Dans ce nouvel album, comme de coutume, le Rabbin et son chat nous ferons voyager, s'enfonçant cette fois au coeur de l'Afrique noire.
Les premières pages nous montrent la vie ralentie du village. le mariage de Zlabya bat de l'aile, et comme les femmes ne rêvent que d'amour dans la série de
Sfar (c'est le seul reproche qu'on peut lui adresser), cette situation devient de plus en plus insoutenable.
Heureusement, l'imprévu ne tarde pas à surgir, et il s'extirpe cette fois d'une caisse commandée par le mari de Zlabya. Celle-ci, censée être remplie de livre, abrite en réalité un étrange russe sorti de nulle part. Pas déboussolé le moins du monde, celui-ci s'intègre à la troupe du rabbin, après avoir trouvé en la personne d'un russe du village le traducteur qui lui faisait défaut. Son but ? Retrouver la douzième tribu d'Israël. Mais il ne sait pas exactement où elle se situe…
Tout cela n'est que prétexte à une nouvelle aventure qui se concentrera essentiellement sur le rabbin, son chat et le nouvel intrigant russe, et autour desquels graviteront de nombreux personnages secondaires tels Monsieur Vastenov, le cheikh Mohammed
Sfar, une serveuse et même… Tintin (que
Joann Sfar ne semble d'ailleurs pas particulièrement porter dans son coeur)
Au-delà de l'intérêt dramatique des histoires de chacun des albums du Chatd u rabbin, c'est bien sûr le message de Joann
Sfar qui m'intéresse. Ici, la réflexion tourne principalement autour de la notion de peuples, mobilisant les cultures, les religions et les concepts qui les animent pour les confronter parfois avec violence. Difficultés à communiquer, envie d'imposer ses croyances, sentiment de supériorité… Les hommes, lorsqu'ils ne vivent qu'à travers leur peuple, ne s'attirent pas la sympathie de
Sfar, mais comme son jugement n'est jamais définitivement tranché, certains d'entre eux arrivent à s'extirper du carcan duquel ils sont issus pour transmettre leur propre parole aux étrangers qu'ils croisent sur leur chemin.
Les textes, toujours relevés par l'humour du chat du Rabbin, sont aussi délicieux que dans les albums précédents. D'autant plus qu'après de nombreux tomes de mutisme, notre chat retrouve enfin la parole ! Et il se fait le meilleur médiateur qu'il soit possible d'inventer entre les différents peuples, entre les hommes d'un langage différent.
Le monde décrit par
Sfar dans le chat du rabbin est loin d'être un monde parfait aux courbes lisses. Les failles surgissent de partout, mais le chat rebondit allègrement pour les éviter. Il dégaine ses réparties comme des perches tendues aux hommes qui auraient chuté. D'un optimisme réconfortant, il prouve encore une fois qu'il a lune force et une vigueur à toutes épreuves.
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