leur histoire déchirante. Impossible de ne pas s'attacher à cette bande de bras cassés, d'écorchés vifs et de coeurs brisés. En tête, la Petite qui, avec ses grands yeux noirs insondables, se révèle être une gamine touchante, à la fois sauvage et en quête d'affection, entre force et fragilité, silencieuse et observatrice.

C'est un récit onirique qui m'a complètement emportée, je me suis évadée pour passer dans cet univers si magique et pourtant si vrai. La frontière entre la réalité et le rêve, entre la vie et la magie, se trouble. Et cette poésie parfois macabre nous embarque pour un voyage sublime et tourmenté. Sourire ému aux lèvres le temps d'une page, coeur serré et entrailles nouées la page d'après, envie de laisser échapper un cri sauvage, soif d'amour, désir de révolte. Quelques baffes en passant.
Réflexion sur la vie moderne, sur nos écrans, nos murs et nos serrures. Sur nos routes et nos désirs de « toujours plus vite ». Invitation à visiter un autre monde, à regarder la nature, à prendre son temps et se faire un peu moins matérialiste pour un instant. Questionnement sur le fait de grandir, sur les épreuves infligées par la vie, sur les souffrances jamais totalement résorbées, sur les rêves oubliés. Mais aussi sur celui de se relever, de regarder devant soi et de continuer à avancer. Histoire de vie et de mort, d'amour et de coeurs déchirés, récit à la fois extraordinaire et violent de l'existence humaine.

Un roman mystérieux et envoûtant comme les bois, triste comme la vie, mais aussi plein d'espoir et de rêves. Un tourbillon sombre et violemment poétique, fascinant et délicat. A lire aussi bien pour l'histoire que pour la musicalité et la puissance des mots.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Petite vit au sein d'une famille d'anciens saltimbanques. Ne donnant plus de spectacles, Petite et les membres de l'équipe vivent dans des caravanes, non loin de carcasses de voitures, près du cirque aujourd'hui vide. Malgré l'arrêt de leur profession et passion, la troupe continuait de vivre avec un semblant de sourire grâce aux histoires et légendes. Malheureusement, un événement devait casser ce semblant d'image idyllique. Un chantier pour construire une autoroute est prévu et le cirque doit être rasé. de plus, la Petite est envoyée à l'école. L'univers de la Petite est chamboulé, qu'adviendra-t-il de sa famille et d'elle-même ? La Petite tentera le tout pour le tout pour rester dans le monde dans lequel elle a grandi.

Petite, de son prénom, est nommée ainsi à sa naissance dû à sa petite taille. Ce personne m'a marqué. J'ai trouvé que son âme était très pure et qu'elle était bienveillante envers les animaux et sa famille. Je pense que cette qualité m'a plu en elle et j'ai passé un très bon moment en sa compagnie. Avare d'histoires, elle absorbe les mots qu'on lui raconte. C'est une petite fille très isolée, vivant en dehors du Village, son seul échappatoire sont les mythes et légendes. J'ai bien aimé ce personne si atypique. Quant aux personnages secondaires, j'ai eu un peu de mal à les placer dans le roman. Je ne trouvais pas leur place utile car à mes yeux, leur rôle n'était pas précis. Je pense notamment à la marionnette ou Major Tom.

L'ambiance est étrange. L'atmosphère qui y règne est indescriptible, le réel est mêlé à l'imaginaire et ces deux mondes se mélangent, laissant une sensation particulière au lecteur. Parfois, je me suis demandée dans quel univers j'étais tombée. Et bien qu'il soit spécial, j'ai aimé m'y aventurer. Cependant, j'ai été déçu par le rythme de l'histoire. L'auteur s'étale sur les descriptions et le déroulement n'en devient que plus long et lourd, ce qui est dommage lorsque le roman provoque un tel effet de changement sur le lecteur.

J'aimerai m'attarder sur la plume de Stéphane Servant. Quel bonheur. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir son style si doux, si légère et si belle. Comme je le disais avant, l'auteur nous donne une grande quantité de descriptions qui ne sont, pour moi, pas toujours utiles. J'ai trouvé qu'elles comblaient un vide mais n'apportaient rien à l'histoire. Malgré cela, la plume de Stéphane Servant reste délicieuse.

Quelle lecture insolite. Je ne m'attendais pas à plonger dans un monde si excentrique. En effet, l'histoire est particulière mais n'a aucunement changé mon point de vue quant à la qualité de celle-ci. le réel est submergé par du fantastique écrasant et je pense qu'il s'agit du charme de la langue des bêtes. de plus, j'ai adoré le mélange entre êtres humains et animaux sauvages, quelle joie de découvrir enfin un livre mêlant les deux. Un roman sombre avec comme issue de secours les histoires merveilleuses.

Je suis étonnement surprise de cette lecture. Malgré quelques défauts, j'ai éprouvé du plaisir à partir avec Petite et sa troupe dans cet univers atypique qui est la force de ce roman. J'ai toujours été propulsé entre deux extrémités, esprit convivial contre esprit destructeur, délice et frustration. Une belle expérience.
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Pourquoi l'Homme ne peut plus communiquer avec les bêtes ? Voilà un secret qui nous est révélé dans La langue des bêtes de Stéphane Servant. Mais autant vous prévenir tout de suite : vous ne ressortirez pas indemne de cette révélation. En suivant l'histoire de vieux personnages de cirque délavé à travers les yeux de la Petite, vous serez amenés à apporter un nouveau regard sur le monde et vous demander dans quel camp vous êtes : celui de la spontanéité et de l'allégresse, ou celui du conformisme et des machines dégoulinantes d'asphalte.

Petite est protégée – emprisonnée ? – du monde extérieur grâce aux histoires que lui racontent Major Tom, Belle, Pipo, Colodi et l'Ogre, ce père si tendre sous sa carcasse. Tous vivent au Puits aux Anges, autres carcasses, qui croulent sur un vieux parking.

“Au Puits aux Anges, le temps s'écoule, fluide, léger, sans brisure autre que celle du basculement de la lumière sur les carcasses des voitures et des ombres des arbres alentour qui s'étirent ou rétrécissent selon les saisons, et l'ombre de la Petite est pareille à celle des pins, mouvante, parfois minuscule parfois infinie.” – p. 11

Petite, gamine sauvage, nous entraîne dans une contemplation éblouissante de la nature qui l'entoure. Elle se questionne sur les sentiments, les émotions, sur l'origine des choses, et la disparition d'autres. Ses pensées finissent par tourner en rond, se répètent, et le roman devient un cycle incontrôlable qui entraîne chaque personnage dans sa chute, jusqu'au recommencement.

“La forêt semble figée sous une carapace de silence et pourtant, à l'oreille de la Petite, tout bruisse et murmure. Elle le sent : comme dans les histoires anciennes que lui racontent Pipo et Colodi, les esprits habitent les bois. Les esprits sont dans toutes les choses vivantes. Et aussi dans les pierres, l'eau et le vent. Il suffit d'être attentif. Ici, tout bruisse, tout palpite, tout vit.” – p. 14

Reste à savoir si l'on veut se laisser embarquer. C'est un texte puissant, sombre, dur. Comme les gens du cirque pensent tendre un miroir devant leurs spectateurs lors des représentations, Stéphane Servant nous impose notre propre reflet : de quel côté sommes-nous ? de la marginalité, de la spontanéité et de la joie, ou du conformisme, des oeillères et de l'autoroute qui avale la forêt ? C'est là toute la force de ce roman : l'auteur nous fait croire aux histoires, et nous roule dedans, nous enveloppe, nous fait vaciller au côté de Petite, et nous flanque de sacrées gifles de réalité qui arrivent en coups de poings çà et là – quand on ne s'y attend plus ; parce que les descriptions sont longues, parce qu'on s'attarde sur de petites choses pour leur donner leur importance. Parmi cela, des évènements terribles s'enchaînent, et il revient longuement dessus comme pour nous rappeler que les peines ne passent pas en un clin d'oeil. Qu'il faut du temps pour panser les plaies du coeur. Qu'il faut du temps pour comprendre qui l'on est et ce que l'on souhaite devenir. Qu'il faut du temps pour accepter, et qu'il faut de la force pour se résigner, parfois. Qu'il faut du temps pour grandir et un courage énorme, celui qu'on essaie d'insuffler à la Petite pour aller jusqu'au bout de ses peines.

“La liberté n'est pas un combat contre les autres, c'est un combat contre soi-même. (…) La résignation n'épargne personne, ni les hommes, ni les monstres, ni les dieux. Nous sommes pareils à des comètes esseulées, toutes filant dans le même ciel, toutes promises à la même obscurité. Alors pourquoi ne pas se rassembler pour éclairer plus fort un instant ce coin de ciel désolé ? Ce sont les brins tressés des histoires qui relient nos vies. Voilà pourquoi la Petite enterre sa jalousie sous les histoires d'amours et de cruautés qu'elle raconte, elle raconte, encore et encore, pour faire briller ce qui reste de beauté dans ce monde d'infinie solitude.” – p. 333

Le cerveau boue plusieurs fois, on se questionne, on pense comprendre, puis on oublie l'explication que nous avions trouvée, on finit par ne plus en chercher et nous nous laissons emporter dans cette vague de légendes et d'histoires, auxquelles on a, finalement, envie de croire.

La langue des bêtes est mystérieuse, celle de Stéphane Servant nous envoûte. Un roman sur l'amour des mots et le pouvoir des histoires, sur l'importance de croire aux rêves, à l'espoir, et de distinguer parfois la réalité de tout cela. Mais aussi un roman sur l'amour du temps présent, infini, éternel cycle de secondes renouvelées. Incontrôlable. Puissant.

“C'était infiniment bon. Les heures semblaient pétrifiées. Les secondes mêmes. Elles s'écoulaient avec la lenteur d'une goutte de pluie se frayant un passage dans la terre sombre. Aveugles. Millénaires. Sans volonté. D'une pureté sans cesse accrue. Distillés par une attente qui n'en était plus une puisqu'il n'aurait pas suffit d'une vie pour voir la première seconde vaciller dans le passé. Un éternel présent renouvelé.” – p. 376


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